UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI MÉMOIRE PRÉSENTÉ À L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À T
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI MÉMOIRE PRÉSENTÉ À L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN ÉTUDES LITTÉRAIRES OFFERTE À L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI EN VERTU D'UN PROTOCOLE D'ENTENTE AVEC L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES PAR ALEXANDRA FORTIN L'INVENTION DE L'IDENTITÉ Lecture en miroir de Au-delà de cette limite votre ticket n 'estplus valable de Romain Gary et de La Vie devant soi d'Emile Ajar ETE 2001 bibliothèque Paul-Emile-Bouletj UIUQAC Mise en garde/Advice Afin de rendre accessible au plus grand nombre le résultat des travaux de recherche menés par ses étudiants gradués et dans l'esprit des règles qui régissent le dépôt et la diffusion des mémoires et thèses produits dans cette Institution, l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) est fière de rendre accessible une version complète et gratuite de cette œuvre. Motivated by a desire to make the results of its graduate students' research accessible to all, and in accordance with the rules governing the acceptation and diffusion of dissertations and theses in this Institution, the Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) is proud to make a complete version of this work available at no cost to the reader. L'auteur conserve néanmoins la propriété du droit d'auteur qui protège ce mémoire ou cette thèse. Ni le mémoire ou la thèse ni des extraits substantiels de ceux-ci ne peuvent être imprimés ou autrement reproduits sans son autorisation. The author retains ownership of the copyright of this dissertation or thesis. Neither the dissertation or thesis, nor substantial extracts from it, may be printed or otherwise reproduced without the author's permission. 11 RESUME L'invention de l'identité propose une lecture en miroir de deux oeuvres signées respectivement Romain Gary et Emile Ajar, Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable (1975) et La Vie devant soi (1975). Rédigées en concomitance et publiées la même année, ces deux oeuvres ont sucité des réactions tout à fait opposées, la première étant perçue par la critique comme le lancement de la serviette d'un écrivain en fin de parcours, la deuxième comme le second roman d'un jeune écrivain au style génial et rafraîchissant. Jusqu'à la mort de Romain Gary, le public et la critique ont ignoré qu'ils distinguaient de cette façon deux écrits d'un même auteur, Emile Ajar étant resté dans l'ombre jusqu'à ce que Gary décide de donner corps et visage à son invention en la personne de son neveu Paul Pavlowitch. La supercherie a causé des remous sans précédent dans l'histoire littéraire et convoque directement la question de l'identité motivant notre recherche qui, elle, se demande si Gary a vraiment réussi à être un autre sous la plume d'Ajar. Cette question implique nécessairement de circonscrire ce qui fait la particularité d'une écriture. Pour en aborder le plan conscient, il est indiqué de convoquer les principales théories stylistiques afin de bien conceptualiser le fait de style. Considéré comme la signature d'une manière de faire d'un individu, c'est le fait de style qui sert de point de référence pour comparer les faits discursifs. En empruntant aussi à Charles Mauron la première étape de sa méthode d'analyse psychocritique, notre premier chapitre s'intéresse essentiellement à faire apparaître des réseaux d'associations ainsi que des groupements d'images particuliers et communs aux deux textes. L'écriture et le style d'un individu ne se bornant pas aux opérations conscientes, le second chapitre de notre recherche concentre son attention sur l'ordre de l'inconscient, en ayant pour objectif de se rapprocher davantage de l'identité de l'écriture de Gary/Ajar. Ce passage de l'ordre conscient à l'ordre inconscient s'amorce en adoptant la démarche d'analyse psycholinguistique de Luce Irigaray, qui propose une approche de grammaire de renonciation. Considérant que tout acte de parole s'effectue dans l'espace d'une dialectique sujet-objet adoptant une position penchant du côté de l'une ou l'autre des deux grandes névroses, l'hystérique et l'obsessionnelle, la méthode d'Irigaray nous permet de cerner quel type d'énonciation est privilégié dans les textes à l'étude. Cette étape s'avère essentielle puisqu'elle nous indique comment le sujet écrivant appréhende le monde et comment il se perçoit. Opposées en apparence, les énonciations des deux textes ont en fait une même structure psychique : obsessionnelle, mais parasitée d'un fantasme hystérique. Ill Ainsi, ayant repéré la structure psychique de la parole du sujet écrivant, nous sommes en mesure de revenir en force et mieux armée à la méthode de Mauron : la superposition d'extraits qui posent problème met en évidence les structures révélées par la comparaison des oeuvres. En substance, nous y découvrons un scénario commun obsédant ayant toutes les chances d'être inconscient. Ce scénario souligne que la blessure narcissique du sujet est une entrave aux relations objectales. Apparemment habité d'un fort désir d'aller vers l'autre, le sujet semble obéir à un besoin compulsif de mettre fin à toute relation impliquant un attachement affectif réciproque, et ce pour des motifs qui s'affichent altruistes mais s'avèrent finalement plutôt masochistes. Tout bien considéré, la rupture se révèle être le moyen de mettre fin à l'angoisse que suscite la peur de l'abandon. Enfin, la synthèse de notre analyse nous amène à constater que, en ce qui concerne Romain Gary, la vraie question devrait peut-être davantage viser à interroger sa capacité à être lui-même que sa capacité à être autre. IV REMERCIEMENTS Tout ce chemin parcouru n'aurait pu se faire sans le précieux concours de madame Francine Belle-Isle, professeure à l'Université du Québec à Chicoutimi. D'une disponibilité quasi sans limite et d'un support qui savait trouver les paroles d'encouragement stratégiques, madame Belle-Isle mérite mes plus sincères et chaleureux remerciements. Finalement, ma reconnaisance va aussi à mes proches qui se sont souvent buté à mon absence de disponibilité durant (au moins...!) deux étés. Merci de m'avoir, dans tous les sens du terme, supportée. TABLE DES MATIERES RÉSUMÉ ii REMERCIEMENTS iv TABLE DES MATIÈRES v LISTE DES TABLEAUX vi INTRODUCTION 1 CHAPITRE I : L'ORDRE DE LA CONSCIENCE : PARCOURS DE L'ÉNONCÉ Première partie : Circonscrire le fait de style 9 1.1 Le style 10 Seconde partie : Comparaison des faits discursifs 20 2.1 Dans Au-delà de cette limite votre ticket n 'estplus valable 2.1.1 L'argent... ou la richesse de la personnalité 22 2.1.2 L ' estime de soi 26 2.1.3 Leurres ou fausses représentations de soi : ironie, vêtement et sourire 27 2.1.4 Le regard, une obsession 29 2.2 Dans La vie devant soi 37 2.2.1 L'argent 39 2.2.2 Identité et estime de soi 43 2.2.3 Regards 48 2.2.4 L'incompréhension et l'étranger 52 CHAPITRE II : L'ORDRE DE L'INCONSCIENT : L'ÉNONCIATION REPÉRÉE Première partie : Structure psychique de renonciation des écrits signés Gary et Ajar 57 Seconde partie : L'énoncé sémantisé : superpositions 82 CONCLUSION 99 BIBLIOGRAPHIE 106 ANNEXES 110 VI LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Structure psychique du sujet écrivant 62 Tableau 2 : Association des énoncés mixtes à leur position d'énonciation «pure» 65 INTRODUCTION Romain Gary a utilisé maints pseudonymes au cours de sa carrière littéraire. Pour cette raison, et aussi pour sa détermination à affirmer que tout ce qu'il écrivait était pure imagination, il s'est avéré la démonstration par excellence de la célèbre sentence de Rimbaud, « Je est un autre », qui, ramenée à sa personne, est devenue « Je veux être un autre ». Aux yeux du public et de la critique, Gary avait réalisé son souhait le temps de trois romans et d'une autobiographie, des textes signés Ajar. Hormis un ou deux lecteurs amateurs, personne ne l'a démasqué. En un coup de théâtre digne du personnage qu'il aspirait à être, c'est Gary lui-même qui a levé le rideau sur sa double vie dans la publication posthume Vie et mort d'Emile Ajar} Afin de comprendre ce qui a mené à une telle décision, il est nécessaire de revoir les principaux événements l'ayant précédée. À partir du moment où l'on décerne le Goncourt à La Vie devant soi 2, Gary est témoin et acteur méconnu de la tempête médiatique entourant la recherche du véritable Ajar, que la critique 1 Gary, Romain, Vie et mort d'Emile Ajar, Paris, Gallimard, 1981. 2 Ajar, Emile, La vie devant soi, Paris, Mercure de France, Folio no 1362, 1975. littéraire a cru être à peu près n'importe quel auteur majeur français, de Camus à Aragon en passant par Queneau, sauf Gary. Devenue particulièrement dédaigneuse des publications de Romain Gary, la critique parisienne considérait pour ainsi dire qu'il était un écrivain «en fin de parcours». Au contraire du jury du Goncourt, les médias refusent de voir couronné un auteur fantôme. Ainsi, Gary vivra-t-il des heures angoissantes menant à la décision de faire refuser, par Ajar, le prestigieux prix. Ce surprenant refus attise davantage la curiosité populaire à propos de l'identité d'Emile Ajar. Gary fait alors prendre vie à sa fiction en livrant au public le Ajar qu'il réclame avec tant d'insistance. Paul Pavlowitch, neveu de Gary, endosse le rôle. Il tarde peu avant que le lien entre les deux hommes ne soit établi; mais si certains ont cru pendant un temps que Gary s'était caché derrière le pseudonyme d'Ajar, la parution de Pseudo3, présentée comme l'autobiogaphie du uploads/Litterature/ au-dela-de-cette-limite-votre-ticket-n-x27-estplus-valable-de-romain-gary-la-vie-devant-soi-d-x27-emile-ajar.pdf
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- Publié le Oct 07, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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