COMMENT PRENDRE UNE AUTRE FORME : UNE ÉTUDE SUR LA TRADUCTION ANGLAISE ET LA VE

COMMENT PRENDRE UNE AUTRE FORME : UNE ÉTUDE SUR LA TRADUCTION ANGLAISE ET LA VERSION CINÉMATOGRAHIQUE DU ROMAN BAISE-MOI DE VIRGINIE DESPENTES By SHANDY APRIL LEMPERLÉ B.A. in Art History, The American University of Paris, France, 2006 M.A. in Art History, The University of Montana, Missoula, Montana, 2008 Thesis presented in partial fulfillment of the requirements for the degree of Master of Arts in Modern and Classical Languages and Literatures – French The University of Montana May 2011 Approved by: Dr. J.B. Alexander Ross, Associate Dean Graduate School Dr. Christopher Anderson, Committee Chair Department of Modern and Classical Languages and Literatures, French Dr. Mladen Kozul, Committee Member Department of Modern and Classical Languages and Literatures, French Dr. Marton Marko, Committee Member Department of Modern and Classical Languages and Literatures, German ii COMMENT PRENDRE UNE AUTRE FORME : UNE ÉTUDE SUR LA TRADUCTION ANGLAISE ET LA VERSION CINÉMATOGRAHIQUE DU ROMAN BAISE-MOI DE VIRGINIE DESPENTES Abstract Cette étude examine l’importance du roman Baise-moi de Virginie Despentes, illustrant le caractère féministe de l’œuvre de Despentes. L’étude utilise le manifeste de Despentes, King Kong Théorie, pour mieux comprendre les thèmes (le viol, la pornographie et la prostitution) et le fond de Baise-moi. Cette thèse demande au lecteur de considérer la violence représentée dans le roman de plus près. Elle argumente que cette violence n’est pas simplement gratuite ; elle est une force destructrice face à la société patriarcale. Après avoir analysé Baise-moi cette étude s’ouvre à la question de la traduction. Elle considère plusieurs théories de traduction avancées par Walter Benjamin, Vladimir Nabokov et Thomas H. Jackson pour ensuite étudier la traduction anglaise ainsi que l’adaptation cinématographique. Cette thèse tente finalement de découvrir comment le traducteur et les réalisatrices ont essayé de transmettre les thèmes et le ton de l’original sous une autre forme. iii TABLE DES MATIÈRES Introduction…………………………………………………………………………………………… 1 Chapitre I : Un regard critique sur la violence et la subversion dans Baise-moi………………………………………………………………………………………. 4 Chapitre II : L’Évolution des théories de traduction…………………………….… 13 Chapitre III : Et Baise-moi devint Rape Me……………………………………………. 23 Le titre anglais de Bruce Benderson…………………………………………… 23 Au-delà du titre : le texte de Rape Me……………………………………….. 30 Le style de Despentes………………………………………………………………… 32 Erreurs de traduction………………………………………………………………… 42 Chapitre IV : De l’écriture à l’image : le film Baise-moi…………………………… 46 L’image pornographique…………………………………………………………….. 46 La version cinématographique : les techniques de transmédiation 56 La réception critique…………………………………………………………………… 60 La censure…………………………………………………………………………………… 63 Bad girls in dirty pictures : la question de genre………………………….. 66 Conclusion……………………………………………………………………………………………… 71 Bibliographie…………………………………………………………………………………………. 74 1 Introduction En 1993 Virginie Despentes est devenue célèbre avec la publication de son premier roman, Baise-moi. En 2000 la version cinématographique est sortie sur les écrans et en 2002 la traduction anglaise est apparue. Ces interprétations représentent trois œuvres différentes qui sont néanmoins des manifestations de la même histoire. Les deux dernières versions ont dû confronter la question de la traduction et l’adaptation pour arriver à l’ouvrage final. Cette étude va examiner le texte original et ses traductions, s’appuyant sur les différentes théories de traduction avancées par Walter Benjamin, Vladimir Nabokov et Thomas H. Jackson. Elle va explorer l’obscénité en particulier et voir comment ce thème, qui est essentiel pour rester fidèle à l’original, est traité à travers les autres traductions. Chaque version pousse, de manière explosive, les limites de l’acceptable. Quand on arrive à la frontière de ce qu’une société peut accepter, on se trouve dans le domaine de l’obscène. D’après Mary Caputi l’obscénité est la transgression d’un tabou, la violation des frontières et l’excès subconscient des limites consensuelles ; de plus, « l’obscénité est essentielle à la culture parce qu’elle remet en question les limites de cette culture » (Caputi 5). Pour Despentes, c’est de cet endroit obscène que provient la critique d’une société problématique. Pour conserver l’esprit de l’original il est donc essentiel que chaque traduction garde cette obscénité. L’adaptation cinématographique de Baise-moi est sortie sept ans après la publication du roman (Despentes et Trinh Thi 2002). Le film, qui a reçu une interdiction aux moins de 16 ans, a immédiatement été critiqué pour ses images violentes et sexuelles. Deux jours après sa sortie 2 au cinéma, son visa d’exploitation a été annulé et le film a été censuré dans les cinémas français, créant une polémique en France sur la définition de la pornographie et de l’obscène. Pour rester fidèle au roman, la version cinématographique exhibe des sexes masculins et féminins et il y a des scènes montrant des actes sexuels non simulés. En général un film est considéré pornographique s’il contient un de ces deux éléments. Pourtant les réalisatrices, Despentes et Coralie Trinh Thi, réfutent cette classification, affirmant que le film n’a pas comme but de faire jouir le spectateur. Pour elles, montrer des actes sexuels non simulés était le moyen de garder l’aspect cru du texte original. Les anglophones ont découvert le livre deux ans plus tard en 2002 sous le titre Rape Me (trans. Benderson 2002). Comme le film, la traduction anglaise garde l’obscénité de l’original. Mais préférer Rape me à une traduction plus littérale, Fuck Me, révèle une limite étrange dans le monde anglophone où le viol n’est pas considéré comme obscène, alors que la déclaration « baise-moi » l’est. Cette possibilité nécessiterait une étude comparative de cultures française et anglophone plus approfondie. Avant de mener une telle étude, il faut aussi considérer la possibilité que ce titre soit une référence à la chanson de Nirvana du même titre.1 Vu ainsi, le traducteur aurait fait un clin d’œil à la question de la censure en ajoutant une autre référence culturelle à laquelle son public anglophone aurait facilement accès. Il est donc certain que les trois versions (roman original, film et traduction anglaise) se ressemblent non seulement en ce qui concerne le contenu, mais aussi la forme. Ceci est possible grâce aux stratégies de traduction employées par les auteurs. Walter Benjamin a écrit qu’une traduction doit son existence à l’original (Benjamin 84). Il y a un rapport intéressant 1 Nirvana, « Rape Me, » In Utero, 1993. 3 entre un texte original et une traduction ; la traduction n’est pas la même œuvre que le texte, mais elle ne pourrait exister sans lui. Tout ce qu’il y a d’obscène dans le film Baise-moi et le livre Rape Me doit alors ses racines à la version originale. Il faut donc d’abord analyser l’original pour voir ce qu’il y a de pornographique ou d’obscène et comment ceci fonctionne ; ensuite nous verrons comment les théories de traduction sont appliquées aux deux versions de Baise-moi pour créer deux œuvres qui ont su garder l’esprit essentiel de l’original. 4 Chapitre I : Un regard critique sur la violence et la subversion dans Baise-moi Baise-moi est une critique radicale de la société patriarcale. Despentes délivre ce message à travers ses personnages principaux aussi bien qu’avec son choix de style et de langage. Nous verrons comment son langage fait un parallèle au message trouvé dans le livre et comment ce langage a été traduit par la suite, mais il faut d’abord comprendre le roman pour voir comment il remet en cause l’ordre établi. Les deux héroïnes de Baise-moi, Manu et Nadine, sont des femmes marginalisées qui sont prises d’une folie meurtrière. Elles tuent d’abord pour voler de l’argent et par la suite elles continuent pour le plaisir. Le lecteur suit leur descente dans la transgression, tout en étant encouragé de prendre part à leur monstruosité. Leurs meurtres les mènent de ville en ville où elles assassinent quiconque pourrait croiser leur chemin. A la fin du roman Manu se fait tuer par un magasinier et Nadine se fait arrêter par la police, mais la plus grande partie du livre se concentre sur leur rébellion et leur libération personnelle, qui sont dépeintes dans leurs actes de violence extrême. Nadine et Manu contestent la société patriarcale bien avant qu’elles ne deviennent meurtrières. Ni l’une ni l’autre ne se conforme à ce que la société impose comme règles pour les femmes. Elles travaillent toutes les deux pour l’industrie du sexe. Nadine choisit de travailler comme prostituée. Ce travail est typiquement lié à l’avilissement de la femme, mais Nadine le présente d’une autre façon : « C’est vrai que c’est beaucoup d’argent. Elle ne sait toujours pas si c’est pour pas grand-chose. Mais leurs bites puent le moisi quand elle les prend dans sa 5 bouche. Ça reste quand même moins pénible que d’aller travailler » (Despentes 1999, 61). Nadine montre une préférence pour ce métier qu’elle a choisi où elle peut gagner des sommes importantes d’argent en peu de temps. Elle contrôle les tarifs et ne négocie pas avec ses clients. -Ça fait cher à chaque fois, c’est cher pour moi, tu sais…Regarde comment je vis…. -Tu ne veux plus que je vienne ? -Si, si, je veux que tu continues à venir. Mais ce serait bien que tu me fasses un petit prix, comme on se voit souvent, tu comprends ? -Trouve un tapin moins cher. Elle ne retournera plus chez lui (Despentes 1999, 60). Nadine prend sa sexualité en main uploads/Litterature/ lemperle-shandy-thesis.pdf

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