Des mêmes auteurs D’Israël Finkelstein Avec Neil Asher Silberman, La Bible dévo
Des mêmes auteurs D’Israël Finkelstein Avec Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l’archéologie, Paris, Bayard, 2002. Avec Neil Asher Silberman, Les rois sacrés de la Bible. À la recherche de David et Salomon, Paris, Bayard, coll. « Folio histoire 159 », 2006. Un archéologue au pays de la Bible, Paris, Bayard, 2008. Le royaume biblique oublié (Collège de France), Paris, Odile Jacob, 2013. De Thomas Römer La première histoire d’Israël. L’école deutéronomiste à l’œuvre, Genève, Labor et Fides, coll. « Le monde de la Bible », 2009. La Bible, quelles histoires ! Entretien avec Estelle Villeneuve, Paris, Bayard / Genève, Labor et Fides, 2014. L’invention de Dieu (Les livres du nouveau monde), Paris, Seuil, 2014. Moïse en version originale. Enquête sur le récit de la sortie d’Égypte (Exode 1–15), Paris : Bayard / Genève, Labor et Fides, 2015. © Bayard Éditions, 2019 18, rue Barbès, 92128 Montrouge Cedex (France) EAN : 978-2-227-49335-3 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Système de transcription de l’hébreu Les consonnes lettre nom translittération prononciation אalef ’ celle de la voyelle attenante בbeth b /b/ ou /v/ גghimel g /g/ (garder) דdaleth d /d/ הhé h /h/ (aspiré) וwaw w /w/ זzayin z /z/ חḥeth ḥ /h/ (allemand Bach) טṭeth ṭ /t/ יyod y /y/ ך/כkaf k /k/ ou /h/ לlamed l /l/ ם/מmem m /m/ ן/נnun n /n/ סsamekh s /s/ עayin ʿ gutturale sonore ף/פpé p /p/ ou /f/ ץ/צṣadé ṣ /ts/ קqof q /k/ רresh r /r/ שׂsin ś /s/ שׁšin š /ch/ (chacun) תtaw t /t/ Introduction Bible et Archéologie n’ont pas toujours fait bon ménage. L’archéologie biblique, dont on peut situer l’essor majeur dans la première moitié du XX e siècle, avait surtout pour but de prouver l’historicité des récits bibliques en identifiant les lieux bibliques et en enracinant les événements racontés dans la Bible dans la matérialité des découvertes archéologiques. Pour les biblistes, les Européens tout particulièrement, l’archéologie était une « science auxiliaire », étrangère à la complexité de l’exégèse biblique. Pourtant, la plupart des premiers archéologues en Palestine étaient des biblistes chrétiens, souvent issus des sphères évangéliques du christianisme, qui travaillaient sur le terrain, une pelle dans une main et la Bible dans l’autre. Ainsi, la fameuse stèle de Mésha qui fut découverte par un missionnaire anglican alsacien, Frederick A. Klein, il y a 150 ans, offre un bon exemple de la tension qui existait entre les deux disciplines. Cette découverte de la première inscription monumentale du Levant fit grand bruit 1. En effet, le texte de la stèle confirmait la Bible, puisque l’on y trouvait les noms des rois d’Israël et de Moab, Omri et Mésha, ainsi que les quatre consonnes du nom du dieu d’Israël, Yhwh, et le nom du dieu de Moab, Kemosh, éléments qui figurent également dans le texte du livre biblique des Rois. Mais, en même temps, on constate des différences entre 2 Rois 3 et l’inscription moabite, notamment quant à la manière dont est relatée l’issue de la guerre entre Israël et Moab. Par ailleurs, la stèle de Mésha atteste l’existence d’un sanctuaire yahwiste à Nébo qui n’est nullement mentionné dans la Bible hébraïque. Notons en passant qu’à l’époque, l’archéologie biblique n’était pas du tout intéressée par la stratigraphie et la chronologie, mais se concentrait sur des monuments, des « trésors » ou de grands bâtiments. Pendant longtemps, l’archéologie de la Terre Sainte s’est donc trouvée écartelée entre, d’un côté, la volonté de prouver l’historicité des récits bibliques et, de l’autre, des découvertes qui allaient à l’encontre de cet effort. Ainsi, dans les années 1950, lorsque l’archéologue britannique Kathleen Kenyon fouilla le site de Jéricho, il s’avéra qu’il n’y avait pas de traces de destruction d’une grande muraille autour de la fin du deuxième millénaire, époque à laquelle on situait traditionnellement « la conquête » du pays. Le récit biblique de la destruction de Jéricho (Jos 6) n’était donc pas un récit historique mais un récit légendaire. Par la suite, la plupart des biblistes et des archéologues entamèrent une sorte de divorce. D’un côté, il y avait des archéologues juifs et chrétiens, dont la plupart avaient une lecture assez naïve de la Bible et qui essayaient, bon gré mal gré, d’utiliser les écrits bibliques d’une manière immédiate pour expliquer les découvertes archéologiques. Ainsi, à Megiddo, le complexe d’édifices sur piliers fut interprété comme les écuries du roi Salomon, parce que la Bible le décrit comme un monarque extrêmement puissant qui aurait régné sur un empire allant de l’Égypte jusqu’à l’Euphrate et mentionne pour son règne des « villes de chars et de chevaux » (1 R 9,19). Toutefois, le texte biblique n’établit pas de lien entre ces « villes de chars et de chevaux » et Megiddo. De plus, reste toujours posée la question de savoir si le seul verset mentionnant Megiddo décrit véritablement l’époque de Salomon ou plutôt une réalité postérieure, « projetée » vers un passé idéalisé. De même, la découverte de deux stèles couchées dans le sanctuaire d’Arad fut interprétée comme une preuve de l’historicité de la réforme du roi Josias qui aurait ordonné la destruction de ce sanctuaire, alors qu’une analyse détaillée de la stratigraphie du site ne soutient pas cette interprétation. De l’autre côté, les biblistes, surtout en Europe, étaient de plus en plus déconnectés de l’archéologie. Ils aboutissaient souvent à des datations très récentes de textes bibliques, les situant souvent à l’époque perse, sans s’occuper des données archéologiques. Or, peut-on vraiment imaginer une activité scribale intensive à Jérusalem à l’époque perse, alors que la ville et la province de Yehud (Juda) étaient très peu peuplées ? Et peut-on imaginer, à la même époque, la création, voire l’invention de récits qui mettent en scène des sanctuaires comme Silo ou Béthel alors que ceux-ci ont été détruits ou abandonnés bien plus tôt ? Il est donc temps que l’archéologie moderne et les sciences bibliques critiques se parlent à nouveau, les sciences bibliques cessant de considérer l’archéologie comme une « science auxiliaire » et les archéologues renonçant à imaginer l’archéologie comme étant la « cour suprême », qui pourrait définitivement trancher les questions et datations débattues par les exégètes. La critique historique et les découvertes archéologiques s’accordent sur l’idée que Jérusalem ne devint une ville importante qu’à partir du VIII e ou VII e siècle avant l’ère chrétienne et que l’on peut, par conséquent, situer la première mise par écrit de certaines traditions fondatrices, à cette époque. L’archéologie fait également des découvertes qui rendent nécessaire la remise en question de la reconstruction de l’histoire des royaumes d’Israël et de Juda selon la documentation biblique même à la fin de la période monarchique. Cela est dû au fait que l’archéologie traite d’économie, de société et de vie quotidienne, alors que le texte transmet la théologie de ses auteurs et l’idéologie royale de leur époque. La description du roi Manassé en constitue un bon exemple. Alors qu’il ramena la prospérité en Juda après la catastrophe que fut la campagne du roi assyrien Sennakérib, le Deuxième livre des Rois le dépeint comme le pire apostat et le parfait vilain. Les deux auteurs de ce volume ont entamé depuis plusieurs années un dialogue entre archéologie et sciences bibliques et ce livre présente quelques résultats de cette collaboration. Il s’agit d’une collection de six articles traduits de l’anglais, dont deux ont été co-écrits, et qui traitent tous principalement du Pentateuque. Le volume s’ouvre par deux articles méthodologiques. Israël Finkelstein reprend et expose la question de l’archéologie « biblique », de ses potentialités, mais aussi du mauvais usage que certains en font. Thomas Römer pose la question des critères que nous possédons pour dater des textes du Pentateuque. Suivent deux articles sur les patriarches Abraham et Jacob. Les auteurs montrent comment il est possible d’arriver à des hypothèses plus solides sur la formation de ces traditions, en réunissant observations archéologiques et exégétiques. Deux articles sur les traditions de l’exode et de Moïse donnent également un éclairage croisé sur ce mythe fondateur qui s’enracine à la fois dans des contextes historiques au niveau de « traces de mémoire » tout comme dans les contextes historiques des milieux rédactionnels. Nous espérons que ce volume contribuera à encourager le dialogue des disciplines biblique et archéologique, et à intéresser les biblistes au travail archéologique comme les archéologues à l’exégèse dite historico- critique. Rappelons que les biblistes et les archéologues s’intéressent à la diachronie, aux strates (d’un tell ou d’un texte) et à une meilleure compréhension d’un passé, sans la connaissance duquel il est impossible de comprendre le présent. Nous remercions Joëlle Cohen-Finkelstein, Hervé Gonzalez et Colette Briffard pour la traduction, la préparation et la relecture des textes réunis dans ce volume. Les noms propres bibliques sont écrits selon l’orthographe de la TOB, sauf pour quelques cas, où nous suivons la Bible de Jérusalem (notamment Megiddo, Jezréel, Gezer). Paris/Tel Aviv, juin 2018, Israël Finkelstein Thomas Römer 1 L’histoire de l’Israël ancien entre archéologie et texte biblique. État des lieux Israël Finkelstein Dans un article uploads/Litterature/ aux-origines-de-la-torah-by-israel-finkelstein-thomas-roemer.pdf
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- Publié le Jui 17, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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