@ LA LITTÉRATURE CHINOISE Six conférences au Collège de France et au Musée Guim

@ LA LITTÉRATURE CHINOISE Six conférences au Collège de France et au Musée Guimet par Basile ALEXÉIEV (1881-1951) 1926 Un document produit en version numérique par Pierre Palpant, collaborateur bénévole Courriel : pierre. palpant@laposte. net Dans le cadre de la collection : "Les classiques des sciences sociales" dirigée et fondée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web : http ://www. uqac. uquebec. ca/zone30/Classiquesdessciencessociales/index. html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l’Université du Québec à Chicoutimi Site web : http ://bibliotheque. uqac. uquebec. ca/index. htm Basile ALÉXEIEV — La Littérature chinoise 2 Un document produit en version numérique par Pierre Palpant, collaborateur bénévole, Courriel : pierre. palpant@laposte. net à partir de : La Littérature chinoise, Six conférences au Collège de France et au Musée Guimet, 1926. par Basile ALEXÉIEV (1881-1951) Annales du Musée Guimet, Bibliothèque de vulgarisation, tome 52. Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1937. 232 pages Police de caractères utilisée : Times, 12 points. Mise en page sur papier format Lettre (US letter), 8. 5’x11’’ Édition complétée le 31 mai 2005 à Chicoutimi, Québec. Basile ALÉXEIEV — La Littérature chinoise 3 T A B L E D E S M A T I È R E S Préface CONFÉRENCE I. — La littérature chinoise (essai d’idéologie). La littérature chinoise au point de vue des idées. Le phantasme confucéen et la fantaisie taoïste réagissent sur l’idée littéraire (wen). Ce dualisme résolu et transformé par Siao T’ong. Le rôle mondial de la littérature chinoise et son sort. Son évolution et sa révolution actuelle. CONFÉRENCE II — La littérature chinoise et son traducteur. La littérature chinoise au point de vue du traducteur. Traducteur du chinois et traducteur d’autres langues. Phantasme et fantaisie indigènes et traducteur. Aspects religieux, scientifique, littéraire. Un des moyens de rendre l’ensemble. CONFÉRENCE III — La littérature chinoise et son lecteur. La littérature chinoise au point de vue du lecteur. Le traducteur et le lecteur. Lecteur chinois et lecteur européen. Le wen dominant et dominé. Le criticisme hétérogène et homogène. L’exotisme. Une réaction chinoise. Les types de lecteurs. Le cercle vicieux où sont entraînés traducteur et lecteur. CONFÉRENCE IV — La poésie chinoise (essai d’idéologie). La poésie chinoise. Le wen et sa phase dualiste. La lutte historique de ces éléments et leur collaboration synthétique. La déformation poétique. Notre critique et sa valeur sinologique. Elément international et éléments spéciaux. Le classicisme et les autres phases de la poésie chinoise. CONFÉRENCE V — Une synthèse poétique de la poésie chinoise. Une synthèse poétique de la poésie chinoise. La poésie de phantasme et de fantaisie au point de vue de ses sujets. Poème de Sseu-k’ong T’ou. Sa synthèse thématique. Les 24 sortes d’inspiration poétique. L’Homme-Tao et le Tao-poète. Ses modes d’expression. La nature et l’inspiration. L’ami, le luth, le vin. La ..!1"HWODIROLHVDLQWH Basile ALÉXEIEV — La Littérature chinoise 4 CONFÉRENCE VI — La poésie chinoise en réforme. Une réforme nouvelle de la poésie chinoise. Le poète et la chrestomathie poétique. La force iconographique. La double langue et la double poésie. Le manifeste réformateur de M. Hou Cheu. Ses poésies et ses traductions poétiques. La disparition du phantasme classique et de la fantaisie historique. L’élément nouveau et son avenir. * * * Basile ALÉXEIEV — La Littérature chinoise 5 A la mémoire de mon cher Maître, Édouard CHAVANNES Basile ALÉXEIEV — La Littérature chinoise 6 PRÉFACE p.5 L’invitation trop flatteuse de donner une série de conférences au Collège de France et au Musée Guimet m’était parvenue au milieu de travaux de critique et de synthèse, d’ailleurs typiques de la Chine démocratique d’aujourd’hui. Au Collège de France, parmi d’illustres sinologues, je n’ai pas voulu me borner à un exposé général de faits et d’idées courantes ; j’ai préféré une esquisse dogmatique. Je n’ai l’intention d’attaquer personne, car je souffre moi-même des maladies sinologiques dont je parle çà et là, et le but essentiel de cette publication est d’introduire quelque synthèse nouvelle dans un ordre de choses quotidiennes. Il est entendu que ces six conférences ne sont qu’un résumé très sommaire d’idées, que je pourrais compléter d’ailleurs facilement, mais sous une autre forme. Au Collège d’antique renommée, à ses professeurs éminents qui ont bien voulu m’inviter et m’écouter, et surtout à celui que je vénère comme mon maître, et qui nous a été enlevé en p.6 pleine carrière scientifique, à Edouard Chavannes, je dédie ce livre. J’adresse aussi mes plus vifs remerciements au Musée Guimet, dans la personne de celui qui représente son esprit animateur, M. Hackin, à qui je dois l’honneur d’y avoir parlé, et qui a bien voulu se charger d’éditer cet ouvrage. On verra que ces six conférences reposent sur un principe unique et développent le même thème. J’ai donc pu les réunir ici et combiner de la sorte l’enseignement théorique, avec ses applications à l’ethnographie. Novembre 1926. P. S. — Plus de dix ans (1926-1937) se sont écoulés depuis que j’ai déposé mon manuscrit chez l’éditeur ; mais la dernière partie seule me paraît un peu vieillie. Je ne veux cependant pas y introduire de faits récents, car l’exposé historique n’est pas l’essentiel de ce petit livre, destiné à exposer mes théories de 1926 qui n’ont pas laissé depuis lors de se modifier sensiblement. Mars 1937. Basile ALÉXEIEV — La Littérature chinoise 7 CONFÉRENCE I La littérature chinoise (Essai d’idéologie) p.7 Vous comprendrez sans peine l’émotion de celui qui, formé jadis en France à cette science foncièrement française qu’est la sinologie, revient aujourd’hui, après vingt ans, dans ce pays rendre témoignage que l’enseignement qu’il y reçut n’est pas perdu. C’est en effet ici, dans cette salle même qu’enseignait Édouard Chavannes, mon maître aimé, ce grand Français, objet de l’éternelle douleur de ses amis et du regret universel. Il m’est doux d’évoquer à cette heure de mon épreuve son souvenir toujours vivant. Ayant reçu de lui, comme un héritage, le goût des recherches dans le domaine des religions de la Chine, dont l’étude est fondamentale pour comprendre et pour expliquer la civilisation et la culture de ce pays, je me propose de traiter devant vous du phénomène le plus important de cette civilisation, à savoir sa littérature : sa littérature envisagée sous son aspect religieux, p.8 encore que celui-ci s’écarte de l’aspect de la religion populaire. Je poserai comme thèse, que la littérature chinoise est une force à la fois humaine et générale, dont la double tendance consiste, d’une part, à propager, d’une façon intransigeante et religieuse, la « Vérité », et d’autre part, à pro- voquer la béatitude du lecteur par sa libération complète du réel. Empruntant un terme à la psycho-pathologie, j’appellerai « phantasme », ou fantaisie involontaire, cette aberration optique de l’élite entière d’une race : l’erreur qu’est, au fond, cette Vérité ainsi littérairement répandue ; je lui opposerai la fantaisie librement voulue, poursuivant la Vérité au-dessus du sens terrestre ; et je montrerai que ces deux manifestations se relient entre elles, pour traduire l’esprit chinois, pénétré de ce sentiment religieux et philosophique, qui caractérise essentiellement le pays où il a toujours régné en maître. Ces notions à la base de la littérature chinoise une fois développées et éclairées, j’indiquerai quelle transformation elle subit en passant dans une traduction et dans l’esprit d’un lecteur européen qui ne la saisit qu’à travers cet intermédiaire. Il n’est rien de plus dangereux que de se faire une idée absolument logique de ce qui se passe p.9 dans l’histoire d’un peuple. La vie est trop complexe, même s’il ne s’agit que d’un moment historique. A plus forte raison faut-il s’abstenir de simplifier à l’excès des observations portant sur une série de siècles. La vie même d’un individu représente un tissu d’évènements infini- ment variés et dépasse certainement une compréhension trop nette. « Je lis Basile ALÉXEIEV — La Littérature chinoise 8 mon poète — disait le fameux poète T’ao Ts’ien, au Ve siècle de notre ère — sans en trop chercher d’explication » (pou k’ieou chen kiai). Mais une idée nette et le concept fondamental d’un phénomène d’une civilisation, ou même d’une civilisation entière, ne doit pas nous arrêter, quand il s’agit d’expliquer un ensemble comme la littérature chinoise, gigantesque et complexe, surtout quand on ne dispose, pour une telle tâche, que de courts instants. Outil pour outil, une espèce de logique vaut bien une hypothèse ! Je borne donc ma leçon d’aujourd’hui à un schème rapide et, à mon avis, pourtant significatif, destiné à dégager quelques grandes lignes. Je poserai en principe que la littérature d’un peuple a toujours son point de départ, son idée foncière, son sentiment primitif des sources, dans l’émotion initiale des créateurs littéraires. Mais si l’on peut mettre en doute cette p.10 simplification en beaucoup de cas, surtout en parlant de peuples dont l’inspiration vient d’un emprunt direct, voulu ou forcé, et qui, par là-même, n’ont, pour ainsi dire, rien ou à peu près rien d’original, nous ne pouvons nous lancer dans l’ornière d’un tel scepticisme, quand il s’agit de la littérature chinoise : quoi qu’on juge à propos de lui uploads/Litterature/ ba-litt.pdf

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