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Table des Matières Page de Titre Table des Matières Page de Copyright DU MÊME AUTEUR Dédicace L'Énigme Première partie - ORDRE ET DÉSORDRE I - Le mythe dit l'ordre primordial Au commencement était le chaos. Le rite travaille pour l'ordre. La tradition ruse avec le mouvement. II - La science perd l'harmonie Le détour initial. L'horloge de Dondi et autres mécaniques. Le bruit, la dissipation et le chaos. Le concert interrompu. III - La société n'est plus ce qu'elle était Le retour. Le comte et ses héritages. La séduction et ses limites. Deuxième partie - DÉSORDRE DANS LA TRADITION IV - Le désordre travaille caché Le secret et le caché. Les lieux et les figures. Le travail sorcier, le désordre masqué. V - Le désordre se traduit en ordre Le monde à l'envers. Les passeurs de limites. Le pouvoir par le désordre. Troisième partie - DÉSORDRE DANS LA MODERNITÉ VI - La modernité brouille les cartes La difficulté de savoir. L'homme indécis. VII - Le désordre ne se cantonne pas FIGURES DU DÉSORDRE, FIGURES RÉVÉLATRICES FORMES DE LA RÉPONSE AU DÉSORDRE Le Mouvement © 1988, Librairie Arthème Fayard. 978-2-213-65129-3 DU MÊME AUTEUR L'Anthropologie appliquée aux problèmes des pays sous-développés, Paris, Cours de Droit, 1955. Sociologie actuelle de l'Afrique noire, Paris, P.U.F., 1955 ; 4e éd., 1982. Sociologie des Brazzavilles noires, Paris, Armand Colin, 1955 ; 2e éd. augmentée, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1985. Afrique ambiguë, Paris, Plon, « Terre Humaine », 1957 ; 10-18, 1962 ; Presses Pocket, 1983. Les Pays sous-développés : aspects et perspectives, Paris, Cours de Droit, 1959. Les Pays en voie de développement : analyse sociologique et politique, Paris, Cours de Droit, 1961. La Vie quotidienne au Royaume de Kongo du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Hachette, 1965. Anthropologie politique, Paris, P.U.F., 4e éd., 1984. Sens et puissance, les dynamiques sociales, Paris, P.U.F., 1971 ; 3e éd., 1986. Georges Gurvitch, sa vie, son œuvre, Paris, P.U.F., 1972. Anthropo-logiques, Paris, P.U.F., 1974 ; nouvelle édition augmentée, Livre de Poche, Biblio-essais, 1985. Histoire d'Autres, Paris, Stock, 1977. Le Pouvoir sur scènes, Paris, Balland, 1980. Autour de Georges Balandier, Paris, Fondation d'Hautvillers, 1981. Le Détour, pouvoir et modernité, Paris, Fayard, 1985. Fiction : Tous comptes faits, roman, Paris, Éd. du Pavois, « Le Chemin de la Vie », 1947. Ouvrages dirigés : Le Tiers Monde, sous-développement et développement, Paris, P.U.F., 1957; 2e éd. , 1961. Dictionnaire des civilisations africaines, Paris, F. Hazan, 1968. Perspectives de la sociologie contemporaine, Paris, P.U.F., 1968. Sociologie des mutations, Paris, Anthropos, 1970; 2e éd., 1972. Ouvrages en collaboration : Particularisme et évolution : les pêcheurs Lébou, Saint-Louis, I.F.A.N., 1952. Les Villages gabonais, Brazzaville, Institut d'Études centrafricaines, 1952. Pour Nil, Jean-Sébastien et Emmanuel, mes petits-enfants, qui entrent dans ce monde turbulent. L'Énigme Le chaos est l'énigme depuis les temps fort lointains où les mythes tentaient de montrer comment toute chose en procède et résulte de genèses successives. Aujourd'hui, l'exploration scientifique emprunte des chemins qui mènent inévitablement à lui. Le désordre, la turbulence, la désorganisation et l'inattendu fascinent, les arcanes du hasard incitent moins à une initiation qu'à une avancée utilisant les instruments informatiques les plus complexes et les plus puissants. Une discipline nouvelle est née voici une dizaine d'années : la chaologie ; et, déjà, certains la désignent comme l'une de ces inventions majeures qui ont révolutionné l'histoire des civilisations. Elle semble pourtant, à l'origine, n'être préoccupée que de curiosités ou de détournements de la rêverie au profit d'une science devenue étrange. Par elle, la banalité se transforme en mystère. Le robinet qui goutte n'est plus une petite affaire domestique et une cause d'agacement, mais l'occasion d'une observation savante, conduite au long des années, qui fait de cette anomalie une sorte de paradigme du chaos. La chute d'eau d'une cascade, avec sa retombée en nappe, sa dispersion en une multitude de gouttelettes, puis son écoulement au cours vagabond, manifeste un niveau supérieur de cette complexité à l'allure désordonnée. La fumée de la cigarette, compagne des errances de l'esprit, qui s'élève d'abord droite et soudain se tord et compose des figures mouvantes, suggère la présence d'un phénomène semblable. Plus haut, très haut, les merveilleux nuages courent, façonnent des paysages célestes, mobiles et sans cesse changeants, chaos auxquels s'attachent les rêves ; mais la nouvelle discipline veut forcer leur mystère, trouver la réponse qui rendra la prévision du temps moins fautive au-delà du très court terme. C'est dit : « La nature n'est pas linéaire », rien n'est simple, l'ordre se cache dans le désordre, l'aléatoire est constamment à l'œuvre, l'imprévisible doit être compris. C'est une description du monde différente qu'il convient à présent de produire, dans laquelle la considération du mouvement et de ses fluctuations l'emporte sur celle des structures, des organisations, des permanences. La clé en est une autre dynamique, qualifiée de non linéaire, qui ouvre accès à la logique des phénomènes apparemment les moins ordonnés. Ce bouleversement du savoir ne va pas sans incrédulité ni rejet, mais la passion des nouveaux descripteurs est contagieuse. Elle se déplace de la physique vers les sciences de la vie et de la société, même s'il est reconnu, dans ce dernier cas, que les gens sont plus compliqués que les particules. Déjà, ses applications sont recherchées en des domaines fort divers. La médecine s'y prête, avec l'interprétation de l'infarctus comme phénomène de passage brutal d'un état de régularité à un état chaotique, avec le décryptage de la crise épileptique qui terrasse soudain et soumet à l'assaut troublant du haut mal. L'économie aussi tente de recourir à cette exploration risquée, avec l'étude du désordre des investissements et de l'emploi, l'étude des cycles déconcertants et du comportement erratique de la Bourse. La chaologie ne saurait être travestie en une apologie du désordre, elle propose de celui-ci une autre représentation, elle le remet à sa place; elle montre que si les événements et les turbulences de la nature donnent une impression de confusion, de chahut, ils sont cependant attirés par certains états. Ces « attracteurs étranges » restent mal identifiés, mais leur action est reconnue ; le désordre ne se confond pas avec la pagaille. Des questions harcelantes n'en demeurent pas moins posées, et notamment celles-ci : comment une certaine organisation peut-elle naître du chaos? comment du nouveau parvient-il à surgir de l'ordre et à échapper aux contraintes que celui-ci définit ? Le mythe a longtemps apporté des réponses, la science a énoncé les siennes en les soumettant à l'épreuve de la vérification et en les révisant sans fin. Ce sont là deux usages de la raison, deux logiques, aujourd'hui mieux reconnus parce qu'ils sont mieux séparés. Les grands mythes des sociétés de la tradition procèdent à une explication totale, ils affirment, ils disent ce qui est et ce qu'il faut être. La science actuelle ne tente plus de parvenir à une vision du monde totalement explicative, ce qu'elle produit est partiel et provisoire. Elle affronte une réalité incertaine, aux frontières imprécises ou mouvantes, elle étudie « le jeu des possibles », elle explore le complexe, l'imprévisible et l'inédit. Elle n'a plus l'obsession de l'harmonie, elle fait une grande place à l'entropie et au désordre, et son argumentation, pourtant enrichie de concepts et de métaphores nouveaux, découvre progressivement ses propres limitations. Si les scientifiques semblent jouer au chaos sur le grand tableau de la nature, les analystes de la modernité s'engagent avec moins d'atouts dans un jeu comparable. Celle-ci, je l'ai définie naguère par une formule : le mouvement, plus l'incertitude. Le premier de ces deux termes se réalise en des formes multiples, vues par beaucoup comme autant de caches ou de masques du désordre. Le vocabulaire post-moderniste s'ajuste à cet inventaire exploratoire de la « déconstruction » et des simulations. Voici quelques années, on a établi progressivement le compte des disparitions — de la campagne à la ville, des groupes aux relations entre individus, de ces dernières aux espaces de la culture et du pouvoir, tout a été condamné à l'effacement, au peu de réalité. L'ère du faux et du trompe-l'œil, puis l'«ère du vide» et la « défaite de la pensée » ont été proclamées plus récemment. Les apparences, les illusions et les images, le « bruit » de la communication dénaturée et l'éphémère deviennent peu à peu les constituants d'un réel qui n'en est pas un, mais qui se perçoit et est accepté sous ces aspects. Telle est la nouvelle façon de mettre en scène les figures du désordre, en oubliant que le réel se construit et que seules l'incapacité et la passivité conduisent à une soumission désemparée, en négligeant aussi le fait que les techniques progressent séparément à la faveur de cet abandon et qu'elles façonnent un monde dont elles pourraient se révéler maîtresses. Le second terme de ma formule — l'incertitude — exprime à la fois l'irruption de l'inédit sous les poussées de la modernité et le risque, pour l'homme, de se retrouver en position d'exilé, d'étranger ou de barbare dans sa propre société, si l'incompréhension de ce qui est en voie uploads/Litterature/ balandier-georges-le-desordre-eloge-du-mouvement.pdf
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- Publié le Jul 17, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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