Cent ans d’études balzaciennes au Japon Takao KASHIWAGI I C’est cette traductio

Cent ans d’études balzaciennes au Japon Takao KASHIWAGI I C’est cette traduction d’Un épisode sous la Terreur par Kotyo Baba en 1897 qui a fait connaître le nom de Balzac romancier aux lecteurs japonais 1) . La plupart de ses œuvres ont été traduites en japonais pendant ces cent ans. Plus de quatre éditions des œuvres complètes de Balzac ont été publiées et une nouvelle édition de treize romans est en cours de parution. Nous pouvons compter 500 titres environ des romans de Balzac publiés par une soixantaine de traducteurs japonais. Il n’y a que quatre œuvres dans la Comédie humaine qui ne sont pas encore traduites en japonais : Le Député d’Arcis, L’Enfant maudit, Gaudissart II, Maître Cornélius. Balzac est certainement l’un des romanciers français les plus lus par les Japonais. Quant aux études balzaciennes au Japon, après La littérature française moderne écrite en 1914 par Sueo Goto, le premier essai qui traite de Balzac au Japon, se succèdent jusqu’à aujourd’hui d’innombrables livres et d’articles écrits sur Balzac et ses œuvres, mais ils sont écrits en japonais, ce qui les rend difficiles d’accès pour les lecteurs étrangers. Parmi eux, nous nous contentons de citer quelques livres importants : La Méthode de Balzac par Kiyotaro Wakazono (1941), Le Monde de Balzac par Hideki Sugiyama (1942), Masao Yasushi, Etudes balzaciennes — création de la Comédie humaine — (1960), Toru Terada, Balzac — du parterre de la Comédie humaine — (1967) et Les vieilles filles dans la Comédie humaine (1984), Kazuo Kiryu, Balzac — entre un génie et un philistin — (1975), Teruo Mitimune, Exorde aux études des œuvres de jeunesse de Balzac tome I (1982) et tome II (1989), Mamoru Kaneko, La vie de Balzac (1987), Yasuhisa Yoshikawa, Balzac, romancier militant (1999), Seiichi Ishii, Le monde de Balzac (1999), Tetsuo Takayama, Balzac (1999), Takao Kashiwagi, Déchiffrer la Comédie humaine (2000). Balzac — du parterre de la Comédie humaine — de Terada, composé en grande partie de ses introductions aux romans balzaciens qu’il a traduits, a exercé une grande influence sur les jeunes balzaciens japonais par son style original et 147 1)Masao Hara cite une autre traduction d’Une Passion dans le désert publiée trois ans auparavant dans sa Bibliographie des œuvres de Balzac traduites en japonais et des critiques sur Balzac écrits en japonais, p.30, Surugadai-Shuppansha, 1969. Mais on ne peut pas être sûr que ce texte est vraiment de Balzac, comme le titre en japonais est « le Tigre ». par une analyse aussi fine qu’audacieuse. Terada considère les œuvres balzaciennes, non comme de simples fictions, mais comme des problèmes réels et actuels posés par le romancier et il note les impressions et les opinions littéraires que lui suggère sa lecture. Cette attitude évoque celle d’Alain. Le titre du livre de Mitimune relève certainement de la modestie japonaise. Ce n’est pas un « exorde » à vrai dire, c’est une grosse étude qui compte presque mille pages en deux tomes. Mitimune lit très soigneusement toutes les œuvres de jeunesse de Balzac depuis les Œuvres de l’Abbé Savonati jusqu’aux épisodes de son Histoire pittoresque de la France et il y trouve les éléments précurseurs des chefs- d’œuvres de la Comédie humaine. Les livres de Kiryu, Kaneko et Takayama traitent tous de la biographie de Balzac. Kiryu détaille surtout la formation du grand écrivain en citant adroitement ses lettres et ses œuvres. Kaneko retrace sérieusement la vie de Balzac en consultant plusieurs études biographiques françaises ainsi que les écrits du romancier et de ses contemporains. L’an 1999 est vraiment l’année balzacienne au Japon ; la publication des Chefs-d’œuvre de Balzac en 13 volumes commence par Le Père Goriot traduit par Shigeru Kashima, et trois livres sur Balzac sont apparus presque en même temps que la commémoration du bicentenaire du romancier. Yasuhisa Yoshikawa le dépeint dans son Balzac, romancier militant comme un précurseur qui combat pour le droit des écrivains contre le capitalisme de l’époque. Il met également en relief chez Balzac un romancier qui adopte énergiquement les nouvelles tendances des sciences au début du dix-neuvième siècle. Le monde de Balzac de Séiichi Ishii est une bonne introduction au monde littéraire de Balzac. Ishii y raconte les charmes des romans balzaciens et de Balzac en personne devant ses étudiants qui l’entourent, comme un grand maître livre le secret de son art à ses disciples. Tetsuo Takayama, qui a commencé ses études sur Balzac vers 1960 comme Kiryu et Ishii, a achevé son Balzac, biographie très documentée et écrite dans un style concis. Un an après, comme pour le cent-cinquantenaire de la mort du romancier, Takao Kashiwagi publie Déchiffrer la Comédie humaine, qui analyse une quinzaine d’œuvres de la Comédie humaine, et tente d’éclaircir la structure de chaque récit merveilleusement conçu par le romancier. Nous ne pouvons pas passer aux études balzaciennes écrites en français par les Japonais sans faire mention du livre du bicentenaire de la naissance de Balzac publié en 1999 au Japon. Ce livre, intitulé Balzac, a été réalisé grâce à la bonne volonté des balzaciens japonais. Trente-quatre balzaciens japonais y ont consacré des articles et d’autres balzaciens ont partagé avec eux la plupart des frais de publication. Ajoutons qu’on est en train d’éditer la version française de ce livre. II C’est Tetsuo Takayama qui a publié le premier au Japon ses études en 148 français, Les Œuvres romanesques avortées de Balzac (1829-1842) en 1966. Comme l’auteur le dit dans son Avant-propos, le but de ses études est « 1º d’étudier chacune des œuvres avortées de Balzac en elle-même, 2º de dégager les rapports de celles-ci avec les œuvres achevées, 3º de mettre ainsi en lumière, dans la mesure du possible, la méthode de travail de Balzac, ainsi que les difficultés qu’il a rencontrées dans sa création littéraire. » 2) Après avoir examiné minutieusement les projets de romans historiques, les œuvres avortées qui devaient être incluses dans les Contes et Romans philosophiques, c’est-à dire dans la Comédie humaine, Takayama précise les étapes historiques de la rédaction du romancier et y remarque une tendance propre à la création littéraire balzacienne selon laquelle « Balzac avait à élargir la dimension et à modifier le caractère d’un ouvrage au cours de l’exécution » 3) . Il suppose que la cause de l’échec dans l’accomplissement de ces œuvres tient à « l’étendue trop vaste du projet, la trop grande beauté du sujet » 4) . Cependant « la réussite brillante, l’accomplissement gigantesque de La Comédie humaine n’a été possible qu’à la suite d’échecs successifs essuyés par Balzac » 5) . Le livre de Takayama « n’est pas tant l’histoire des échecs littéraires de Balzac, comme le suggère son titre, que celle de la genèse souterraine de La Comédie humaine » 6). Il fournit jusqu’à nos jours des documents très précieux et nous enseigne l’importance des œuvres avortées du romancier, d’autant plus qu’on se lance aujourd’hui dans les études génétiques de La Comédie humaine. Trois ans après la parution du livre de Takayama, Yuko Nishikawa a publiée Balzac et le Dandysme en 1977. Ce livre comporte deux parties : la première partie traite des pensées balzaciennes sur la mode et sur le dandysme, en détaillant son article Traité de la vie élégante paru dans La Mode et la deuxième partie est consacrée aux principaux dandys balzaciens. Depuis Balzac et le mal du siècle de Pierre Barbéris (1970), les études balzaciennes s’orientent vers les rapports intimes entre la création littéraire du romancier et la culture de l’époque qui l’entoure. Le travail de Yuko Nishikawa fait d’elle un des précurseurs qui s’attachent à l’activité journalistique de Balzac. Nishikawa parcourt les numéros de La Mode et des autres revues de mode de l’époque et éclaircit le statut du journalisme à l’époque de Balzac. Elle conclut dans la première partie que « le Traité de la vie élégante est un ouvrage qui a été fait presque en commun par Balzac et par les autres jeunes gens de la Mode » et que « même si le Traité de la vie élégante est composé d’éléments empruntés et s’il 149 2)Tetsuo Takayama, Les Œuvres romanesques avortées de Balzac (1829-1842), pp.VII, VIII, Keio Institute of Cultural and Linguistic Studies, 1966. 3)Ibid., p.129. 4)Ibid., p.131. 5)Ibid., p.133. 6)Seiichi Ishii, « Revue critique » in L’Année balzacienne, 1968, p.459. obéit aux critères commerciaux de la revue, cela ne nous empêche pas de voir l’originalité de Balzac et le côté sérieux de cet article » 7) . Dans la deuxième partie, Nishikawa met en relief les dandys tels que Maxime de Trailles, Eugène de Rastignac, Charles Grandet, etc., en se reférant à ce que Balzac dit dans le Traité et elle classifie ces divers dandys et leurs différents caractères dans la Comédie humaine. Nishikawa dit à la fin de son étude : « Balzac contribua à perpétuer le dandysme, qui en tant que mode, était destiné à une existence éphémère, et à le communiquer aux générations futures. » 8) Depuis 1990 à peu près, les ouvrages de Shigeru Kashima et de Toyoko Yamada qui décrivent la mode uploads/Litterature/ balzac-ctitique.pdf

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