Emilie Herbert Décembre 2017 CSA – Collection « Etudes et recherches » Place et
Emilie Herbert Décembre 2017 CSA – Collection « Etudes et recherches » Place et représentation des femmes dans les fictions télévisées de la Fédération Wallonie-Bruxelles La Collection « Etudes et recherches » regroupe les travaux réalisés par les différents chercheurs que le CSA accueille en son sein. Tant les chercheurs en résidence (premier emploi, docteurs/doctorants, pause-carrière), que les stagiaires et, bien sûr, les membres du CSA sont amenés, à titre personnel, à contribuer à la richesse de la collection. « Place et représentation des femmes dans les fictions télévisées de la Fédération Wallonie-Bruxelles » La recherche a été réalisée dans le cadre d’un projet de coopération internationale entre le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA, Belgique) et la Haute Autorité Indépendante de la Communication audiovisuelle (HAICA, Tunisie). Elle a bénéficié du soutien de Wallonie-Bruxelles International. Recherche réalisée par : Emilie Herbert (CSA) Direction scientifique : Joëlle Desterbecq, Directrice des Etudes et Recherches (CSA) Editeur responsable : Karim Ibourki, Président du CSA Contact : CSA Rue Royale, 89 1000 Bruxelles TABLE DES MATIERES INTRODUCTION ............................................................................................................................................................................. 4 I - PRÉSENCE FÉMININE DEVANT ET DERRIÈRE L’ÉCRAN.............................................................................................. 7 II – QUALIFICATION DIFFERENTIELLE DES PERSONNAGES ....................................................................................... 11 III – PARENTALITÉ ET COUPLE................................................................................................................................................ 23 IV – FÉMININ/MASCULIN : DU STÉRÉOTYPE A L’ASSIGNATION DE GENRE ....................................................... 31 V – CONCLUSION ....................................................................................................................................................................... 55 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................................................................ 57 ANNEXES : ...................................................................................................................................................................................... 60 INTRODUCTION Dans le cadre d’un projet de coopération internationale entre la Tunisie et la Fédération Wallonie- Bruxelles, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) a réalisé en partenariat avec la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) une recherche relative à la place et à la représentation des femmes dans les médias audiovisuels belges et tunisiens. Dans ce contexte, chaque instance de régulation a mis en œuvre une analyse d’un corpus de fictions télévisuelles à épisodes. Cette analyse de contenu se fonde sur une méthodologie et une question de recherche qui ont été définies en commun. Dans ce rapport nous présentons les résultats de l’analyse des fictions de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette analyse repose sur la question de recherche suivante : un rôle social est-il « assigné » aux personnages des fictions en fonction de leur sexe ? Dès lors, existe-t-il des stéréotypes de genre ? Comme le précisent Béatrice Damian-Gaillard et ses collègues : « l’action d’assigner consiste à attribuer à une personne une place, une fonction, un rôle, et plus particulièrement attendre qu’elle le performe en se conformant aux attentes sociales construites autour des identités de genre, selon qu’elle est perçue comme étant un homme ou une femme (…) »1. L’assignation de genre repose ainsi sur des croyances et représentations qui touchent aux définitions du masculin et du féminin. Il s’agit également, dans cette étude, d’identifier d’éventuelles reconfigurations dans les identités et rapports de genre. Pourquoi mener une recherche sur la fiction ? Plusieurs raisons motivent ce choix. En effet, les données de consommation des fictions sérielles 2, le déploiement des politiques publiques de soutien à la production de séries télévisuelles locales (voyez les articles 10 et 12 du contrat de gestion de la RTBF) et la responsabilité sociale des fictions quant aux thématiques que leurs personnages véhiculent dans l’espace public plaident en faveur d’une analyse de leurs contenus. Dans le cadre de cette étude, nous nous sommes concentrés sur les fictions à épisodes dans lesquelles la RTBF, éditeur de service public, a investi au cours de l'exercice 2015. Nous prenons en considération différents modes de production des fictions : fictions du "Fonds séries"3 (La Trêve et Ennemi Public), coproductions en partenariat avec la France (Clem, Une Famille Formidable et Candice Renoir), et webcréations RTBF (Euh, Typique et Burkland). En termes de genre de programme, le corpus se divise également en trois parties. Premièrement, nous avons deux séries familiales : nous avons choisi la saison 6 de la série Clem (qui comporte 5 épisodes de 90 minutes) et la saison 12 d'Une Famille Formidable (qui comporte 4 épisodes de 90 minutes) – soit un total pour les séries familiales de 810 minutes (13 heures et 30 minutes) de programme. 1 DAMIAN-GAILLARD B., MONTANOLA S., OLIVESI O., « Introduction. Assignation de genre dans les médias. Attentes, perturbations et reconfigurations », in Damian-Gaillard B., et al., L’assignation de genre dans les médias. Attentes, perturbations, reconfigurations, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2014, p. 13. 2 « En télévision le genre le plus consommé par les téléspectateurs (en termes de durée) reste la série, y compris auprès des publics plus jeunes. Sur les services à la demande, c’est également devant les séries que les usagers passent le plus de temps, à l’exception des millenials (moins de 35 ans) ». Source Ericsson Lab, « TV and Media 2016 », cité in CSA, Dossier RTBF 2012-2016. Production : les séries locales. 3 Fonds FWB-RTBF pour les séries belges, crée en 2013. Deuxièmement, nous avons trois séries policières qui répondent au même de type de format de diffusion : la saison 4 de Candice Renoir et les saisons 1 de La Trêve et Ennemi Public comportent toutes 10 épisodes de 52 minutes – soit un total pour les séries policières de 1560 minutes (26 heures) de programme. Enfin, les trois webcréations qui sont des formats plus courts : la saison 1 de Euh comporte 10 épisodes de 6 minutes, la saison 3 de Typique 12 épisodes de 7 minutes, et la saison 1 de Burkland 10 épisodes de 6 minutes – soit un total pour les webcréations de 204 minutes (3 heures et 24 minutes) de programme. Nous avons donc analysé un corpus total de 2574 minutes, soit 42 heures et 54 minutes. S’agissant de la méthodologie d’analyse : - L’unité d’encodage est le personnage. Plus spécifiquement, nous avons encodé les personnages principaux et secondaires récurrents. - L’unité de découpage (principale) est l’épisode : on étudie les caractéristiques de chaque personnage par épisode. L’encodage par épisode permet de prendre en considération les évolutions des personnages au fil de la saison. - L’analyse repose sur l’examen de la qualification et de la fonctionnalité différentielles du personnage4. Premièrement, il s’agit de déterminer quels sont les attributs constitutifs de son identité dans le récit : nom/prénom/surnom ; genre ; catégorie d’âge ; état civil ; orientation sexuelle ; maternité- paternité ; catégorie socio-professionnelle ; lieu de vie ; usage du langage ; espaces de référence ; style vestimentaire ; mise en valeur du corps ; normes et valeurs ; caractéristiques comportementales. Deuxièmement, il s’agit d’examiner sa fonctionnalité dans le récit : « La fonctionnalité engage le personnage dans des transformations et l’intègre dans des relations avec d’autres personnage »5 : quel est son rôle actanciel, possède-t-il son arc narratif propre ? Troisièmement, nous procédons à une relecture de l’ensemble afin de déterminer quelle est la perception du personnage principal et s’il existe des stéréotypes, contre-stéréotypes ou anti-stéréotypes de genre6. La grille d’encodage figure en annexe. L'analyse porte donc sur les personnages principaux et secondaires récurrents. Ceux-ci représentent pour les huit fictions analysées un total de 82 personnages (46 personnages masculins et 36 personnages féminins7). De manière occasionnelle, nous avons étudié l’ensemble des personnages (principaux, secondaires récurrents et secondaires ponctuels et sporadiques – soit un total de 926 personnages) afin d’obtenir des données plus précises lorsque cela était nécessaire. 4 HAMON, Philippe, « Pour un statut sémiologique du personnage », in Collectif, Poétique du récit, 1977, p. 157, cité dans Sepulchre, S., Décoder les séries télévisées, Bruxelles, De Boeck, 2011. 5 SEPULCHRE, Sarah, « Policiers/scientifiques, féminins/masculins dans les séries télévisées. Dépolarisation des caractérisations et réflexion sur les outils d’analyse » in DAMIEN-GAILLARD et al. (2014), op. cit., pp. 98-99. 6 MACÉ, Éric., « Des « minorités visibles » aux néostéréotypes. Les enjeux des régimes de monstration télévisuelle des différences ethnoraciales », Journal des anthropologues, Hors-série, 2007, p. 6 7 Nous n’avons recensé aucun personnage qui soit une personne transsexuelle ou transgenre. Notre rapport de recherche se divise en quatre grandes parties : la première porte sur la présence féminine devant et derrière l’écran, qui nous permettra de déterminer quelle est la place occupée par les femmes en tant que protagoniste et en tant que créatrice de fiction ; la deuxième partie se concentrera sur l’analyse des qualifications différentielles des personnages (âge, orientation sexuelle, catégorie socio-professionnelle et autres marqueurs d'identité) ; nous verrons ensuite quelles sont les représentations de la parentalité et du couple dans ces huit fictions ; et enfin, nous aborderons la problématique plus large de l'assignation de genre au travers de l'étude des stéréotypes et contre- stéréotypes rencontrés dans ce corpus. Nous verrons en outre dans cette dernière partie quelles sont les normes et valeurs générales des personnages en fonction de leur genre, de quelle manière leur corps va être, ou non, mis en valeur, et dans quelle mesure certaines représentations de la féminité et de la masculinité rencontrées dans ces huit fictions demeurent problématiques. I – PRÉSENCE FÉMININE DEVANT ET DERRIÈRE L’ÉCRAN I – PRÉSENCE FÉMININE DEVANT ET DERRIÈRE L’ÉCRAN POSITION DES PERSONNAGES AU SEIN DU RÉCIT Parmi les 8 séries et webséries analysées, uploads/Litterature/ bel-place-et-representation-des-femmes-dans-les-fictions.pdf
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- Publié le Mai 22, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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