Mémoire d'Histoire Ancienne -=-=-=- L E P A G A N I S M E D A N S L ' O E U V R

Mémoire d'Histoire Ancienne -=-=-=- L E P A G A N I S M E D A N S L ' O E U V R E D ' A T H A N A S E Sous la direction de Monsieur J. PEYRAS Présenté par Séverine Billon Université de Nantes (44) Année 1997 - 1998 Séverine BILLON Mémoire Histoire Université de Nantes - Année 97/98 Cours suivis sous la direction de J. PEYRAS LE PAGANISME DANS L'OEUVRE D'ATHANASE Page 1/93 Remerciements Avant la lecture de ce mémoire, je souhaite exprimer ma gratitude à Monsieur J. PEYRAS pour ses conseils, sa disponibilité et ses encouragements. Je remercie également le personnel des bibliothèques, ainsi que Madame BOURREAU qui a bien voulu m'assurer la frappe et la présentation de ce document. Séverine BILLON Mémoire Histoire Université de Nantes - Année 97/98 Cours suivis sous la direction de J. PEYRAS LE PAGANISME DANS L'OEUVRE D'ATHANASE Page 2/93 Abréviations des oeuvres d'Athanase, utilisées dans le mémoire qui suit Ap. Const. : Apologie à l'empereur Constance Ap. fug. : Apologie pour sa fuite Hist. ar. : Histoire des Ariens V.A. : Vie d'Antoine C.G. : Contra Gentes ou Contre les Païens D.I. : De Incarnatione Verbi ou Sur l'Incarnation du Verbe C.A. : Discours contre les Ariens Pour la bibliographie : S.C. : Collection Sources Chrétiennes Séverine BILLON Mémoire Histoire Université de Nantes - Année 97/98 Cours suivis sous la direction de J. PEYRAS LE PAGANISME DANS L'OEUVRE D'ATHANASE Page 3/93 Introduction -*-*-*- Même au IVème siècle, il n'est pas inutile de reprendre une fois de plus la critique du polythéisme et la réfutation de l'idolâtrie. Le paganisme n'est pas mort. Tandis que le peuple des campagnes reste fidèle aux rites traditionnels, les hautes classes sociales se raidissent dans leur réaction à la nouvelle religion (res novellae mos majorum), par opposition rationnelle à ses dogmes, absurdes et enfantins, ou par souci de fidélité aux cultes de l'Empire. Que l'on se rappelle les noms de Libanius ou de Symmaque, le traité de Julien contre les chrétiens ou l'affaire de l'autel de la Victoire. La réaction païenne se prolonge assez longtemps pour qu'en plein Vème siècle, saint Cyrille d'Alexandrie croie encore nécessaire de réfuter l'ouvrage de Julien, et que, vers la même époque, Théodoret de Cyr écrive la plus importante réfutation du paganisme que produisent les premiers siècles chrétiens1. Saint Augustin dénonce également le paganisme de sa cité (crypto-paganisme). En ce début du IVème siècle, à plus forte raison, est-il utile de porter au paganisme encore vigoureux, un coup décisif. Si le christianisme, devenu religion légale en 311, ne cesse de progresser, il faut préciser que le culte officiel des dieux de Rome n'est interdit qu'en 391-392 par Théodose. Au IVème siècle, Athanase pense qu'il y a encore trop de païens qui calomnient la religion du Christ ! C'est dans ce contexte qu'il décide d'écrire Contre les Païens , son principal ouvrage contre le paganisme. Ce personnage haut en couleur est avant tout connu non pour son combat contre la religion polythéiste, mais pour la défense de l'orthodoxie chrétienne face à l'arianisme. 1 - D'après l'introduction du C.G. de P. Th. CAMELOT, Paris, 1947 (p. 25) Séverine BILLON Mémoire Histoire Université de Nantes - Année 97/98 Cours suivis sous la direction de J. PEYRAS LE PAGANISME DANS L'OEUVRE D'ATHANASE Page 4/93 L'enfance et la jeunesse d'Athanase échappent presque entièrement à l'histoire2. On peut fixer avec une certaine probabilité aux environs de 295 la date de sa naissance, dans la ville d'Alexandrie. Il appartient sans doute à une famille chrétienne d'origine grecque. La lecture de ses oeuvres montre que son instruction est franchement grecque : il lui arrive de citer Homère, Platon, celui-ci avec une prédilection manifeste ; il fait quelquefois allusion à Aristote. L'apologie à l'Empereur Constance est composée sur le modèle d'un discours de Démosthène. Lorsqu'il combat le paganisme, les cultes auxquels il s'attaque sont essentiellement ceux du polythéisme hellénique. Quant à sa principale source d'inspiration, c'est la Bible grecque ; parmi les Pères de l'Eglise, il puise chez Athénagore, Clément d'Alexandrie, Irénée ou Origène. Ordonné lecteur par Alexandre (son prédécesseur), il devient diacre et secrétaire de l'évêque vers 318, au moment où la controverse arienne commence à se développer. Athanase accompagne son évêque au concile de Nicée en 325 et semble avoir joué, malgré son jeune âge, un rôle déterminant dans la condamnation des doctrines d'Arius. En tant que simple diacre, il est peu probable qu'il prenne la parole en public, mais il est sans doute actif dans les coulisses du concile. Désormais, toute la vie d'Athanase est consacrée à la défense de la foi nicéenne3 contre l'hérésie arienne. Alexandre meurt en 328 après avoir, semble-t-il, désigné Athanase pour successeur. Ce choix est confirmé par la majorité des évêques d'Egypte, malgré l'opposition déterminée des ariens et des mélitiens4 , en juin 328. La tâche qui s'impose au nouvel évêque est difficile ; et ses adversaires ne sont pas disposés à la lui rendre plus commode. 2 - Biographie d'Athanase d'après G.BARDY, Dictionnaire d'Histoire et de Géographie Ecclésiastique IV, Paris, 1930 (pp. 1313-1340) 3 - Le concile de Nicée, convoqué par l'empereur Constantin pour régler la crise de l'arianisme, s'ouvre en mai 325. Il rassemble de nombreux évêques de toute la Chrétienté sous la présidence d'Hosius de Cordoue. Les débats font apparaître trois partis dans cette assemblée : une majorité fidèle à l'orthodoxie, décidée à condamner Arius ; les partisans d'Arius ; et un tiers parti, animé par Eusèbe de Césarée, qui s'efforce de sauver Arius en atténuant ses formules. C'est cependant l'orthodoxie qui l'emporte en imposant le Symbole de Nicée, où le Fils de Dieu est déclaré "consubstantiel" (même substance) (homoousios) au Père. 4 - Les mélitiens, les "purs", sont les partisans de Melitius (évêque de Lycopolis). La controverse déclenchée par Melitius est tout à fait analogue à la controverse sur le donatisme, et a l'Egypte pour théâtre. Les mélitiens ont rompu pour des questions de discipline plus que de doctrine. Ils pensent que l'Eglise s'est trompée en recevant à nouveau les chrétiens, spécialement les clercs, qui ont failli au cours des persécutions (notamment au temps de Dioclétien), et que les ordinations et les sacrements sont par là même viciés (JONES, A.H.M. Le déclin du monde antique 284-610 ; Paris, 1970) Séverine BILLON Mémoire Histoire Université de Nantes - Année 97/98 Cours suivis sous la direction de J. PEYRAS LE PAGANISME DANS L'OEUVRE D'ATHANASE Page 5/93 Dès le début, Athanase se trouve en butte aux attaques des ariens et des mélitiens. Il est accusé de deux fautes majeures : - Macaire, un de ses prêtres, aurait interrompu la messe au moment de la communion et brisé le calice dans une église de village, celle de Mareotis près d'Alexandrie, dont le curé s'appelle Ischyras ; - ses agents auraient assassiné Arsène, évêque d'Hypselé, partisan de Melitius. De ces accusations, Athanase n'a pas de peine à se justifier : Arsène est retrouvé vivant à Tyr. Quant à l'affaire Ischyras, Athanase se fait fort de prouver que ce personnage n'est pas un prêtre : Ischyras est schismatique. Athanase est acquitté de ces deux chefs d'accusation par Constantin et son frère Dalmace, mais ses ennemis en trouvent d'autres ; finalement, en 334, Constantin ordonne qu'un concile se réunisse à Césarée pour examiner en détail toutes ces accusations. Athanase refuse d'y assister, alléguant que ses membres lui sont hostiles, mais l'année suivante, au cours de l'été 335, il accepte de comparaître à Tyr. Ce concile est en fait plein d'ennemis d'Athanase, parmi lesquels Eusèbe de Césarée ; une commission d'enquête est envoyée à Mareotis : son rapport conclut à l'exactitude de l'accusation concernant le calice brisé. Notre apologiste est condamné. Il fait voile pour Constantinople, où il convainc l'empereur de son innocence. Cependant, les délégués du concile de Tyr arrivent dans les jours qui suivent et formulent contre Athanase une accusation inédite : celle d'avoir entravé les transports de blé égyptien et d'avoir voulu affamer Constantinople. Constantin change d'avis et bannit Athanase à Trèves, en Gaule. A la mort de Constantin en 337, le nouvel empereur d'Occident, Constantin II, permet à Athanase de rentrer à Alexandrie. Sur la route du retour, Athanase s'occupe de querelles religieuses. Il se fait un devoir de prêter main forte aux évêques fidèles à Nicée. Cela ne se fait pas sans troubles. A Alexandrie , il s'emploie à organiser les forces de l'orthodoxie (en 338, se tient un synode en sa faveur, où les évêques égyptiens affirment leur attachement au patriarche) et bénéficie de l'appui prestigieux du père des moines du désert, saint Antoine. Mais l'un des buts principaux du groupe anti-nicéen reste de renverser Athanase. Séverine BILLON Mémoire Histoire Université de Nantes - Année 97/98 Cours suivis sous la direction de J. PEYRAS LE PAGANISME DANS L'OEUVRE D'ATHANASE Page 6/93 En acceptant d'être réintégré dans l'Eglise par l'empereur alors qu'il est condamné par un concile épiscopal, Athanase fait un faux pas5. Les ariens eusébiens6 en profitent pour le déposer et élire un nouvel évêque uploads/Litterature/ billon-severine-le-paganisme-dans-l-oeuvre-d-athanase.pdf

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