Kernos 15 (2002) Varia ........................................................
Kernos 15 (2002) Varia ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Alberto Bernabé La théogonie orphique du papyrus de Derveni ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Alberto Bernabé, « La théogonie orphique du papyrus de Derveni », Kernos [En ligne], 15 | 2002, mis en ligne le 21 avril 2011, consulté le 10 octobre 2012. URL : http://kernos.revues.org/1370 ; DOI : 10.4000/kernos.1370 Éditeur : Centre International d’Etude de la religion grecque antique http://kernos.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://kernos.revues.org/1370 Ce document est le fac-similé de l'édition papier. T ous droits réservés Kernos 15 (2002), p. 91-129. La théogonie orphique du papyrus de Derveni* 1. Objectif Nous avons l'intention dans cet article d'offrir une synthèse de nos connaissances actuelles sur la théogonie attribuée à Orphée et commentée dans le Papyrus de Derveni. On dispose d'une longue série de travaux sur cet important document littéraire - dus à la plume de spécialistes d'un très grand renom - notamment ceux qui ont été présentés dans un colloque tenu à Princeton et récemment publiésl, et de quelques nouvelles données sur le texte que l'on connaissait2, Nous sommes dès lors en état, à ce qu'il me semble, d'aborder une révision des problèmes concernant l'interprétation de cet ouvrage, d'en souligner les aspects qui jouissent aujourd'hui d'un large consensus et d'y relever les problèmes interprétatifs toujours à résoudre, tout en proposant quelques solutions3, 2. Le papyrus de Derveni 2.1. Une importante découverte4 En 1962 on découvre à Derveni, à quelque dix km au nord-ouest de Salonique, auprès d'un tombeau faisant partie d'un groupe de six, parmi les restes d'un bûcher funéraire, un rouleau de papyrus à demi calciné, destiné sans doute à être brûlé au bûcher du mort avec d'autres objets que celui-ci devait affectionner particulièrement5. Miraculeusement, jusqu'à vingt-six Laks - Most (1997). Généreusement fournies par le Professeur K. Tsantsanoglou, cf § 2.1. Cf aussi les contributions à l'étude du texte apportées par Betegh (1999). 3 Pour des renseignements bibliographiques sur le papyrus, cf Bernabé (1992a), 33- 35, et, pour plus de détails, cf Funghi (1995) et (1997b). Cf aussi Funghi (1997a) pour une information générale exacte à son sujet et Bernabé (2001b) pour une traduction en espagnol annotée. 4 Sur des questions archéologiques se rattachant au papyrus, cf Hood (1961-1962), Blake (1961-1962), Vanderpool (1962) 390 et fig. 107-108, Daux (1962), Oschenschlager (1963), Hunger (1962), Makaronas (1963), Bingen (1967), Bottini (1992) 135-148. 5 Il paraît même que le mort devait lui attribuer un certain pouvoir talismanique - tout comme une espèce de passeport pour l'au-delà - pareil d'ailleurs à celui que les lamelles en or semblent posséder, cf Casadio (1994) 215, Scalera McClintock (1988) 141. On peut se rappeler à ce sujet f'exemple du papyrus trouvé dans les mains d'un défunt dans un tombeau à Callatis (Kollet) et malheureusement détruit dès qu'il en fut retiré, de telle sorte qu'il ne put jamais être lu, cf Pippidi (1967) 209, Condurachi (1975) 184 sq., 92 A. BERNABÉ colonnes du textè contenu dans ce papyrus nous sont parvenues, bien qu'incomplètes, car la partie inférieure commune à toutes a été entamée par le feu. On peut donc y lire passablement bien les dix ou douze premières lignes (parfois même quinze) de chaque colonne, viennent ensuite quelques lignes en très mauvais état qui devaient être suivies, à leur tour, de celles qui sont perdues, dont le chiffre exact ne peut être précisé. Nous ignorons également si le texte se poursuivait sur un deuxième rouleau lequel, avec moins de fortune, aurait complètement brûlé (cf § 6.14). Plusieurs raisons paléographiques et archéologiques ont conduit les experts à fixer la date du rouleau entre 340 et 320 av. J.-c. 6, une date exceptionnellement haute pour les papyrus écrits en grec qui nous sont parvenus. Une véritable édition complète du Papyrus, à laquelle travaille le philologue grec K. Tsantsanoglou, n'a pas encore été publiée. Nous ne possé- dons qu'une copie du texte, dépourvue d'appareil critique, publiée dans ZPE 47, 1982, *1 sq. (après la p. 300) qui se fonde sur une première version, enri- chie par quelques suppléments de Tsantsanoglou et de Parassoglou, mais présentant des additions de provenance très diverse, avec des lectures déjà périmées et un grand nombre d'erreurs, ce qui a conduit à la désavouer7. Nous y ferons allusion dorénavant en employant l'abréviation ZPE (1982). Betegh présente, à son tour, un texte du même Papyrus qui ne cherche pas à être une édition critique. Il a tout simplement essayé de « réunir les informa- tions les plus actualisées dont on puisse disposer» à son sujet, complétées par quelques lectures de son crus. D'un autre côté, nous disposons encore de quelques éditions de différents passages du texte9. A l'occasion de mon travail sur l'édition critique de différents fragments orphiques, qui doit être Schmidt (1975) 230, West (1983) 25, et aussi celui d'une amphore apulienne, aux figures en rouge, de 330-320 av. ].-C., du Peintre de Ganymède (Bâle Antikenrnuseurn Cal. 214), 'où Orphée se trouve devant un défunt assis qui tient un papyrus dans sa main gauche. Cf aussi R. Olmos et Bernabé-Jiménez San Crist6bal (2002) 292-295. 6 C'est la datation de Tsantsanoglou et Parâssoglou (1988) 125 et (1992) 221; en outre ce papyrus a été daté par Turner (1971) 92, entre 325 et 275 av. ].-c., et d'après Youtie, il daterait du milieu du IVe siècle av. ].-c., tel qu'il l'indique dans une note ajoutée à Blake (1961-1962) par Robinson. Cet avis est partagé par Makaronas et Vanderpool (1962) 390, et Turner (1980) 26, cf encore les propositions plus anciennes et moins précises de Kapsomenos (1964-1965) (avec les discussions d'un groupe d'experts) et de Speyer (1970) 44,46 n. 14. 7 Cf Turner, Tsantsanoglou et Parassoglou (1982). Le texte de ZPE est reproduit dans Mandilaras (1994) 32 sq.; 429-439. S Betegh (1999). 9 Kapsomenos (1963) (une partie des colonnes XVII et XXII et quelques mots isolés), (1964) (colonnes XIV-XX), Tsantsanoglou et Parassoglou (1988) (col. n, (1992), mais surtout les sept premières colonnes, avec commentaire, éditées par Tsantsanoglou (1997). Il faut encore signaler que la numérotation des colonnes a changé. En effet, les références antérieures à cette dernière publication commençaient leur numérotation à la colonne qui est aujourd'hui marquée du numéro V, il a donc fallu ajouter quatre numeros aux numérotations antérieures afin qu'elles correspondent au dernier état. La théogonie OIphique du papyrus de Derveni 93 publiée par la Bibliotheca Teubneriana, j'ai naturellement décidé d'y inclure ces fragments, mais je ne pouvais suivre le texte désavoué. Le professeur Tsantsanoglou a eu la gentillesse - dont je lui suis très reconnaissant - de réviser la première version de mon édition des passages choisis et de m'offrir à leur sujet de nombreuses nouvelles lectures et d'autres suggestions. C'est donc grâce à tout ced que j'ai pu disposer d'un texte fiable. La soigneuse traduction en anglais d'un texte, également révisé par Tsantsanoglou, publiée par Laks et Most dans le volume collectif auquel je me suis déjà référé10 et aussi l'excellente traduction de Janko (2001), pourvue d'un apparatus avec de nouvelles lectures et interprétations ont été également pour moi d'une grande utilité. Les auteurs m'ont permis de lire leurs traductions avant qu'elles ne soient publiées, ce qui m'a donné la possibilité d'avancer considé- rablement mon travail. De son côté Betegh m'a fait parvenir un exemplaire de sa thèse de doctorat (Betegh 1999). Ma gratitude à leur égard est également très grande. 2.2. Un texte complexe La seule conservation du papyrus, due aux curieuses circonstances auxquelles je me suis déjà référé, fait de celui-ci un document unique, mais il l'est encore davantage par le type de texte qu'il contient. Son auteur y commente un passage d'Héraclite, puis analyse quelques rituels et disserte sur les Érynies avant d'aborder, en continu, un long commentaire de quelques vers qu'il attribue à Orphée. À un moment donné, il cite dans son commentaire un vers comme appartenant aux Hymnes du même auteur, mais la plupart de ceux dont il fait mention feraient partie d'un poème sur l'organisation du monde et la lutte qui s'engage entre plusieurs dieux pour détenir le suprême pouvoir. C'est ce qu'on a appelé, aussi improprement qu'on voudra, Théogonie. Ce qui est encore plus curieux, c'est que l'auteur de l'œuvre en prose y cite aussi trois vers qui ressemblent beaucoup à des vers que nous connaissions déjà dans l'œuvre d'Homère11 . 10 Laks - Most (1997). 11 uploads/Litterature/ bernabe-alberto-la-theogonie-orphique-du-papyrus-de-derveni-kernos-15-2002-91-129.pdf
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- Publié le Aoû 15, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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