Production, compr´ ehension et imitation des constructions causatives chez des

Production, compr´ ehension et imitation des constructions causatives chez des enfants monolingues francophones et bulgarophones ˆ ag´ es de 3 ` a 6 ans Yanka Bezinska To cite this version: Yanka Bezinska. Production, compr´ ehension et imitation des constructions causatives chez des enfants monolingues francophones et bulgarophones ˆ ag´ es de 3 ` a 6 ans. Linguistique. Universit´ e Grenoble Alpes, 2014. Fran¸ cais. <NNT : 2014GRENL011>. <tel-01158119> HAL Id: tel-01158119 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01158119 Submitted on 29 May 2015 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. 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Université Joseph Fourier / Université Pierre Mendès France / Université Stendhal / Université de Savoie / Grenoble INP THÈSE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE GRENOBLE Spécialité : Sciences du Langage (Linguistique, Sociolinguistique et Acquisition du langage) Arrêté ministériel : 7 août 2006 Présentée par Yanka BEZINSKA Thèse dirigée par Jean-Pierre CHEVROT et Iva NOVAKOVA préparée au sein du Laboratoire LIDILEM – EA 609 dans l'École Doctorale Langues, Littératures et Sciences Humaines – ED 50 Production, compréhension et imitation des constructions causatives chez des enfants monolingues francophones et bulgarophones âgés de 3 à 6 ans Thèse soutenue publiquement le 30 juin 2014 devant le jury composé de : Mme Aliyah MORGENSTERN Professeur, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 (Présidente du jury) Mme Zlatka GUENTCHEVA Directrice de recherche, LACITO - CNRS (Rapporteur) Mme Harriet JISA Professeur, Université Lumière – Lyon 2 (Rapporteur) Mr Jean-Pierre CHEVROT Professeur, Université Stendhal – Grenoble 3 & Institut Universitaire de France (Directeur de thèse) Mme Iva NOVAKOVA Maître de Conférences HDR, Université Stendhal – Grenoble 3 (Co-directrice de thèse) i  La présente recherche doctorale traite des constructions causatives dans une perspective développementale et contrastive. Elle poursuit un double objectif. D’une part, démontrer que la complexité morphosyntaxique des mécanismes causatifs joue un rôle important dans le processus de leur acquisition par les enfants. D’autre part, prendre en considération plusieurs habiletés langagières (production, compréhension, imitation) pour explorer pleinement les divers niveaux de maitrise des constructions causatives. Les langues encodent la notion de causativité dans des mécanismes de complexité morphosyntaxique variable : des procédés compacts (synthétiques), formellement plus simples (les causatifs lexicaux et morphologiques) et des procédés moins compacts (analytiques), plus complexes sur le plan formel (les prédicats complexes et les constructions périphrastiques). Les deux langues que nous étudions – le français et le bulgare – n’utilisent pas les mêmes mécanismes causatifs. Le français privilégie le prédicat complexe faire + Vinf, mais accepte également quelques causatifs lexicaux (nourrir X). Le bulgare fait appel à trois procédés : lexical (xranja X – nourrir X), morphologique (le préfixe ‘raz-’ : razsmivam X – faire rire X) et périphrastique (karam X da V présent – inciter X à ce que V présent). Un total de 113 francophones (71 enfants et 42 adultes) et de 96 bulgarophones (56 enfants et 40 adultes) participent à cette étude contrastive ; tous sont des locuteurs natifs monolingues. Les enfants sont répartis en trois tranches d’âge (3-4 ans, 4-5 ans et 5-6 ans) et ils participent à trois tâches expérimentales (production, compréhension, imitation). Les adultes sont enregistrés uniquement en tâche de production. La première tâche expérimentale est celle de production, présentée sous forme d’extrais de dessins animés que les participants visionnent sur l’ordinateur. Trois questions graduées (Que fait X ?, Que fait Y ?, X fait Z et comme ça qu’est-ce qu’il fait à Y ?) amènent progressivement les locuteurs observés à réunir les éléments de la situation causative en une seule structure linguistique. La seconde tâche expérimentale est celle de compréhension, consistant en la simulation de différentes scènes causatives avec des figurines (ex. : La maman fait danser le bébé. A toi, fais comme la maman !). La dernière tâche est une imitation structurale ; l’enquêtrice fournit la forme causative cible et l’enfant doit la reproduire en modifiant les arguments causateur et causataire (ex. : La maman fait danser le bébé. Maintenant le papa, qu’est-ce qu’il fait ?  Le papa fait danser la grande sœur.). Afin d’étudier l’éventuel effet d’amorçage du verbe faire, présent à la fois dans les questions de l’enquêtrice et dans la structure du prédicat complexe faire + Vinf, un recueil ii complémentaire de données est réalisé auprès de 87 locuteurs francophones (47 enfants et 40 adultes). Ceux-ci prennent part à une tâche de production. Ils visionnent les mêmes extraits de dessins animés et répondent à une seule question (Qu’est-ce qui s’est passé dans cet extrait de dessin animé ? ou Qu’est-ce que tu as vu dans cet extrait de dessin animé ?). Notre recherche aboutit à quelques résultats intéressants. Premièrement, entre 3 et 6 ans, la conceptualisation de la causativité ne pose pas de problèmes particuliers aux enfants francophones et bulgarophones ; ils comprennent les mécanismes causatifs de leur langue. Deuxièmement, l’ordre d’acquisition des formes causatives est étroitement lié à leur degré de complexité morphosyntaxique. Dans les deux langues étudiées, les causatifs lexicaux sont complètement maitrisés par les enfants. En revanche, malgré son caractère compact et sa simplicité formelle, le causatif morphologique du bulgare semble apparaitre tardivement. La présence d’erreurs par surgénéralisation chez les enfants âgés de 5 à 6 ans révèle que l’acquisition de ce mécanisme causatif n’est pas achevée. La construction périphrastique karam X da V présent, quant à elle, peut être considérée comme maitrisée, puisqu’entre 4 et 5 ans, les habiletés des enfants bulgares à la produire sont déjà très proches de l’usage adulte. Enfin, le prédicat complexe faire + Vinf est en voie de stabilisation ; les enfants français doivent faire quelques ajustements au niveau de l’intégrité de la séquence faire + Vinf et de l’usage de l’argument causataire (sa fonction syntaxique et sa présence dans les énoncés). Troisièmement, le rappel de la structure des mécanismes causatifs en tâche d’imitation améliore les performances productives des enfants. Quatrièmement, les résultats de l’étude supplémentaire valident notre choix d’une tâche de production à trois questions graduées, amenant progressivement les participants à utiliser le procédé causatif requis. En conclusion, par la prise en compte de trois habiletés langagières, cette étude apporte un éclairage dans la recherche sur les constructions causatives. Dans l’esprit du Modèle de compétition et des approches basées sur l’usage, notre travail valide également la pertinence de trois principaux facteurs déterminant l’ordre d’acquisition des unités linguistiques : 1/ fréquence dans l’input (ou disponibilité) ; 2/ fiabilité (ou spécialisation dans l’expression d’une fonction communicative) ; 3/ complexité (formelle et conceptuelle). Mots-clés : causativité, mécanismes causatifs, constructions causatives, acquisition, interface syntaxe-sémantique, approche contrastive iii   The present study investigates the causative constructions from a developmental and cross-linguistic perspective. On the one hand, it aims to show the important role of the morphosyntactic complexity of causative mechanisms during language acquisition. On the other hand, it aims to examine different language skills (production, comprehension, imitation) in order to explore various levels of mastery of the causative constructions in two languages, French and Bulgarian. Languages express causativity by means of linguistic forms with variable morphosyntactic complexity; there are more compact (synthetic) mechanisms whose form is simpler (lexical and morphological causatives) and also less compact (analytical) mechanisms that are formally complex (complex predicates and periphrastic constructions). The two languages under investigation, French and Bulgarian, do not use the same mechanisms to express causativity. French uses the faire + Vinf complex predicate and some lexical causatives (nourrir X – feed X). In Bulgarian, the causativity is expressed using three mechanisms: lexical (xranja X – feed X), morphological (prefix ‘raz-’: razsmivam X - make X laugh) and periphrastic construction (karam X da V pres – make that X + V pres). A total of 113 L1 French speakers (71 children and 42 adults) and 96 L1 Bulgarian speakers (56 children and 40 adults) took part in this cross-linguistic study. The children were divided into three age groups: 3-4, 4-5 and 5-6 years of age; they all participated in three experimental tasks (production, comprehension and imitation). The adults took part in one experimental task (production). In the production task, participants watched animated cartoons and answered three graduated questions: “What does X do?, What does Y do?, What does X do to Y?” in order to elicit causative forms by drawing attention to the semantic elements. In the comprehension task, which consisted of an act-out task, the participants were asked to simulate particular causative actions using plastic figurines. The imitation task was designed as a variety of the structural priming task; the experimenter provided the target causative form and the child had to reproduce it by using new arguments (causer and causee). We also conducted a second uploads/Litterature/ bezinska-2014-diffusion.pdf

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