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:00 •CM SCSI = C\] CD CO » . • : Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/bibliothquedel76ecol BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES PUBLIÉE SOU? LE? AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE SCIENCES PHILOLOGIQUES ET HISTORIQUES SOIXANTE-SEIZIÈME FASCICULE ÉTUDE SUR LES RELATIONS POLITIQUES DU PAPE URBAIN \ AVEC LES MOIS DE FRANCE JEAN II ET CHARLES V (1362-1370), PAR MAURICE PROU. PARIS F. VIEWEG, LIBRAIRE-ÉDITEUR E. BOUILLON ET E. VIEWEG, SUCCESSEURS 67, rue de Richelieu, 07 1888 /X-^7 6" RELATIONS POLITIQUES DU PAPE URBAIN \f LES ROIS DE FRANCE JEAN II ET CHARLES V MAÇON, IMP. PROTAT FRERES MON PERE ETUDE SUR LES RELATIONS POLITIQUES DU PAPE URBAIN V AVEC LES ROIS DE FRANGE JEAN II ET CHARLES V (1362-1370) Le séjour des papes à Avignon eut pour la France d'heureux résultats. Nos rois n'eurent garde de le laisser infructueux pour leur politique. Ils surent gagner la faveur des souverains pontifes, dont l'autorité était reconnue de toute l'Europe et dont la voix ne se faisait jamais entendre sans qu'on y prît garde. On vit l'influence française grandir chaque jour dans le collège des cardinaux, jusqu'à y devenir prépondé- rante. Aussi, du moment que la guerre eut éclaté entre la France et l'Angleterre, les papes ne cessèrent de s'entremettre entre les deux nations rivales. Leur intervention provoqua diverses trêves. Mais il semble que la papauté se soit montrée plus favorable au roi de France qu'à son ennemi. Philippe VI et Jean II trouvèrent le trésor pontifical toujours ouvert. Dans leurs embarras financiers, ils ne manquèrent pas d'y recou- rir 1 . Innocent VI aida le roi Jean à payer sa rançon 2 . Quel- ques jours avant sa mort, il prêtait une somme de dix mille florins 3 au maréchal Arnoul d'Audrehem , lieutenant du Lan- 1. Voyez Faucon, Prêts faits au roi de France par Clément VI, Innocent VI et le comte de Beaufort, dans Bibliotliique de l'Ecole des Chartes, t. XL, p. 570. 2. Voyez Luce, Histoire de Bertrand du Guesclin, p. 367. 3. « Die eadem (ultima die mensis octobris 1364), cum dia VI' mensis sep- tembris, anno Domini niillesimo CCCLXII proxime preterito, dominus Ranulphus miles, dominus d'Audenam, marescallus, et Petrus Scatisse, thesaurarius Francie, ambo insimul habuissent et recepissent mutuo a felicis recordationis domino Innocentio papa sexto et ejus caméra aposto- lica, de pecuniis ejusdem camere, pro necessitatibus dicti regni , decem milia ilorenorum auri in II m VHP LXVIII franch. auri, V" III e régal, novis, 1 guedoc, et à Pierre Scatisse, trésorier de France, qui se trou- vaient dans le [dus grand embarras pour payer aux routiers et aux Espagnols cent mille florins qu'ils leur avaient promis par un traité conclu le 23 juillet précédent avec Henri de Tras- tamarre. Ce fut pour demander h Innocent VI de nouveaux subsides et acquérir une couronne qu'en l'an 1362 le roi Jean se dirigea vers Avignon. Il suivait l'exemple de son père, Philippe de Valois, qui en 1336 s'était rendu auprès de Benoit XII. Ces deux voyages présentent des analogies. Philippe et Jean en profitèrent pour visiter la Bourgogne et les parties méridio- nales de leur royaume. Tous deux reçurent la croix des mains du souverain pontife; mais les circonstances empêchèrent Le fils, comme le père, d'accomplir son vœu. Le roi Jean quitta Paris vers Le 29 août 1362 '. Il s'achemina lentement à travers la Bourgogne. Le 19 octobre nous le trouvons à Chalon-sur- VIIe LXXX régal, de primis(?), CLXX ûor. auri Francie, que omnes monete reducte ad franches valent VIlIm CLXI franch. auri, per ipsos marescallum et thesaurarium Francie solvendos dicte camere in festo Omnium Sanctorum ex tune proxime secuturo, prout in instrumente- per dominum Johanucm Palaysini, notarium predicte camere, super hiis recepto plenius continetur: hinc est quod predicti marescallus et thesaurarius Francie procompleinento dicte summe de alia predicta majori summa per manus Colini Bertrand i, servientis armorum domini nostri pape, die ista ultima hujus mensis octo- bris solvi et assignari fecerunt M. V e XXXtlI franchos bonos X s. monete Avinionis. » (Archives du Vatican, Introitus et exitus, registre 305, fol. 72.) 1. Les Grandis Chroniques, éd. Paulin Paris, t. VII, p. 226, disent : « L'an de grâce 1362 au moys d'aoust, le roy de France, Jehan, se parti de Paris pour aler à Avignon visiter le pape Innocent, qui lors vivoit. » Frois- sart (éd. Luce, 1. I, g 499, t. VI, p. 78) est plus précis : « Si fist li dis rois faire ses pourveances et se parti de le cité de Paris entours le Saint Jehan Baptiste, l'an mil trois cens soissante et deux. » Baluze [Vitepapar, Aven., t. I, col. 982) a conclu de ce passage de Froissart. que le roi avait quitté Paris à la tin de juin : M. Luce remarque que Froissart commet une grave erreur de date (Froissart, éd. Luce, t. VI, p. XXXVIII). Cependant. 3i L'on suppose que Froissart a voulu désigner par la Saint Jean-Baptiste, non la Nativité, mais la Décollation de Saint Jean, qui tombe le 29 août, les deux témoignage? Grandes Chroniques et de Froissart concordent. Du l'ait que d.s lettn .u roi Jean, datées du 20 septembre, sont encore don- oées à Paris, on ne peut inférer que Le départ du roi Jean est postérieur à cette date. Car des Lettres données à Paris pendant Les mois de décembre 1362, janvier et février 1363, époque à laquelle il est certain que Jean était à Villeneuve-lès-Avignon , portent encore la suscription royale. Voyez Ordonnances, t. IV. p. 223; t. [II, p. 097; t. III. p. 609, t. IV. p. 225, et la note de Pardessus, dan- la Table chronologique des Ordonnances, p. LS3, — 3 — Saône 1 . C'est là. ou tout au moins dans le Chalonnais. qu'il dut apprendre la mort d'Innocent VI. survenue le 12 sep- tembre. Les cardinaux lui firent porter la nouvelle par Geoffroy, évêque d'Autun, et Hugues de Fay. doyen d'Or- léans 2 . Sur vingt-et-un cardinaux formant alors le sacré collège dix-huit étaient Français 3 . L'un d'eux, Androin de la Roche, le négociateur de la paix de Brétigny, créé cardinal à la requête des rois de France et d'Angleterre , n'avait pas encore été introduit dans le consistoire, et aucun titre ne lui avait été assigné. Il était arrivé à la cour pontificale au moment où Innocent VI mourait. Certains de ses collègues faisaient diffi- culté de l'admettre dans le conclave. On finit toutefois par décider qu'il aurait voix à l'élection du nouveau pape 4 . D'au- tres dissensions plus graves s'élevèrent au sein du conclave. 11 paraîtrait que six des cardinaux qui étaient du diocèse de Limoges voulaient élire l'un d'entre eux; d'autres s'y opposaient en raison de la récente annexion du Limousin à la couronne d'Angleterre 5 . Les cardinaux de Périgord et de Boulogne prétendaient à la tiare. On résolut de s'en remettre à leur décision pour le choix d'un pontife. Ni l'un ni l'autre ne voulant renoncer à ses prétentions, ils choisirent pour succéder à Innocent VI un personnage étranger au sacré collège. Guillaume Grimoard, depuis peu abbé de Saint-Victor de Marseille 6 . Il était fils de Guillaume Grimoard. seigneur de Grisac, au diocèse de Mende, 1. Mandement du roi Jean, daté de Chalon-sur-Saône, le 19 octobre 1362 cité dans la Collection de Bourgogne (Bibl. Nat.), vol. 21, fol. 4. 2. « Die XVII februarii ,1363) soluti fuerunt de ordinatione camere apos- tolice domino Gaufrido, episcopo Eduensi, nuper unacum domino Hugone Faydici, decano Aurelianensi, dicte camere clerico, videlicet Sede vacante missis per dominos cardinales et camerarium domini nostri pape ex cerlis de causis ad dominum regem Francie, qui erat in Gabilonensi, pro expensis per ipsos dominos episcopum et Hugonem ac eorum familiares eundo, stando et redeundo, magistro P. Pelhisaudi, socio dicti domini episcopi, pro ipsis manualiter recipiente, IIII C XXII flor. fortes. » (Archives du Vatican Inlroilus et exitus, reg. 29S, fol. 94.) 3. Voyez la liste des cardinaux dans Ciacconius , Histor. Pontificu.ni , t. II, col. 546. 4. Prima Vita Urbani V, dans Baluze, Vitœ papar. Aven., t. I, col. 36i. . 5. Ciacconius, Ibicl., col. 545; Raynaldi, Annales eccles., a. 1362, g (j. 6. Froissart, éd. Luce, 1. I, g 500, t. VI, p. 78 ; Chronique des quatre pre- miers Valois, éd. Luce. p. 133. et d'Amphélise de Montferrand l . Aussi éminent par la piété que par la science, il avait été distingué par Clément VI et Innocent VI, qui, à diverses reprises, lui confièrent des mis- sions délicates en Italie. Innocent venait encore de l'y envoyer, non pas, comme certains historiens l'ont prétendu 2 , pour apaiser une querelle entre le légat et Bernai jo Visconti, mais pour veiller à ce qu'il ne fût pas entrepris contre les droits du Saint-Siège sur le royaume de Naples, pendant le veuvage de la reine Jeanne 3 . Nous ne savons pas le lieu où il se trouvait quand il apprit son élection. Il revint en toute uploads/Litterature/ bibliothquedel-76-ecol.pdf