ŒUVRES DE ROGER CAILLOIS Aux Éditions Gallimard LE MYTHE ET L'HOMME. CIRCONSTAN
ŒUVRES DE ROGER CAILLOIS Aux Éditions Gallimard LE MYTHE ET L'HOMME. CIRCONSTANCIELLES. LE ROCHER DE SISYPHE. BABEL. L'HOMME ET LE SACRÉ. POÉTIQUE DE SAINT-JOHN PERSE. L'INCERTITUDE QUI VIENT DES RtVES. LES JEUX ET LES HOMMES. MÉDUSE ET Cie. PONCE PILATE. AU CŒUR DU FANTASTIQUE. ANTHOLOGIE DU FANTASTIQUE, tomes 1 et II. CASES D'UN ÉCHIQUIER. PIERRES. TRÉSOR DE LA POÉSIE UNIVERSELLE (en collaboration avec Jean- Clarence Lambert). DISCOURS DE RÉCEPTION A L'ACADÉMIE FRANÇAISE ET RÉPONSE DE RENÉ HUYGHE. LA DISSYMÉTRIE. PIERRES RÉFLÉCHIES. APPROCHES DE L'IMAGINAIRE. LE FLEUVE ALPHÉE. APPROCHES DE LA POÉSIE. Chez d'auires éditeurs LA COMMUNION DES FORTS. ESPACE AMÉRICAIN. BELLONE OU LA PENTE DE LA GUERRE. INSTINCTS ET SOCIÉTÉ. PUISSANCES DU RÉVE. OBLIQUES, précédé de IMAGES, IMAGES ... L'ÉCRITURE DES PIERRES. LA PIEUVRE (Essai sur la Logique de l'imaginaire). CHRONIQUES DE BABEL LA NECESSITE D'ESPRIT ROGER CAILLOIS de l'Académie française LA NÉCESSITÉ D'ESPRIT GALLIMARD y~ OntYM9fty lfîtNJtey P!îl.~l;~r.t~!'!. ~~~'i. Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. ©Éditions Gallimard, 1981. PRÉFACE Le projet de ce livre dace probablement des années 1933- 1934. La rédaction en a été poursuivie au-delà de 1935. Des activités diverses et la préparaiion de l'agrégation ont pu détourner l'auteur de ce projet. Mais ces empêchements momentanés ne paraissent pas déciszfs. Il semble plutôt qu'après 1936, la plupart des idées esquissées dans ce texte lui ont paru insuffisantes du moins quant à la manière de les présenter. Le Procès intellectuel de l'art, publié au début de 1935, montre déjà d'autres soucis et d'autres méthodes. On tentera simplement dans cette présentation d'établir les circonstances de la rédaction de ces pages, d'indiquer le but poursuivi, enfin de faire quelque hypothèse sur son abandon, en montrant ce qui était prémonitoire et ce qui était caduc par rapport à l'œuvre future. La plupart des textes qui composent ce livre sont contemporains de l'adhésion de Roger Gallois au surréalis- 7 me, plus exaccement à l'activité du groupe de recherches dirigé par André Breton y compris la participation aux ''jeux ii surréalistes. Mais ils montrent à l'évidence que les préoccupations de l'auteur étaient bien différentes de celles de Breton, à plus forte raison d'autres surréalistes, plus rr littéraires 1i ou plus politiques, sans compter ceux dont l'esprit et l'action semblaient puérils à un jeune homme qui se voulait avant tout d'une rigueur toute scz'entzfique. Le Procès intellectuel de l'art devait révéler avec quelque brutalité la profondeur de ces divergences. Trois de ces textes (les chapitres I, v, VI) avaient été publiés auparavant, en partie ou en totalité, en particulier le travail sur la mante religieuse (Minotaure n° 5) qui devait être repris dans sa version définitive dans un tirage à part de Mesures, en 1936. Ce travail constitue le chapitre V de ce livre auquel une note de l'article du Minotaure faisait d'ailleurs référence comme d'un ouvrage en gestation. Le chapitre I paraît être un remaniement d'un article de 1933 dans le n° 5 de Le Surréalisme au service de la révolu- tion. Le chapitre VI reproduit un article de Documents 34 de juin 1934. Enfin un article des Recherches philosophi- ques de 1934-1935 intitulé: (( Analyse et commentaire d'une association libre d'idées ); contient en grande partie le chapitre III et renvoie à un ouvrage intitulé La Nécessité d'esprit. Le livre, manuscrit ou tapé à la machine, est entièrement rédigé avec un avant-propos, une conclusion et des notes additionnelles, donc prêt à la publication. Cependant le contenu même suggère qu'il s'agissait d'un véritable projet de " thèse )) au sens universitaire du terme. En tout cas, 8 l'auteur voulaic cercainement développer des idées qui ne sonc ici qu'indiquées. La rédaccion écait donc à la fois défi- nicive, c'est-à-dire publiable sous cecceforme, et ouverte sur d'aucres possibles. Sous la forme personnelle, quasi auco- biographique, qu'il avait spontanément adoptée, il est cercain que le livre ne se donnaic pas comme une thèse et que le genre en étaie un peu hybride. Il est probable que Roger Caillois se réservait ou du moins n'écartait pas la possibilicé d'une aucre rédaccion. 1 1 Quel esc le projec de ce cexce ? Le cicre d'abord retenu (dans la note du Minotaure) était rr La Nécessité d'esprit ou la continuité de l'Univers )). Roger Caillois devait adopter la seule première partie bien qu'on puisse penser que c'est la seconde qui s'ouvrait sur sa pensée ulcérieure. L'origine de la thèse est d'abord dans une certaine réac- cion cancre le surréalisme. Entendons-nous : il ne le condamne pas mais il l'incerprète comme une méthode qu'il fauc manier avec la plus grande rigueur, sans bavure litté- raire ou ludique. Pour lui, le surréalisme sérieux devait remplacer la liccérature, en particulier par l'étude des mani- festations de l'inconscient qui sont à l'origine de la littéra- cure. Cetce recherche n'a rien à voir avec la trop fameuse '' écriture aucomatique )) qui selon lui ne donne que déchets et répécitions, réminiscences déliquescentes de précédentes esthéciques, bref des poncifs. En fait de liberté, c'est un 9 asservissement à des mécanismes. Nous sommes à l'opposé de la liberté d'esprit et du contrôle nécessaire des automa- tismes. Mais, dira-t-on, le livre ne s'intitule-t-il pas La Nécessité d'esprit ? L'expression peut paraître curieuse mais, aucun doute: elle inverse l'expression liberté d'esprit. Il est vrai que cette nécessité d'esprit s'inscrit en faux contre la prétendue et illusoire liberté d'esprit. C'est l'auteur qui le dit et le répète. Cependant à y regarder de plus près on voit que cette nécessité d'esprit, dans le cadre du développement affectzf personnel, n'est qu'un des éléments rr d'une systé- matisation au-delà du dilemme nécessité-liberté 11. En fait il nous paraît que le secret est dans la continuité de l'univers qui permet l'hypothèse non pas certes d'une identification mais d'une continuité et pour ainsi dire d'une sympathie entre le subjectif et l'objectif. Roger Caillois substitue donc à l'écriture automatique de Breton la pensée automatique, c'est-à-dire « les associations spontanées de représentations et idées évoquées en vertu du déterminisme lyrique des idéogrammes 11. C'est là, la démarche profonde de l'esprit et de la nature qui doit être l'objet non d'une littérature, même surréaliste, mais d'une science de l'expérience vécut!, d'une phénoménologie de l'imagination ou, comme il le dira plus tard, d'une logique de l'imaginaire. Précisons qu'il s'agit de l'imagination affective, en d'autres termes, du lyrisme, défini non comme un genre littéraire mais comme une fonction de l'esprit et peut-être une manière d'exister. Mais qu'est cet rr idéogramme 11 ? Le mot n'est peut-être pas heureux puisqu'il évoque l'écriture mais le concept est 10 très précis dans l'esprit de l'auteur: c'est l'élément dyna- mique de la vie affective, il désigne ce que chaque concept contient, en plus de son sens utilitaire ou intellectuel, de franges irrationnelles':'. En disant que la pensée lyrique " n'a pas droit à l'autonomie » Roger Caillois ne la fige pas en un mécanisme sensualiste, il prétend au contraire la caractériser par une capacité d'expansion et d'intégration (expansion, prolifération, annexion tendancieuses dira le Procès intellectuel de l'art). Le concept clé qui exprime la vie des idéogrammes est la '' surdétermination ))' terme qui s'accorde formellement avec ceux de sur-réalisme et de sur-rationalisme que Gaston Bachelard devait inventer en 1936 (dans un article d' Inqui- sitions, revue fondée par Roger Caillois et d'autres à cette époque). Le terme vient du freudisme que Caillois admet globalement alors. Il en retient surtout l'analyse des rêves. La surdétermination, avec le transfert et la condeni- sation, caractérise Je travail du rêve, elle désigne '' la systé- matisation affective des représentations )), Freud a donc raison (l'auteur reviendra à peu près totalement sur cette opinion plus tard) mais il s'agit pour Roger Caillois d'étu- dier la pensée de la veille, l'imagination lyrique qui doit être explorée avec la rigueur de la science. C'est ce à quoi tend La Nécessité d'esprit. Il s'agit de la surdétermination géné- rale des éléments (les idéogrammes) qui, dit-il, ont une valeur emblématique relativement au sujet mais aussi (har- L'article des Recherches philosophiques ( 1934-1935) définit l'idéogramme comme " toute espèce d'unité mentale (avec ses résonances affectives et intellec- tuelles) qui s'appuie sur un support concret "· 11 diesse dont il mesure mal le péril) qui sont des idéogrammes objectifs, des objets qui soient des signes, un véritable rr foyer naturel de surdétermination )), Il faut l'ardeur de la jeunesse pour affirmer la surdétermination systématique de l'Univers. Les idéogrammes objectifs réalisent rr matérielle- ment dans le monde extérieur les virtualités lyriques et passionnelles de la conscience )), Le plus bel exemple en est la mante religieuse dont la figure réelle et mythique, les mœurs, la rr prière ))' etc. lui paraissent avoir une capacité d'action immédiate sur l'affectivité, une valeur lyrique objective. Tout ceci n'est pas sans rapport - ainsi le veut l'au- teur - avec le problème classique et même scolaire de l'as- sociation des idées dont certains prétendaient faire un mécanisme mental parallèle au physique. Mais comment confondre cette platitude avec ce dont il rêve : un rigoureux mécanisme lyrique de l'imagination affective qui, si on uploads/Litterature/ caillois-roger-la-necessite-d-x27-esprit.pdf
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- Publié le Jul 02, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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