LIVRE IV « Pauca meae » TOME II – AUJOURD’HUI (1843-1855) / LIVRE QUATRIEME. PA
LIVRE IV « Pauca meae » TOME II – AUJOURD’HUI (1843-1855) / LIVRE QUATRIEME. PAUCA MEAE. Lisez obligatoirement les poèmes dont les numéros suivent : III, IV, V, XII, XIV, XV. Si vous voulez lire quelques poèmes supplémentaires, lisez les poèmes dont les numéros sont entre parenthèses dans le tableau ci-dessous : ils développent à peu près le même sentiment que les autres poèmes situés sur la même ligne qu’eux. Questions : 1) Comment comprenez-vous la ligne de pointillés entre les poèmes 2 et 3 ? 2) Victor Hugo expose dans ce livre les divers états d’âme provoqués par un événement essentiel de sa vie. Lisez les poèmes et précisez le parcours intérieur du poète en utilisant le tableau ci-dessous. Poèmes n° Sentiment dominant exprimé par le poète III IV V (VI, VII) (X, XI) XII XIV XV (XVI) 3) Selon vous, dans le tableau ci-dessous, qu’est-ce qui motive les décalages de date observés ? a) pourquoi Hugo indique-t-il à trois reprises la date du 3-4 septembre pour des poèmes écrits à d’autres moments (d’ailleurs peu éloignés dans le temps) ? b) Pourquoi le poème écrit en premier (XV : octobre 46) se trouve-t-il placé en dernier ? c) Comment expliquez-vous la datation fictive du poème XII ? HUGO / LES CONTEMPLATIONS / CHRONOLOGIE FICTIVE ET DATES REELLES Les indications sur les dates réelles viennent de l’édition Léon Cellier (Classiques Garnier 1969) ____ TOME II – AUJOURD’HUI (1843-1855) / LIVRE QUATRIEME. PAUCA MEAE. Poèmes lus ou étudiés Dates indiquées Dates du manuscrit III. Trois ans après Novembre 1846 10 novembre 1846 IV. Oh ! je fus comme fou… Jersey, Marrine- Terrace, 4 septembre 1852 Non-daté (sans doute novembre 1846 d’après Léon Cellier) V. Elle avait pris ce pli … Novembre 1846, jour des morts. 1er novembre 1846. Toussaint. XII. A quoi songeaient les deux cavaliers dans la forêt Octobre 1853 11 octobre 1841 XIV. Demain, dès l’aube, … 3 septembre 1847 4 octobre 1847 XV. A Villequier Villequier, 4 septembre 1847 24 octobre 1846 4) Quelle image de Léopoldine est donnée dans ce livre ? Dans tout le recueil ? Réponses aux questions sur le livre IV Questions : 1) Comment comprenez-vous la ligne de pointillés entre les poèmes 2 et 3 ? Le livre IV des Contemplations donne un nouvel exemple de la méthode utilisée par Victor Hugo pour organiser son recueil et reconstituer l’histoire de sa vie. Il place les poèmes dont il dispose dans un ordre déterminé, conçu pour suggérer au lecteur une chronologie et un enchaînement logique des sentiments. Il place d’abord une ligne en pointillés correspondant à la date de la mort de sa fille (4 septembre 1843, écrit en lettres capitales). Cet artifice lui permet de mentionner dans le recueil l’événement tragique autour duquel basculent le livre et la destinée du poète, sans en parler. Il suggère par là une douleur trop vive pour pouvoir être dite. Sa mort est à la fois un tabou (indicible du poème 5, ligne de points) et évoquée à chaque page. Elle apparaît donc comme une muse paradoxale car c’est une absente omniprésente : son prénom est effacé (dans le titre du recueil, par l’universalisation des enfants morts comme au poème) et sa présence n’est qu’une hallucination (poème 5). 2) Victor Hugo expose dans ce livre les divers états d’âme provoqués par un événement essentiel de sa vie. Lisez les poèmes et précisez le parcours intérieur du poète en utilisant le tableau ci-dessous. Poème s n° Sentiment dominant exprimé par le poète III Daté de Novembre 1846 : le poète est resté muet de douleur pendant les trois années qui suivirent. Le poème exprime le désespoir, l’impossibilité de continuer son œuvre, de continuer à vivre, la révolte contre le destin et même contre Dieu. Il résume l’état d’esprit qui a prévalu pendant ces années de deuil (cf. la Préface : « le livre d’un mort »). IV Il revient sur « le premier moment », il décrit le poète, fou de douleur, refusant de voir la réalité. V (VI, VII) Le poème évoque la tournure prise par les pensées du poète pendant la période qui suivit : il revoit les années heureuses où Léopoldine était vivante. (X, XI) XII Il songe avec angoisse à ce que les hommes deviennent après la mort. XIV Poème daté du 3 septembre 1847, 4° anniversaire de la mort de Léopoldine, montre le poète se rendant sur la tombe de sa fille, replié sur lui-même, semblable à un mort. XV (XVI) « A Villequier », daté du jour suivant, introduit une évolution : le poète ne se révolte plus contre le destin, il accepte la volonté divine, il se résigne à la perte de sa fille, il continuera à vivre. C’est la fin du deuil. On a donc une progression logique : refus et désespoir > nostalgie et méditation > acceptation et retour de l’espoir. 3) Selon vous, dans le tableau ci-dessous, qu’est-ce qui motive les décalages de date observés ? a) Pourquoi Hugo indique-t-il à trois reprises la date du 3-4 septembre pour des poèmes écrits à d’autres moments (d’ailleurs peu éloignés dans le temps) ? Cette progression est logique : de la révolte à la résignation, du désir d’être mort au retour à la vie. Mais cette progression logique ne correspond pas forcément à l’ordre dans lequel les poèmes ont été écrits. Hugo classe donc ses poèmes non dans l’ordre chronologique de leur rédaction mais plutôt dans l’ordre chronologique de ses sentiments. b) Pourquoi le poème écrit en premier (XV : octobre 46) se trouve-t-il placé en dernier ? Hugo n’hésite pas à apposer au bas des poèmes une date fictive de rédaction, afin de renforcer cette logique aux yeux du lecteur. Il place « A Villequier » en fin de livre et en recule la date de rédaction alors que ce poème a été écrit avant tous les autres : la résignation ne doit pas apparaître comme la première réaction du poète à la mort de sa fille, elle doit apparaître comme le point d’aboutissement d’une longue évolution. c) Comment expliquez-vous la datation fictive du poème XII ? Hugo date symboliquement plusieurs textes des jours anniversaires de la mort de sa fille, sans respecter leur date réelle de rédaction : il manifeste par là avec une certaine solennité sa fidélité à la disparue. Il postdate le poème XII (écrit avant la mort de la jeune femme) et il le place dans le cycle de Léopoldine parce qu’il s’insère bien dans la thématique du livre. C° : Cette réorganisation du matériau autobiographique peut paraître artificielle, mais une autobiographie est toujours une reconstruction du passé, qui vise le plus souvent à y déceler un sens. Dans ce livre IV, Victor Hugo construit l’image du père inconsolable, que la mort de sa fille a définitivement changé en un « contemplateur », c’est-à-dire en un penseur exclusivement préoccupé par la réflexion sur Dieu, la mort, la destinée des hommes, les grandes questions métaphysiques. Ses poèmes sont aussi à lire comme le témoignage de cet Orphée parti chercher Léopoldine au royaume des morts, comme dans ses expériences de spiritisme avec Delphine de Girardin, à Jersey. 4) Quelle image de Léopoldine est donnée dans ce livre ? Dans tout le recueil ? Le livre IV est consacré à Léopoldine, mais elle rayonne dans tout le recueil sous forme de périphrases tendres (« ma fille », « mon enfant, I, 1 ; « ma fille bien aimée », « l’enfant adorée » III, 30) ou du thème de l’enfant mort (« Le revenant » III, 23 ; « Épitaphe, III, 15) : c’est le topos tragique de la Mater dolorosa (« mère de douleur » qui désigne la vierge soutenant le Christ mort au pied de la croix). La mort est aussi une notion qui parcourt tout le recueil, Hugo poursuivant les obsessions macabres du romantisme à travers les figures du fantôme (II, 26), des ossements (III, 4) ou du mourant (III, 26). Le contraste entre la fête et la mort est très fort, soutenant l’idée du memento mori. Léopoldine est d’abord montrée comme une fille idéale. Les poèmes sont très positifs (registre épidictique), montrant une fille aimante (parallélismes connotant l’amour réciproque) et une femme aimée (poème sur son mariage : « Sois son trésor, ô toi qui fus le nôtre ! « Poème 2). Elle est intelligente, sensible et cultivée… à l’image de son père ! Il loue son âme dans des termes religieux, hagiographiques (« Pure Innocence ! Vertu sainte ! » Poème 1 ; « enfant béni » Poème 2), ou à travers la métaphore filée de la lumière (« mystérieuses clartés, « clartés, « lumière » poème 4). Portrait de Léopoldine Hugo d’après Louis Boulanger Auguste de Chatillon, Léopoldine au livre d’Heures, vers 1843, maison de Victor Hugo, Paris. Tombe de Léopoldine à Villequier, en Normandie. uploads/Litterature/ carnet-de-lecture-livre-iv.pdf
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- Publié le Jan 30, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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