Çedille. Revista de Estudios Franceses E-ISSN: 1699-4949 revista.cedille@gmail.
Çedille. Revista de Estudios Franceses E-ISSN: 1699-4949 revista.cedille@gmail.com Asociación de Francesistas de la Universidad Española España Miraglia, Anne-Marie De l’écriture journalistique à l’écriture romanesque: la conquête de l’Algéri e chez Assia Djebar Çedille. Revista de Estudios Franceses, núm. 13, abril, 2017, pp. 311-327 Asociación de Francesistas de la Universidad Española Tenerife, España Disponible en: http://www.redalyc.org/articulo.oa?id=80850903016 Comment citer Numéro complet Plus d'informations de cet article Site Web du journal dans redalyc.org Système d'Information Scientifique Réseau de revues scientifiques de l'Amérique latine, les Caraïbes, l'Espagne et le Portugal Projet académique sans but lucratif, développé sous l'initiative pour l'accès ouverte ISSN: 1699-4949* nº 13, abril de 2017 Artículos De l’écriture journalistique à l’écriture romanesque : la conquête de l’Algérie chez Assia Djebar Anne-Marie Miraglia University of Waterloo ammiraglia@uwaterloo.ca Résumé Cette étude se concentre sur les intertextes coloniaux dans L’Amour, la fantasia d’Assia Djebar et, en particulier, sur les modalités de leur insertion. Elle montre que le roman de Djebar privilégie le discours direct et le discours narrativisé pour commenter la représentation de la con- quête d’Algérie dans la presse militaire du XIXe siècle. En plus de rappeler l’état de la presse à l’époque coloniale, cette étude fait un rapprochement entre les stratégies narratives adoptées dans l’écriture de L’Amour, la fantasia et celles exploitées par l’écriture journalistique. La polyphonie et l’intertextualité se révèlent salutaires non seulement dans la lutte contre la censure, mais aussi dans la lutte pour la liberté qu’il s’agisse de la liberté d’expression ou de l’émancipation politique et sociale. Mots clefs: L’Amour, la fantasia. Journalisme au XIXe siècle. Polyphonie. Discours d’autrui. Bakhtine Abstract This study focuses on the colonial intertexts in Assia Djebar’s novel L’Amour, la fantasia and on the manner in which they are inserted in the text. It shows that Djebar’s novel tends to privilege direct discourse and narrated discourse in order to comment on the representation of the conquest of Algeria in the military press of the 19th century. In drawing attention to the state of the press during the colonisation of Algeria, this study draws a parallel between the narrative strategies at work in L’Amour, la fantasia and those exploited by literary journalism. Polyphony and intertextuality prove to be valuable not only in the fight against censorship but also in the struggle for freedom, whether this freedom be freedom of speech or political and social emanci- pation. Key words: L’Amour, la fantasia. Journalism in the 19th century. The discourse of the other. Bakhtine. * Artículo recibido el 22/10/2015, evaluado el 7/02/2016, aceptado el 12/05/2016. Çédille, revista de estudios franceses, 13 (2017), 311-327 Anne-Marie Miraglia http://cedille.webs.ull.es/13/16miraglia.pdf 312 Resumen Este estudio se centra en los intertextos poscoloniales en L’Amour, la fantasia de Assia Djebar y, particularmente, em las modalidades de su inserción. Se muestra cómo la novela de Djebar prioriza el discurso directo y el discurso narrativo para comentar la representación de la conquista de Argelia en la prensa militar del siglo XIX. Además de recordar el estado de la prensa en la época colonial, este estudio compara las estrategias narrativas empleadas en L’Amour, la fantasia y las que lo son en la escritura periodística. La polifonía y la intertextualidad resultan ser provechosas no sólo en la lucha contra la censura sino también en la lucha por la libertad, ya sea la libertad de expresión o la emancipación política y social. Palabras clave: L’Amour, la fantasia. Periodismo en el siglo XIX. Discurso del otro. Bajtín. Romancière prolifique d’origine algérienne et première femme écrivaine postco- loniale à entrer dans l’Académie française1 (siège qu’elle occupe de 2005 jusqu’à sa mort le 6 février 2015), Assia Djebar nous a laissé de nombreux ouvrages d’une grande ri- chesse : douze romans, plusieurs essais, des recueils de nouvelles et de poèmes ainsi que deux documentaires filmiques. Elle a produit une œuvre romanesque socialement enga- gée portant sur la condition féminine et les rapports hommes-femmes, sur l’Histoire algé- rienne, coloniale et postcoloniale, ainsi que sur son rapport avec la langue française. En effet, née en 1936, Assia Djebar a vécu la colonisation française, la guerre de libération, la reconstruction de l’Algérie, la montée des intégristes et la guerre civile des années 90. L’œuvre djebarienne a inspiré la publication de plus de 35 livres critiques, un très grand nombre d’articles et des thèses de doctorat. Bien avant d’enseigner la littérature aux États-Unis et en Europe, Assia Djebar fut professeure d’histoire à Rabat et à Alger. Cela peut expliquer, quoique seulement en partie, pourquoi l’Histoire, en particulier celle de la guerre d’indépendance d’Algérie (1954-1962), se trouve au centre de l’intrigue de plusieurs de ses romans, notamment Les Enfants du nouveau monde (1962), Les Alouettes Naïves (1967) et La Femme sans sépulture (2002). Le cinquième roman de Djebar, L’Amour, la fantasia (1985)2, porte aussi bien sur la guerre d’indépendance que sur la conquête de l’Algérie. L’Amour, la fantasia se dis- tingue aussi des autres romans de guerre dans la mesure où l’histoire nationale et collec- tive est inextricablement liée à l’histoire personnelle de la romancière et de son double fictif, la narratrice autodiégétique du récit. 1 Irène Ivantcheva-Merjanska (2015: 33) constate aussi que cette reconnaissance montre que « la périphérie s’est déplacée vers le centre, au cœur même de la culture française et occidentale ». 2 À l’avenir toutes références à ce roman renverront à l’édition publié à Paris par Albin Michel en 1995. Çédille, revista de estudios franceses, 13 (2017), 311-327 Anne-Marie Miraglia http://cedille.webs.ull.es/13/16miraglia.pdf 313 Consciente du fait que s’exprimer signifie à la fois se mettre à nu et défier le ta- bou ancestral contraignant la femme au silence, la narratrice reste anonyme dans L’Amour, la fantasia et n’évoque que par bribes, très discrètement mais à intervalles régu- liers, des éléments marquants de sa vie personnelle. Elle consacre la majeure partie de son récit aux textes qu’elle a lus sur la conquête de l’Algérie et sur ce qu’elle a entendu sur la guerre d’indépendance tout en insistant sur l’expérience et la participation des Algé- riennes dans ces moments déterminants de l’histoire de leur pays. Comme Giuliva Milò dans Lecture et pratique de l’Histoire dans l’œuvre d’Assia Djebar, plusieurs autres critiques littéraires dont Jeanne-Marie Clerc (1997), Hafid Ga- faiti (2005), Beatrice Schuchardt (2006) et Beïda Chikhi (2007) se sont penchés sur l’importance accordée à l’Histoire non seulement chez Assia Djebar, mais aussi chez d’autres écrivains algériens francophones. Ceux-ci, explique Milò (2007:17-18), écrivent pour mettre en scène dans leurs fictions ce que Michel de Certeau appelle « l’Absent de l’histoire » : Écrire l’histoire de l’Algérie a été, au cours du temps, une entre- prise réservée aux historiographes étrangers, occupants ou non, du fait même qu’il n’a jamais existé dans ce pays, comme dans la tradi- tion occidentale, de chroniqueurs au service de puissants seigneurs, en général des mécènes, pour relater, bien souvent de façon édi- fiante, les faits historiques les plus significatifs d’une époque; ceux- ci ont constitué avec le temps le patrimoine des archives qui, passé au crible de la rigueur analytique, a pu se porter garant de l’objectivité scientifique. C’est pour pallier une vision uniquement occidentale de l’histoire algérienne, mais aussi le vide laissé par les défaillances des institutions du pouvoir politique tour à tour en place, que les écrivains autochtones et pieds-noirs décident de prendre comme matière romanesque des tranches d’histoire qui devront désormais être lues à un niveau symbolique. (Milò, 2007:18). Comme Giuliva Milò dont l’étude accorde cependant peu de place à L’Amour, la fantasia, Jenny Murray (2008) examine le fait historique dans L’Amour, la fantasia et dans La femme sans sépulture en insistant sur la relation entre la thématique de l’Histoire et celle de la mémoire et de l’identité dans Remembering the (Post)Colonial Self. Memory and Identity in the Novels of Assia Djebar. Murray (2008: 53) constate que «Djebar chal- lenges French historiography’s attempts to erase the native from Algeria’s colonial history by relating events from an Algerian perspective» ; et elle ajoute que la narratrice de Djebar: « examines both colonial archival texts and works of French literature as a means Çédille, revista de estudios franceses, 13 (2017), 311-327 Anne-Marie Miraglia http://cedille.webs.ull.es/13/16miraglia.pdf 314 of criticising the French imperialist enterprise. However, she also uses them as a method of forging links with her ancestors; by using the gaps in such texts as her point of depar- ture, she breathes life into characters whose voices were all but smothered by official his- tories of colonial Algeria » (Murray, 2008: 54). Dans un ouvrage collectif sur Assia Djebar, Robert Elbaz (2008: 178) confirme quant à lui qu’un […] redressement est nécessaire si une perspective équilibrée sur ce processus historique particulier doit être mise en œuvre. Pour ce faire, il incombe au sujet énonciateur de pénétrer le discours de l’autre, de s’infiltrer dans la parole du colonisateur pour en montrer les limites de sa représentation. Il s’agirait donc d’une stratégie nar- ratrice bien déterminée, qui permet l’installation du sujet énoncia- teur dans l’espace discursif de l’autre afin d’appréhender tous les rouages idéologiques de son discours, de mettre à nu le non-dit de ses propos, de dévoiler uploads/Litterature/ cedille-revista-de-estudios-franceses-1699-4949-e-issn.pdf
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- Publié le Mai 27, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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