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Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from University of Toronto littp://www.arcliive.org/details/lescolesdantioOOharr LES ÉCOLES D'ANTIOCHE LES ÉCOLES D A^TIOCHE ESSAI SUR LE SAVOIR ET L'ENSEIGNEMENT EN ORIENT AU IV® SIÈCLE (après J.-G.) PAR Albert HARREXT PARIS ANCIENNE LIBRAIRIE THORIN ET FILS A. FONTEMOING, ÉDITEUR LIBRAIRE J)ES ÉCOLES FKANÇAISF-S n'ATHKNTCS ET DE ROME, nu COLLÈGE DE FRANCE, DE l'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE ET DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES HISTOlilQUES 4, RUE LE GOFF, 4 1898 tu 6 1953/ ^ PREFACE « Ceux qui du liaut de l'époque actuelle jettent de nouveaux regards sur les situa- tions antérieures du genre humain, nous préparent le til qui doit nous guider dans les routes incertaines de l'avenir. Aljg. Thiehhv, Dix an^d'Etudes, p. 271. Le lecteur «lime dès Tabord pouvoir, en feuille- tant quelques pages d'un nouvel ouvrage, saisir quel esprit général l'inspire, quel intérêt il pré- sente, quel dessein il réalise. Souvent, une occasion sans importance apjDarente, a amené sous les yeux une page d'histoire qui séduit. Des problèmes se sont posés, des leçons pré- cieuses ont été entrevues. Un nom, un peuple, une époque sont ainsi devenus les hôtes familiers de notre esprit, sont entrés en son intimité ; de curieuse, l'étude s'est faite attentive et bientôt cordiale. Le lecteur ignore cette importance et cet inté- rêt parfois subjectifs, si l'auteur ne lui révèle un peu de son àme et ne Famène sinon à partager, du moins à comprendre les raisons de son étude. La préface laisse entrevoir les traits généraux de Fau- teur et du livre, comme les yeux laissent deviner Fàme. 1 — 2 — Les Ecoles, l'éternel problème, TOrieiit, la plus fascina triée des terres, le IV^ siècle, un des plus curieux, un des plus étranges de l'histoire et le plus semblable au nôtre à bien des points de vue : ne sont-ce pas là des sujets susceptibles du plus grand intérêt pour notre génération curieuse d'histoire ? § I. Les Ecoles Quelle place immense la question de l'enseigne- ment a tenue depuis trente ans dans les préoccu- pations de tous ! Que de discussions, de conflits^ d'efforts vigoureux^ de résistances passionnées ! Quel ébranlement a causé le heurt du droit des familles, de l'Etat, des religions ! Des esprits distingués et subtils sont venus dans un esprit de pacification, tenter de neutraliser l'ins- truction et le savoir, de confondre avec eux l'é- ducation et le bien vivre ! « Instruire c'est morali- ser » disaient-ils. Leur désir de paix a été méconnu, et la guerre la plus acharnée en est résultée. Main- tenant que le calme s'est fait, après quelques années d'expérience sortent de tous les rangs des aveux d'erreur auxquels se mêlent certaines inquié- tudes, certaines hésitations légitimes chez ceux qui se soucient de la grandeur du pays et de son avenir. Lors de ces grandes tentatives qui, inachevées à l'heure actuelle, laissent sur la question de l'en- seignement planer de redoutables incertitudes, — 3 — nous avons entendu renouveler les théories de Sparte. « l'enfant appartient à l'Etat » théories toutes locales, peu conformes au libéralisme de toute l'antiquité. Nous avons vu aussi dans l'inces- sant remaniement de nos programmes un esprit utilitaire inconnu jusqu'à notre temps combattre l'éducation traditionnelle, essayer de détourner des sources où ont puisé tous les fils glorieux de la civilisation moderne et contemporaine, tenter d'éteindre le flambeau nourri de la sève de Rome et d'Athènes et que se passaient nos générations de penseurs et de poètes, d'orateurs et d'artistes. Peut être tout cela vient-il de ce qu'on s'est trop soucié de réaliser les conclusions, en apparence logiques, d'une philosophie encore mal fixée, ou les exigences d'une lutte politique nécessaire, sans tenir compte suffisant des leçons de Thistoire. La pédagogie, le mécanisme de l'enseignement est en progrès et compte des maîtres éminents et des tra- vaux de haute valeur; on n'en peut dire autant de l'histoire des principes qui dominent dans la créa- tion des écoles, de l'âme de l'enseignement, de ce qui constitue sa vie intime et son influence féconde. Voici qu'à la fm du monde ancien, à l'heure où sur ses ruines va paraître le monde nouveau, dans ce lointain, perspective nécessaire de l'histoire, la question de l'enseignement agite aussi les esprits, soulevcint les problèmes toujours les mêmes : à qui appartient l'enfant ? quel est le rôle de l'Etat? quelle doit être 1 influence religieuse ? quelle atti- LA 94 — 4 — tude l'Eglise chrétienne qui est au pouvoir main- tenant, va-t-elle prendre en face des écoles dont les programmes, les traditions, les maîtres sont païens ? comment se mêlent alors l'instruction et réducation ? quels y sont les éléments éducateurs, la situation du savoir ? On devine l'intérêt puissant de cette page his- torique, les salutaires leçons qu'on y peut puiser. En même temps, la question des programmes, les habitudes de la jeunesse. Faction des maîtres, leur influence, les tendances inlellectuelles, ne laisseront pas indifférents les amis du savoir et des lettres. I II. L'Orient. Antioche. J'ai placé en Orient, à Antioche, mon centre d'é- tudes. Personne n'ignore l'action constante de l'Orient sur le monde civilisé, l'attrait qu'il exerce en par- ticulier sur notre génération. Depuis l'heure de l'Eden jusqu'à nos jours, que de pages importantes de l'histoire du monde se sont écrites là ; pages d'un rayonnement toujours si intense que nombre d'autres peuples s'agitaient autour des événements survenus en cette nationa- lité mal définie. Là l'humanité persiste, à placer les premières frondaisons de la nature, les premiers éveils de — 5 — l'esprit, los premières joies de Fainonr ; pays de lumière et de fleurs. Les grandes étapes de riiumanité jusqu'à notre ère y sont marquées : la guerre de Troie, les guer- res Médiques, la marche gigantesque d'Alexandre, le règne des Séleucides, le dernier fleuron que Rome ajoute à sa couronne de conquérante. Alors, dans son rôle effacée de sujette, elle exerce une influence prépondérante, et reproduit le triomphe de la Grèce vaincue : Omphale séductrice, elle amène à ses pieds dans la servitude de tous les plaisirs le puissant Hercule romain. En Orient nait l'hellénisme séducteur^ resplendit et agit la culture intellectuelle ; en lui semble être reve- nue la sève ; de lui sortent les souffles nouveaux et ses influences s'exercent sur tout l'empire. A l'heure où Rome succombe sous « l'inonda- tion des Barbares » (1) l'Orient subsiste affaibli, menacé, épuisé, comme une mère par ses gestations répétées. L'œuvre de Mahomet est un de ces retours de vie par lesquels l'Orient nous surprend et nous séduit. C'est là encore que l'Occident ira dans une volonté de conquête briser ses forces, fusionner ses castes, mêler ses nationalités, et, résultat plus important que les acquisitions, industrielles et commerciales, rendre possible l'éclosion des liber- tés, la ruine des féodalités. (1) Bossuet. Discours sur VHist. Univers. — 6 — Enfin à l'heure de la chute de Constaniinople, la ville dépositaire des trésors et des influences de l'Orient, voici qu'à nouveau dans le monde euro- péen civilisé, semblable à celle qui suivit la con- quête de la Grèce et de l'Asie, une envahissante sève intellectuelle se manifeste — Le tronc déjà vieux de huit siècles n'a ni la vigueur, ni la flo- raison de la jeunesse. Mais de l'Orient viennent les vieux maîtres dont l'Occident jusque là n'avait guère connu que les noms, et quelques rares ves- tiges, et de son sommeil hivernal le vieux tronc européen s'éveille, le souffle vivifiant et printanier passe, les branches puissantes grandissent, et por- tent, dans une éclosion rapide, feuilles de printemps et fleurs d'été... La silencieuse terre d'Europe retentit d'accents dont on la croyait incapable... Art, musique, sculpture, peinture et les cathédra- les et les épopées paraissent : c'est le siècle des Médicis, c'est le siècle de Louis XIV. Plus durables et plus précieux sont confiés à notre terre les germes du renouveau politique et social dont la lente croissance laisse espérer les fruits de justice et de liberté que le monde attend. Les violentes poussées de sève qu'on nomme la Réforme, la Révolution, ne seront pas les seules. Maintenant, d'année en année, se réveille plus aiguë que jamais la question d'Orient, de minime importance en apparence, mais peut être d'un inté- rêt suprême pour les générations qui viennent. A toutes les grandes heures de l'histoire, l'Orient — 7 — pose quelque prol)lème et exerce son influence. C'est pour cela qu'instinctivement notre génér«i- tion va vers ce monde : le riche curieux y porte volontiers ses pas, les voyageurs y passent recueil- lant les leçons de l'histoire, Tarchéologue y fouille plus profondément que le laboureur de Virgile dans ces champs, vaste plaine muette, et (( sur le sillon courbé Trouve un noir javelot qu'il croit des cieux tombé ; Puis heurte pêle-mêle au fond du sol qu'il fouille Casques vides, vieux dards qu'amalgame la rouille, Et rouvrant des tombeaux pleins de débris humains Pâlit de la grandeur des ossements... » (1) souvenirs d'Hector et d'Antiochus, de Cléopâ- tre et de Zénobie. Le penseur y va méditer sur les ruines uploads/Litterature/harrent-les-ecoles-d-x27-antioche-essai-sur-le-savoir-et-l-x27-enseignement-en-orient-au-ive-siecle-apres-j-c-1898.pdf

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