UNIVERSITÉ DE STRASBOURG ED 270 ÉCOLE DOCTORALE THEOLOGIE ET SCIENCES RELIGIEUS
UNIVERSITÉ DE STRASBOURG ED 270 ÉCOLE DOCTORALE THEOLOGIE ET SCIENCES RELIGIEUSES EA 4377 Théologie Catholique et Sciences Religieuses THÈSE présentée par : Paul CHAUTARD soutenue le : 21 septembre 2012 pour obtenir le grade de : Docteur de l’Université de Strasbourg Discipline/ Spécialité : THEOLOGIE CATHOLIQUE « Orion aveugle marchant vers la lumière du soleil levant » : une théopoétique des romans de Claude Simon THÈSE dirigée par : M. HEYER René Professeur, Université de Strasbourg RAPPORTEURS : M. LESCH Walter Professeur, Université Catholique de Louvain M. DEBREUILLE Jean-Yves Professeur, Université Lyon II AUTRES MEMBRES DU JURY : Mme PARMENTIER Elisabeth Professeur, Université de Strasbourg M. VIART Dominique Professeur, Université Lille 3 2 « Orion aveugle marchant vers la lumière du soleil levant » une théopoétique des romans de Claude Simon Orion aveugle, tableau de Poussin Liste des abréviations des œuvres1 de C. Simon citées La corde raide 1947 Cd Le vent, 1957 Ve L’herbe 1958 He La route des Flandres 1960 Rf Le palace 1962 Pa Histoire 1967 Ht La bataille de Pharsale 1969 Bp Triptyque 1973 Tt Leçon de choses 1975 Lc Les Géorgiques 1981 Ge Discours de Stockholm 1986 Ds l’Invitation 1987 In Album d’un amateur 1988 Aa L’acacia 1989 Ac 1 Aux éditions de Minuit, sauf Orion aveugle, Skira, Les sentiers de la création, Genève, 1970 3 Orion aveugle 1971 Oa Les corps conducteurs 1971 Cc Le jardin des plantes 1997 Jp Le tramway 2001 Tr Oeuvres, présentation et notes de A. Duncan et J. Duffy, Gallimard, collection "Bibliothèque de la Pléiade", 2006 La référence au texte des romans se fait, entre parenthèses, par le rappel abrégé du titre, suivi de la ou des pages concernées, comme ceci (Jp, 264), Le jardin des plantes, p. 264. Sauf indication contraire, le lieu d’édition des ouvrages cités est à Paris, sinon il est signalé. Les variations dans la typographie sont le fait des signataires cités. Nos propres interventions sont, le cas échéant, signalées. Edition de référence de la Bible : La Bible, traduction œcuménique (TOB) Cerf- Société biblique française, 1997. Les abréviations des citations bibliques sont conformes à cette édition. Liste des abréviations des livres bibliques cités (par ordre alphabétique) : Ancien Testament Amos, Am Daniel Dn Deutéronome Dt Esaïe Es Exode Ex Ezéchiel Ez Genèse Gn Jérémie Jr Michée Mi Osée Os Psaumes Ps Qohéleth Qo 1er livre des Rois 1R Sophonie So Job Jb Nouveau Testament 1ère épître aux Corinthiens 1Co Epître aux Ephésiens Ep Epître aux Romains Rm Epître aux Philippiens Ph Epître aux Hébreux He Evangile de Mathieu Mt Actes des apôtres Ac Evangile de Jean Jn 1ère épître de Jean 1Jn Epître de Jacques Jc Evangile de Luc Lc Evangile de Marc Mc Abréviations de quelques ouvrages fréquemment cités (par ordre de citation) Claude Simon, Colloque de Cerisy, CSC Nouveau roman, hier, aujourdhui (1, 2) NRHA (1, 2)) Entretien, C. Simon, Rodez, Subervie ECS Les ouvrages de la collection Cogitatio Fidei au Cerf sont siglés CF suivis du numéro de parution dans la collection, ex. F.Nault, Derrida et la théologie, Cerf-Médiaspaul, CF (216), 2000. 4 Résumé de la thèse C’est un fait, les théologiens français font le plus souvent abstraction dans leurs travaux, des œuvres littéraires. La situation est particulièrement préoccupante pour les écrivains contemporains agnostiques, témoins de notre temps, qui interrogent radicalement, au nom de la complexité, nos catégories habituelles d’analyse. Les romans de Claude Simon se prêtent-ils à une réception théologique ? On pourrait a priori en douter, mais doit-on s’interdire d’interroger une œuvre novatrice, distinguée par un prix Nobel pour sa force d’interpellation ? Nous assumons ce risque, conscient des difficultés théologiques qu’il faudra expliciter. Dans une première partie (« parcours exploratoires ») l’introduction à la lecture passe par un inventaire du contexte culturel et des expériences artistiques vécues par l’écrivain. Nous engageons cette recherche à partir de trois romans qui peuvent jalonner son parcours évolutif : Le palace (1962), pour la « période baroque », Les corps conducteurs (1971), pour la période dite « formaliste », Le jardin des plantes (1997), pour la période « post-moderne ». La deuxième partie (« vers une ouverture éthique et théologique ») construit progressivement la lecture d’un roman métisse à l’imaginaire grotesque qui comporte une dimension satirique, sensible, mystique sans mystère. La troisième partie (« du non sens proclamé du monde à l’insensé de Dieu ») s’intéresse aux articulations et limites du grotesque dans le « théodrame » du Crucifié-Ressuscité, face aux interrogations sans réponse des victimes de l’histoire et à l’angoissante question de la « déréliction » de l’homme. Claude Simon in theology ? It is a fact. French theologians, more often than not, do not take literary works into account in their own studies. This is especially worrying for contemporary, agnostic and innovatory writers, critical observers of the age in which we live, vho, in the name of complexity, radically call into question our usual categories of analysis. Do Claude Simon’s novels lend themselves to consideration in a theological context ? A priori it is doubtful, but should such an innovatory work, rewarded by a Nobel prize for its strength of interrogation, NOT be subject to close scrutiny ? We accept this risk, being at the same time conscious of the theological difficulties which need to be clarified. In a first part (« the exploratory route ») the reader is introduced to the suject via an inventory of the cultural context and of the artistic experiences lived through by the writer. We embark on this research with three novels which can be considered to mark out his evolutionary journey : Le palace (1962), covering his « baroque period », Les corps conducteurs (1971) for his so-called « formalist period », Le jardin des Plantes for his « postmodern « period. The second part (« towards an ethical and theological development » ) progressively moves the reader towards a hybrid / mongrel novel, grotesquely make-believe, within which can be discerned a satirical, sensitive and mystical but not mysterious dimension. The third part (‘from the meaningless to the dementia of God ») examines the links and limits of the grotesque within the « theodrama » of the Risen-Crucified, set against the unanswered questioning by history’s victims and against the harrowing question of the « dereliction » of man. 5 Introduction : Claude Simon en théologie ? Claude Simon, invité à parcourir « les sentiers de la création », propose au lecteur un roman, Orion aveugle2, dont la préface manuscrite expose sa poétique romanesque. Cette préface est précédée d’un dessin de l’écrivain qui représente sa table de travail : la main qui tient le stylo3 s’est détachée de la feuille de papier où figure un texte partiellement raturé. Nous sommes introduits in medias res, dans la réalité d’une écriture « en train de se faire ». Du mythe d’Orion, Simon a retenu le thème de l’errance auquel il associe, en outre, le thème de la lumière4. A la fin du roman, la lumière du levant efface inexorablement « la gigantesque silhouette » : escaladant la colline que l’on aperçoit dans le lointain, tout au fond du tableau et déjà touchée par les rayons du soleil levant, le chemin que suit Orion resurgit en une mince ligne claire qui s’élève en serpentant. Il semble cependant que le géant ne doive jamais parvenir jusque-là, puisqu’à mesure que le soleil s’élève dans le ciel les étoiles pâlissent, s’effacent, et la gigantesque silhouette immobile à grand pas s’estompe peu à peu, disparaît dans le ciel pâle5 (Oa, 144, 146) Une telle fable dans ce qu’elle a de doublement paradoxal – un géant aveugle qui marche vers la lumière du soleil levant, pour ne jamais l’atteindre – intrigue et interroge à la fois. Le romancier en déduit une esthétique du tâtonnement : j’ai essayé d’expliquer comment j’interprétais Orion aveugle. Il avance à tâtons dans la forêt des signes. Lacan : ‘ Le mot n’est pas seulement signe mais nœud de significations’. J’ai, pour ma part, employé l’expression « carrefour de sens ». Orion avance de carrefour en carrefour. Des choix (des chemins) imprévus s’offrent à lui à tout instant (à chaque mot) […] Il peut hésiter, se tromper, s’engager dans des impasses, revenir sur ses pas (reparcourir de mêmes chemins en « sens » inverse), etc.6 2 C.Simon, Orion aveugle, Skira, Genève, 1970. C’est le célèbre tableau de N. Poussin, « paysage avec Orion aveugle » qui donne son titre au roman. Nous renvoyons, pour notre édition de référence, aux éditions de Minuit et à l’occasion au volume de la « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 2006, éd. par Alastair B. Duncan. Sauf exception, qui sera alors indiquée, le lieu d’édition des ouvrages cités est Paris. Les abréviations des romans de C. Simon cités sont en page 4. 3 La légende de ce dessin porte : « main écrivant – dessin de l’auteur », première référence dans la « table des illustrations », ibid., p. 144. 4 Déjà présent dans La bataille de Pharsale : « Orion aveugle uploads/Litterature/ chautard-paul-2012-ed270-pdf.pdf
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- Publié le Dec 20, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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