UNIVERSITE MOHAMMED V - SOUISSI INSTITUT UNIVERSITAIRE DE LA RECHERCHE SCIENTIF

UNIVERSITE MOHAMMED V - SOUISSI INSTITUT UNIVERSITAIRE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Abdelkébir KHATIBI CHEMINS DE TRAVERSE essais de sociologie RABAT 2002 CHEMINS DE TRAVERSE essais de sociologie DU MEME AUTEUR La mémoire tatouée (roman). - Paris, Denoël, Lettres nouvelles, 1971. - Ed. de poche: collection 10/8, 1979 (épuisé) ; Médianes et Denoël (épuisé). La blessure du nom propre. - Denoël, Lettres nouvelles, 1974 et 1986. Vomito blanco (Le sionisineet la conscience malheureuse). - Paris collection 10/18, 1974 (épuisé). Texte réédité in Paradoxes du sionisme. Le lutteur de classe à la manière taoïste (poésie). - Paris, Sindbad, 1976. Le livre du sang (roman). - Paris, Gallimard, 1979 et 1986. Le prophète voilé (théâtre). - Paris, L'Harmattan, 1979. Le roman maghrébin. -Paris, Maspéro, 1969; 2'mo éd., Rabat, SMER, 1979. De la mille et troisième nuit. - SMER, 1980 (épuisé). Réédité dans Ombres japonaises. Amour bilingue (récit). - Montpellier, Fata Morgana, 1983 ; rééd. Casablanca, Eddif, 1992. Maghreb pluriel. - Paris (Denoël) et SMER, 1983. Le même livre (avec Jacques Hassoun). - Paris, Editions de l'Eclat, 1985. Du bilinguisme (collectif).- Denoël, 1985. Dédicace à l'année qui vient (poésie). - Fata Morgana, 1986. Figures de l'étranger (dans la littérature française). - Denoël, 1987. Par-dessus l'épaule. - Paris, Aubier, 1988. Ombres japonaises. - Fata Morgana, et Rabat, AI Kalam, 1988. Paradoxes du sionisme. - Al Kalam, 1989. . Un été à Stockholm (roman). - Paris, Flammarion, 1990. Penser le Maghreb. - SMER, 1993. Triptyque de Rabat (roman). - Paris, Noël Blandin, 1994. L'art calligraphique de l'islam (avec Mohammed Sijelmassi). - Gallimard, 1994. Du signe à l'image (le tapis marocain) (avec Ali Amahan). - Lak International, CasablancalMilan, 1995. Le livre de l'Aimance. - Rabat, Marsam, 1995. La civilisation marocaine (sous la direction de l'auteur et de M. Sijelmassi). - Arles (Actes Sud) et Casablanca (Editions Oum) , 1996. La langue de l'autre. - New York, éditions Les mains secrètes, 1999. Vœu de silence. - Paris, Al Manar, 2000. L'art contemporain arabe, - AI Manar, 2001. Pèlerinage d'un artiste amoureux (roman). - Paris, Editions du Rocher, 2002. Le Corps oriental. - Paris, Azan, 2002. UNIVERSITE MOHAMMED V - SOUISSI INSTITUT UNIVERSITAIRE DE LA RECHERCHE SCIENTIF1QUE Abdelkébir KHATIBI CHEMINS DE TRAVERSE essais de sociologie textes réunis et revus par Saïd NEJJAR RABAT 2002 Achevé d'imprimer aux Editions OKAD - Rabat Novembre 2002 Dépôt légale: 2002/2002 ISBN: 9981-806-47-1 SOMMAIRE Moments biographiques 7 1- Etudes Bilan de la sociologie au Maroc: 1912-1967 (/967) 17 L'orientalisme désorienté (/976) 69 Pensée-autre (198/) 91 Décolonisation de la sociologie (1981) 113 Sciences humaines et multipolarité des civilisations (1997) 125 Les sociologues de demain (200/) 131 De la hiérarchie pré-coloniale (protocole de lecture) (197/) 135 Etat et classes sociales (/967) 171 La manipulation des aspirations collectives (1970) 185 Les élites administratives et économiques (/969) 191 Urbanisme, idéologie et ségrégation: exemple de Rabat (/970) 205 Mémoire d'une quête (sur Paul Pascon) 227 Dialogue social et démocratie (/997) 233 La sexualité selon le Coran (/982) 237 Paradigmes de civilisation (1996) 259 Pol itique et tolérance (1997) 271 L'universalisme et l'invention du futur (2001) 287 Mémorandum sur le Maghreb (/99/) 293 11- Notes Idéologie et culture nationale (/974) 311 Le chercheur critique (198/) 319 Qui draille qui? (1980) 325 Perception etfonction de l'enquête d'opinion (1966) 329 StratUication sociale et développement (1965) 335 Changelnent social et acculturation (19ô9) 339 Le contrôle des naissances (/966) 343 Le planning familial au Maroc (1967) 349 Capter des signes techniques (/988) 357 Jeux de hasmd et de langage (1988) 361 Vie el survie d'une tribu (1994) 365 Considérations sur l'autonomie de l'université (1997) 369 Argellt de la culture et culture de l'argent (1990) 373 Quatre propositions sur le temps technique (1993) 377 Identité et image de soi (1993) 381 Lettre sans destinataire (1984) 387 III- Entretiens L'identité et la différence : Entretien -1- (1979) 395 Entretien -2- (1980) 401 Recherche institutionnelle et recherche individuelle (1981) 409 Etre un témoin de sa génération (1983) 417 Entretien sur l'islam (1986) 433 Les illtellectuels et la culture nationale (1986) 439 L'Europe ou Je est un Autre (1992) 447 Style des idées (1993) 449 La paix linguistique atténue le processus d'exclusion (1994) 457 Ajustemellt politique et sociologie du changernent (1995) 459 De la civilisation marocaine (1997) 467 Réforme et mécanismes de contrôle (1998) 473 MOlVIENTS BIOGRAPHIQUES Comment devient-on un sociologue, c'est-à-dire un analyste qui étudie le sujet collectif dans une société déterminée, à une époque de son histoire? Je donnerai quelques éléments de réponse illustrés par des traits biographiques sur les débuts de ma formation universitaire. L'initiation à cette branche de la connaissance ne relève pas évi- demment que du savoir qu'on aura appris à l'université ou dans un autre cursus, mais aussi d'une sensibilité particulière, immanente en quelque sorte au sujet collectif, à ses différentes configurations: communautés de base, systèmes de classification et de hiérarchie, héritages et traditions qui nous conditionnent, auxquels l'individu s'adapte plus ou moins, autant de repères, de cadres, de formes de vie définissant l'entité d'une société laquelle, malgré certaines permanences, subit toujours des changements. Le savoir qu'on aura emmagasiné graduellement se nourrit, certes, de telle ou telle théorie, qui est, rappelons-le, autant un masque qu'une grille de lecture de la réalité. Ce savoir prend racine dans la dissymétrie entre l'expérience personnelle et l'héritage social qui tisse l'identité de l'individu par rapport à lui-même et à autrui. C'est pourquoi la biographie d'un sociologue est un indicateur précieux pour mieux cerner la dite dissy- métrie. J'esquisserai quelques traits dominants qui ont marqué mon itinéraire intellectuel et ma vie telle qu'elle est impliquée dans la société marocaine. Je suis né au Maroc, j'y vis et y travaille. C'est traits sont des signes, des repères qui, à eux seuls, ne peuvent élaborer une théorie ou une vision du monde social et de ses mouvances, mais il me semble qu'ils permettent de questionner la traduction de la vie individuelle à la vie collective. De plus, toute projection de soi sur l'écran social nous impose une double tâche: d'une part, faire table rase des concepts et méthodes obscurcissant l'accès de l'analyse à la connaissance du fait social, et de l'autre, proposer, mettre à l'œuvre une méthode appropriée, sinon un style de penser qui soit récep- tif au sensorium du corps collectif. Je suis né à la croisée de trois signes d'humanité violente: en 1938, à l'aube d'un jour sacré, le jour de la Fête du Sacrifice (le 10 dhû-1-t)ijja 7 1355), au début de la Seconde Guenoe mondiale et dans une société à la fois féodale, théologique et colonisée par la France et l'Espagne. Le Sacrifice, la Guerre, la colonisation : voici trois mots-clefs, paradigmes d'une histoire qui me paraissait bien inextricable. Signes révélateurs qui m'ont appris peu à peu que l'homme désire se sacrifier et sacrifier l'autre à sa place, qu'il veut dominer coûte que coûte son semblable. Bien étrange pulsion! Comment atteindre une pensée claire, un savoir de raison, formé lui-même par une vulnérabilité initiale à la violence humaine? A quel moment l'acte de libération et de dissidence permet-il à la violence subie de se muer en un savoir actif et productif, modelé par une volonté contrai- re, celle de construire de la vie? Car n'importe quel sociologue est à même d'affirmer: je suis un homme seul et vulnérable, et ma solitude fon- datrice n'ajamais cessé de me rendre curieux de connaître ma place dans l'édification du lien social et de sa destruction. Peut-être le désir de deve- nir sociologue trouve-t-il là un de ses secrets. * * * Quand je décidai en 1958 de commencer mes études en sociologie, je choisis Paris sans aucune hésitation. On venait de créer une licence de sociologie; j'était, en France, l'un des premiers étudiants de cette discipli- ne, qui était composée de matières variées: sociologie générale, ethnolo- gie, psychologie sociale, économie politique. Je commençai mes études en sachant vaguement que j 'héritais d'un autre patrimoine intellectuel: la sociologie historique d'Ibn Khaldûn et l'orientalisme ethnologique qui concerne le Maroc. Ibn Khaldûn avait une conscience nette de son originalité en fondant, au XIVe siècle, une science nouvelle, autonome, ayant pour objet la civilisation et la société, quant à leur permanence et aux changements cycliques les affectant. Quant à l'orientalisme, il nous a légué une matière riche en études et documents de qualité, qu'il me fallut, plus tard, analyser et soumettre à l'épreuve critique. Peu à peu, j'allais découvrir que je suis un sociologue contrarié comme lorsqu'on parle d'un gaucher contrarié. Le philosophe Michel 8 Serres, lui-même un gaucher contrarié, a écrit que son désir philosophique a été aiguisé par un conflit de son corps avec ses éducateurs. C'est cette relation a-typique avec le savoir sociologique que je consigne ici en quel- ques notations. La sociologie qu'on enseignait à la Sorbonne, était celle de Raymond Aron et Georges Gurvitch, c'est-à-dire, en définitive et au-delà de ces deux noms, celle de Max Weber et Karl Marx. Autant revenir aux sources, ce que m'avait conseillé un philosophe. Mais ma sociologie à moi, si je puis dire, s'apprenait hors de l'enceinte de la Sorbonne. L'initiation uploads/Litterature/ chemins-de-traverse-essais-de-sociologie-khatibi.pdf

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