1 18e CHAPITRE CHOISIR DE PARDONNER DE BERNARD GUY [\ I Une question de bonheur

1 18e CHAPITRE CHOISIR DE PARDONNER DE BERNARD GUY [\ I Une question de bonheur On raconte l’histoire d’un père en Espagne qui avait des relations de plus en plus tendues avec son fils adolescent. Ré­ volté, ce dernier était parti un jour de la maison sans laisser d’adresse. Désemparé, son père avait alors parcouru plusieurs villes et villages d’Espagne à sa recherche, mais sans succès. En désespoir de cause, il plaça une annonce dans un journal de Madrid. L’annonce se lisait comme suit : « Cher Paco, viens me retrouver en face de l’hôtel de ville à midi. Tu es entièrement pardonné. Je t’aime, ton père. » Le jour suivant, à midi, 800 jeunes hommes s’appelant Paco se présentèrent en face de l’Hôtel de Ville, espérant y trouver le pardon et l’amour de leur père. Sans pardon, aucune relation humaine profonde et satisfaisante ne peut durer. Pour bien fonctionner dans la vie, nous avons besoin de relations harmonieuses avec nos proches : notre conjoint, nos enfants, nos parents, nos frères et sœurs et nos amis intimes. Mais à cause du péché, nous blessons souvent les gens qui sont le plus près de nous et ceux-ci nous blessent à leur tour. Sans pardon, les relations avec ceux-ci ne peuvent durer et sans ces relations, l’épanouissement et le bonheur sont impossibles. II Prévenir les offenses Comment faire pour que nos relations avec les autres ne soient pas constamment rompues ? Nous devons déraciner de nos cœurs certaines attitudes qui font de nous d’éternels offensés. Par exemple, nous ne devons pas nous imaginer que les autres nous doivent tout. Les enfants pensent ainsi. Pourtant, cer­ tains croyants adultes s’offusquent parce que l’on ne répond pas immédiatement à leurs moindres besoins et désirs. Ils s’empressent alors de bouder ceux qui les ont soi-disant offensés et privés de leur dû. À la fin, ils se retrouvent mille fois plus seuls et malheureux qu’avant. À l’opposé, ceux et celles qui font preuve d’altruisme et de générosité atteignent un degré de satisfaction beaucoup plus grand dans la vie et souffrent rarement de solitude. Une autre attitude faisant de nous d’éternels offensés est la susceptibilité. Nous ne devrions pas prendre trop à cœur les critiques négatives dont nous sommes l’objet. Il est inévitable que nous soyons critiqués pour ceci ou cela. Certains commentaires nous aident à nous examiner et à nous améliorer, mais d’autres sont sans fondement et ne sont pas dignes d’attention. Réagir vivement aux critiques injustes révèle un niveau trop élevé d’amour-propre. Il nous faut apprendre, par amour, à passer par-dessus une foule de petites offenses. Pierre déclare dans sa première lettre (1 Pi 4.8) : « Avant tout, ayez les uns pour les autres un ardent amour, car l’amour couvre une multitude de péchés. » Paul déclare à son tour dans 1 Corinthiens 13.7 : « L’amour excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. » Si vous êtes le type de personne qui est constamment offensée ou blessée par les autres, ce n’est pas tant le pardon que vous devez exercer, mais plutôt l’amour. 2 †CHOISIR DE PARDONNER III Fausses conceptions au sujet du pardon Plusieurs fausses conceptions circulent au sujet du pardon. Nous ne mentionnerons ici que les principales. Pardonner ne veut pas dire oublier l’offense. Certains croient que pardonner veut dire oublier, mais cette conception du pardon n’est pas tout à fait juste. Pardonner ne consiste pas à oublier l’offense, mais à agir comme si nous l’avions oubliée. Nous lisons dans Hébreux 8.12 : « Je pardonnerai leurs iniquités et je ne me souviendrai plus de leurs péchés ». Ce n’est pas que la mémoire de Dieu se soit mise à faire défaut, mais plutôt qu’il a choisi, dans son amour, de nous traiter comme s’il avait oublié nos offenses. Plusieurs choses peuvent être là pour nous rappeler l’offense, et plus l’offense a été grave, plus son souvenir sera long à effacer. Dans certains cas, il ne s’effacera jamais, mais la douleur ressentie s’estompera, comme dans le cas d’une vieille cicatrice. Quelques années après son expérience horrible dans les camps de concentration nazis, Corrie Ten Boom se retrouva face à face avec un des gardes allemands les plus cruels et insensibles qu’elle avait connus là-bas. Ce garde, devenu chrétien depuis peu, l’avait autrefois humiliée, dégradée et violée des yeux plus d’une fois alors qu’il surveillait les douches. Il lui tendit la main et lui demanda : « Ne me pardonnerez-vous jamais tout le mal que je vous ai fait ? » Le cœur de Corrie était plus froid que la glace et elle n’arrivait pas à lui tendre la main. Les souvenirs pénibles de ses expériences dans les camps défilaient dans sa tête et la paralysaient en face de cet ancien ennemi. Mais elle se dit à elle-même que la volonté pouvait fonctionner même sans les émotions et, suppliant Jésus de lui en donner la force, elle lui tendit mécaniquement la main. Elle sentit alors une chaleur envahir sa main, son cœur et tout son être et s’écria : « Je vous pardonne, frère. » Pardonner ne veut pas dire faire disparaître l’offense en l’ignorant ou la niant Nous nous trompons souvent nous-mêmes en niant que nous avons été blessés. Nous sommes bien trop spirituels, pen­ sons-nous, pour nous laisser atteindre par les flèches des autres... Nous jouons alors aux SSJO (super spirituels jamais offensés) et nous agissons comme si nous étions blindés. Nous pensons qu’être facilement blessés par l’un ou par l’autre est le lot des faibles. Mais la réalité est tout autre. Nous sommes tous fragiles, que nous l’admettions ou non. Se peut-il que vous ayez été blessé par des gens de votre entourage sans jamais le reconnaître ? Si vous vous surprenez à parler souvent contre une personne ou une autre, c’est peut-être que vous avez été blessé par quelque chose que cette personne a fait ou dit contre vous. Se peut-il que vous n’ayez jamais reconnu et confessé votre amertume envers certaines personnes qui vous ont blessé et que cette amertume empoisonne votre existence et vous empêche de grandir dans la vie spirituelle ? Une offense que nous nous efforçons d’ignorer est comparable à un ballon bien gonflé que nous enfonçons dans l’eau d’une piscine ou d’un lac... Pardonner ne veut pas dire éprouver des sentiments positifs pour l’offenseur Cette conception du pardon semble très louable, mais elle ne correspond pas à la réalité. Il est normal de continuer à éprouver, pour un temps, des sentiments négatifs envers l’offenseur, même si nous lui avons pardonné. Le roi David ne refoulait pas ses sentiments négatifs, mais il les exprimait candidement à Dieu dans ses psaumes, ce qui constitue, sans contredit, la meilleure des thérapies. ❧19 « O Dieu, tu devrais supprimer les méchants et chasser loin de moi ces meurtriers. 20 Ils parlent de toi pour intriguer, et prononcent CHOISIR DE PARDONNER† 3 ton nom pour mentir. 21 J’ai du dégoût pour ceux qui s’opposent à toi ; Seigneur, je déteste ceux qui te détestent. 22 Ma haine pour eux est totale, ils sont pour moi des ennemis personnels. » Pardonner ne consiste donc pas à éprouver des sentiments amicaux pour la personne qui nous a fait du mal, insulté ou privé du meilleur, mais plutôt, d’agir avec bienveillance envers elle en passant par-dessus nos sentiments négatifs. C’est ce que Dieu fait depuis toujours envers ses enfants qui lui désobéissent et l’offensent. Nous lisons dans le Psaume 78, aux versets 36 à 38 : « Mais ils le trompaient de la bouche, Et ils lui mentaient de la langue ; Leur cœur n’était pas ferme envers lui, Et ils n’étaient pas fidèles à son alliance. Toutes, dans sa miséricorde, il pardonne l’iniquité et ne détruit pas ; Il retient souvent sa colère et ne se livre pas à toute sa fureur. » Pardonner ne veut pas dire rétablir instantanément la relation avec l’offenseur Certaines personnes croient à tort que pardonner nous permet de rétablir la relation avec l’autre de façon instantanée. Pardonner, c’est hisser le drapeau blanc et sonner le cessez-le-feu, sans pour autant avoir comblé tous les fossés creusés par les multiples affrontements. Rebâtir la relation et restaurer la confiance appartiennent plutôt à la période de « l’après-pardon ». Cela exige de la bonne volonté, des efforts, beaucoup de patience et, bien sûr, la collaboration des deux parties. IV Quels sont les réflexes naturels d’une personne offensée ? Vouloir faire vivre à l’offenseur le mal qu’il nous a causé (la vengeance active) Quelqu’un nous blesse méchamment et nous aimerions tant le blesser de la même manière afin qu’il comprenne, par expérience, la souffrance qu’il nous a causée. Nous aimerions que celui qui nous a rejetés souffre le rejet à son tour, que celui qui nous a injustement privés de notre dû soit dépouillé à son tour, que celui qui nous a injustement discrédités aux yeux des autres soit calomnié à son tour. Ce réflexe naturel provient en partie d’un désir légitime de justice, mais uploads/Litterature/ choisir-de-pardonner-bible-etude-biblique-theologie-pasteur-guy-bernard.pdf

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