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e BIENVENUE AU FESTIN f Oui, c’est à un véritable festin que vous convie une fois de plus Marmite & Micro-onde. En entrée, du confit d’oie, sous la forme de douze recettes inattendues concoctées par Jérôme Paul. Gardez une grosse place pour la suite, car le Guide intergalactique de la pizza de Karim Berrouka est de retour pour son quatrième (et dernier) opus. Si ce plat est un peu trop lourd pour votre estomac (après douze parts de confit d’oie, on peut comprendre), laissez-vous tenter par le poisson goulu de Sébastien Gollut. Accompagné d’une fricassée de champignons, c’est un régal ; petit conseil du Chef Pierre Cardol , évitez le satyre puant, et suivez les instructions de Didier Trumeau : sa science mycologique est sans limite. Une part de camembert – c’est Cyrano en personne qui régale – et vous pourrez passer au dessert : un Père Noël en chocolat, concocté par Lucie Chenu. Après tout cela, vous patienterez jusqu'au quatre heures ? Un goûter constitué du pain-chocolat de Sandrine Bettinelli. Les mets les plus simples sont parfois les meilleurs. Magique, tout cela, n’est-ce pas ? Non ? Mais si ! Lisez l’article érudit des professeurs Bally et Gechter, et vous serez convaincu. Magique, je vous dis, avec un M, comme M&M. Philippe Heurtel, Août 2004 ™ GUIDE INTERGALACTIQUE DE LA PIZZA – N°4 – KARIM BERROUKA ˜ Des nombreuses planètes nom- mées Almoha, en l’honneur d’un grand explorateur métaphorique des siècles pré-expansion spatiale, celle qui retiendra le plus notre attention, culinairement il s’entend, est la troisième planète en orbite autour d’Alcyone. Son climat étran- ge n’en fait pas une destination de rêve. Si ce n’est pour les fans de planche à voile et de deltaplane, deux sports désuets remis à la mode récemment par la Guilde Des Nostalgiques Des Loisirs Qui Fati- guent Sans Apporter La Moindre Compensation Financière (GDNDL- QFSALMCF™©®). Il est d’ailleurs fortement décon- seillé de s’y rendre sans un harna- chement de plomb d’au moins trois cents kilos. Le danger y est cons- tant, et l’on ne compte plus les cas de touristes happés par les tourbil- lons permanents, pris à partie, en- rôlés ou kidnappés par les hordes de fanatiques divers. Bref, la visite d’Almoha ne s’adresse qu’aux poids lourds de l’exploration gastrono- mique. Mais ceux qui passeront au tra- vers de tous ces dangers pourront découvrir une des raretés de la galaxie : la windza. Une pizza à la saveur rafraîchissante, au bouquet revivifiant, un ouragan de bonheur, un cyclone de succulence, disent les rares à y avoir goûté. Pour notre plus grand désarroi, cette pizza ne se conserve pas plus d’une minute. Elle doit être consom- mée dans l’instant, ce qui en interdit toute exportation. 3 SPECIALITES DU CHEF 3 Le Guide de la pizza n°4 (Karim Berrouka) 1 Confits d’oie (Jérôme Paul) 2 Le Théâtre de Barbe Bleue (Lucie Chenue) 3 Magie (Nico Bally, Olivier Gechter) 6 Le Satyre puant (Pierre Cardol) 8 Pain chocolat (Sandrine Bettinelli) 8 Les camemberts de l’imaginaire 8 Chapeau ! (Didier Trumeau) 9 Poisson goulu (Sébastien Gollut) 12 Colorants et conservateurs : Sébastien Gollut, Philippe Heurtel, Audrey Isbled, Treizième Tante. ISSN 1766-8816 (Hé oui, M&M est désormais disponible à la Bibliothèque Nationale de France et possède son numéro d’ISSN, comme les grands. C’est fou le nombre d’administrations qui s’intéres- sent à nous, cette année : BNF, Education Nationale, Ministère de l’Intérieur...) Marmite & Micro-onde n°11 2 Né en 1967, Jérôme Paul vit aux Pays-bas. Depuis 1997, il a publié plusieurs textes dans de nombreuses revues : Albatroz, Archipel, Encre noire, Hésitations d’une mouche, Mauvaise graine, Microbe, Salmigondis, Scribanne, Le Spantole, Traversées, Verso... En 1999, il a publié sur le site Internet d’Ecrits...vains une pièce de théâtre. e CONFITS D’OIE – JEROME PAUL e - 1 - Ce président-là, je l'ai convaincu de ne pas déclarer une guerre grâ- ce à un pot de confit d'oie. Et cet autre chef d'état, je l'ai décidé de la même façon à faire une guerre. J'ai des intérêts ici et là. C'est pourquoi il faut savoir corrompre les puis- sants. - 2 - Nous étions enfin parvenus dans la chambre forte après avoir déjoué les alarmes les plus ingénieuses. Une dernière manipulation, et le petit coffre contenant le fameux confit d'oie serait ouvert. C'était sans compter la douzaine d'oies jusque-là dissimulées dans l'ombre qui surgirent, pincèrent, cacar- dèrent. Nous étions perdus. - 3 - A l'aéroport, le trafic de confit d'oie est de plus en plus difficile. Les pots d'un litre passés dans les valises, c'est de la préhistoire. Les boulettes plastifiées en transit intestinal, c'était hier. Aujourd'hui, il nous faut inventer de nouvelles ruses : implants mammaires pour les femmes, implants testiculaires pour les hommes, et pour donner une chance aux plus malheureux, il y a l'implant cérébral. Que ne ferait-on pas pour du confit d'oie ! - 4 - Cette course-poursuite est incroy- able ! J'ai derrière moi trois véhi- cules de police, sirènes hurlantes, une voiture super sport des servi- ces secrets, phares aveuglants allu- més, et quatre motos de la mafia, équipées de mitraillettes et d'un ba- zooka. Ils veulent tous connaître l'énigme de mon moteur. Nous tra- versons à vive allure des rues piétonnes. Ils ne me rattraperont jamais. Nous zigzaguons à contre- sens sur l'autoroute. Ils espèrent m'attraper pour enfin découvrir le secret de mon carburateur fonction- nant au confit d'oie. Ils peuvent toujours courir ! - 5 - Le bourreau était de ceux qui travaillent au couteau pour le plaisir du sang sur les mains. Encore un qui rejetait la modernité et ses tueries perfectionnées. La jeune victime s'inquiétait. Si son héros ne se dépêchait pas, elle serait exécu- tée. Elle avait promis d'être sa femme s'il arrivait à temps. Il avait préféré un pot de confit d'oie. Elle commençait maintenant à douter de l'efficacité d'un tel sauveur. - 6 - L'espionnage n'est pas un jeu d'enfant, et cette mission nécessitait un partenaire de confiance. A nous deux, nous avions pu échapper à la surveillance. Nous pensions être tirés d'affaire quand un dernier ad- versaire nous barra le chemin de sa mitraillette. Deux contre un, c'était faisable. Je tournai les yeux vers mon compagnon pour engager la parade, mais celui-ci, souriant, me visait de son pistolet. J'étais trahi et dus céder le pot de confit d'oie, l'objet de cette désastreuse expédi- tion. - 7 - « Confie-toi, mon fils » me dit pour la énième fois l'homme d'église. Jusque-là, j'avais su résister aux nombreux pots en grès qu'il me cassait sur la tête, mais maintenant je me demandais si je saurais encore me taire devant la menace d'avaler un confit d'oie de la plus mauvaise qualité. - 8 - Pour échapper aux preneurs d'otages, mais aussi dans le but de les éliminer tous par surprise et sans bruit, je m'étais caché dans l'immense réseau d'aération de l'im- meuble. J'y avais tendu un piège. Attirés par le fumet d'un excellent confit d'oie, ils pénétraient un par un dans les conduites et là, au détour d'un coude, je leur donnais le coup de couteau nécessaire. - 9 - Il fallait prendre toutes les précau- tions et cependant faire vite. Nous avions à peine dix minutes pour trouver et désamorcer la bombe. L'embêtant pour eux, c'est qu'ils ne savaient pas de quel type de bombe il s'agissait. Ils craignaient un truc atomique. Moi, ça ne m'inti- midait pas. Pourtant, quand je vis l'objet, je connus pour la première fois la peur : une machine infernale branchée sur un pot de confit d'oie. Nous étions foutus ! - 10 - L'air confiné de la station orbitale se renouvelait un peu, mais le filtre anti-bactérien ne fonctionnait plus. La Terre se creusait la tête pour nous sauver avec les moyens du bord. Sous peu, nous serions mortellement contaminés. Je me souvins alors du pot de confit d'oie apporté en cachette. A peine le couvercle ôté, les bactéries se ruèrent dans le pot. Le confit bouil- lonnait de leur activité gloutonne. On jeta le tout par nos toilettes spa- tiales. Nous étions sauvés. Momen- tanément ! - 11 - Nous tombions en chute libre, accroché l'un à l'autre. Il avait au dos le seul parachute, mais moi j'avais le pot de confit d'oie. Tout en lui donnant des coups, je tâchais de lui arracher le parachute. Pas facile, car tout en se défendant, il en vou- lait à mon confit d'oie. - 12 - On m'a attrapé aux abords du laboratoire dans ma tenue de plongée. Ils m'ont réduit à la taille d'un centimètre, équipement com- pris. Puis ils m'ont enfermé dans ce qu'ils avaient sous la main, un pot de confit d'oie. Sont-ils bêtes ! C'est justement pour leur confit d'oie que j'ai tout risqué. Après analyse de la graisse et des fibres, il s'agira de sortir du pot, puis du laboratoire, et de retrouver ma taille normale. Marmite & Micro-onde n°11 3 Lucie Chenu aime les histoires depuis qu'elle est en âge d'écouter, puis de lire. Elle est uploads/Litterature/ marmite-et-microonde-n011.pdf

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