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Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : erudit@umontreal.ca Compte rendu par Francine Laurendeau Séquences : la revue de cinéma, n° 233, 2004, p. 16. Pour citer ce compte rendu, utiliser l'adresse suivante : http://id.erudit.org/iderudit/48072ac Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI http://www.erudit.org/apropos/utilisation.html Document téléchargé le 25 January 2013 08:13 Ouvrage recensé : La cinéphilie — Invention d’un regard, histoire d’une culture 1944-1968 Antoine de Baecque Paris : Éditions Fayard, 2004 410 pages - f a SCRIPTS Antoine de Baecque La cinéphilie Invention d'un regard, histoire d'une culture 1944-1968 V fayard LA CINEPHILIE - INVENTION D'UN REGARD, HISTOIRE D'UNE CULTURE 1944-1968 R appelons qu'Antoine de Baecque a publié une histoire des Cahiers du ciné- ma, des essais sur Andréi Tarkovski, Manoel de Oliveira, la Nouvelle Vague ainsi qu'une indispensable biographie de François Truffaut (avec Serge Toubiana). J'ai été tentée, à première vue, de le chicaner sur son titre trop général, La cinéphilie. Car après tout, la France — la culture inventoriée est exclu- sivement française — n'a pas le monopole de l'amour du cinéma. Je pourrais vous en dire long sur la cinéphilie québécoise... Mais ma réserve s'est rapidement dissipée : la période décrite est l'archétype exemplaire d'une cinéphilie riche, stimulante, provocatrice et féconde. L'auteur nous fait d'abord revivre le rôle et l'in- fluence d'André Bazin, principal théoricien du cinéma et grand défenseur du rituel de la séance de ciné-club (présentation-projection-discussion). Bazin a su, dès l'immédiat après-guerre, légitimer intellectuellement le cinéma en tant qu'art, imposer ses trois réalisateurs de prédilection — Roberto Rossellini, Orson Welles et Jean Renoir — et fixer les règles du jeu critique à l'in- térieur des Cahiers du cinéma, revue mythique à laquelle Antoine de Baecque se référera tout au long de son étude. Une note de mon cru. J'ai participé avec enthou- siasme dans mon adolescence à des ciné-clubs dont les animateurs, membres de la Jeunesse étudiante catholique, officiaient dans les écoles du temps. Rien de plus catholique donc que le ciné-club québécois. Or, la grande autorité, l'historien le plus souvent cité et recommandé par ses anima- teurs, était Georges Sadoul dont je consultais régulièrement l'Histoire du cinéma et les petits dictionnaires, ignorant que mon « maître » était un surréaliste con- verti au communisme, un inconditionnel non seulement d'Eisenstein mais du cinéma soviétique. Et j'ai compris rétrospectivement en lisant de Baecque pourquoi, dans le cinéma américain, Sadoul préférait nettement le cinéma social de John Ford à la comédie musicale... Le chapitre « Georges Sadoul, les Lettres françaises et le cinéma stalinien en France (1944-1968) » est particulièrement éclairant sur l'évolution de cet intellectuel sincère qui finit par se rallier aux films de la Nouvelle Vague et qui fut le fondateur, en 1962, de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes. « On a peine aujourd'hui à imaginer dans quelle indifférence fut accueillie l'œuvre d'Alfred Hitchcock en France au sortir de la guerre », rappelle de Baecque. L'américanophilie des cinéphiles, plus particulièrement des « jeunes turcs » des Cahiers du cinéma, allait bientôt introduire de nouveaux auteurs au premier rang desquels on retrouve Hitchcock et Hawks. Au début des années 1950, la nouvelle critique soutenait que « le fond d'un film, c'est sa forme ». Entre revues, la polémique battait son plein. Par la voix d'Ado Kyrou, la revue Positif traitait Hitchcock de fasciste. C'est François Truffaut qui va imposer la recon- naissance définitive du réalisateur de Vertigo. Publiés en 1966, ses entretiens demeurent un irremplaçable fil conducteur à travers l'œuvre de Hitchcock et un passionnant dialogue entre deux créateurs. Il fallait revenir sur le célèbre article du même Truffaut publié en janvier 1954 dans les Cahiers du cinéma, article singulier qui voulait signer l'arrêt de mort d'un certain cinéma hexagonal « classique » (celui des scénaristes Jean Aurenche et SÉQUENCES 233 septembre-^octobre 2004 Pierre Bost et de cinéastes comme Jean Delannoy, Claude Autant-Lara, Christian-Jacques...) en même temps que l'acte de naissance de la Nouvelle Vague. Dans le chapitre intitulé « Comment François Truffaut a écrit « Une cer- taine tendance du cinéma français » (1950- 1958) », l'auteur reprend et étaye ce qu'il révélait en 1996 dans sa biographie de Truffaut sur ce qu'il faut bien appeler la goujaterie et la malhon- nêteté déployées auprès de Bost par le réalisateur des Quatre Cents Coups. La suite nous entraînera vers de nouvelles aventures, comme la sanglante polémique autour de Sam Fuller (« La morale est affaire de travellings »), l'érotomanie cinéphile ou la pas- sion du cinéma née du désir de la « femme ciné- matographique » (« Amour des femmes, amour du cinéma ») et surtout ces critiques amoureux du cinéma que furent Roger Tailleur, Bernard Dort, Serge Daney, écrivains méconnus qu'on aimerait relire. Enfin les chapitres « Le passage au moderne » (Comment les Cahiers du cinéma ont fait vaciller la cinéphilie) et « Sortir de la cinéphilie » (de La Religieuse à l'affaire Langlois, la découverte de la politique) nous mèneront à Mai 68, à l'engagement politique, à la fragmenta- tion des publics et des genres aussi bien qu'à la domination de la télévision. Exit la cinéphilie. Un livre essentiel et captivant. Francine Laurendeau La cinéphilie - Invention d'un regard, histoire d'une culture 1944-1968 Antoine de Baecque Paris : Éditions Fayard, 2004 410 pages FRITZ LANG - LE MEURTRE ET LA LOI M embre du comité de rédaction de la revue de cinéma Positif, Michel Ciment est surtout reconnu pour ses nombreux ouvrages, dont l'incontournable Kubrick (Calmann-Levy, 1980-1999). Il nous propose cette fois un regard sur la vie et la carrière du cinéaste allemand Fritz Lang dans ce titre de la volumineuse collection de livres de poche Découvertes Gallimard. Après un premier chapitre consacré à la jeunesse de Lang, Ciment décortiquera l'œuvre du cinéaste dans les trois chapitres suivants. Il uploads/Litterature/ cinephilie-pdf.pdf
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- Publié le Aoû 06, 2022
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