Cette méthodologie du commentaire composé fonctionne sur tous les types de text

Cette méthodologie du commentaire composé fonctionne sur tous les types de textes : roman, poésie, théâtre, et même le texte argumentatif. Nous verrons ensemble des exemples pour chaque cas. La plupart des outils que je vais présenter sont connus depuis le collège, la méthodologie n'est pas complexe en soi : en fait, la difficulté viendra surtout du niveau culturel et littéraire des textes que vous allez aborder. Trois étapes : on applique d'abord 5 grilles de lecture pour faire ressortir tous les phénomènes du texte. Ensuite, quelques questions simples permettent de faire ressortir le plan. Enfin, je vous donnerai quelques conseils de rédaction. I ­ Les grilles de lecture 1) Première grille de lecture, la structure du texte. > ​Le paratexte avec le nom de l'auteur, le titre, la date. Tout ce contexte est très important pour ne pas faire de contresens… Méditez pendant 2 minutes : vous avez forcément des éléments de culture générale qui vont surgir : le mouvement littéraire lié à l'auteur, des événements historiques liés à la date, etc. > Si vous avez un poème, commencez tout de suite par la métrique : combien de pieds par vers, quel type de rime ? ​Les rimes plates sont plus proches de prose et de la langue orale, les rimes croisées peuvent montrer une progression, une évolution ou un basculement, les rimes embrassées mettent en relation ou au contraire, montrent des contradictions​. > Dans un poème, cherchez les ​rimes signifiantes​. Ce n'est pas la même chose si la pluie rime avec ennui ou avec folie ! Même dans un texte en prose, vous pouvez avoir des rimes internes​. > La division en ​paragraphes : pourquoi ces passages à la ligne ? En poésie on aura des strophes. ​Le sonnet par exemple est entièrement dirigé vers une pointe, avec un moment de basculement au niveau du premier tercet​… Pour ceux qui travaillent sur la poésie, j'ai réalisé une vidéo où j'applique cette méthodologie pas à pas sur un sonnet qui me sert de support et d'exemple, ​La Cloche Fêlée ​ de Baudelaire​. > Relevez les ​liens ​logiques de cause, de conséquence, d'opposition, d'addition, etc. Cela permet de voir si le texte suit raisonnement, une argumentation solide, une chronologie, ou au contraire des émotions chaotiques… > Les ​paroles et les ​verbes ​de ​parole font souvent ressortir des moments clé. ​Dans un roman, on peut avoir des dialogues ou des discours rapportés. Dans le théâtre, les personnages ont des répliques plus ou moins longues. En poésie, on peut avoir des voix différentes avec des effets de polyphonie​. C'est le cas par exemple dans La Cloche Fêlée de Baudelaire, où chaque type de cloche correspond à un type de poésie, retraçant une sorte d'Histoire Littéraire en raccourci… > Quel est le ​type ​de ​narration ? C'est valable surtout pour le roman : Est­ce qu'on a un narrateur, est­ce qu'il participe à l'intrigue, ​est­ce qu'on a des récits enchâssés comme dans les Mille et Une Nuits avec un personnage qui raconte l'histoire d'un personnage ​qui raconte l'histoire d'un ​personnage ​qui raconte l'histoire… 2) Deuxième grille de lecture : les personnes et les sujets. Quels sont les acteurs et les thèmes principaux du passage ? > ​La présence des personnages est indiquée par les noms propres, prénoms, et par les pronoms personnels. Sont­ils nombreux ? Est­ce qu’un nouveau personnage apparaît, disparaît ? Quel est leur rôle dans l’intrigue ? Vous connaissez sans doute le schéma actanciel… Vous pouvez aussi avoir un anti­héros, et des personnages évoqués mais absents. > Les pronoms personnels ont un sens, notamment les pronoms « on » et « nous » : qui désignent­ils en réalité ?... Les tournures impersonnelles et la voix passive permettent parfois au narrateur d'éviter de mentionner le sujet ! Mmm si c'est aussi secret, c'est sans doute pour une bonne raison... > Tous ​les sujets sont importants, ​même s'ils ne sont pas humains, même s'ils sont abstraits​. On peut se demander aussi quelle est leur variété : est­ce que c'est toujours le même sujet ? Est­ce qu'il y a une ​progression thématique​ ? Par exemple dans le Roman expérimental de Zola, le mot « expérience » est progressivement remplacé par le mot « roman » et l'expérimentateur est petit à petit identifié au romancier lui­même​. Pour ceux qui travaillent sur l'argumentation, j'ai réalisé une vidéo où j'applique cette méthodologie pas à pas sur un extrait du Roman Expérimental de Zola qui me sert de support et d'exemple​. > Les ​reprises anaphoriques ​vont aussi vous aider à découvrir les fils rouges qui parcourent votre passage. Vous savez, tous ces petits mots qui évitent les répétition : ce, cette, ces, ceci, cela, ​le tien, le mien, ​qui, que, ​les gens, ​lui, l'autre, la, le premier, le deuxième... > Comme on parle des personnages j'ai ajouté ici ​les verbes de perception​ ​et les verbes psychologiques. ­ ​Les verbes de perception ​sont souvent accompagnés d’adjectifs : ​les couleurs, mais aussi les lumières, les sons, leur volume, leur hauteur, les sensations comme la chaleur ou le froid. L’odeur est souvent liée au goût : c’est plutôt rare, donc n’hésitez pas à le faire remarquer quand vous les repérez ! ­ ​Les verbes psychologiques ​: penser, souhaiter, connaître, savoir, se souvenir, etc. Toutes ces indications de subjectivité vous aideront à repérer la focalisation : ​interne, externe, et omnisciente​. > Et quand on regarde les verbes, bah, on regarde aussi les adverbes​ : « un peu, beaucoup, joyeusement, à l'envers » Vous pourrez commenter leurs points communs, leur intensité, soit vers ​l'hyperbole : l'exagération​, soit vers ​l'euphémisme : l'atténuation​. Si vous avez beaucoup de formes négatives, cela signifie certainement quelque chose ! Souvent, la double négation cache une ​litote : on fait semblant d'atténuer pour au contraire mettre en valeur... De même pour les structures restrictives : « ne... que ». 3) Troisième grille de lecture : l'espace et le temps. On situe le décor et le contexte de l'extrait. > Quels sont ​les temps employés ? Vous savez que chaque temps a une valeur précise : c’est ça qui vous permettra de faire des interprétations. Le présent de vérité générale pour des propos philosophiques, le passé composé pour des actions qui ont encore des conséquences dans le présent, le participe présent qui insiste sur la durée, etc. > Ensuite, repérez ​la progression du temps d’un paragraphe à l’autre : est­ce qu’on avance de minute en minute ? ­ Est­ce qu’on saute une année ou deux ? ​(Un saut dans le temps, c'est ce qu'on appelle une ellipse temporelle) ­ Est­ce qu’on a un flash back ? (Un retour dans le passé, on appelle ça une analepse en littérature) ­ Est­ce qu'on ​annonce déjà le futur ? (C'est ce qu'on appelle une prolepse)​... > Relevez les petits mots qui permettent de construire les compléments circonstanciels de temps et de lieux : « ici et maintenant, là­bas et plus tard » ​quel est le mouvement du regard ? Imaginez ce que vous feriez si vous deviez porter ce texte à l’écran​. >Au théâtre, on utilise souvent des ​démonstratifs pour désigner des accessoires importants dans la mise en scène. Par exemple dans Tartuffe : Ah mon Dieu, je vous prie ! Avant que de parler, prenez moi ​ce​ mouchoir ! [...] Couvrez ​ce​ sein que je ne saurai voir. Pour ceux qui travaillent sur le théâtre, j'ai réalisé une vidéo où j'applique cette méthodologie pas à pas sur un extrait de Tartuffe de Molière, qui me sert de support et d'exemple​. > C'est le moment de regarder les verbes de mouvements et les verbes d'action​. ­ Les verbes de mouvement : aller, venir, déplacer. Le texte est­il dynamique ? Statique ? Qui se déplace ? ­ Les verbes d’action : Ces verbes peuvent servir à mettre en place des métaphores : les personnages sont­ils comparés à des animaux ou à des machines ? Au contraire, les objets agissent­ils comme des êtres animés ? Et quand on regarde les verbes, bah, on regarde aussi les ​adverbes​. 4) Quatrième grille : la syntaxe et le rythme, c'est surtout une question de ponctuation​. > Est­ce qu’on a des ​phrases ​longues​, très longues ? Une phrase très ​courte ponctuellement peut servir à provoquer la peur, la surprise, ou a mettre en valeur un propos. > Les phrases de types ​exclamatif et ​interrogatif sont toujours un indice de subjectivité. Est­ce qu'on a des interjections, des questions ouvertes, fermées, des questions rhétoriques ? ​Les questions rhétoriques, ce sont des questions qui n'attendent pas de réponse parce que la réponse est évidente​. > Les ​parenthèses permettent souvent au narrateur d’intervenir, d'exprimer un jugement de valeur. Les ​points de suspensions peuvent marquer une ​réticence ou une interruption, c'est ce qu'on appelle une aposiopèse, par exemple : bref… > Les ​italiques sont aussi révélateurs, c'est comme des super guillemets... Au théâtre, ​les ​didascalies donnent des indications scéniques​ toujours intéressantes à commenter. > S’il y a beaucoup de ​virgules​, c’est qu’on a des ​énumérations​, il faut alors trouver leur logique : ​une gradation (une uploads/Litterature/ commentaire-de-texte-mrthodologie.pdf

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