1 Dossier d’accompagnement Pédagogique Un film de Claude Miller d’après le roma

1 Dossier d’accompagnement Pédagogique Un film de Claude Miller d’après le roman de Philippe Grimbert Au cinéma le 3 octobre Introduction Un secret de Philippe Grimbert est un ouvrage bref, publié en 2004 aux éditions Grasset et Fasquelle, qui a obtenu un vrai succès éditorial et remporté plusieurs prix dont le Goncourt des Lycéens. Il fait aujourd’hui l’objet d’une adaptation cinématographique par le cinéaste Claude Miller (L’effrontée, L’ac - compagnatrice, La petite Lili, La Classe de neige…). Derrière un style simple et accessible, le “roman” de Philippe Grimbert recèle une véritable complexité narrative, le passé se mêlant au présent, la vérité aux multiples omissions et mensonges, l’intime à l’Histoire. C’est pourquoi son étude est tout à fait légitime dans le cadre du cours de Français. Il ne s’agira pas ici de livrer une étude exhaustive du roman ou du film, ni d’aborder de manière approfondie les questions toujours complexes de l’adaptation. Ce dossier d’accompagnement se limitera à proposer un parcours singulier à travers les “forêt de signes“ que constituent chacun à leur manière et dans leur langage le livre de Philippe Grimbert et le film de Claude Miller. L’accent a toutefois été mis sur le livre, qui a l’avantage (à la différence du film) d’être disponible sur un sup- port utilisable dans et hors de la classe. Loin de considérer le film de Claude Miller comme une simple illustra- tion ou comme une récréation, on s’efforcera de proposer quelques pistes sur le travail de l’adaptation et le lan- gage filmique. Celles-ci se limiteront aux traits les plus saillants de l’œuvre de Claude Miller, qui peuvent être convoqués sur le simple souvenir de la projection en salles. Nous proposons à la fin de ce dossier un questionnaire portant sur la lecture du livre et le visionnage du film. Il est préférable de faire découvrir l’œuvre de Philippe Grimbert avant celle de Claude Miller, pour que les élèves puissent s’interroger sur l’écriture cinématographique en connaissance de cause. Les questions concer- nant le film pourront être données aux élèves avant la projection pour les engager à avoir une lecture active U n S e c r e t Réalisé par Florence Salé, Professeure de Français Proposé par le site Zerodeconduite.net en partenariat avec UGC Distribution 2 des images. Les réponses ne sont pas rédigées mais elles renvoient aux thématiques développées dans ce dossier. Celles-ci sont au nombre de trois : nous interrogerons tout d’abord la thématique du secret qui informe l’œuvre jusqu’à lui donner son titre. Nous étudierons ensuite l’écriture du temps à travers ses différents aspects : le tissage entre le présent et les différents passés, mais également l’inscription de la tragédie intime dans l’histoire collective. Enfin nous nous interrogerons sur l’ambiguïté générique de l’œuvre : roman ou auto- biographie ? [NB : les références de page renvoient à l’édition du Livre de Poche] Synopsis Chétif et malingre, le narrateur a toujours eu du mal à saisir sa place auprès de ses parents, Maxime et Tania, aux corps d’athlètes. Il s’invente un frère, un roman familial, mais rien ne permet de combler le mal qui le ronge. A l’adolescence, la confidence d’une amie de la famille, Louise, lui fait découvrir le secret de ses parents, à tra- vers des noms qu’il n’a jamais entendu prononcer : Robert, Hannah, Simon… En même temps que leur his- toire, le narrateur apprendra la sienne et celle des siens. Fiche technique Un film réalisé par Claude MILLER Ecrit par Claude Miller, d’après le livre de Philippe Grimbert Un secret Avec Patrick BRUEL (Maxime) Cécile de France (Tania) Ludivine SAGNIER (Hannah) Julie DEPARDIEU (Louise) Mathieu AMALRIC (François) Chef Opérateur Gérard de Battista Déco Jean-Pierre Kohut-Svelko Costumes Jacqueline Bouchard Production Yves MARMION / UGC YM Distribution UGC Distribution Compléments pédagogiques Les enseignants pourront également se reporter au supplément Cinéclasse édité par Le Monde de l’Educa - tion dans son numéro 360 (Juillet-août 2007) Les éditions du Livre de Poche publieront également un livret pédagogique de 64 pages comprenant : - Une analyse thématique du roman - Une analyse comparée film/livre - Un entretien avec Philippe Grimbert - Un entretien avec Claude Miller - Un cahier de photos du film http://www.unsecret-lefilm.com [Espace enseignants] I. L’écriture du secret 3 Avant de se lancer dans la lecture de l’œuvre, il peut être intéressant de réfléchir à son titre et à l’horizon d’attente que celui-ci convoque. Un portrait publié par le magazine Lire de décembre 2004 révèle qu’Un secret n’était pas le titre que Philippe Grimbert avait choisi à l’origine pour son roman : il avait envoyé à son éditeur un manuscrit intitulé Le cimetière des chiens. Ce titre avait été refusé pour des raisons éditoriales et commerciales, les termes de “cimetière” et de “chiens” n’étant pas consi- dérés comme “vendeurs”. On peut essayer d’expliquer en quoi le titre finalement retenu était préférable : - C’est un titre plus simple (groupe nominal) que le précédent (groupe nominal + complément du nom). Même s’il est déterminé par un article indéfini, il est aussi, paradoxalement, moins obscur que le précédent dont le référent (un lieu, une expression, une métaphore ?) nous échappe forcément au seuil de l’oeuvre. - C’est un titre attractif qui sollicite habilement la curiosité du lecteur ; d’emblée ce dernier sait que le récit comporte un mystère, qui va lui être dévoilé au cours de sa lecture. Les termes de “secret”, “d’énigme” et de “mystère”, sont des moteurs du romanesque délivrant une promesse de lecture palpitante et intense. A l’inverse, le premier titre suggérait peut- être une atmosphère trop mortifère, voire ennuyeuse. - L’emploi de l’article indéfini ou numéral confère au titre Un secret une certaine modestie, une dimension anecdotique (il s’agit d’un secret parmi d’autres). Allié à la brièveté de l’ouvrage, ce caractère de modestie a peut-être été un argument de vente supplémentaire, dans une société pressée qui a perdu le temps et le goût de lire. Une des raisons du succès de l’ouvrage réside peut-être justement dans le fait que le récit de Philippe Grimbert dépasse de très loin la dimension anecdotique dans laquelle son titre semblait la confiner. L’horizon d’attente du titre est balisé, il nous appartient de vérifier par la lecture de l’œuvre tout d’abord, puis le visionnage du film, comment cette dimension mystérieuse est mise en scène. 1/ Un secret, des secrets ? Après la lecture, il est légitime de lever l’ambiguïté sur la classe grammaticale de “un” : s’agit-il d’un article indéfini ou d’un adjectif numéral ? On attend en effet la révélation d’un secret, et pas de plusieurs. Chronologiquement, la première révélation faite par Louise au narrateur concerne sa judéité : Le lendemain de mes quinze ans, j’apprenais enfin ce que j’avais toujours su. J’aurais pu moi aussi coudre l’insigne à ma poitrine, comme ma vieille amie, fuir les persécutions, comme mes parents, mes chères statues. Comme tous ceux de ma famille. (p. 72) Cette révélation en appelle immédiatement d’autres (s’il est juif, c’est que ses parents le sont) qui concernent la “préhis- toire” du couple formé par ses parents Maxime et Tania, et introduisent des personnages jusqu’à présent inconnus. Trois morts surgirent de l’ombre, dont j’entendis les noms pour la première fois : Robert, Hannah et Simon. Robert, le mari de Tania. Simon, le fils de Maxime et d’Hannah. J’ai entendu dire “le mari de Tania”, “le fils de Maxime” et je n’ai rien ressenti. J’ai appris que mon père et ma mère, avant de devenir mari et femme étaient beau-frère et belle-sœur et je n’ai pas réagi. (p. 75) La suite du récit de Louise repris par le narrateur déploie tout un roman familial, avec ses personnages principaux (Maxi- me, Hannah, Simon) et secondaires (Robert, Thérèse…). On peut tenter de résumer ainsi le secret caché par ses parents au narrateur et révélé par Louise : avant guerre les parents du narrateur ont été mariés chacun de leur côté, Maxime à Hannah et Tania à Robert (le frère d’Hannah). De cette première union Maxime a eu un fils avec Hannah, Simon. Robert, Hanna et Simon ont disparu pendant la guerre : Robert est mort dans un stalag du typhus (p.150). Simon et Hannah ont été arrêtés par la police française alors qu’ils tentaient de passer la ligne de démarcation pour rejoindre le reste de la famille à Saint-Gaultier. Bien des années après leur disparition, le narrateur apprendra qu’Hannah et Simon sont morts gazés dans le camp d’extermination Auschwitz, dès leur arrivée en déportation (p 167). Ce secret n’est pas l’apanage de Tania et Maxime, toute la famille le partage et s’en fait le complice. Oncles, tantes, grand- parents font ainsi figure au narrateur de “société secrète, liée par un deuil impossible” (p. 63). Le narrateur enfant est lui- même le complice passif de ce secret, puisqu’il se refuse à interroger ses parents plus avant, “ne veut rien savoir” de leur trouble devant la réapparition de la peluche de Simon. On peut estimer que le narrateur comme le lecteur atteignent le fond du secret lorsque Louise révèle dans quelles condi- tions Hannah est arrêtée uploads/Litterature/ secret-dossier-d-x27-accompagnement-pedagogique.pdf

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