Moisson Justine 1°8 Commentaire littéraire : « Promenade de Picasso » de Jacque

Moisson Justine 1°8 Commentaire littéraire : « Promenade de Picasso » de Jacques Prévert Jacques Prévert est un célèbre poète français du XXe siècle. Il a eu beaucoup de difficulté à se faire reconnaitre comme tel, tant il était critiqué par ses lecteurs pour la simplicité de ses poèmes. A présent, il est considéré comme l’un des plus grands poètes du XXe siècle. Sa principale œuvre poétique s’intitule Paroles, un recueil de 91 poèmes, qu’il a publié en 1949. Ce recueil traite de sujets diversifiés comme la dénonciation de la violence, de la guerre, de la politique bourgeoise, et de la religion ; le thème de la vie quotidienne, de la société, du temps, et des lieux de Paris ; et celui de l’art et de la création. Ce dernier thème se retrouve dans le poème « Promenade de Picasso », dans lequel Jacques Prévert met en scène un peintre réaliste qui tente, en vain, de peindre une pomme. Il fera intervenir le célèbre peintre surréaliste Picasso. Il s’agira de se demander comment, par l’originalité de ce poème, Jacques Prévert parviendra-t-il à critiquer le réalisme et à faire l’éloge de son propre courant artistique, le surréalisme. Ainsi, nous verrons dans un premier temps, la forme singulière que prend ce poème, puis nous nous attarderons sur l’authentique humour du poète, et enfin nous terminerons sur l’hommage rendue à Picasso qui traduit les préférences artistiques du poète. Jacques Prévert a choisi d’écrire un poème libre, imagé, plaisant et didactique. Ce texte est certes un poème, mais il peut aussi s’apparenter à d’autres genres, tels que le conte ou encore l’apologue. Un poème peut prendre différentes formes. Il peut être écrit en prose, en vers, plus ou moins longs, il peut prendre la forme d’un dessin, comme un calligramme, respecté des règles d’écriture strictes ou encore au contraire être libéré de toutes contraintes. C’est justement cet dernière forme que le poème étudié prend. Jacques Prévert est un poète moderne, il s’affranchi de toutes règles. Il rédige son poème en vers hétérométriques, c’est-à-dire que chaque vers n’a pas le même nombre de syllabes, ce qui lui permet une grande liberté en termes de rédaction de ce poème. Ainsi, il a la possibilité d’écrire chaque vers qui lui viennent à l’esprit sans se demander s’ils sont des alexandrins, des octosyllabes… On retrouve donc des vers d’une seules syllabe, composé d’un seul mot comme c’est le cas pour le vers 7, par exemple avec la conjonction de coordination « mais », ou encore au vers 24 avec la conjonction de coordination « et », qui permet d’ajouter une idée. Mais on retrouve aussi des vers beaucoup plus longs comme le vers 26 « comme le pauvre nécessiteux qi se retrouve soudain à la merci de n'importe quelle association » qui comporte 31 syllabes ou encore le suivant « bienfaisante et charitable et redoutable de bienséance de bienfaisance de charité et de redoutabilité » qui en comporte 34. Le poète semble laisser les mots libres de faire ce que bon leur semble, le style est donc bref, procédant par groupes de mots, par répétitions, ce qui donne tout ce rythme au poème. De plus, ce poème est dénué de toute ponctuation, ce qui permet à l’auteur plus de liberté. Enfin, ce poème ne contient pas de rimes régulière, autre caractéristique de l’écriture de Jacques Prévert, qui modernise la poésie avec son écriture bien à lui. Ce poème pourrait s’apparenter à un conte qui relève du domaine du merveilleux. Le poète nous plonge dans une histoire dont on ne connait ni l’endroit, ni l’époque, caractéristique du conte, qui fait preuve d’une indétermination spatiale et temporelle. En effet, les seules indications spatiales sont « par-là » et « partout » (v43). On ne retrouve pas d’indication temporelle, mis appart le complément circonstanciel de temps « c’est alors » (v20), qui nous donne très peu d’indication, et le poème est écrit soit au présent de vérité générale, d’énonciation ou de narration. De plus, un conte commence par la fameuse phrase « il était une fois » qui permet d’exposer la situation initiale et de décrire les personnages. Notre poème ne débute pas par cette tournure, mais bien par la situation initiale où Jacques Prévert choisi de mettre en avant d’abord ce qui est peint, la nature morte « sur une assiette bien ronde en porcelaine réelle/une pomme pose » (v1-2) puis celui qui le peint « face à face avec elle/un peintre de la réalité » (v3-4), qui est d’ailleurs nommé par la périphrase « peintre de la réalité ». On comprend alors que la pomme va jouer un rôle majeur dans l’histoire. Un troisième personnage intervient dans ce poème, il s’agit de Picasso. Le titre « Promenade de Picasso » le place comme personnage principal alors qu’il apparait seulement à la fin du poème « et c’est alors que Picasso/qui passait par là comme il passe partout » (v42-43). Le vers 42 « qui passait par là comme il passe partout » est rythmé par une allitération en « p », ce qui permet au poète de mettre en avant le célèbre Picasso, tel une divinité. Picasso est donc l’élément de résolution dans le schéma narratif que suit le poème. En mangeant la pomme, il permet au poète de se servir, non pas du modèle réel du fruit, mais plutôt de son imagination. Mais il pourrait également être considéré comme un apologue. Par définition, un apologue est un court récit imagé et rythmé, qui a aussi une fonction didactique, c’est-à-dire qu’il permet à l’auteur de transmettre un enseignement moral. Il a donc pour but de plaire et d’instruire. On retrouve ces deux aspects dans le poème de Jacques Prévert. Tout d’abord, ce récit est plaisant et imagé, notamment par le personnage un peu spécial qu’est la pomme. L’auteur la personnifie dès le début du poème avec le verbe « pose » (v2), qui la compare à un modèle humain qui « pose » pour un peintre. De plus, la pomme a du caractère et sait ce qu’elle veut « elle ne se laisse pas faire la pomme » (v8). Le poète modifie l’expression « elle a plus d’un tour dans son sac » pour la faire correspondre avec le personnage de la pomme « et plusieurs tours dans son sac de pomme/la pomme » (v11-12). Elle déteste le fait que le poète la représente comme un modèle de peinture et non comme un fruit. C’est pourquoi, à la fin du poème, la pomme remercie Picasso de l’avoir mangé, par l’emploi du discours direct vers 48-49 « et Picasso mange la pomme/et la pomme lui dit Merci ». Mais ce récit a aussi une visée didactique. La situation finale de ce conte « et le peintre arraché à ses songes/comme une dent/ se retrouve tout seul devant sa toile inachevée/avec au beau milieu de sa vaisselle brisée/les terrifiants pépins de la réalité » joue le rôle de la morale. Le peintre de la réalité est déboussolé. L’auteur explique par cette terrible fin pour le poète, qu’il vaut mieux être surréaliste, et que le réalisme mène à l’échec. L’auteur s’exprime avec légèreté et simplicité, mais surtout avec un humour propre à lui. Il affectionne particulièrement les jeux de mots, s’amuse en associant des idées entre elles, et a une passion pour l’ironie. Tout d’abord, le poème est orné de jeux de mots. En effet, le poète a recours à des paronomases, comme au vers 17-19 « duc de Guise », « se déguise », « fruit déguisé ». Cet paronomase montre l’étourdissement du peintre. D’autres paronomases sont aussi présentes dans le texte « réalité » et « réaliser » (v21-22), ou encore « espalier » et « escalier » (v32). On retrouve aussi un nouveau mot inventé par l’auteur « redoutabilité », qui lui permet de construire le vers 27 « bienfaisante et charitable et redoutable de bienséance de charité et de redoutabilité » où il joue sur les sonorités et emploi des adjectifs et des substantifs de la même famille. De plus, il a recours à des polysémies comme au vers 56 le terme « pépins » qui peut désigner dans un sens les pépins de la pomme, mais dans l’autre, dans un langage plus familier, les problèmes rencontrés par le peintre en essayant de représenter la réalité « les terrifiants pépins de la réalité ». On retrouve aussi une contrepèterie « le serpent du jeu de Paume le serment du Jus de pomme » lorsque le poète évoque les références qui viennent à l’esprit du peintre. uploads/Litterature/ commentaire-promenade-de-picasso-prevert.pdf

  • 28
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager