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Retrouver ce titre sur Numilog.com LES MARTYRS DE BOKASSA Retrouver ce titre sur Numilog.com COLLECTION « L'HISTOIRE IMMÉDIATE » DIRIGÉE PAR JEAN-CLAUDE GUILLEBAUD CE LIVRE A ÉTÉ ÉDITÉ SOUS LA DIRECTION DE JEAN-LUC POUTHIER Retrouver ce titre sur Numilog.com ANDRÉ BACCARD LES MARTYRS DE BOKASSA ÉDITIONS DU SEUIL 2 7 , r u e J a c o b , P a r i s V I e Retrouver ce titre sur Numilog.com ISBN 2 - 0 2 - 0 0 9 6 6 9 - 2 © ÉDITIONS DU SEUIL, JUIN 1987 La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation col- lective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque pro- cédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Retrouver ce titre sur Numilog.com « Il n'y a pas de mal plus grand, qui ait des suites si funestes, que la tolérance d'une tyrannie qui la perpétue dans l'avenir. » Montesquieu « Le tombeau des héros est le cœur des vivants. » Malraux Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com A v a n t - p r o p o s J'ai entrepris d'écrire cet ouvrage en 1982 à la demande de nombreux Centrafricains qui avaient souffert sous le régime de Jean-Bedel Bokassa. J'effectuais alors une mission dans leur pays. Ils craignaient de voir les tourments qu'ils avaient vécus et surtout le calvaire et le sacrifice des martyrs s'effacer des mémoires et ne plus pouvoir être relatés lorsque ceux qui en avaient été les témoins auraient disparu. Les victimes du régime désiraient aussi que ces événements fussent exposés par une per- sonne qui n'y eût pas été mêlée et qui ne pût être soupçonnée de parti pris dans les querelles internes ou les rivalités ethniques. Si des procès avaient eu lieu en 1980 et 1981 pour sanctionner les crimes ou méfaits de Bokassa et de ses acolytes, si une com- mission d'enquête internationale formée de magistrats africains s'était penchée pendant quelques jours sur les événements d'avril 1979 et si des journalistes avaient révélé des agissements parvenus à leur connaissance, tout avait été fait trop rapidement ou de manière fragmentaire. Il restait de grandes zones d'ombre et d'autres où régnaient la confusion et la contradiction. L'imagina- tion et les passions trouvaient là un terrain très propice pour se répandre et, plusieurs années après la chute de Bokassa, beau- coup en arrivaient à se demander ce qui s'était réellement passé et en quel crédit il fallait tenir tout ce que l'on racontait sur le chef d'État déchu. A l'extérieur, le doute s'était installé dans les esprits et Bokassa en profitait pour le développer. Rusé, parfait comédien, il jouait le bon père victime d'une machination politique et il y réussissait quelquefois. A toute cette opinion, il importait de montrer Retrouver ce titre sur Numilog.com Bokassa sous son vrai visage et de lui permettre de juger un tyran qui ne cachait pas son ambition de reprendre le pouvoir. L'enquête n'avait pas été simple. Certes, j'avais pu compulser les archives et étudier les dossiers judiciaires, mais dans la mesure où les unes et les autres étaient conservés. Il fallait surtout entendre les témoins de ces événements. Or beaucoup, et même parmi ceux qui les avaient éprouvés par eux-mêmes ou par leurs proches, n'aimaient pas réveiller leurs souvenirs et préféraient oublier. Je les comprenais. Il n'était pas facile de leur dire que la vérité devait être connue, qu'elle le serait de toute façon, que les gens qu'ils pleuraient méritaient de ne pas tomber dans l'oubli, que les actes d'héroïsme devaient être connus des générations futures. Et puis, il y avait ceux qui refusaient de parler parce qu'ils avaient été associés de trop près aux agissements de Bokassa ou qu'ils se reprochaient de ne pas avoir fait preuve de plus de cran. D'autres enfin avaient peur. Le souvenir du tyran était encore trop vif, la crainte qu'il inspirait trop grande pour que toute question concernant ses crimes et ses exactions ne fît surgir défiance et réticence ou ne se heurtât quelquefois à un refus tout net, et cela même chez les jeunes qui avaient subi le cachot et avaient eu la chance d'échapper à la mort en avril 1979. L'enquête ne s'était pas révélée plus aisée avec les témoins qui voulaient parler ou qui y consentaient, et qui étaient tout de même l'immense majorité. L'imprécision, la confusion, la contra- diction sont l'apanage de tous les témoins du monde ; j'ai essayé de les prévenir ou de les déceler par la confrontation, les recoupe- ments, la vérification à partir de faits sûrs. J'avais terminé l'essentiel de mes recherches et j'arrivais au terme de mon ouvrage quand la nouvelle éclata : Bokassa était rentré dans son pays. Dès lors, à moins qu'il ne reprît le pouvoir, ce qui était probablement son intention, il devait comparaître devant ses juges. Un nouveau procès eut lieu effectivement et ce fut le grand déballage tant attendu, inespéré, de tout un peuple : victimes qui accouraient pour accuser avec véhémence et demander des comptes à l'homme dont elles n'auraient pas osé croiser le regard, pour cer- taines d'entre elles, quelques années auparavant, témoins ou per- Retrouver ce titre sur Numilog.com sonnes mises en cause portés vers le prétoire par la pression popu- laire dès que leur nom était dévoilé à la barre et diffusé à la radio. L'accusé, quant à lui, s'était retranché dans un système de défense et s'y tenait, bien qu'il fût souvent malmené et acculé devant l'évidence. Bokassa ne savait rien, un chef d'État n'entre pas dans les « détails ». Des morts à la prison de Ngaragba ? Il les ignorait, maintenant il les déplorait. Il n'en avait jamais ordonné l'exécution : celle-ci était sans doute le fait de ses ennemis qui voulaient déstabiliser son régime. A l'abri de leur maître, les quelques éléments exécuteurs en macabres besognes n'ont pu être inquiétés, encore moins dévoilées les circonstances de leurs crimes, et les familles ne savent toujours pas où ont été ensevelies les dépouilles de leurs disparus. Cela doit être pour elles une nouvelle déception, apparemment définitive cette fois. A la lumière des précisions supplémentaires que j'ai recueillies dans ce procès, j'ai achevé mon ouvrage. Que l'on ne compte pas y trouver un essai de politique centrafricaine ou franco-centrafri- caine, encore moins quelque anecdote relative à des controverses qui ont défrayé la chronique. Je rapporte l'histoire d'une immense souffrance. Elle se suffit à elle-même. Je dois préciser que je n'ai pas tout dit. J'ai omis certains faits parce qu'ils concernent des personnes vivantes. D'autres fois, j'ai tu des noms par souci d'indulgence envers des faiblesses, critica- b certes, mais le lecteur observera combien il était difficile de résister à une telle tyrannie qui, si elle ne vous atteignait pas per- sonnellement, était répercutée sur vos proches. Ce livre se veut une première ébauche livrée à la connaissance et à la critique. Si j'ai commis des erreurs, que l'on me pardonne et qu'on me le dise. Il reste beaucoup à faire, des ombres et des mystères à percer. Je ne doute pas que cet ouvrage suscitera d autres témoignages, d'autres précisions sur cette histoire dou- loureuse et souvent héroïque de la jeune République centrafri- caine. Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com 1 LA PRISE DU POUVOIR (1966-1969) Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com 1 La nuit de la Saint-Sylvestre Déjà retentissent les stridences annonciatrices de fête, des musiques de bar rythmées par les sons sourds et obsédants des tam-tams qui affluent des lointains. Une camionnette s'arrête devant les boutiques et les grands magasins de la ville et, dans la chaleur de l'après-midi, le gendarme Didace Ndayen charge vivres, vins et alcools à côté d'une chaîne et d'une pile de disques. L'année 1965 s'achève et ce soir, à Bangui, officiers et fonction- naires doivent se retrouver au camp de la gendarmerie pour réveillonner et danser. Chacun a payé sa contribution et la nuit promet d'être gaie. L'adjudant-chef Otto a disposé des palmes du côté de la rue pour mettre les participants à l'abri des curieux. Passant par là, le commandant François-Sylvestre Sana manifeste son écœurement à la vue de tant de caisses d'alcool et proteste auprès des organisateurs. Il a été formé au diaconat par un pas- t marseillais, M. Lejeune, et a fondé à Bangui une association de lutte contre l'alcoolisme. Franc et limpide, de sa haute taille il se fait volontiers sermonneur et s'en prend aux cinq maux qui, selon lui, ruinent le pays : « Le diamant, l'alcoolisme, le taba- g le fonctionnarisme et l'inconscience professionnelle. » Un homme se réjouit à la vue de la liesse qui s'est emparée de la ville, et sans doute est-ce en fonction d'elle qu'il a décidé d'agir en cette soirée de fête. Le colonel Jean-Bedel Bokassa, chef d'état-major général uploads/Litterature/ les-martyrs-de-bokassa.pdf

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