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99 Sun-nyeo Kim Doctorante, Université de Strasbourg sunnyeo_kim@hotmail.com one may observe that characters vary between Europe and Asia because of their cultures: the meeting of two different genders vs the confrontation of the weak with the strong, individualization vs communitarianism, triviality vs sublimation. Keywords: type AT n° 333 tale; Little Red Riding Hood; folktale; picture book; illustrations En France, deux albums d’un même conte coréen, classé conte type AT n° 333 par Paul Delarue1 et Alan Dundes2, comme Le Petit Chaperon rouge, – Conte du Soleil et de la lune3 et Frère Lune et Sœur Soleil4 – ont été récemment publiés. Par ailleurs, différentes versions du Petit Chaperon rouge dans le monde ont été publiées pour les enfants en 20085. À travers cette occasion de découverte offerte par la publication, il est possible de comparer les versions différentes entre Europe (France6 et Allemagne7) et Asie (Chine8, Corée9 et Japon10) : en partant d’une comparaison entre versions françaises et versions coréennes à travers des transpositions populaires sous forme d’albums, il est possible d’examiner les variantes des pays voisins. Pour le corpus, cinq albums coréens différents du Conte du Soleil et de la lune Synergies France n° 7 - 2010 pp. 99-106 Une comparaison entre les versions européennes et les versions asiatiques pour le conte type du Petit Chaperon rouge Résumé : À travers les mêmes motifs (la rencontre entre animal et femme, la dévoration et le déguisement, la fuite) dans les différentes versions (France, Allemagne, Chine, Corée, Japon) du conte type AT n° 333 de l’histoire du Petit Chaperon rouge, on observe des différences de caractère entre l’Europe et l’extrême Orient à travers leurs cultures : rencontre de deux sexes différents/ confrontation entre deux êtres, un faible et un fort, individualisation/ communautarisme, ordinaire / sublimation. Mots-clés : conte type AT n° 333 ; Petit Chaperon rouge ; conte populaire ; album ; illustrations Abstact: Via the same motifs (the meeting between animal and woman, devouring and disguise, escape) of different versions (France, Germany, China, Korea, Japan) of the AT 333-type tale of the Little Red Riding Hood, 100 ont été choisis : trois de ces albums n’ont pas été traduits en français, parmi cinq existants11. Pour compléter le tableau, des références, pour les versions différentes, ont été prises dans Histoires du Petit Chaperon rouge racontées dans le monde et Sur les traces du Petit Chaperon rouge, un itinéraire dans la forêt des contes12 de Pierre Erny, et dans la réécriture de Ed Young, Lon Po Po13. Avant de comparer ces versions, pour les lecteurs qui ne connaissent pas les versions asiatiques, faisons un résumé sommaire : une mère très pauvre vit avec plusieurs enfants (trois filles ou un garçon et une fille). Un jour, elle part au travail et sur le chemin du retour, alors qu’elle rapporte de la nourriture (gâteaux de riz ou galette de riz, etc.) pour ses enfants qui l’attendent, elle rencontre un animal (la figure du tigre ou du léopard ou du démon, etc.). Le tigre lui demande la nourriture et puis la dévore. Il se déguise ensuite en mère et se rend à la maison. Il réussit à pénétrer dans la maison mais les enfants se rendent compte que ce n’est pas leur mère et finalement se sauvent du danger grâce à leur ingéniosité. Dans quelle mesure considère-t-on que ces deux contes du Petit Chaperon rouge et de Frère Lune et Sœur soleil relèvent d’un même conte-type ? Pour répondre à cette question, nous analyserons les motifs semblables de ce récit, d’abord la rencontre entre l’animal et la femme, puis la dévoration et le déguisement et enfin la fuite, qui montrent des caractères différents selon la culture du pays. 1- Rencontre entre l’animal et la femme Dans Le Petit Chaperon rouge, l’héroïne, une fillette, rencontre le loup dans la forêt en allant chez sa grand-mère malade : l’intrigue se déroule en deux séquences, dehors et dedans. Mais pour les versions asiatiques comme Soleil et Lune l’intrigue se déroule en trois séquences, dehors, dedans et encore dehors (sur l’arbre) : dans la première séquence, c’est la mère qui rencontre l’animal sur les collines de la montagne. La rencontre est renforcée par la présence de deux êtres opposés, un faible et un fort, le peuple et le pouvoir. La mère symbolise le peuple exploité14, elle ne fuit pas devant le tigre, le pouvoir absolu, même si elle est en danger et perd tout (la nourriture, ses vêtements et enfin son corps) pour rentrer à la maison où l’attendent les enfants dans les versions coréennes. Ces dernières décrivent l’image de la mère sacrifiée au début du conte. On trouve encore facilement cette image du sacrifice de la mère comme un bon modèle dans la société coréenne d’aujourd’hui. Cependant, dans les versions européennes, le rôle de la mère est moins important. Cependant, c’est elle qui met sa fille en danger , comme un abandon, en lui demandant d’apporter la nourriture à sa mère malade, qui habite « au plus profond de la forêt ». C’est pourquoi Alan Dundes interprète la situation comme un conflit entre deux générations, fille et mère. Dans cette ambiance d’abandon, la rencontre entre fille et loup peut être vue comme la rencontre des deux sexes. Depuis Gustave Doré pour la version de Perrault, et Lisbeth Zwerger pour la version de Grimm, beaucoup d’illustrateurs interprètent la rencontre comme une scène de séduction. La rencontre entre la mère et le tigre dans les versions asiatiques détermine une confrontation de deux êtres, un faible et un fort, féroce. Mais la rencontre entre la fille et le loup dans les versions européennes ne peut pas se déterminer Synergies France n° 7 - 2010 pp. 99-106 Sun-nyeo Kim 101 seulement comme rencontre avec un méchant loup, à cause des caractères ambigus du loup et du Petit Chaperon rouge. 2- La dévoration et le déguisement Le loup dévore la grand-mère et il se déguise en elle, ensuite il dévore le Petit Chaperon rouge. La version de Perrault se termine tragiquement par la dévoration. La version de Grimm finit par un happy end où le chasseur les sauve dans le ventre du loup. Dans les versions asiatiques, le tigre dévore la mère, se déguise et joue son rôle. Ensuite il va chez elle pour prendre ses enfants. Il mange d’abord le bébé mais les grandes se sauvent dans certaines versions. Pour ce motif, beaucoup de psychanalystes comme Verena Kast15 ou Marie- Louise Von Franz16 interprètent le loup comme n’étant pas seulement l’ennemi ou l’opposant du Petit Chaperon rouge mais aussi comme une Grande Mère ou l’Animus, l’image inconsciente de l’homme dans une femme agressive et dure, selon la théorie de Karl Gustav Jung. Cela correspond aux caractères ambigus du loup, le symbole de la lumière et du sombre, qui est représenté à la fois comme positif et négatif. Pour le conte Soleil et Lune, Bou-young Lee, psychanalyste coréen, explique aussi que le tigre est l’Animus, l’image de la mauvaise mère17, l’opposé de la mère protectrice. Comme dans beaucoup d’autres contes, dans Cendrillon par exemple, l’héroïne doit résister aux épreuves de sa marâtre, mauvaise mère, après avoir perdu sa vraie mère ; l’image de bonne mère apparait en fée dans les versions européennes ou en vache dans les versions asiatiques, pour aider l’héroïne à grandir et se transformer. Dans les versions coréennes, le tigre ne dévore pas d’emblée le corps entier de la mère. Dans les collines de la montagne, il menace la mère en disant : « Donne-moi un gâteau de riz, ou je te dévore toute crue ! ». En répétant cette phrase, le tigre prend tous les gâteaux de riz et ensuite demande chaque membre du corps de la mère. Cette répétition horrifie les lecteurs. Jae-eun No18, chercheur sur le conte, montre que les membres déchirés du corps de la mère signifient le fragment du soi selon la théorie de Lacan. Dans les albums coréens, cette scène cruelle disparait ou réapparait selon l’auteur, l’illustrateur ou l’éditeur. L’illustratrice Joo-hyun Nam montre dans un style grotesque les détails du corps déchiré de la mère selon le texte de Young-man Park, publié en 1940, après qu’il eut collecté cette version avec d’autres contes dans les années 20-30 : « Donne-moi aussi ton autre bras que tu as, dit le tigre. – Comment pourrais-je porter mes enfants sans mon bras droit ?, répond la mère19. » Dans cette version, la scène de déchirement du corps de la mère est répétée et énumérée à travers la conversation entre le tigre et la mère. La cruauté du tigre et la peur augmentent par la répétition. À travers cette scène, on voit la grande volonté de la mère qui ne se décourage pas et rentre à la maison pour ses enfants malgré son corps déchiqueté. Mais le tigre ressemble à une image de chat agressif. Son geste imitant maladroitement la mère et son regard provoquent le rire chez les lecteurs, la peur est réduite par les illustrations. Cependant dans l’album de Sung-min Kim, cette scène est traduite par uploads/Litterature/ comparaison-entre-les-versionseurope-enes-et.pdf

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