Des mêmes auteurs Noël Mamère : Sarkozy, mode d’emploi, Ramsay, 2006. Ma Républ

Des mêmes auteurs Noël Mamère : Sarkozy, mode d’emploi, Ramsay, 2006. Ma République, Le Seuil, 1999. Patrick Farbiaz : Lettres rebelles, Le passager clandestin, 2014. Désobéir au colonialisme, Le passager clandestin, 2013. Comment manipuler les médias, Denoël, 1999. Noël Mamère et Patrick Farbiaz : Petits Arrangements entre amis, Jean-Claude Gawsewitch, 2009. La Tyrannie de l’émotion, Jean-Claude Gawsewitch, 2008. Dangereuse Amérique. Chronique d’une guerre annoncée, Ramsay, 2003. La Fracture humaine, Le Seuil, 2002. La Vie rêvée du loft, Ramsay, 2001. Couverture : Thierry Oziel Maquette : Stéphanie Lebassard © Les petits matins, 2014 31 rue Faidherbe, 75011 Paris www.lespetitsmatins.fr ISBN : 978-2-36383-169-9 Diffusion Seuil Distribution Volumen Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Introduction Le bréviaire identitaire du néoréac Première partie. Le prêt-à-penser façon Zemmour La fabrique du déclin « C’était mieux avant » ou la nostalgie fataliste Un livre fondé sur la peur La haine de Mai 68 La manipulation idéologique du passé Le retour de la morale en politique La rhétorique selon Zemmour Deuxième partie. Les obsessions d’Éric L’essentialisme La cinquième colonne immigrée La femme comme ennemie intérieure de l’homme Les sans-couilles et la féminisation de l’homme blanc Le juif ashkénaze et le retour du pétainisme L’enfer des bobos Les djihadistes verts et leur chef de file, Dany le rouge Troisième partie. La guerre idéologique est déclarée Zemmour, le pollueur d’âmes La gauche et la guerre culturelle Le cosmopolitisme comme un nouvel humanisme Conclusion En finir avec la contagion Zemmour Introduction Le bréviaire identitaire du néoréac « Maurras exalta jadis les quarante rois qui ont fait la France ; il nous faut désormais conter les quarante années qui ont défait la France. » Le Suicide français, p. 16. Un vent mauvais souffle sur la France, emportant tout sens de la mesure. Comme si tous les tabous et les totems avaient disparu de notre horizon. Du café du commerce aux chaînes de télévision, la haine recuite, la rage, le ressentiment se lâchent contre l’autre, l’étranger, l’immigré, l’Arabe, le Noir, le musulman, mais aussi l’homosexuel, la femme, le jeune, l’artiste contemporain, le « faux » chômeur, l’assisté, le paysan bio et l’ouvrier précaire. L’année 2014 restera-t-elle dans l’histoire politique de la France comme celle du grand basculement ? L’année où, dans la rue, les urnes et les médias, la droite populiste est devenue majoritaire dans l’opinion ? L’émergence d’une crise politique sans précédent de la gauche et de la droite de gouvernement, la montée irrésistible du FN aux élections municipales, européennes et sénatoriales, la Manif pour tous et sa croisade homophobe, l’explosion fasciste du mouvement Jour de colère le 26 janvier, les journées de retrait de l’école contre les « ABCD de l’égalité », la création de Réconciliation, le parti d’Alain Soral et de Dieudonné, les attaques racistes contre les ministres Christiane Taubira et Najat Vallaud- Belkacem, etc., ont formé un précipité qui rappelle à beaucoup le climat délétère des années 1930. Dans ce contexte, Le Suicide français d’Éric Zemmour1, un pavé de 534 pages, occupe une place de choix. En se vendant à des centaines de milliers d’exemplaires, rejoignant les chiffres de vente du best-seller de l’ex-première dame Valérie Trierweiler, il suscite un débat public sans précédent sur l’identité, l’histoire et les valeurs de la France contemporaine. Pourquoi ce qui n’est somme toute qu’un gros pamphlet réactionnaire suscite-il cet engouement ? C’est qu’il répond à la désorientation idéologique par une affirmation identitaire reposant sur des présupposés simplistes mais efficaces. Le Suicide français est composé de trois parties principales explorant chaque décennie de l’histoire de 1970 à 2008. Au fil de soixante-dix-neuf sous-chapitres, dont chacun est consacré à un événement symbolique, il revisite la Ve République à travers des entrées politiques, économiques, sociales, culturelles ou sportives. Tout y passe : la chanson française, le rap et le rock’n’roll, le cinéma, le football, les séries télévisées, les commémorations et les faits divers. Les démonstrations zemmouriennes se nourrissent de rappels au passé et ont pour vocation de fournir un roman national au néoconservatisme français. Ce long décorticage, souvent redondant, repose sur des leitmotivs oscillant entre leçons de morale pétainiste, vérités révélées et fantasmes obsessionnels. La France se meurt dans une longue déchéance, rythmée par les renoncements successifs d’élites dépravées. Ces « traîtres » auraient livré le pays aux multinationales étrangères qui contrôlent notre économie, tandis que le grand remplacement des Français de souche par les immigrés arabes, noirs et musulmans déboucherait sur une « halalisation » du pays. Ce bradage de l’identité nationale serait facilité par la faiblesse coupable d’hommes transformés en femmes par quarante années de féminisme et d’homosexualité propagés par les médias, en particulier la télévision. Zemmour n’est pas simplement un sous-Finkielkraut. Son livre a une fonction politique et idéologique précise : créer les conditions d’un néoconservatisme à la française. Ce n’est pas la première fois qu’Éric Zemmour développe ces thèses. Il publie régulièrement des compilations de ses chroniques2, des essais3 et même des romans. Il prend un malin plaisir à pratiquer des dérapages de moins en moins contrôlés. Ainsi, le 6 mars 2010, dans l’émission de Thierry Ardisson « Salut les Terriens », sur Canal+, il avance que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ». Le même jour, sur France Ô, il ose expliquer que les recruteurs « ont le droit [de ne pas embaucher] des Arabes et des Noirs… C’est la vie ». Il est condamné dans les deux cas pour provocation à la discrimination raciale, mais rien ne l’arrête dans l’exaltation des pulsions sexistes, homophobes, racistes et xénophobes. Il est ainsi le premier à poursuivre de sa vindicte, le 23 mai 2012 sur RTL, la nouvelle ministre de la Justice, Christiane Taubira : « Elle a choisi ses victimes – les femmes, les jeunes – et ses bourreaux – les hommes blancs. » « Christiane Taubira sait aussi redevenir douce et compatissante, compréhensive, une maman pour ses enfants. Ces pauvres enfants qui volent, trafiquent, torturent, menacent, rackettent, violentent, tuent aussi, parfois. » Avec la polémique sur Pétain « sauveur de juifs français », Éric Zemmour franchit une nouvelle étape, celle du révisionnisme historique. Mais, après tout, ne considère-t-il pas que « le comique Dieudonné » fait preuve d’une « talentueuse truculence désacralisatrice » quand ce dernier remet « le prix de l’infréquentabilité » au négationniste Robert Faurisson ? On ne peut cependant réduire Le Suicide français à son tissu de bêtises réactionnaires, à ses anecdotes prises au hasard, ni au buzz créé par cette provocation sur le maréchal Pétain. Il faut au contraire le prendre au sérieux, comme le font ces lecteurs pour qui il est devenu un bréviaire de leur exaspération devant une société qu’ils ne comprennent pas et qui ne les entend plus. Car le succès de ce livre est, en soi, un symptôme. À sa manière, Zemmour répond aux interrogations légitimes de ceux qui cherchent à comprendre comment la France de leur enfance a pu dériver aussi rapidement, comment tout ce qui faisait société, tout ce qui avait un sens dans leur vie intime, s’est dilué en l’espace de quelques décennies. Il donne une grille de lecture de ces changements que des millions de personnes ont subis sans les avoir maîtrisés. En relisant notre histoire à la lueur d’une idéologie d’inspiration maurassienne et vichyste, il restitue la vision de ce qu’il appelle le « suicide français ». Sur le thème général du « c’était mieux avant », il traduit l’angoisse, les craintes, la détresse – voire l’épouvante – qui saisissent une partie des Français devant la modernité capitaliste, la mondialisation, l’immigration, le féminisme, les modes de vie différents. Il se revendique porte-parole des traditionalistes, au sens originel du terme. Il crie sa détestation de Mai 68, qui a introduit son venin dans tous les pores de la société, à commencer par la féminisation et l’homosexualité, responsables de la dévirilisation des hommes. En nous livrant, dans le plus pur style de la théorie du complot, une histoire de la France contemporaine qui part d’exemples de mythologies barthiennes issus du cinéma, de la télévision, de la littérature, de la philosophie ou de la chanson de variétés, Éric Zemmour nous propose un grand récit collectif de la France sur le mode « anti-système ». Pourtant celui qui écrit au Figaro magazine, émarge à RTL, à Paris-Première et à i- Télé est tout sauf extérieur à la classe politico-médiatique. Il en est même un des représentants les plus titrés, il en maîtrise tous les codes. Et les médias le lui rendent bien, qui jouent avec cynisme les saintes-nitouches devant ce provocateur né. L’homme est d’autant plus dangereux qu’il n’y a personne pour lui répondre. Et c’est ainsi que ce néoconservateur peut tranquillement se faire passer pour le représentant des sans-voix. C’est de l’usurpation d’identité ! C’est la raison pour laquelle nous avons choisi d’écrire ce livre. En tant qu’écologistes, nous sommes mieux outillés que quiconque pour répliquer à Éric Zemmour. À ses yeux, nous représentons le mal absolu. Fils de Mai 1968, qu’il honnit, nous uploads/Litterature/ contre-zemmour-reponse-au-suicide-francais.pdf

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