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HENRY CORBIN Corps spirituel et Terre céleste i I" ' . ;.., .. J :d ':'I . , '" '. : {i ' "., , \1'"-.. r. ..... t-! j. '" . ',' ,. J l ' tr. [J, '''' . 1 i.A.'... ':' . : . l "f ) 1 . {" .' ,. . . . . ,,, - ., . \ " Il l, il Kt . ; .J , Jo _ a", 1 ('.. t ü' r \ . ,1 1.' r.1 . ,.. \\1 f LI . . ' ,;. , . : 1/ ,/ . f ,' , : ',II 1; :.;': I" Ihl W l . l'€.: \.' ,.j" il !" i '" .1.'4" ' \ fi. . "f ' 1 " j - l '" ' . -), "1 . /, ";'\\. - t. , . t;J>3 '; , .. ''t -,. , . ,\1\."" . . t . 1 :..,. '. ."JIfr .,.... ":' ,. -.' ! .Ai....l'; ,, '. DE L'IRAN MAZDÉEN À L'IRAN SHÎ'ITE BUCHET/CHASTEL HENRY CORBIN CORPS SPIRITUEL ET TERRE CÉLESTE DE L'IRAN MAZDÉEN À L'IRAN SHÎ'ITE Deuxième édition entièrement révisée Collection « La Barque du Soleil » dirigée par M. M. DAVY ÉDITIONS BUCHET/CHASTEL 18, rue de Condé, 7 5006 PARIS PRÉLUDE À LA DEUXIÈME ÉDITION Pour une charte de ['Imagina[ Le prologue de la première édition du présent livre porte la date de mars 1960. La cellule toute primitive du livre remonte même à une date antérieure, celle de conférences données, lors de la session de l'été 1953, au Cercle Eranos, à Ascona en Suisse. Dans ce long intervalle s'inscrit un ample développement de nos recherches. En vérité les conférences et le livre qui en amplifia lar- gement le texte, furent la première occasion d'aborder un thème qui, depuis lors, n'a cessé de se préciser pour nous et de s'imposer, d'année en année. Mais parce que nous risquions alors une pre- mière tentative dans l'exploration d'un monde qui, au regard des évidences scientifiques et positives de nos jours, se présentait comme un « continent perdu n, notre lexique pour désigner ce monde avec ses événements et sa géographie propres, n'était pas encore stabilisé. Certaines hésitations déterminèrent un certain flottement qui n'est pas sans irriter l'auteur aujourd'hui, quelles que fussent alors les circonstances atténuantes. Nonobstant ces imperfections du premier jet, le message qu'a voulu transmettre ce livre, fondé sur l'étude directe des textes, conserve à nos yeux toute sa validité et sa signification. On pour- rait écrire, certes, un autre livre sur le même thème. Mais nous ne pourrions changer quelque chose à la structure du présent livre, sans modifier l'itinéraire spirituel qu'il propose. Or cet itinéraire, à travers les âges du monde spirituel iranien, nous apparaît avec plus de précision encore, tel que nous l'avons dessiné dans ce livre. Et puis avec le temps, avec les traductions réalisées ou pro- jetées (dans le as présent en anglais, en italien, en persan), un livre finit par entrer dans le « plérôme des œuvres n, et son identité ne peut plus être modifiée. La tâche urgente était donc d'en accorder le lexique technique avec celui de nos autres livres, et d'en mettre à jour les références 8 CORPS SPIRITUEL ET TERRE. CÉLESTE aux recherches poursuivies depuis lors. Notre vœu était que ce livre pût ainsi devenir comme une introduction à ces recherches, puis- qu'il fut à leur point de départ. M. Guy Buchet combla ce vœu par son amicale proposition de procéder à une nouvelle édition. Il nous est apparu à l'un et à l'autre qu'une simple inversion du titre serait heureuse. La première édition portait comme titre: « Terre céleste et corps de résurrection n. Celle-ci est intitulée : « Corps spirituel et Terre céleste n. C'est aussi bien la forme du titre qui a été retenue pour la traduction anglaise 1. >:0 * * Récapitulons, pour guider le lecteur, les intentions et les grands thèmes de ce livre. Il s'agit de pénétrer dans cet univers mystique que désignent chez nos auteurs, des expressions telles que « hui- tième climat n (par rapport aux sept climats du monde terrestre), ou « Monde des cités mystiques de Jâbalqâ, Jâbarsâ et Hùrqa- lyâ n, etc. Pour situer cet univers, le moyen le plus direct est peut- être de situer le vide que marque son absence. Il ya longtemps, nous le redirons ci- dessous, que la philosophie occidentale, disons la philosophie « officielle n, entrainée dans le sillage des sciences positives, n'admet que deux sources du Connaitre. Il y a la perception sensible, fournissant le..; données que l'on appelle empiriques. Et il y a les concepts de l'entende- ment, le monde des lois régissant ces données empiriques. Certes, la phénoménologie a modifié et dépassé cette gnoséologie simpli- ficatrice. Mais il reste qu'entre les perceptions sensibles et les intuitions ou les catégories de l'intellect, la place était restée vide. Ce qui aurait dû prendre place entre les unes et les autres, et qui ailleurs occupait cette place médiane, à savoir l'Imagination active, fut laissé aux poètes. Que cette Imagination active dans l'homme (il faudrait dire Imagination agente, comn\e la philoso- phie médiévale parlait de l'Intelligence agente) ait sa fonction noétique ou cognitive propre, c'est-à-dire qu'elle nous donne accès à une région et réalité de l'Ètre qui sans elle nous reste fermée et interdite, c'est ce qu'une philosophie scientifique, rationnelle et raisonnable, ne pouvait envisager. Il était entendu pour elle que l'Imagination ne sécrète que de l'imaginaire, c'est- à-dire de l'irréel, du mythique, du merveilleux, de la fiction, etc. À ce compte, il ne reste aucun espoir de retrouver la réalité sui generis d'un monde suprasensible, qui n'est ni le monde empirique des sens ni le monde abstrait de l'intellect. Aussi nous était-il, depuis longtemps, apparu radicalement impossible de retrouver la réalité actuelle, nous voulons dire la réalité en acte, propre au « monde de l'Ange n, réalité qui est inscrite dans l'Ètre même, PRÉLUDE À LA DEUXIÈME ÉDIT/ON 9 non point un mythe dépendant d'infrastructures socio-politiques ou socio-économiques. Impossible de pénétrer, comme on pénètre en un monde réel, dans 1 univers de l'angélologie zoroastrienne dont le premier chapitre du présent livre décrit certains aspects. Nous en dirions autant à propos des angélophanies de la Bible. La clef de ce monde comme monde réel, qui n'est ni le monde sensible ni le monde abstrait des concepts, nous l'avons cherchée longtemps, comme jeune philosophe. C'est en Iran même que nous devions la trouver, aux deux âges du monde spirituel iranien. C'est pourquoi les deux parties de ce livre sont étroitement solidaires et interdépendantes. Ce qui caractérise la position de ceux qui sont appelés les « Platoniciens de Perse n, les Ishrâqîyûn de la lignée spirituelle de Sohravardî (XIIe siècle), c'est un schéma des mondes contrastant radicalement avec le dualisme que l'on vient de rappeler. Un constraste dû essentiellement au fait que leur gnoséologie, étran- gère à ce dualisme, fait place, comme à la puissance médiatrice nécessaire, à la puissance imaginative, à cette Imagination agente qui est « imaginatrice n. Elle est une faculté cognitive de plein droit. Sa fonction médiatrice est de nous faire connaître de plein droit la région de 1'1!.tre qui, sans cette médiation, resterait région interdite, et dont la disparition entraîne une catastrophe de l'Es- prit, dont nous n'avons pas encore mesuré toutes les conséquences. Elle est essentiellement puissance médiane et médiatrice, de même que l'univers auquel elle est ordonnée et auquel elle donne accès, est un univers médian et médiateur, un intermonde entre le sensible et l'intelligible, intermonde sans lequel l'articulation entre le sensible et l'intelligible est définitivement bloquée. Alors les pseudo-dilemmes s'agitent dans l'ombre, l'issue leur ayant été close. L'Imagination active ou agente n'est donc nullement ici un outil à sécréter de l'imaginaire, de l'irréel, du mythique, de la fiction. Et c'est pourquoi il nous fallait absolument trouver un terme qui dif- férenciât radicalement de l'imaginaire l'intermonde de l'Imagina- tion, tel qu'il se présente à nos métaphysiciens iraniens. La langue latine est venue à notre secours, et l'expression mundus imaginalis est l'équivalent. littéral de l'arabe 'âlam al- mithâl, al- 'âlam al- mithâlî, en français le « monde imaginai n, terme-clef sur lequel nous hésitions lors de la première édition de ce livre. (Les termes latins ont l'avantage de fixer les thématisations, en les préservant des traductions aléatoires. Nous en ferons bon usage ici,) Un monde ne peut surgir à 1'1!.tre et au Connaître tant qu'il n'a pas été nommé et dénommé. Ce terme-clef, mundus imaginalis, commande tout le réseau des notions s'ordonnant au niveau précis de l'1!.tre et du Connaître qu'il connote: perception imaginative, connais- 10 CORPS SPIRITUEL ET TERRE CÉLESTE sance imaginative, conscience imaginative. Alors que nous consta- tons, en d'autres philosophies ou spiritualités, une défiance à l'égard de l'Image, une dégradation de tout ce qui ressortit à l'Imagination, le mundus imaginalis en est en quelque sorte ici l'exaltation, parce qu'il est l'articulation en l'absence de laquelle se disloque le schéma des mondes. Nos auteurs nous répètent uploads/Litterature/ corps-spirituel-et-terre-celest-inconnue.pdf

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