Proposition de correction pour l’explication linéaire n°3 - « Le Pain » de Fran

Proposition de correction pour l’explication linéaire n°3 - « Le Pain » de Francis Ponge Francis Ponge est un écrivain français du XXème siècle. Ne se considérant pas lui-même comme un poète, ni comme appartenant au moindre mouvement poétique, il est à l’origine d’une poésie de l’objet que l’on retrouve dans son oeuvre Le Parti Pris des Choses publiée en 1942. Ce recueil regroupe des poèmes en prose, qui pourraient s’apparenter à des définitions de dictionnaire puisque Ponge définit et décrit des « choses » à priori banales et insignifiantes, normalement ignorées en poésie. C’est le cas par exemple du « Pain » puisque dans ce poème Francis Ponge décrit à la loupe le pain sa surface, sa transformation lors de la cuisson et la mie. Nous pouvons alors nous demander comment Ponge parvient à transformer cet aliment du quotidien en sujet poétique. Nous étudierons dans un premier temps la description méliorative de la croûte du pain qui est associée aux montages, des lignes 1 à 3. Nous verrons ensuite la manière dont le poète associe tout d’abord la cuisson du pain à la création de la terre des lignes 4 à 7, puis l’association entre la mie et la végétation qui fane et se détruit des lignes 8 à 11. Enfin, dans les deux dernières lignes du texte, nous verrons comment Ponge opère un brusque retour à la réalité banale de l’aliment. Francis Ponge ouvre son poème sur le pain en commençant par décrire de manière méliorative la croûte du pain. En effet, la première ligne souligne l’émerveillement du poète pour la croûte du pain avec l’adjectif mélioratif dans « la surface du pain est merveilleuse ». Ici le présent est utilisé comme un présent de vérité générale, Ponge affirme à quel point la surface du pain est fascinante, même si le nom « impression » lui, renvoie à une forme de subjectivité. Fascinante, comme le souligne l’adjectif « panoramique » qui devient alors hyperbolique puisque le poète utilise du vocabulaire cinématographique pour qualifier la simple croûte du pain. Ce que Ponge veut dire c’est que la surface du pain a le pouvoir de représenter à elle seule un immense paysage. C’est ce qu’affirme la comparaison de la ligne 2 « comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes ». Ici l’expression « sous la main » et l’énumération des montagnes forment une antithèse qui souligne le caractère hyperbolique de la comparaison. Mais cette comparaison est très poétique car elle permet de visualiser les pics sur la croûte du pain, mais les montagnes, que l’on associe à la neige, permettent aussi de rappeler la farine sur la surface du pain. Cette association permet de mettre en valeur le pain, dont la surface est capable de rappeler de grands éléments naturels. De plus, le fait que Ponge choisisse de citer trois chaines de montagnes présentent sur trois continents différents (Europe, Afrique puis Amérique du Sud) permet de rappeler la portée universelle du pain, qui est présent partout dans le monde. La croûte du pain est donc associée à la croûte terrestre. Ce qui est remarquable c’est que dans son poème Ponge décrit d’abord l’aspect extérieur du pain pour ensuite opérer un zoom, comme au cinéma, sur l’aliment : arrive la cuisson du pain et sa transformation dans la suite du poème. Le paragraphe suivant s’ouvre sur deux connecteurs logiques : l’adverbe « ainsi » et la conjonction de coordination « donc » (ligne 4). Ces deux connecteurs font écho au premier connecteur logique de la ligne 1 « d’abord » et prouvent que la description du pain est méticuleuse et organisée. Après avoir décrit la surface du pain, Ponge va s’intéresser de très près à sa cuisson qu’il va décrire étape par étape. En effet, l’adjectif « amorphe » dans le GN « masse amorphe » ligne 4 fait référence à la boule de pâte, avant la cuisson que l’on vient alors mettre dans le four. Et c’est ce que sous-entend le verbe « fut glissée » et le complément circonstanciel de lieu « dans le four stellaire ». Arrive ensuite la cuisson et la transformation du pain avec les verbes « durcissant » et « s’est façonnée » ligne 5. Le participe présent et précédemment l’expression « en train » sous-entendent que Ponge nous fait assister en direct à la transformation du pain. Puis le verbe « façonnée » lui, rappelle le travail manuel du boulanger sur la forme du pain. Enfin, ligne 6 les noms « lumière » et « feux » font référence à la chaleur dans le four. Cependant Ponge nous invite à reconsidérer la cuisson du pain et l’associe, à travers plusieurs termes, à la création de la terre. Tout d’abord, le GN « masse amorphe » l.4 peut être considéré comme la terre avant sa création. La forme passive du verbe « fut glissée » est intéressante car elle peut faire référence à une force supérieure, un dieu, qui agirait pour créer la planète. D’ailleurs le groupe prépositionnel « pour nous » renforce cette idée. Mais c’est évidemment l’adjectif « stellaire » dans le GN « four stellaire » qui sur 1 3 Proposition de correction pour l’explication linéaire n°3 - « Le Pain » de Francis Ponge confirme cette association entre la cuisson du pain et la création de la terre puisque l’adjectif renvoie aux étoiles. Le four serait alors l’équivalent de l’univers dans lequel va se former la terre. Puis, l’énumération d’éléments naturels à la ligne 5 « vallées, crêtes, ondulations, crevasses… » renvoie alors à la diversité du paysage terrestre. La forme du pain en train de se transformer dans le four et ses irrégularités sont associées à la terre. Ainsi les deux noms « lumière » et « feux » ligne 6 peuvent renvoyer au soleil, et cette idée est renforcée par le verbe « couche ». Enfin, le nom « regard » ligne 7 laisse penser qu’il s’agit alors du regard du créateur sur sa création. Qu’il s’agisse du pain ou de la terre, Ponge souligne aussi à quel point cette création est parfaite avec l’adverbe d’intensité dans « si nettement articulés » ligne 6 et le complément circonstanciel de manière « avec application ». Cette métaphore de la création n’est pas sans rappeler la Genèse (premier livre de la Bible qui fait le récit de la création du monde par Dieu en sept jours). Cependant, après avoir mis en valeur la cuisson du pain à travers cette métaphore de la création de l’univers, Ponge va opérer une réelle rupture dans la fin de son paragraphe en évoquant cette fois la mie du pain. La rupture est nette, grâce au tiret ligne 7 mais aussi avec les termes péjoratifs employés : le nom « mollesse » et les adjectifs « ignoble » et « sous-jacente ». De plus, la négation « sans un regard » souligne le fait que cette partie du pain est sans intérêt. Cette dernière phrase vient alors annoncer la suite du poème dans laquelle le poète va faire une description péjorative de la mie, avant de la comparer à une végétation éphémère. Toujours dans l’idée d’un réel zoom sur le pain, ici Ponge va s’intéresser à l’intérieur du pain, qu’il va qualifier ligne 8 de « lâche et froid sous-sol ». Ici les deux adjectifs péjoratifs traduisent le mépris du poète pour cette partie du pain. Le nom « sous-sol » montre aussi que la mie est la partie cachée, dissimulée du pain et privée de lumière. Mais le poète va tout de même prendre le temps de décrire la mie avec précision et de manière très imagée : en effet il commence par comparer la mie à des éponges avec la comparaison ligne 8 « son tissu pareil à celui des éponges » avant d’introduire une métaphore avec les « feuilles » et les « fleurs » ligne 9, puis de comparer ces dernières à des « soeurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois ». Ces trois associations successives produisent un effet de zoom progressif sur la texture de la mie et malgré le mépris affiché pour la mie, de la rendre poétique puisque la mie est associée à la végétation. Puis c’est vraiment à partir de la fin de la ligne 9 que l’on comprend d’où vient le mépris du poète pour la mie : il s’agit de la partie du pain la plus éphémère. En effet, la métaphore entre la mie et les fleurs se poursuit avec « lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent ». Avec ces trois verbes « rassit », « fanent » et « rétrécissent » puis les suivants « se détachent » ligne 10 et « devient » ligne 11, on assiste à une nouvelle transformation du pain mais cette fois dans le sens inverse du paragraphe suivant, c’est-à-dire sa destruction. Ici le poète montre que le pain est un uploads/Litterature/ correction-explication-le-pain-de-ponge.pdf

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