Séquence théâtre Andromaque Le sujet ..........................................

Séquence théâtre Andromaque Le sujet ................................................................................................................................................. 1 Compréhension .................................................................................................................................... 1 Termes du sujet ................................................................................................................................ 1 Leurs connotations ........................................................................................................................... 2 Problématisation................................................................................................................................... 2 Extrapolation .................................................................................................................................... 2 Reformulation .................................................................................................................................. 2 Elaboration du plan .............................................................................................................................. 3 I/ une pièce violente, aux frontières du supportable ........................................................................ 3 1. Le principe d’accumulation ............................................................................................... 3 2. Des images saisissantes ..................................................................................................... 3 II/ Un climat de terreur utile ............................................................................................................ 4 1. Le danger clarificateur ....................................................................................................... 4 2. La violence comme garde-fou ........................................................................................... 4 III/ un extrême très humain .............................................................................................................. 5 1. Un extrême émouvant ........................................................................................................ 5 2. Des sentiments universels .................................................................................................. 5 Le sujet Sujet de dissertation sur œuvre : L’universitaire Alain VIALA voyait en Andromaque une pièce « violente », « où le danger est partout, à toute heure » et « où le moindre mot, le moindre geste peuvent avoir des conséquences terribles ». En quoi la pièce est-elle extrême ? Compréhension Termes du sujet • Extrême • violent • terrible Leurs connotations => superlatif, hyperbolique excessif, outrancier => éprouvant pour le spectateur ? Cnrtl : https://www.cnrtl.fr/definition/ ➢ Éloignement, marge ➢ Limites ➢ Terreur, tragique ➢ Connotation négative : gravité, insupportable Problématisation Extrapolation Demander si une pièce est extrême,revient à se demander si ➔ la pièce est excessive : trop violente ? Agressive pour les yeux ? (Sauf qu’on ne voit rien) => sauf qu’on raconte plus qu’on ne montre ➔ violente ? Choque la morale ? crime de sang (mort de Pyrrhus), trahison (Pyrrhus rompt ses fiançailles avec Hermione), jalousie (Hermione, Oreste), climat menaçant (Astyanax innocent objet d’un rapt projeté, Hermione souhaite la mort de plusieurs personnages), tragédie de la guerre de Troie = catalogue des vices et des horreurs ➔ «extrême » : crimes mineurs et majeurs ? ➔ « extrême », violent tout le temps ? Andromaque prête à se sacrifier pour son fils = grande valeur susceptible d’élever moralement le spectateur (visée didactique) ➔ « Extrême » utile : relance de l’action, profondeur aux personnages, valeur pédagogique de l’exemple ultime ➔ Violence atténuée/intensifiée par l’alexandrin, par la construction de la pièce ? ➔ Récit ou bien le référent des images qui est violent (la mort des troyens par Andromaque) ? Où est la vraie violente ? Reformulation La pièce est-elle insupportable ? La pièce est-elle dissuasive ? La pièce est-elle improbable, invraisemblable ? Est-ce que l’extrême dont on parle est forcément négatif ? Cette pièce est-elle le summum/le paroxysme de la violence ? Dans quel état le spectateur sort-il de la pièce ? Quel personnage est-il le pire ? Le plus excessif ? Elaboration du plan 1 (Version semi-rédigée du corrigé) I/ une pièce violente, aux frontières du supportable 1. Le principe d’accumulation Un catalogue des horreurs : Le crime est très présent, il scande la pièce qui démarre sur les traces de la guerre (mort d’Hector), et se termine, acte V, avec les cadavres de Pyrrhus d’abord « Il est mort ? -Il expire » (V, 3) (deux fois la mort, alexandrin éclaté) puis d’Hermione ensuite évoquée en termes à peine voilée par un personnage secondaire qui est Pylade : la disparition d’Hermione a été confiée, en V, 5 à un personnage de la pièce (Pylade). On a d’autres crimes : complot (alliance maléfique entre Hermione et Oreste) évoqué dès l’acte II sc. 2, pacte relancé en IV, 3 et en V, 3. Ce sont trois scènes qui se consacrent au projet assassin. Le projet criminel occupe (de façon récurrente pour ne pas dire obsessionnel) et structure la pièce. Un même personnage porte en lui plusieurs vices : expression d’un mal hyperbolique Le mal occupent densément certains personnages qui concentrent toutes les horreurs : Oreste est précédé par sa ligne (les terribles Atrides : on y trouve comme les frères ennemis Thyeste et Atrée, mais aussi Hélène qui a causé la rivalité entre le beau Pâris et Ménélas, on y trouve Iphigénie, la fille sacrifiée, à laquelle Racine consacrera une tragédie) ; le personnage déjà marqué par la fatalité se compromet dans une suite d’actes répréhensibles : rapt d’enfant (Astyanax), assassinat de Pyrrhus et il est la fois le complice diligent mais aussi celui qui prend l’initiative (dès l’acte I, sc.2). A la fin de la pièce Oreste tombe dans un autre monde, celui de la folie : il confonde Pylade avec Pyrrhus, la fameuse allitération en -s- fait entendre que les divinités de la vengeance les Erinyes ont envahi son cerveau (« Et pour qui sont ces serpents qui sifflent… »). Le tempérament d’Oreste s’est intensifié en cinq actes : il est passé de la « mélancolie » (v.17) à la « rage » qui conclut la tragédie (v. 1648 qui est le vers final). 2. Des images saisissantes Une langue forcée La pénibilité de la pièce explique les effets d’étirement dans les dialogues, par exemple lors de la première confrontation entre Pyrrhus et Andromaque : au vers 297, Racine dilate les trois groupes successifs qui font l’alexandrin pour une former une gradation : « Seigneur / que faites-vous/ et que dira la Grèce ? » (2-4-6) ; Racine force sur les groupes de mots de mots successifs. Un texte pénible Ce n’est évidemment pas le pire. Certaines images sont proprement atroces. A l’acte III sc.8, Andromaque revient sur la mort traumatisante de son époux et le texte multiplie les références au feu destructeurs : aux vers 999-100, « étincelants », « lueurs » et « brûlants » ; les flammes ont tout ravagé en deux vers. A la fin de cette même tirade, 1 Les I/ et III/ ont été réalisés en classe, complétés par le II/ élaboré par le professeur. l’allitération en [k] vient crisser aux oreilles (et y résonnent en fin d’alexandrin) : « carnage », « couronner », « crimes » viennent heurter nos oreilles. Le spectateur n’est pas laissé tranquille : que ce soient les sons ou les images, tout vient le tourmenter. II/ Un climat de terreur utile 1. Le danger clarificateur Le danger guette la plupart des personnages : danger physique et concret (plusieurs personnages risquent leur vie) mais aussi danger psychologique qui guette. Le danger évoqué par Alain VIALA n’est pas qu’éprouvant, il est aussi un élément-clé du rythme de la pièce : aussi, de la folie pour Oreste, crainte dès l’acte I par Pylade et de nouveau évoqué en fin de pièce, par ce même Pylade à la scène de clôture. C’est aussi la folie furieuse croissante d’Hermione qui se dévoile déjà dans le monologue ouvrant l’acte IV, avec la double allitération en [m] et en [r] : « À le vouloir ? Hé quoi ? C’est donc moi qui l’ordonne ? / Sa mort sera l’effet de l’amour d’Hermione ? », qui rend compte de la proximité des pulsions de l’amour et de la mort dans ce personnage tourmenté. Le spectateur sent ainsi arriver, dès le début de l’acte IV, la déferlante vindicative du personnage. Il pourra passer tout l’acte V à en attendre les retentissements. Régulièrement, l’action est relancée par les manœuvres compromettant la vie du survivant d’Hector, le jeune Astyanax, lequel ne figure même pas dans la liste des personnages, et n’est désigné qu’à deux reprises par son nom (acte I, par Oreste), et pourtant, qui revient régulièrement dans la discussion, en concentrant le pathos : il devient si ce n’est le fil conducteur du moins le fil clarificateur, qui replace la tragédie dans sa (vraie) gravité. Au- delà des enjeux sentimentaux et des batailles d’ego, la question cruciale de la vie et de la mort d’un enfant, un innocent c’est-à-dire la parfaite victime, est posée. Il permet de dépasser les oppositions faciles de personnages parallèles et concurrents à la fois (Pyrrhus vs Oreste, Hermione vs Andromaque). Astyanax alors appelé « fils d’Hector » permet à Racine de jouer sur la corde sensible et de miser sur l’émotion du spectateur à laquelle il tient tant, mais il redonne aussi, au plan moral, et en particulier dans l’optique chrétienne qui est celle de Racine, une priorité : l’innocent ne saurait être sacrifié. On comprend alors que ce petit fantôme (officiellement absent de la scène mais dans les discours, toujours présent) obsède ses ennemis grecs : Pylade, Oreste, Hermione, Cléone, tous successivement se réfèrent au « fils d’Hector ». Quant à Andromaque, elle préfère à quatorze reprises la périphrase « mon fils » à « Astyanax », afin d’insister sur le déterminant dans « mon fils ». L’atroce perspective du sort possiblement fatal de l’enfant souligne la césure entre bons et méchants, crispe les passions et les peurs, et entretient plus que jamais, au plan dramatique, la tension parmi les spectateurs. 2. La violence comme garde-fou Au plan moral, la violence et l’outrance des personnages permet de délimiter clairement la zone des modèles et celle des contre-modèles, c’est-à-dire de fixer pour le spectateur à éduquer (dans la perspective d’un texte édificateur comme peut l’être un texte classique du 17e siècle), une ligne de démarcation entre le permis et l’illicite, le répréhensible et l’indécent. Par contrepoint, la grandeur et la noblesse uploads/Litterature/ corrige-de-dissertation-sur-x27-andromaque-x27.pdf

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