21-FRGEME1C Page 1/23 BACCALAURÉAT GÉNÉRAL SESSION 2021 FRANÇAIS ÉPREUVE ANTICI

21-FRGEME1C Page 1/23 BACCALAURÉAT GÉNÉRAL SESSION 2021 FRANÇAIS ÉPREUVE ANTICIPÉE CORRIGÉ 21-FRGEME1C Page 2/23 RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES L’évaluation en jeu dans cette épreuve est à mener au regard de ce que l’on peut attendre d’un candidat d’une classe de Première, en cette année qui a vu la mise en place d’un protocole contraignant. On utilisera tout l’éventail des notes, jusqu’à 20 compris pour le travail de candidats témoignant d’acquis très satisfaisants. Le 20 ne sanctionne pas une copie parfaite, mais une copie qui, sans être exempte de défauts, présente des qualités affirmées dans le domaine de la culture littéraire, de l’analyse littéraire et de l’expression. Les notes inférieures à 5 correspondent à des copies accumulant de très lourdes insuffisances quant à la langue et à l’expression et quant à la culture littéraire ou encore aux compétences d’analyse et d’interprétation : - commentaire : absence de projet de lecture, non prise en compte du sujet, juxtaposition de remarques, aucune analyse de faits d’écriture, paraphrase indigente qui n’ouvre à aucune interprétation propre à pertinent au texte, contresens manifeste sur le texte, expression déplorable. - dissertation : réflexion qui ne tient aucun compte du sujet, contresens complet sur le sujet, aucune organisation cohérente, œuvre et contexte de l’œuvre très mal maîtrisés, aucune citation directe ou indirecte du texte, aucune analyse littéraire ou interprétations fondées sur l’œuvre ou sur des passages de l’œuvre, expression déplorable. Pour une copie à l’orthographe défaillante, on enlève systématiquement de 0,5 pt à 2 pts au maximum. Il convient d’en faire explicitement mention sur la copie. La notation s’établit globalement en tenant compte des attendus exposés dans le corrigé et ne se décompose pas (tant de points pour l’introduction…). 21-FRGEME1C Page 3/23 Commentaire (20 points) Objet d'étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Vous commenterez le texte suivant : Georges PEREC (1936-1982), Les Choses (1965) – extrait du chapitre 2 Éléments pour la correction PRÉAMBULE Ce document présente un commentaire en partie rédigé et ne constitue qu’une proposition possible de traitement du sujet dont l’objectif est d’accompagner la réflexion des professeurs. Il ne constitue pas la norme unique par rapport à laquelle tout devoir doit être évalué. Il ne saurait donc, en aucun cas, représenter ce qu’une copie d’élève pourrait produire. A sa manière et à son niveau, un candidat de Première abordera sans doute et développera quelques-uns de ces éléments. S’il propose d’autres pistes d’interprétation, s’il adopte un angle de lecture que ce document ne présente pas, chaque correcteur est en capacité de reconnaître la valeur des propositions et des pistes de lecture et il en tiendra compte dès lors qu’elles s’appuient avec pertinence sur des exemples analysés du texte. Le candidat peut adopter une démarche linéaire, semi-linéaire ou synthétique, à partir du moment où il engage une véritable démonstration et que le devoir est construit et qu’il évolue en vue de donner un sens au texte et à la lecture qui en est proposée. Le plan peut donc soit suivre les mouvements du texte qui doivent dès lors être problématisés en vue d’une démonstration, soit s’organiser autour de deux ou trois enjeux forts. Ce qui importe n’est pas le choix de la démarche, mais la qualité de la lecture proposée qui éclaire intelligemment le texte et qui permet d’échapper à une paraphrase stérile. L’évaluation tiendra compte : - d’une part de ce qui relève des attentes liées à l’exercice : un devoir organisé autour d’un projet de lecture cohérent, progressant de façon claire ; une vraie démonstration, une démarche interprétative étayée par des analyses précises à partir de faits d’écriture identifiés et analysés. - d’autre part, de tous les éléments qui pourraient valoriser, jusqu’à l’excellence, le travail du candidat : la culture littéraire qui permet de situer le texte dans l’histoire du genre et de nourrir la lecture en la fondant sur des éléments de contextualisation pertinents, la richesse, finesse et la pertinence des analyses et des interprétations ; un devoir qui mènerait progressivement à une démonstration aboutie ; une lecture sensible du texte. Le candidat peut s’exprimer à la 1ère personne. 21-FRGEME1C Page 4/23 Premier roman de Georges Perec, Les Choses propose essentiellement une « description de […] [s]a situation en tant que figure abstraite de jeune homme marié… faisant partie d’un jeune couple, ayant une vingtaine d’années, ou ayant vingt-cinq ans, dans la France de 1962 »1. Par situation, l’auteur entend non seulement évoquer sa condition sociale, une certaine bourgeoisie consumériste au milieu des trente glorieuses, mais aussi et surtout une situation spatiale, celle de son appartement, qu'il décrit depuis la table sur laquelle il rédige le roman. Dix ans avant Espèce d’Espace et Tentative d'épuisement d'un lieu parisien, le romancier s’initie ainsi à l’écriture par la description. Chez Perec, elle n’a pas pour vocation de représenter le plus fidèlement possible le réel, mais doit en proposer une image à déchiffrer. La description ne se fait en effet que par métonymie, connotation, par une sélection de quelques objets du quotidien qui ont une portée symbolique : l’infra-ordinaire. Influencé par sa lecture de Mythologies de Roland Barthes, Perec est convaincu qu’il faut engager l’observateur à interpréter la représentation. Il donne donc à voir des lieux qui sont significatifs et invitent à la critique, à aiguiser son regard pour interroger l’ordinaire : « Peut-être s’agit-il de fonder enfin notre propre anthropologie : celle qui parlera de nous, qui ira chercher en nous ce que nous avons si longtemps pillé chez les autres. Non plus l’exotique, mais l’endotique.2 ». Les élèves sont donc invités à lire cette page de description comme le portrait critique d’une jeunesse matérialiste incapable de se contenter d’un confort médiocre mais réel. Ils pourront ainsi y découvrir l’expression d’une démesure qui condamne Jérôme et Sylvie à l’échec. Ils pourraient enfin interroger la manière dont s’exprime une force des choses.  La description d’un appartement réel et rêvé.  Opposition de l’espace de vie réel à l’espace de vie potentiel. Le texte repose sur trois descriptions différentes d’un même lieu : celle d’un potentiel imaginé par le narrateur qui propose un aménagement « judicieux », celle de l’appartement réel dans lequel vivent Jérôme et Sylvie, et enfin, celle de l’appartement fantasmé par le jeune couple. L’état actuel de la demeure est évoqué par des termes péjoratifs comme « bois sale », « grossières », « disgracieuses », qui indiquent une certaine modicité, et par des termes négatifs tels que « défectueuse », « désordre », « insupportable », dont les préfixes privatifs mettent en valeur l’idée d’une dégradation. Le foyer potentiel, au contraire, construit un espace chaleureux par un jeu sur le double. Ainsi trouve-t-on le déterminant « deux », un parallélisme « pour Sylvie à gauche, pour Jérôme à droite », et l’anaphore de « même », qui traduisent l’harmonie. L’auteur exprime une certaine abondance par des accumulations. En outre, le motif de la métamorphose (le verre « transformé en lampe », le décalitre qui « servait de corbeille ») donne à l’ensemble une dimension poétique. Enfin, le premier paragraphe s’achève sur l’idée qu’une bonne disposition des meubles permet une bonne 1 Georges Perec, « À propos de la description » [1981], Entretiens et Conférences, éd. Dominique Bertelli et Mireille Ribière, Nantes, Joseph K., 2003, t. II, p. 236. 2 Extrait de L’Infra-ordinaire de Georges Perec, Le Seuil, 1989 21-FRGEME1C Page 5/23 disposition mentale dans tous les domaines (amis, travail et couple). L’opposition de ces deux premières descriptions permet donc au lecteur de mesurer l’envergure du potentiel inexploité.  Le rejet d’un projet trop médiocre. Mais ce projet reposant sur un équilibre entre un confort charmant et une imperfection matérielle ne convient pas aux esprits excessifs de Jérôme et Sylvie. L’appartement potentiel reste en effet médiocre à leurs yeux. Les expansions du nom soulignent à la fois la qualité des éléments « très belle », « Second Empire », « serti d’étain », et des éléments très abîmés « branlante », « dont plusieurs manquaient », «vieux». Cette demi-mesure ne peut véritablement les satisfaire car ce compromis va à l’encontre du caractère catégorique du couple, qui s’entend dans l’expression exclusive hyperbolique « tout ou rien », idée illustrée par la parataxe des phrases « La bibliothèque serait de chêne ou ne serait pas. Elle n’était pas. ». Ces propositions juxtaposées traduisent la logique brutale de ce couple frustré par une situation économique intermédiaire qui lui est insupportable.  Description d’un regret. L’aménagement décrit dans le premier paragraphe n’est jamais envisagé par les personnages. Le texte s’ouvre sur un conditionnel passé qui réfute la potentialité du projet en la plaçant d’emblée dans le temps du regret. Le subjonctif passé, associé aux modalisateurs « sans doute » et « incontestablement », laisse entendre la voix d’un narrateur qui juge l’état actuel du logement et, par extension, l’état d’esprit des personnages. Ainsi peut-on lire que l’espace est « mal utilisé », qu’un meuble est « trop gros » et que toute amélioration est impossible à cause des « rêveries trop grandes » uploads/Litterature/ corriges-voie-generale-21-frgeme1c.pdf

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