Cours 1 Raconter : le discours narratif Nous vivons dans un monde de récits ! T

Cours 1 Raconter : le discours narratif Nous vivons dans un monde de récits ! Tous les jours, nous racontons, ou on nous raconte, des faits, des anecdotes de la vie quotidienne. La presse écrite, la télévision rapportent des événements politiques, des exploits sportifs, des faits divers qui ont réellement eu lieu. Les romans, les bandes dessinées nous plongent dans des histoires imaginaires. Les films, eux aussi, racontent des histoires en images. Pour qu'il y ait un récit, il faut qu'un événement au moins, grand ou petit, se soit passé. L'histoire a un début et une fin : entre les deux, la situation, par étapes, a évolué. Par exemple, entre le moment où le Petit Prince apparaît dans le désert à l'aviateur et celui où il meurt, piqué par un serpent, il a fait plusieurs rencontres qui lui ont montré qu'il ne pouvait pas s'adapter à la vie sur notre planète. Dans chaque histoire, il y a un ou plusieurs personnages. Ils agissent sur les événements ou bien ils en sont les victimes. Dans les contes, on trouve toujours un héros, des ennemis, une victime. Chacun, ainsi, a un rôle dans l'histoire. L'histoire se déroule dans certains lieux et à une certaine époque, qu'on peut ou non déterminer. Les verbes et les indications de temps montrent la succession des actions et leur progression. Le début d'un récit Un début de récit doit éveiller l'intérêt du lecteur et lui fournir des clés qui lui permettent d'entrer dans l'histoire. Quels procédés mettent en œuvre les romanciers pour atteindre ces objectifs ? 1. Éveiller l'intérêt Le lecteur peut aimer retrouver des habitudes de lecture. Lorsqu'il lit : « Il était une fois… », il s'attend à lire un conte et se dispose à entrer dans un monde merveilleux. Mais il aime aussi être surpris, intrigué. C'est pourquoi le narrateur doit s'efforcer, au début de son récit, d'exciter sa curiosité. Il a le choix entre plusieurs procédés : — présenter un personnage, un lieu ou un objet qui attire l'attention ; « En l'année 1872, la maison portant le numéro 7 de Saville-row, Burlington Gardens […] était habitée par Phileas Fogg, esq., l'un des membres les plus singuliers et les plus remarqués du Reform-club de Londres, bien qu'il semblât prendre à tâche de ne rien faire qui pût attirer l'attention. » (Jules Vernes, le Tour du monde en quatre-vingts jours) — commencer tout de suite le récit, sans introduction préalable ; « Un jour, Gaspard Mac Kitycat, le Cher Ami Chat de Thomas se mit à parler. » (Claude Roy, le Chat qui parlait malgré lui) — débuter par un dialogue et donner au lecteur le sentiment qu'il prend le récit en cours ; « — Attends-moi, Grangibus ! héla Boulot, ses livres et ses cahiers sous le bras. — Grouille-toi, alors, j'ai pas le temps de cotainer, moi ! — Y a du neuf ? — Ca se pourrait ? — Quoi ? — Viens toujours ! » (Louis Pergaud, la Guerre des boutons) 2. Présenter la situation initiale Le plus souvent, le début d'un récit permet de répondre aux questions suivantes : qui ? où ? quand ? quoi ? (de quoi s'agit-il ?). Examinons par exemple le début du roman la Pipe de Maigret de Simenon : « Il était sept heures et demie. Dans le bureau du chef, avec un soupir d'aise et de fatigue à la fois, un soupir de gros homme à la fin d'une chaude journée de juillet, Maigret avait machinalement tiré sa montre de son gousset. Puis il avait tendu la main, ramassé ses dossiers sur le bureau d'acajou. […] Il rentrait dans son bureau. Il déposait ses dossiers sur un coin du bureau, frappait le fourneau de sa pipe encore chaude sur le rebord de la fenêtre, revenait s'asseoir, et sa main, machinalement, cherchait une autre pipe là où elle aurait dû être, à sa droite. Elle ne s'y trouvait pas. » Qui ? Maigret, un commissaire de police. Où ? Dans les bureaux de la police judiciaire. Quand ? Un soir, à sept heures et demie. Quoi ? Maigret ne retrouve pas une de ses pipes. Selon les romanciers, cette introduction est plus ou moins développée. Dans les romans de Balzac, par exemple, elle s'étend sur plusieurs pages. Dans d'autres récits, à peine la situation initiale est-elle esquissée qu'un événement survient qui la modifie. Dans un récit au passé, c'est le passage de l'imparfait au passé simple (ou au passé composé) qui marque l'irruption de l'action. « Il était sept heures, par un soir très chaud, sur les collines de Seeonee. Père Loup s'éveilla de son somme journalier, se gratta, bâilla et détendit ses pattes l'une après l'autre […]. — Augrh ! dit Père Loup, il est temps de se remettre en chasse. » (Rudyard Kipling, le Livre de la Jungle) Cours 2 Les temps verbaux dans un récit On appelle moment de l'énonciation le moment où l'on raconte l'histoire. Selon que le narrateur fait référence au moment de l'énonciation ou non, il n'utilise pas le même « système » de temps. En quoi consistent ces systèmes et comment emploie-t-on chacun de leurs temps ? 1. Les deux systèmes de temps 1.1. Le narrateur fait référence au moment de l'énonciation Il emploie : — le présent pour raconter les événements qui se déroulent ou qui semblent se dérouler (présent de narration) au moment de l'énonciation, — le passé composé (et l'imparfait) pour raconter les événements qui se situent avant le moment de l'énonciation, — le futur pour raconter les événements qui se situent après le moment de l'énonciation. C'est le système de temps auquel a recours le narrateur de l'histoire de Lalla, dans Désert : « Lalla connaît tous les chemins […]. Pourtant, chaque fois qu'elle marche ici, il y a quelque chose de nouveau. Aujourd'hui c'est le bourdon doré qui l'a conduite très loin, au-delà des maisons de pêcheurs et de la lagune d'eau morte. Entre les broussailles, un peu plus tard, il y a eu tout à coup cette carcasse de métal rouillé qui dressait ses grilles et ses cornes menaçantes. » (Le Clézio, Désert) 1.2. Le narrateur ne fait pas référence au moment de l'énonciation Il emploie : — le passé simple (et l'imparfait) pour raconter les événements contemporains du moment qui sert de repère, — le passé antérieur et le plus-que-parfait pour raconter les événements qui se situent avant ce moment repère, — le futur du passé pour raconter les événements qui se situent après ce moment repère. Dans Désert, le narrateur fait appel, pour un autre récit, à ce second système de temps : « Tout de suite, [Nour] découvrit l'assemblée des hommes dans la cour de la maison du cheikh. […] Quand ses yeux furent habitués au contraste de l'ombre et des lueurs rouges des braseros, Nour reconnut la silhouette du vieil homme. C'était le grand cheikh Ma el Aïnine, celui qu'il avait déjà aperçu quand son père et son frère aîné étaient venus le saluer, à leur arrivée au puits de Smara. » (op. cit.) 1.3. Bilan Remarque : Dans un récit à la première personne, le narrateur emploie en règle générale le passé composé pour rapporter des événements écoulés. Dans un récit à la 3e personne, sans intervention du narrateur, le temps dominant est le passé simple. Un récit au passé composé donne le sentiment que les événements narrés appartiennent à un passé proche tandis qu'un récit au passé simple crée une impression d'éloignement. 2. Temps de base et temps complémentaires 2.1. Le premier plan du récit Les faits qui font progresser une histoire constituent le premier plan du récit. Dans un récit qui fait référence au moment de l'énonciation, les faits de premier plan sont rapportés au présent ou au passé composé. Prenons pour exemple le début du roman Désert : « Saguiet el Hamra, hiver 1909-1910. Ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient. Lentement ils sont descendus dans la vallée, en suivant la piste presque invisible. » Dans un récit qui ne fait pas référence au moment de l'énonciation, les faits de premier plan sont rapportés au passé simple. On considère que le présent, le passé composé et le passé simple sont des temps de base du récit. C'est à l'un ou l'autre de ces temps qu'est rédigé le récit de base. 2.2. L'arrière-plan du récit Les faits qui informent sur le cadre de l'action, l'aspect, le caractère ou les sentiments des personnages constituent l'arrière-plan du récit. Dans un récit au passé composé ou au passé simple, les faits d'arrière-plan sont rapportés à l'imparfait s'ils se déroulent au même moment que les faits de premier plan. C'est pourquoi, on dit de l'imparfait que c'est le temps de la description et du commentaire. Voici la suite de l'extrait précédent ; le narrateur, après avoir évoqué la descente de la caravane dans la vallée (faits de premier plan rapportés uploads/Litterature/ cours 14 .pdf

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