Cours d’analyse du roman S3 Analyse des passages I- La première lecture du pass

Cours d’analyse du roman S3 Analyse des passages I- La première lecture du passage et la recherche des axes d’analyse : (Analyse du passage qui va de « cette folle de Renée (…)» jusqu’à « (…) de savoir et de sentir », La Curée, p. 146) NB. Les commentaires sont insérés à droite de cet extrait. « /Cette folle de Renée, qui était apparue une nuit dans le ciel parisien comme la fée excentrique des voluptés mondaines, était la moins analysable des femmes./ Elevée au logis, elle eût sans doute émoussé, par la religion (…). De tête, elle était bourgeoise ; elle avait une honnêteté absolue, un amour des choses logiques, une crainte du ciel et de l’enfer, une dose énorme de préjugés ; elle appartenait à son père, à cette race calme et prudente où fleurissent les vertus du foyer. Et c’était dans cette nature que germaient, que grandissaient les fantaisies prodigieuses, les curiosités sans renaissantes, les désirs inavouables. (…) Chez les dames de la Visitation, libre, l’esprit vagabondant dans les voluptés mystiques de la chapelle et dans les amitiés charnelles de ses petites amies. (…) Puis, elle se frappait la poitrine, elle pâlissait à l’idée du diable et de ses chaudières. La faute qui amena plus tard son mariage avec Saccard, ce viol brutal qu’elle subit avec une sorte d’attente épouvantée, la fit ensuite se mépriser, et fut pour beaucoup dans l’abandon de toute sa vie. Elle pensa qu’elle n’avait plus à lutter contre le mal, qu’il était en elle, que la logique l’autorisait à aller jusqu’au bout de la science mauvaise. Elle était plus encore une curiosité qu’un appétit. /Jetée dans le monde du Second Empire, abandonnée à ses imaginations, entretenue d’argent, encouragée dans ses excentriques les plus tapageuses, elle se livra, le regretta, puis réussit enfin à tuer son honnêteté expirante, toujours fouettée, toujours poussée en avant par son insatiable besoin de savoir et de sentir /» p. 146 1 II- L’explication du passage : - Extrait situé au cœur du chapitre III, nous sommes face à exemple d’un portrait naturaliste. - Concernant la structure du passage : il s’agit d’un texte en un seul paragraphe, ce qui pose le problème au niveau de la répartition : - De ce fait, on doit chercher à répartir le passage d’une autre manière : - 1ère évocation qui va du début du texte jusqu’à « la moins analysable des femmes ». - 2ème évocation qui va de « jetée dans le monde » jusqu’à la fin du passage. - Entre les deux évocations, le narrateur fait une analyse de la complexité excessive de la psychologie de l’héroïne tout en se basant sur les facteurs très célèbres chez les écrivains naturalistes : l’hérédité, le milieu, le déterminisme, la race, etc. - Dans la 1ère évocation, le point de vue externe est adopté. - Par opposition à la 2ème évocation où le narrateur adopte le point de vue interne ; il est donc omniscient. - Comme je l’ai déjà souligné, l’extrait en question révèle une organisation particulière. Car il est encadré par deux évocations qui dévoilent deux images complètement différentes de Renée : - Au début Renée est vue comme une véritable reine du nouveau monde parisien. - Le monde mondain n’arrive pas à comprendre cette montée rapide et fulgurante de Renée considérée comme « une fée » dans le « ciel de Paris ». D’après les expressions telles que « cette folle de Renée », nous pouvons avancer que ce monde de Paris est jaloux de la place que Renée occupe dans ce monde d’apparence et d’hypocrisie. 2 - Notons que son ascension est extrêmement rapide. Cette rapidité de son apparition inexplicable est comparée à celle d’une fée « qui «était apparue une nuit dans le monde » - Dans la 2ème évocation, on montre une image négative du personnage qui a perdu sa magie et son aisance à évoluer au sein de la société. - Elle est devenue une simple femme (ordinaire) qui est subitement « jetée dans le monde du Second Empire » « abandonnée » voire écrasée. - Elle n’est plus une reine, mais au contraire elle est devenue une victime qui doit subir les injustices de ce monde impitoyable : « elle se livra » et les verbes à la forme passive. - Personne n’a plus envie d’elle. Elle est alors objet de pitié et de compassion de tout le monde. - Vers la fin du passage, nous pouvons remarquer la présence notable de la mort : « elle réussit enfin à tuer son honnêteté expirante ». - De tout ce qui vient d’être étudié, nous pouvons dégager notre premier axe à savoir : la construction du portrait du personnage : où nous avons montré comment le portrait est construit. L’objet d’étude c’est justement la structure et l’organisation du portrait. - Pour le deuxième axe, il est facile de constater qu’entre les deux évocations (positive au début et négative vers la fin du passage comme nous l’avons vu), nous pouvons lire l’histoire racontée par un narrateur totalement omniscient (il sait tout) de cette « femme la moins analysable ». Cette expression (« moins analysable ») montre un personnage complexe qui nécessite une analyse et une étude approfondie. - Dès lors, le narrateur (omniscient) va nous raconter son histoire depuis presque son adolescence par le biais d’une description minutieuse et très détaillée. Il s’agit d’un portrait qui progresse d’une manière 3 chronologique en évoquant les étapes les plus importantes de la vie du personnage : le logis, la Visitation, le viol, le mariage avec Saccard, etc. - Le narrateur souligne à maintes reprises la maladie, la folie et la faiblesse physique de l’héroïne : « folle, excentrique, l’affolaient, irraisonné », etc. - Le narrateur met également en valeur le déséquilibre mental de l’héroïne illustré par ses relations charnelles exagérées renforcées par l’emploi massif et significatif du pluriel : « voluptés », « amitiés charnelles », « curiosités sans cesse renaissantes », « excentricités les plus tapageuses », « insatiable de savoir et de sentir » etc. ces expressions au pluriel mettent en valeur la sensualité excessive voire incontrôlable de Renée (ex. sa relation incestueuse avec son beau-fils Maxime ; ce qui nous rappelle l’histoire tragique de Phèdre qui avait, elle aussi, une relation incestueuse avec son beau -fils Hyppolite ( le fils de Thésée). - Pour analyser le comportement du personnage, le narrateur s’appuie sur : _ L’hérédité ; (« appartenait à son père », « amour des choses logiques », « cette race », etc.), _ Le milieu ; « bourgeoise », « les vertus du foyer », etc. _ La nature : « points des désirs », « fantaisies prodigieuses », « désirs inavouables », « grandissaient », etc. _ Le déterminisme : « la faute », « le viol », « subit », etc. - Pour mettre en scène le portrait typiquement naturaliste, le romancier fait recours au mélange des voix (narrateur et personnages) afin d’analyser profondément la psychologie complexe du personnage zolien caractérisé par son caractère inévitablement tragique. - Le deuxième axe proposé : les caractéristiques du portrait naturaliste : la description minutieuse et bien organisée du personnage ; l’analyse de la psychologie complexe du personnage. 4 - Cette description est un modèle d’un travail naturaliste car l’écrivain le considère comme un outil pédagogique qui met le doigt sur les différentes maladies dont souffre la société sous le Second Empire. L’étude des personnages n’est qu’un moyen qui nous permet d’expliquer la société. Pour Zola, la littérature est bel et bien « une science humaine ». 5 6 uploads/Litterature/ cours-danalyse-du-roman-cette-folle-de-renee.pdf

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