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Cours III La symbolique des fleurs La symbolique des fleurs occupe sa place à part dans la littérature française par la diversité chromatique mais aussi par l’idée de renaissance qu’elle suggère. L’Antiquité associe l’image de la fleur à celle de la brièveté de la vie, de l’éphémère de l’amour. Le XVIIe siècle aborde dans des natures mortes dans les peintures qui ressemblent des fleurs épanouies mais aussi des fleurs fanées. Dès la Première Renaissance, il faut illustrer avec le chef d’œuvre de Sandro Botticelli, La Primavera (1482), peinture allégorique exécutée en tempéra sur un panneau de bois. Du poème A une fleur d’Alfred de Musset, à Spectre de la rose de Théophile Gautier ou Des fleurs fines d’Emile Verhaeren, la littérature en vers a été complétée par les romans et les récits qui portent comme titre un nom de fleur. Le passage a été fait, sans doute, par Le Roman de la Rose, œuvre poétique du Moyen Age de 21780 vers octosyllabiques, sous la forme d’un rêve allégorique, écrit en deux temps, signés par Guillaume de Lorris (1230-1235) et Jean de Meung (1275 et 1280). Il y a aussi La Dame aux camélias – le roman d’Alexandre Dumas – fils, publié en 1848, qui a inspiré l’opéra Traviata de Verdi où même le nom d’héroïne principale est changé de Marguerite de Gautier en Violetta. De nombreuses actrices ont incarné le personnage de Marguerite Gautier de Sarah Bernhardt à Isabelle Huppert, en passant par Lillian Gish et Greta Garbo. C’est l’histoire d’une passion tragique. Le lys rouge d’Anatole France (1844), c’est aussi une histoire d’amour touchante partiellement autobiographique raconte la relation entre une femme mariée avec un homme politique et un artiste. C’est un roman charnel, sexuel, dont l’action se passe en France. Plus tard, en 1980, Umberto Eco a signé un roman policier médiéval devenu célèbre par le film Le nom de la Rose, de Jean-Jacques Annaud. La littérature avec les titres et les cadres des fleurs est doublée par des toiles non moins célèbres, dont nous avons choisi quelques exemples. Jan Ier Brueghel de Velours, Vase de fleurs avec des bijoux (1606) Ambrosius Bosschaert, Nature morte des fleurs (1614), Paul Getty Museum, Los Angeles Les fleurs en panier comme symbole de la beauté ou de l’amour, une fleur seule, image de la solitude, de tristesse ou d’isolement, un bouquet de fleurs comme marque de l’espoir, ce thème des fleurs est achevé par la célèbre toile de Nicolas Poussin, Le Règne de Flore (1631) qui se trouve au Musée de Dresde. La peinture représente Flore, la déesse des fleurs qui danse dans son jardin, entourée des figures de héros et des demi-dieux grecs qui a leur mort ont été métamorphosés en fleurs. Nicolas Poussin, Le Règne de Flore (1631) Du printemps, après les perce-neiges, les muguets sont un symbole de la renaissance de la nature. Du point de vue religieux, par leur blancheur suggérant la pureté, ils annoncent la fête de 25 mars lorsque la Vierge apprend la nouvelle naissance de Jésus. Les muguets sont des fleurs dont le parfum inégalable est associé à la position de la corolle toujours tourné vers le bas, signe de modestie et d’humilité. Dans divers tableaux ayant comme thème l’Annonciation, les muguets apparaissent dans des vases ou des pots à côté du lys, symbolisant la chasteté et la pureté (exemple, L’Annonciation, toile de Bartholomaus Zeitblom, Musée National d’Art de Bucarest). L’Annonciation, toile de Bartholomaus Zeitblom, Musée National d’Art de Bucarest Originaire de la Perse, la tulipe représente dans nos jours un symbole de Hollande, pays qui apparait dans toute sa splendeur dans l’Invitation au voyage, le poème de Charles Baudelaire. Les peintures flamandes du XVIIe siècle abondent dans des natures mortes avec cette fleur dans toutes les couleurs et toutes les nuances. Elle est, sans doute, le symbole de la fragilité et de la caducité des biens terrestres, quoique pour un héros qui porte comme symbole la tulipe noir, elle représente la force. Nature morte aux tulipes, Gregoire Boonzaier (1937) Vase avec tulipes, Claude Monet (1885) Tulipes, pivoines, narcisses, œillets et autres fleurs avec un papillon, Nicolaes Van Veerendael (1640-1691) La légende raconte que le lys naît du lait qui Junon laisse couler de son sein lorsqu’elle allaite Hercule tout enfant. Pour cette raison, le lys a été également surnommé « la rose de Junon ». Donc, le lys sera maintes fois lié à la fécondité, l’épanouissement spirituel, étant étroitement lié à la Vierge, à Jésus-Christ, mais aussi à Saint-Antoine. D’ailleurs, la fête de Saint-Antoine, dans l’église catholique, qui est célébré le 13 juin, est aussi appelée Le Fête des Lys. Comme emblème héraldique, le lys figure sur les armoiries (blason, emblème) de la ville de Florence et sur celles des rois de France. « Le nom du narcisse provient de celui du très beau jeune homme qui, selon la légende, s’éprend de son image reflétée dans l’eau et se consume d’amour jusqu’à en mourir. Origines mythiques : le narcisse naît du sang d’Adonis. Signification : l’égoïsme, l’amour divin au-delà du péché et de la mort, symbole funèbre, attribut des figures allégoriques de l’Amour de soi-même et de la Sottise. Sources : Hymnes homériques, II, Hymne à Déméter ; Ovide, Les Métamorphoses, III, 339-510 ; Cantique des Cantiques, II, 1 ; Cesare Ripa, Iconologie, « Amour de soi-même », « Sottise ». A la suite de ce célèbre conte mythologique rapporté par Ovide, le narcisse devient un symbole d’amour de soi-même et d’égoïsme. La signification funèbre qui lui est aussi attribuée est probablement due à la croyance qu’il s’agit d’une fleur infernale : en effet, l’hymne homérique consacré à Déméter raconte que le narcisse naît de la terre par la volonté de Jupiter afin de « complaire au dieu qui accueille maints et maints hommes », c’est-à-dire Pluton, le dieu des enfers. Le nom grec narkissos a d’ailleurs la même racine que le verbe narkao, « engourdir », et il semble renvoyer précisément à la mort. Dans l’iconographie chrétienne, le narcisse peut figurer dans des représentations du paradis terrestre et de l’Annonciation pour signifier le triomphe d’amour divin et de la vie éternelle sur l’égoïsme, le péché et la mort. Le narcisse est enfin un attribut des figures allégoriques de l’Amour de soi- même et de la Sottise : la première est une femme couronnée de fleurs de baguenaudier, tient dans la main droite un narcisse et a un paon à ses pieds ; la seconde est une femme qui caresse d’une main une chèvre, tient de l’autre un narcisse et porte sur la tête une couronne de narcisses justement parce que, affirme Ripa, conformément à l’étymologie de don nom, « le narcisse est une fleur qui alourdit la tête ». » (Lucia Impelluso, La nature et ses symboles, Ed. Hazan, Paris, 2004, p. 93) Nicolas Poussin - Echo and Narcisse (1625-1627), Paris, Musée du Louvre « Le mot grec iris signifie arc-en-ciel, et la fleur qui porte ce nom présente une grande variété de couleurs. Iris est aussi le nom de la servante de Junon et messagère des dieux entre le ciel et la terre. Hans Memling. Jeune homme priant et vase de fleurs, revers (1485-90) Origines mythiques : Iris est la messagère des dieux dans le royaume d’Hypnos. Signification : attribut de la Vierge Marie, symbole de l’immaculée Conception. (Sources : Hésiode, Théogonie, CCLXVI, 780-784 ; Virgile, L’Enéide, IV, 694-704 ; Luc, II, 35). L’iris est communément considéré comme une des fleurs de la Vierge Marie, et il remplace parfois le lys dans les représentations de l’Annonciation, spécialement chez les artistes des Pays-Bas. Cela est probablement dû à une confusion de noms : l’iris commun s’appelle en allemand « lys en épée » à cause de la forme pointue de ses longues feuilles, et il a été identifié avec le lys de France, celui-ci étant en effet un iris à l’origine. Une légende rapporte que le roi de France Louis VII, sorti indemne d’une bataille qui s’était déroulée dans un marécage où poussaient de nombreux lys, décida de faire de cette fleur son emblème héraldique, et l’iris devient ainsi le « fleur de Louis », qui finit par se confondre phonétiquement avec la « fleur de lys ». En raison de la forme particulière de ses feuilles, l’iris peut ainsi évoquer la douleur éprouvée par la Vierge Marie lors de la mort de son fils sur la croix et souvent comparée à une épée qui transperce le cœur ; cette signification symbolique résulte de l’interprétation d’un passage de l’Evangile de Luc : « Et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ! ». » (Lucia Impelluso, La nature et ses symboles, Ed. Hazan, Paris, 2004, p. 93) « Fleur de prédilection pour de nombreuses civilisations en raison de sa délicatesse et de son parfum, le jasmin est souvent considéré comme une plante du paradis ou un symbole de l’amour divin. Lorenzo di Credi, Portrait de jeune femme (la dame au jasmin), 1485-1490 Signification : la grâce, l’élégance, l’amour divin, symbole de la Vierge uploads/Litterature/ cours-iii-final.pdf

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