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Navigation – Plan du site América Cahiers du CRICCAL fr es en Accueil > Numéros > 49 > I. Chronique et alliage de genres > La chronique et l’essai : analogi... Chercher Sommaire - Document suivant 49 | 2016 : La Chronique en Amérique latine XIXe-XXIe siècle (vol.2) I. Chronique et alliage de genres La chronique et l’essai : analogies et interdépendances Crónica y ensayo: analogías e interdependencias Fernando Aínsa Résumé | Index | Plan | Texte | Bibliographie | Citation | Auteur Résumés Français Español Les Chroniques de la Conquête de l’Amérique hispanique – mêlant récit épique et représentation didactique sous les espèces d’un proto-essai – avaient fondé un genre qui a constitué une longue tradition en Amérique latine et qui s’est ramifié dans le journalisme, avec les différentes formes que celui-ci assume (articles de fond, articles d’opinion, rubriques d’actualité, éditoriaux, « tableaux de mœurs », « scènes pittoresques ») et dans l’essai, genre qui revêt également des caractères propres à l’Amérique comme le signalait Germán Arciniegas en en rappelant les origines, notamment les textes publiés par Montesquieu sur le Nouveau Monde : « L’Amérique est déjà par elle-même un problème, un essai de monde nouveau, quelque chose de tentant, de provoquant, un défi à l’intelligence ». Cette communication établit des analogies entre ces deux genres, soulignant leur interdépendance et leur projection dans l’époque actuelle. Las Crónicas de Indias –al mezclar la épica con la didáctica como especie proto-ensayística– fundan un género de larga tradición en América Latina, con ramificaciones en el periodismo y las diferentes formas que éste asume (artículos de fondo y de opinión, crónicas, columnas, editoriales, «cuadros» y «estampas») y el ensayo, género que también se identifica con América como bien señalara Germán Arciniegas al recordar su origen y los textos que Montesquieu publicara sobre el Nuevo Mundo: «América es ya, en sí, un problema, un ensayo de nuevo mundo, algo que tienta, provoca, desafía a la inteligencia». La presente ponencia establece algunas analogías e interdependencias entre ambos géneros y su proyección actual. Haut de page Entrées d’index Mots-clés : genre littéraire, essai, interdépendance de genre, nouveau journalisme Recherche Chercher Palabras claves : género literario, ensayo, interdependencia genérica, nuevo periodismo Haut de page Plan Une origine commune Une modalité textuelle transgénérique Savoir « être là » Les échos d’une catastrophe réelle Au temps présent, de préférence Haut de page Texte intégral PDF Signaler ce document O ya no entiendo lo que está pasando o ya no pasa lo que estaba entendiendo. Carlos Monsiváis 1La chronique est à la mode. Les auteurs contemporains qui en écrivent – Juan Villoro, Leila Guerriero, Jorge Carrión, Martín Caparrós, Carlos Franz, entre autres – sont publiés dans des pages de revues, de magazines et de quotidiens, popularisant un genre qui est dénommé tour à tour « récit journalistique » et « journalisme littéraire », c’est-à-dire des travaux de journaliste faits par des moyens propres à la littérature, ou, pour le dire autrement, des écrits littéraires dont la fonction est l’information, « des recherches journalistiques visant au statut littéraire ». La présence croissante de cette « non-fiction » dans ce qui était territoire exclusif du récit littéraire (nouvelle et roman) y incorpore l’expérience directe de la réalité : le témoignage, la biographie, les mémoires, les essais et maintenant les blogs donnent un genre hybride où se combinent le savoir-faire du journaliste et celui de l’écrivain. Ce nouveau genre est consacré par des manifestations diverses – colloques, symposia, numéros spéciaux de revue, anthologies, ouvrages collectifs –, une critique spécialisée est à l’œuvre. Certaines maisons d’édition ont même créé des collections qui y sont destinées, variant des modalités comme les chroniques de voyage, le reportage romancé, l’interview, les travaux d’anthropologie et de psychologie, ou des « travestissements », comme c’est le cas de Günter Wallraf dans Tête de Turc (Ganz unten, 1985) qui s’est grimé en travailleur immigré pour vivre la condition d’un Turc en Allemagne, ou celui du Chilien Juan Pablo Meneses, dans Hotel España (2010), qui, plaçant la chronique de voyage à travers le continent américain sous la gageure de ne faire étape que dans des établissements appelés Hôtel Espagne, définit cette modalité originale du genre comme « journalisme portatif ». 2La chronique contemporaine a puisé ses modèles aux États-Unis, dans le New Journalism popularisé par la revue Granta, les magazines The New Yorker (dès les années 1920) ou Esquire et l’hebdomadaire The Village Voice ; elle revêt dans les récentes décennies des modalités propres et se voit offrir par le contexte social, économique et politique latino-américain des supports nouveaux avec des revues comme Orsai, Panenka, Anfibia, Gatopardo, El Malpensante, Marcapasos, Pie izquierdo, Etiqueta Negra, FronteraD. C’est Tom Wolfe qui, en 1972, a baptisé « nouveau journalisme » ce qu’écrivaient de grands reporters de cette époque, tels que Norman Mailer, Truman Capote, Susan Sontag et Wolfe lui-même, et le flambeau a été repris en Amérique latine par Carlos Monsiváis, Elena Poniatowska, Gabriel García Márquez, Edgardo Cozarinsky et Rodolfo Walsh (auteur du « roman témoignage » Operación masacre, 1957, et disparu en 1977, victime de la dictature argentine). Elle se poursuit aujourd’hui sous la plume d’Alberto Fuguet, Pedro Lemebel, Cristián Alarcón, Edgardo Rodríguez Juliá, Rodrigo Fresán, Juan Gabriel Vázquez, parmi d’autres journalistes et écrivains qui entreprennent de concilier leur vocation littéraire et cette façon nouvelle d’approfondir la connaissance de la réalité. Une origine commune 3Mais ce genre est-il si nouveau qu’on le prétend ? N’est-ce pas plutôt une actualisation du genre des chroniques que naguère écrivaient José Enrique Rodó, José Martí, Amado Nervo, Rubén Darío, Alfonso Reyes, Alejo Carpentier, Miguel Ángel Asturias et ses Crónicas parisinas, ou les Aguafuertes de Roberto Arlt qui, faisant suite au Modernisme hispano-américain, avaient renouvelé pour leur part les chroniques et « tableaux de la vie quotidienne » du xixe siècle où Tomás Carrasquilla, Isidoro de María, Joaquín Edwards Bello et Ricardo Palma faisaient triompher une forme littéraire plaisante – d’ailleurs constamment portée par la presse – et décrivaient leurs sociétés respectives en Colombie, en Uruguay, au Chili et au Pérou ? Le prestige de ces chroniqueurs était dû à leur regard intuitif porté sur les us et coutumes et à leur écriture poétique (« encanto de una escritura entre ingeniosa y poética », Villanueva Chang, in Jaramillo Agudelo [ed.], 2012 : 605), permettant de découvrir le « merveilleux dans le quotidien » et de « dire la portée de l’éphémère » (« hacer trascender lo efímero », Tejada, 1922, ibid. : 605). Et pourtant – d’après l’aveu d’Edwards Bello – « el oficio cansa » [Quel labeur éprouvant !]. 4Mieux encore, ne faudrait-il pas faire remonter ce genre nouveau aux Chroniques des Indes – une proposition d’Alejo Carpentier selon qui l’écrivain contemporain remplit une fonction de « nouveau chroniqueur des Indes » – et l’apparenter à l’essai comme le suggérait Germán Arciniegas ? Nous nous proposons aujourd’hui de dégager certaines analogies et interdépendances de ces deux modalités littéraires, la chronique et l’essai, qui plongent ensemble leurs racines dans les Chroniques des Indes. C’est à celles-ci que remonte en effet la chronique contemporaine maintenant popularisée en tant que genre journalistique, à une tradition où les caractères de la chronique de la Renaissance italienne se combinaient avec la nécessité de décrire le Nouveau Monde (ses gens et ses paysages, sa flore et sa faune) et de légitimer leur incorporation à l’empire de la couronne espagnole. Les premiers chroniqueurs ont écrit l’Amérique à partir de ce à quoi ils s’attendaient et sous le choc de ce qu’ils rencontraient. « Así escribieron América los primeros: narraciones que partían de lo que esperaban encontrar y chocaban con lo que se encontraban » – reconnaît Martín Caparrós, populaire chroniqueur contemporain – en attribuant l’origine de la chronique contemporaine à ces précédents écrits qui étaient en même temps une forme originale de l’essai (Caparrós, in Jaramillo Agudelo [ed.], 2012 : 608). De son côté, Eduardo Fariña dit que le chroniqueur est un « métavoyageur » de l’actualité postmoderne, il ne part pas en exploration, il en revient (« descubre con mirada sorprendida de explorador la otredad al modo de los Cronistas de Indias describiendo la realidad inédita americana, […] el metaviajero de nuestra posmodernidad última no va, regresa », Fariña, 2014 : 255). 5Pourquoi y a-t-il en Amérique une prédilection pour l’essai, se demandait, en 1963, Germán Arciniegas, rappelant qu’il s’était écrit bien des pages dans le Nouveau Monde avant que Montaigne se mette à réfléchir sur l’altérité de l’Amérique et déclare : « Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage » (Montaigne, Essais, I, XXXI : 203). Pour Arciniegas, cette singularité faisait évidence car dans le monde occidental, expliquait-il, l’Amérique était apparue avec sa géographie et ses hommes comme une nouveauté inattendue venant rompre avec les idées établies, un essai de monde nouveau, un défi à l’intelligence : « América es ya, uploads/Litterature/ criccal-n-49-2016-la-chronique-et-l-x27-essai-t-i-analogies-et-interdependances.pdf

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