Ecole thématique/Université européenne d’été « Histoire des représentations de
Ecole thématique/Université européenne d’été « Histoire des représentations de l’origine du langage et des langues » Ile de Porquerolles, Var, (août-septembre 2006) © François Jacquesson 1 Les premiers temps de la typologie des langues F. Jacquesson Lacito - CNRS jacquess@vjf.cnrs.fr I - les frères Schlegel et Franz Bopp avec comme autres personnages : Antione de Chézy François Raynouard Jean-Frédéric Blumenbach le baron Cuvier & Geoffroy Saint-Hilaire II - Humboldt, Schleicher, Beames avec comme autres personnages : Georg Hegel Ferdinand de Saussure Adolphe Pictet Ernst Haeckel Ecole thématique/Université européenne d’été « Histoire des représentations de l’origine du langage et des langues » Ile de Porquerolles, Var, (août-septembre 2006) © François Jacquesson 2 Table des matières 1 Le récit 03 2 Vies des frères Schlegel selon Pierre Larousse 13 Auguste de Schlegel (1767-1845) 13-17 Frédéric de Schlegel ( 1772-1829) 17-19 tableau chronologique comparé 20 3 l'Essai sur la langue et la philosophie des Indiens (1808) 22 la préface de Mazure (1837), résumé et extraits 22-27 table de l'Essai 28-29 le ch. IV et la typologie 30-36 le ch. III et la notion de structure 37-41 Fr. Schlegel et W. Jones 42 l'incipit du ch. V sur l'origine des langues 42 Index des mots importants 43-45 4 Auguste de Schlegel 46 Observations sur la langue et la lit. provençales (1818) 46-49 De l'origine des Hindous (1834) 50-54 5 Franz Bopp : Vergleichende Grammatik… (1833) 55 trad. de Bréal : extrait de l'introduction 55-56 trad. de Bréal : § 108 sur la typologie 56-59 texte allemand correspondant (partim) 60-62 6 Blumenbach 63 Notice de Larousse 63 Principaux ouvrages accessibles 63-64 De generis humani varietate nativa, 1795. Table détaillée 64-65 De generis humani varietate nativa, 1795. Extraits trad. 65-68 La mesure de l'angle facial et Pierre Camper 68-69 7 Raynouard 70 Notice (abrégée) de Larousse 70-71 Grammaire comparée des langues de l'Europe latine 71-73 8 Notice sur Chézy 73 9 Julien Gracq décrit les années Schlegel à Iéna 74 Ecole thématique/Université européenne d’été « Histoire des représentations de l’origine du langage et des langues » Ile de Porquerolles, Var, (août-septembre 2006) © François Jacquesson 3 1 - Le récit Les premiers temps de la typologie linguistique I - Les frères Schlegel et Franz Bopp. 1. Où et quand est née la typologie linguistique ? Prenons d'abord un tout petit point de vue. La typologie linguistique est née en 1803, rue de Richelieu, à Paris. Frédéric Schlegel avait 30 ans, il était connu en Allemagne pour ses écrits d'histoire littéraire, et avait formé avec son frère Auguste, ses amis Novalis, Tieck et Schelling un cercle à Iéna. Il arrive à Paris dans l'été 1802, où il commence des cours sur la littérature allemande, puis européenne. A la Bibliothèque nationale, qui est déjà rue de Richelieu mais dans des locaux en partie différents, il rencontre en 1803 Chézy, un conservateur des manuscrits orientaux, auprès de qui il apprend le persan et le sanscrit. Chézy inversement rencontrera chez Schlegel sa future femme, une jeune poétesse allemande divorcée. La première chaire de sanscrit en Europe fut créée au Collège de France, en 1814, pour Chézy. C'est auprès de Chézy que sont venus se former en sanscrit des gens comme Burnouf, Lassen, et Franz Bopp. 2. la typologie de Frédéric Schlegel en 1808 : de l'interne à l'externe Le premier livre à développer une idée de typologie linguistique est en effet celui que Frédéric Schlegel publie en 1808, Ueber die Sprache und Weisheit der Indier : "Sur la langue et la sagesse des Indiens" ; il sera traduit en français intégralement en 1837, par Mazure, qui décrira cette époque comme celle de la naissance de l'ethnologie ; une traduction partielle a été faite dès 1809 par la veuve de Condorcet, qui oppose ce nouveau livre à un traité plus ancien sur la Première formation des langues du célèbre économiste Adam Smith, qu'elle traduit aussi. Le livre de Schlegel comporte à la fin des extraits traduits du sanscrit, mais l'essentiel est dévolu à l'examen de la langue sanscrite, qu'il compare de façon détaillée à d'autres langues de l'Europe. Son travail ne s'arrête pas à une comparaison des langues historiquement proches, mais se déploie en une esquisse de typologie lorsqu'il oppose deux types de langues, selon que les caractères non-sémantiques, par exemple le genre, la fonction, sont signalés non par des prépositions ou postpositions, mais par un changement du mot lui-même. Il oppose ainsi une morphosyntaxe interne dont l'exemple est le sanscrit, et une morphosyntaxe externe dont l'exemple est le persan. Il remarque que les langues romanes sont du second type, tandis que la latin était du premier : ce clivage ne manifeste donc pas une "parenté" (on utilisait déjà la notion de "famille de langues"), mais - aux yeux de Frédéric Schlegel, il manifeste pourtant un devenir historique : les langues vont du premier type vers le second en dégénérant. Cette opposition interne / externe fait une place au chinois, qui allait tenir dans les typologies ultérieures un rôle décisif. Ce qui paraît décisif à Frédéric Schlegel, et novateur, c'est de cesser de se soucier seulement des racines (il dira plus loin : "les étymologistes"), mais d'intégrer dans la comparaison ce qu'il appelle "la structure grammaticale", die grammatische Struktur. Il n'est pas du tout indifférent de remarquer que le mot structure a une longue histoire en linguistique. Il apparaît dès 1629 dans un intéressant ouvrage de Philibert Monet sur les particules (qu'il appelle "ligatures") du français et du latin. Le terme a alors, et pour Ecole thématique/Université européenne d’été « Histoire des représentations de l’origine du langage et des langues » Ile de Porquerolles, Var, (août-septembre 2006) © François Jacquesson 4 longtemps, non plus la connotation architecturale d'où il est né, mais un contexte médical, en anatomie. 3. Typologie, anatomie Frédéric Schlegel - et c'est ici un point qu'on n'a pas assez remarqué - souligne dans son ch. 3 que la science dont il faut s'inspirer pour faire de la grammaire comparée (songez que la Vergleichende Grammatik de Bopp ne paraîtra qu'en 1833), c'est l'anatomie comparée. "Mais le point décisif qui éclaircira tout, c'est la structure [Struktur] intérieure des langues ou la grammaire comparée, laquelle nous donnera des solutions toutes nouvelles sur la généalogie des langues, de la même manière que l'anatomie comparée a répandu un grand jour sur l'histoire naturelle plus élevée." Jener entscheidende Punkt aber, der hier alles aufhellen wird, ist die innre Struktur der Sprachen oder die vergleichende Grammatik, welche uns ganz neue Aufschlüsse über die Genealogie der Sprachen auf ähnliche Weise geben wird, wie die vergleichende Anatomie über die höhere Naturgeschichte Licht verbreitet hat. Ce parallèle entre l'histoire des langues et l'histoire naturelle va hanter toute la typologie linguistique, jusqu'à nos jours. En 1808, les questions d'anatomie comparie n'ont pas encore cette dimension critique et internationale qui fera qu'en 1830, au moment de la querelle entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire, Goethe trouvera cela plus intéressant que la révolte des Trois Glorieuses qui installa Louis-Philippe sur le trône. Mais l'anatomie comparée est déjà un modèle et un débat. Pourquoi ? En 1795, un des plus grands savants de l'Allemagne du XVIIIe siècle (il aurait certainement eu le prix Nobel s'il avait existé, à en croire les témoignages de son temps et du suivant), enseignait à Göttingen ; il s'appelait Blumenbach, et il publiait un traité De generis humani varietate nativa, qui, pour être un principe une 3e édition, était en réalité un livre tout nouveau. Quoique certains experts penchent pour Petrus Camper, on s'accorde pour voir en Blumenbach le créateur de l'anthropologie physique. On sait parfaitement comment a tourné, à une période récente, la sauce de l'anthropologie physique, et comment la typologie des races, rejoignant dans un bel élan celle des langues et des cultures dans les années 1880, a produit alors cette synthèse alors nouvelle qui allait être exploitée de la pire façon. Le discours de Gobineau sur l'inégalité des races humaines est des années 1850. Mais détrompons-nous : l'avenir ici est bien pire que son passé, car le propos de Blumenbach dans son traité est (a) de montrer que malgré les techniques de mesure de l'angle facial mises au point par Camper, on ne peut pas définir des races nettement distinctes, que les mesures sont contradictoires (b) que les différentes variétés d'hommes se fondent insensiblement les unes dans les autres : c'est un continuum (c) qu'il n'y a qu'une seule espèce humaine. Il n'en reste pas moins que l'anthropologie physique propose des typologies. La renommée de Blumenbach était immense, et la liste de ses élèves illustres ne l'est pas moins, parmi lesquels Alexandre de Humboldt - qui, dix ans plus tard, à peine revenu de son voyage aux Amériques, s'installait pour vingt-deux ans à Paris, près de l'Institut, pour surveiller ses publications. Nous sommes alors en 1805 : Schlegel vient de repartir pour l'Allemagne. 4. L'anatomie, lieu de naissance. Où est Cuvier, en 1805 ? Il était en pleine gloire, et venait d'achever la publication de son premier grand-œuvre, qui s'appelait justement l'Anatomie comparée (1800-1805). Toutefois, uploads/Litterature/bil-4-typologie-des-langues-pdf.pdf
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- Publié le Mai 29, 2021
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- Langue French
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