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LA CRYPTOGRAPHIE EN QUESTION La diffusion de tout ou partie de ce texte est libre à la seule condition que cet entête soit conservé et que le nom de l'auteur apparaisse clairement dans le texte final. L'étude de la science des écritures secrètes ou cryptographie ne se limite pas à la connaissance de la technique du Chiffre, c'est à dire des systèmes pour crypter des données . Elle comprend aussi l'analyse des systèmes de chiffrement du point de vue de leur attaque, c'est-à-dire la connaissance de la théorie de leur décryptement ( ou " cassage " du Chiffre ) qui permet de retrouver les données de façon illégale sans connaître la clé de décryptement. Ainsi on sera pleinement en mesure d'évaluer la sûreté cryptographique d'un système et, le cas échéant, d'éviter ou pallier les risques provoqués inévitablement par les accidents, fautes ou erreurs de chiffrement. C'est souvent, en effet, des erreurs de chiffrement qui ont permis durant l'Histoire, de casser les systèmes de chiffrement des forces ennemies. S'il existe des principes rigoureux et des règles absolues en Chiffre, il n'en est pas de même en Décryptement et l'on a souvent pu dire dans le passé que le Décryptement était un art. Aujourd'hui, il tend à devenir plus scientifique, grâce à l'informatique, mais reste cependant essentiellement fonction de la personnalité de l'analyste ou cryptologue. LES ORIGINES ET LE DEVELOPPEMENT DU DECRYPTEMENT Les Ecritures secrètes et plus particulièrement le " Chiffre " semblent être nés spontanément dès que, dans un pays, une partie importante de la population a su lire. En tout état de cause, le problème de la conservation du secret des écrits s'impose définitivement avec le développement de l'instruction. En effet, très rapidement, l'indiscrétion est organisée. On cherche à " intercepter " les dépêches pour les lire. Les curieux installent de véritables écoutes dans les appartements des Césars et des Augustes. C'est sans doute pour cette raison que Jules César introduit le Chiffre... Parallèlement au souci de conserver le secret des écrits, naît le désir de " percer " le secret des correspondances d'autrui. La Renaissance qui voit, avec la diffusion de l'instruction, la première période faste du Chiffre, est aussi à l'origine du développement de l'attaque des correspondances chiffrées. Afin de les " élucider ", on intercepte les dépêches chiffrées, on essaie d'en retrouver le texte clair, on fait en définitive de l'analyse cryptographique ou décryptement! La république de Venise se fait remarquer par la virtuosité de ses décrypteurs. L'un d'eux, Marins, est l'auteur d'un ouvrage traitant du décryptement des dépêches secrètes, Del modo di extrazar le cifre, paru en 1578. PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com En France, François Viète (1540-1603), rénovateur de l'Algèbre, exerce aussi son savoir et ses talents sur les dépêches chiffrées de la Cour d'Espagne et de Venise au plus grand profit de Henri IV. Il arriva d'ailleurs à Viète une fâcheuse histoire. En 1545, s'étant vanté imprudemment auprès de courtisans de " lire " les dépêches chiffrées de la Chancellerie d'Espagne, l'ambassadeur de Venise, présent à l'entretien, en fit prévenir Philippe II. Celui-ci ne fit pas moins que d'accuser Viète de sorcellerie et de le faire déférer au tribunal de la Sainte Inquisition. Viète n'échappa au bûcher que sur l'intervention de Rome, convaincue--et pour cause -- du peu de fondement de l'accusation. Viète put ainsi finir ses jours en paix et goûter les honneurs dont Henri IV le comblait. Rossignol s'est immortalisé moins comme créateur du Chiffre de Louis XIV que comme décrypteur. N'appelle-t-on pas " rossignol " la fameuse clef qui ouvre toutes les portes ? Rossignol était, en effet, un extraordinaire spécialiste des " clefs " ( celles du Chiffre bien entendu ). L'on assure que bien peu de dépêches chiffrées à l'époque, lui résistaient. Les débuts de sa carrière remontent à un succès de prestige, obtenu au siège de Réalmont (1626) qui lui valut d'emblée la notoriété. Au cours de la lutte contre les protestants, le prince de Condé vint à assiéger Réalmont. La ville résistait avec acharnement et l'armée de siège autour de la ville risquait d'être décimée par la maladie. Condé se trouvait donc devant l'alternative soit d'investir la place à bref délai, soit de lever le siège. Alors qu'il s'apprêtait à abandonner, on captura un homme du parti adverse qui essayait de traverser les lignes. Fouillé, on trouva sur lui un poème si détestable qu'il était logique, eu égard aux circonstances, de lui attribuer une valeur autre que littéraire. On supposa donc rapidement qu'il s'agissait d'un message secret. L'état-major de Condé se mit à l'ouvrage mais désespéra bientôt de le traduire. Alors un des officiers se souvint à propos d'un certain Rossignol, gentilhomme campagnard de la région, passionné de mathématiques et de cryptographie. Rossignol, âgé de 36 ans, put donner dans la journée la traduction en " clair " du poème. Ce texte, fort révélateur, indiquait que la place manquait de munitions et qu'elle serait dans l'obligation de se rendre si une expédition de secours ne lui était envoyée avec les approvisionnements demandés. Condé, sous la protection d'un drapeau blanc, renvoya sans autre commentaire le message déchiffré aux assiégés de Réalmont. Dès le lendemain matin, la place se rendait. Ce succès de Rossignol ne devait pas rester sans lendemain. Un an plus tard, il se signalait à l'attention de Richelieu en traduisant des dépêches chiffrées en provenance de La Rochelle. Richelieu, en politique avisé, le mit alors à la tête d'un service spécial de correspondances secrètes. Ses succès en décryptement ne se démentirent pas mais ils eurent évidemment peu de publicité. Seules les archives du temps font état de sommes versées à lui-même ou à ses collaborateurs pour les services rendus. Au Grand Siècle, le décryptement était à la mode et certains petits maîtres, jouant les initiés, prétendaient " pénétrer " facilement les textes chiffrés. L'un d'eux, le chevalier de Rohan, s'était même vanté auprès de ses amis de traduire en clair n'importe quel message chiffré sans en posséder la clef. Il fut malheureusement victime de sa vantardise à la suite d'une histoire à la fois rocambolesque et tragique. Pendant la PDF created with pdfFactory Pro trial version www.pdffactory.com guerre de Hollande (1672-1679), accusé d'avoir livré Quilleboeuf aux Hollandais avec la complicité de son ami La Truaumont, il fut interné à la Bastille en attendant son jugement. L'instruction suivait son cours lorsque Rohan reçut un jour un paquet de chemises. Un message chiffré était inscrit sur la manche de l'une d'elles. Ses amis, convaincus qu'il pourrait lire le message, espéraient le prévenir par ce moyen qu'aucune charge n'existait contre lui, La Truaumont étant mort sans avoir rien dit de leur collusion. Mais Rohan ne put traduire le message chiffré. Pris de peur et s'imaginant qu'on voulait l'informer de la découverte des preuves de la conspiration, il avoua tout à ses juges le lendemain. Condamné, il paya de sa vie sa suffisance et sa trahison. Le message qui aurait pu le sauver n'avait pourtant été chiffré qu'en substitution simple littérale à représentation unique , procédé perméable et décrypté par les spécialistes de l'époque. Une autre histoire dont la fin tragique est due à un décryptement réussi est celle de la conspiration du duc d'Argyll, en 1685. Cette conspiration avait pour but de mettre sur le trône d'Ecosse, en lieu et place de Jacques II, frère du défunt Charles II, le duc de Monmouth. fils naturel de ce dernier. Les conjurés crurent prudent d'innover en matière de Chiffre et utilisèrent, pour correspondre entre eux, un procédé de leur invention. Les messages secrets envoyés en Ecosse, interceptés, se composaient apparemment d'une suite incohérente de mots. Mais on s'aperçut vite qu'il s'agissait d'une transposition (ou anagramme) portant sur des mots entiers. Les messages, mis sous une forme plus cohérente, contenaient encore quelques mots sans signification que le sens général des phrases rétablies permettait cependant de supposer comme devant être des noms propres. Grâce au contexte, il fut relativement facile de rétablir ces noms propres. Les dépêches étant décryptées, le roi Jacques II put prendre des mesures en conséquence. Le débarquement qui eut lieu en mai 1685 échoua et les têtes des ducs d'Argyll et de Monmouth roulèrent sous la hache du bourreau. Au XVIII° siècle, le décryptement est en " veilleuse " et Voltaire dans l'article " Postes " de son Dictionnaire philosophique (1764) peut écrire: " Ceux qui se vantent de déchiffrer une lettre sans être instruits des affaires qu'on y traite et sans avoir de secours préliminaires sont de plus grands charlatans que ceux qui se vanteraient d'entendre une langue qu'ils n'ont point apprise. " Sous le Directoire, l'état-major français rétablit le " clair " de la correspondance chiffrée saisie en janvier 1796 dans les fourgons du général autrichien Klinglin. Cette correspondance, chiffrée en Jules César, permit d'établir la trahison du général Charles Pichegru, commandant en chef de l'armée française du Rhin. Au XIXe siècle l'impulsion est donnée par des écrivains. Qui ne se souvient d'avoir lu Le scarabée d'or d'Edgard Poe (1809-1849) ? Dans cette nouvelle, uploads/Litterature/ cryptographie 1 .pdf

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