N°5 - SEPTEMBRE > DÉCEMBRE 2012 PETITS formules et maximes à l’usage des dandys
N°5 - SEPTEMBRE > DÉCEMBRE 2012 PETITS formules et maximes à l’usage des dandys de Baudelaire à Cioran 75 DANDY WARHOL DANIEL SALVATORE SCHIFFER CHARLES BAUDELAIRE (PORTRAIT F. NADAR) Illustration couverture : Marc Salvatore Graphisme : Pascal Liénard Le Théâtre-Poème et les Jeunesses Poétiques A.S.B.L. Direction: Dolorès Oscari 30, Rue d’Écosse B-1060 Bruxelles (Saint-Gilles) Belgique www.theatrepoeme.be info@theatrepoeme.be Tél. : +32-(0)2-538.63.58 Fax : +32-(0)2-534.58.58 formules et maximes à l’usage des dandys de Baudelaire à Cioran DANDY WARHOL DANIEL SALVATORE SCHIFFER 75 PETITS CAHIERS ÉVADÉS DU POÈME 2 - 7 - « Le dandysme est l’affirmation de la modernité absolue de la Beauté. » Oscar Wilde, Quelques maximes pour l’instruction des personnes trop instruites « Qui est dandy ? Brummell, un chef-d’œuvre de sobriété britannique ? Barbey d’Aurevilly, ‘bardé d’or vieilli’, agent provocateur du bon goût ? Baudelaire, l’ascétique vêtu de noir portant le ‘deuil de son époque souffrante’ ? Boni de Castellane, l’hôte fastueux du Palais Rose ? Des Esseintes, le grand solitaire cloîtré dans sa thébaïde ? Le bel Alcibiade laissant traîner dans les rues d’Athènes ses robes de pourpre, mutilant à loisir la beauté luxueuse de ses chiens ? Ou encore David Bowie, le mystérieux rocker à la lippe dédaigneuse ? Impossibles réponses. Les dandys toujours mouvants, toujours différents, narguent les académies et se dérobent à toutes les curiosités. La multiplicité de leurs individualités fait d’eux des êtres absolument atypiques. Et le masque du mystère voile le secret de leur nature. Le mot ‘dandy’ suppose donc un infini pluriel et une singularité indéfinie. Le mot ‘dandysme’, lui, évoque une généralité bien illusoire. 1 2 OSCAR WILDE (PORTRAIT N. SARONY) - 8 - - 9 - le Dandysme était surtout l’art de la mise, une heureuse et audacieuse dictature en fait de toilette et d’élégance extérieure. Très certainement c’est cela aussi ; mais c’est bien davantage. Le Dandysme est toute une manière d’être, et l’on n’est pas que par le côté matériellement visible. C’est une manière d’être, entièrement composée de nuances (…). Ainsi, une des conséquences du Dandysme, un de ses principaux caractères - (…) son caractère le plus général - est-il de produire toujours l’imprévu (…). Le Dandysme (…) se joue de la règle et pourtant la respecte encore. Il en souffre et s’en venge tout en la subissant ; il s’en réclame quand il y échappe ; il la domine et en est dominé tour à tour : double et muable caractère ! Pour ce jeu, il faut avoir à son service toutes les souplesses qui font la grâce, comme les nuances du prisme forment l’opale, en se réunissant. » Jules Barbey d’Aurevilly, Du Dandysme et de George Brummell « Ce qui fait le Dandy, c’est l’indépendance. Autrement, il y aurait une législation du Dandysme, et il n’y en a pas. Tout Dandy est un oseur, mais un oseur qui a du tact, qui s’arrête à temps et qui trouve, entre l’originalité et l’excentricité, le fameux point d’intersection de Pascal. ». Jules Barbey d’Aurevilly, Du Dandysme et de George Brummell Jouant sur plusieurs tableaux, il échappe totalement à la tentative dogmatique d’une définition unique. » Marie-Christine Natta, La Grandeur sans convictions - Essai sur le dandysme « Comme tant d’autres mouvements qui se situent en marge de la société pour la dénoncer en même temps que la faire rêver (…), le dandysme intéresse donc autant l’histoire que la littérature. Or cette double relation est à l’origine de l’ambiguïté qui caractérise sa définition. D’où part-on, en effet, pour comprendre le dandysme ? De l’histoire ou de la littérature, du document ou du mythe, de l’exactitude des faits ou de la vérité imaginaire ? (…) Le dandysme n’a laissé ni doctrine, ni code, ni manifeste, n’a inventé ni école ni mouvement, alors qu’il est inimitable et intransmissible (…). Il n’y a pas en réalité un dandysme mais des dandysmes. » Henriette Levillain, avant-propos au Petit Dictionnaire du dandy de Giuseppe Scaraffia « Brummell (…) fut le Dandysme même. Ceci est presque aussi difficile à décrire qu’à définir. Les esprits qui ne voient les choses que par leur plus petit côté, ont imaginé que 5 3 4 - 10 - - 11 - des signes. Il célèbre le sublime imperceptible. Il n’étend sa loi terrible qu’à des agencements secondaires. De son vêtement, il s’est fait une meilleure peau, une muraille opaque d’où il tire la règle de son élégance : le dandy s’habille pour devenir invisible. Il choisit de se vêtir comme le belluaire choisit d’être nu - afin de n’offrir aucune prise. Il peut alors s’esquiver derrière son apparence comme un absolu derrière son incarnation. » Jean-Paul Enthoven, Les Enfants de Saturne « Eternelle supériorité du Dandy. Qu’est-ce que le Dandy ? » Charles Baudelaire, Mon Cœur mis à nu « Le dandysme est une institution vague, aussi bizarre que le duel ; très ancienne, puisque César, Catilina, Alcibiade nous en fournissent des types éclatants ; très générale, puisque Chateaubriand l’a trouvée dans les forêts et au bord des lacs du Nouveau-Monde. Le dandysme, qui est une institution en dehors des lois, a des lois rigoureuses auxquelles sont strictement soumis tous ses sujets, quelles que soient d’ailleurs la fougue et l’indépendance de leur « Puis vinrent, par hasard, les évangiles où Baudelaire et Barbey d’Aurevilly glorifièrent Brummell à l’égal d’un dieu profane. (…). On y voit Brummell, tel qu’il surgit alors, sombre adolescent, en provenance de lui-même et égaré dans une aristocratie qui, bradant ses lignages, semble abdiquer en faveur d’un ange. (…). Son allure procède de l’esprit plus que du corps. (…). Il ne veut, quant à lui, qu’une élégance sobre et sans ornement. Il aime le noir, le blanc, le bleu presque noir. (…).C’est de ce Brummell, mystique et cérébral, capable de verser à dose égale l’effroi ou la sympathie, que Baudelaire fit un prêtre selon son cœur. » Jean-Paul Enthoven, Les Enfants de Saturne « Ce Brummell-là sera toujours indispensable pour qui veut inscrire sa morale dans un système d’illusions. L’illusion ? Il en fit donc, à dessein, la matière même de son art et le principe despotique de son gouvernement. Puisque Brummell sait qu’il n’est rien, il va s’engendrer, se dissimuler, se contraindre à n’être qu’un masque sans visage, qu’un héros dépourvu d’identité. C’est à partir de cet exercice spirituel - « The Making of Me » - qu’il se réduit à une pure manifestation, à un inépuisable gisement d’artifices. Que veut-il vraiment ? Jusqu’à quel point se laisse-t-il abuser par son sacerdoce frivole ? Brummell se tait. Il règne sur 7 9 8 6 - 12 - - 13 - caractère. (…). Ces êtres n’ont pas d’autre état que de cultiver l’idée du beau dans leur personne, de satisfaire leurs passions, de sentir et de penser. » Charles Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne « Le dandysme n’est même pas, comme beaucoup de personnes peu réfléchies paraissent le croire, un goût immodéré de la toilette et de l’élégance matérielle. Ces choses ne sont pour le parfait dandy qu’un symbole de la supériorité aristocratique de son esprit. Aussi, à ses yeux, épris avant tout de distinction, la perfection de la toilette consiste-t-elle dans la simplicité absolue, qui est, en effet, la meilleure manière de se distinguer. Qu’est-ce donc que cette passion qui, devenue doctrine, a fait des adeptes dominateurs, cette institution non écrite qui a formé une caste si hautaine ? C’est avant tout le besoin ardent de se faire une originalité, contenu dans les limites extérieures des convenances. C’est une espèce de culte de soi-même (…). C’est le plaisir d’étonner et la satisfaction orgueilleuse de ne jamais être étonné. Un dandy peut être un homme blasé, peut-être un homme souffrant ; mais, dans ce dernier cas, il sourira comme le Lacédémonien sous la morsure du renard. On voit que, par de certains côtés, le dandysme confine au spiritualisme et au stoïcisme. (…). Étrange spiritualisme ! (…). En vérité, je n’avais pas tout à fait tort de considérer le dandysme comme une espèce de religion. » Charles Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne 10 (PORTRAIT J. SCHAFER) ARTHUR SCHOPENHAUER - 14 - - 15 - « Le dandysme apparaît surtout aux époques transitoires où la démocratie n’est pas encore toute puissante, où l’aristocratie n’est que partiellement chancelante et avilie. Dans le trouble de ces époques quelques hommes déclassés, dégoûtés, désœuvrés, mais tous riches de force native, peuvent concevoir le projet de fonder une espèce nouvelle d’aristocratie, d’autant plus difficile à rompre qu’elle sera basée sur les facultés les plus précieuses, les plus indestructibles, et sur les dons célestes que le travail et l’argent ne peuvent conférer. Le dandysme est le dernier éclat d’héroïsme dans les décadences. » Charles Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne « Le Dandy doit aspirer à être sublime sans interruption ; il doit vivre et dormir devant un miroir. » Charles Baudelaire, Mon cœur mis à nu « Le mot dandy implique une quintessence de caractère et une intelligence subtile de tout le mécanisme moral de ce monde. » uploads/Litterature/ dandy-warhol-daniel-salvatore-schiffer.pdf
Documents similaires
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/XK8T4HltacRTKIkSO4KWNR0yLXe4PUHjk4yODzLZYIAIqDT9PWHwRq4myYdws6JKQuPdz7IX7FJY20kbR24iUXFR.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/x5HcQoFKLsOvgCIaeuWlWllRUhHFuy4pxDApLAizAYwmPMGp9p8HFt9NyJIuFxv6EL89BY2nrElsjjfSFouDaTNB.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/S7wM5x09epRYjHktAvQp8EYfG0VuwjI6ptUTpX9QFtu4ntsr2CbxRL79i2NnTnj9zS6VlmxDpyvRCY5l9tMvARDL.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/giiUGMutaBwNNYwTIWSODC1sWRP5Rqt3GQoltpI4mqi1zCy67g6LWPRwRiyJNopNeN4H1QfJNhKpysY3OkfZ7NYr.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/AlDHI5H7h2MWyfWvCpk4WrHaMklJSMsYEJCByrLwnAkHNOHEYIFfLhZaMld7J3J8vPXhAqZ81FdLCr6uDxEWPbnI.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/85PyK4BMUtuDcZiWT24mRgVPqwjOcjVXwAongwFYeTDRVp02pexYC1cJGq7vumRWdr3RogOsrhMu1PiK3FzeM6gw.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/EeauaxBoapRCVKNwwjmU2Djt4jHtgWqEBlArYOylKDpeYyzf1YM2IVBfclEkfdE86JOodRAcI6pMql36sI8ponBo.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/L7XVoBQuKxzqFGGn7oLByinwNlTOQolhacTo094DT33ScmOqISpjoHzViVQ7gq7ycKPJqiaidz20gm01HBgAW9hy.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/vy0a717Opp42VDOQT5tsr17i96jYzPhgz8u2CjhNlTnDLDoeqK149v8161rYTYc55IQngK2MIvN0XDMudlbci0kp.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/3ouxXrq5wHv1NSZc6AB2ADqP6g1RQcrOG3utQtGWqoM1AO69K2f94VUtBcgoFu6DldjnpCTqMjXADLhqdJrIZJkF.png)
-
21
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 19, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 6.2408MB