De Libro Sancti Jacobi Le Codex Calixtinus : un trésor du XIIe siècle Alain Gue
De Libro Sancti Jacobi Le Codex Calixtinus : un trésor du XIIe siècle Alain Guerry Collège Saint-Michel – Fribourg Travail de maturité Sous la direction de Mme Carmen Jaton Juin 2004 SOMMAIRE 1. INTRODUCTION ...........................................................................................3 2. L’ASPECT MATÉRIEL DU CODEX ...................................................................5 2.1. L’ÉVOLUTION DU LIVRE DE L’ANTIQUITÉ AU MOYEN-ÂGE ....................5 2.2. LE NOM DE L’ŒUVRE ...........................................................................8 2.3. LE CODEX, SES COPIES ET SES SCRIPTORES ..........................................9 2.3.1. Le Codex Calixtinus .................................................................................9 2.3.2. Le manuscrit de Ripoll ............................................................................10 2.3.3. Le manuscrit d’Alcobaça .........................................................................11 2.3.4. D’autres copies ........................................................................................12 2.3.5. Pourquoi et comment le Codex a-t-il été copié ? .......................................12 3. LE CONTENU DU LIBER .............................................................................14 3.1. SURVOL DES CINQ LIVRES .................................................................. 14 3.1.1. Lettre du pape Calixte .............................................................................14 3.1.2. Livre premier ...........................................................................................15 3.1.3. Livre II ou Livre des Miracles ..................................................................16 3.1.4. Livre III ..................................................................................................16 3.1.5. Livre IV ou « Histoire de Charlemagne et de Roland par l’archevêque Turpin » .....................................................................17 3.1.6. Livre V (anc. IV) ou « Guide du pèlerin » .................................................17 3.1.7. La suite ...................................................................................................18 3.2. POURQUOI A-T-IL ÉTÉ ÉCRIT ? ............................................................. 19 3.3. QUI EN EST L’AUTEUR ? ...................................................................... 22 3.3.1. L’auteur est français .................................................................................22 3.3.2. L’auteur est un homme d’église ................................................................22 3.3.3. L’auteur n’est pas Calixte II ni Turpin ......................................................23 3.3.4. Aymeric Picaud .......................................................................................24 3.4. QUAND A-T-IL ÉTÉ ÉCRIT ? ................................................................. 25 4. CONCLUSION ............................................................................................26 5. BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................28 6. REMERCIEMENTS ......................................................................................29 ¹ MOISAN (André), « Annexe I – Les datations », dans Le livre de Saint-Jacques ou Codex Calixtinus de Compos- telle, Étude critique et littéraire, Genève, Editions Slatkine, 992, pp. 233-234 et 236. ² VIEILLARD (Jeanne), Le guide du pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle (texte bilingue, latin et français, traduit d’après les manuscrits du XIIe siècle), cinquième édition, Paris, Vrin, 990, 52 pp. 1. INTRODUCTION Le Codex Calixtinus, c’est-à-dire le manuscrit du Liber Sancti Jacobi conservé à Com- postelle (Espagne), fut rédigé entre 30 et 40 ¹. A l’époque, sans nos actuels télévisions, radios et réseaux de communication, les villes et villages étaient comme des îlots de relative sécurité dans un monde encore en grande partie inconnu et dangereux, notamment pour les couches basses de la population qui n’avaient pas accès à l’enseignement. Les rares cou- rageux qui s’en étaient allés voir le monde (sur les routes du pèlerinage de Compostelle, par exemple), et qui avaient réussi à revenir, rentraient chez eux remplis d’histoires à conter aux jeunes générations, lesquelles rêvaient de pouvoir partir à leur tour. Dans ce contexte, les conseils de voyage et les itinéraires se transmettaient de père en fils ou par le clergé qui était un des rares vrais « réseaux d’information » de ce temps-là. C’est ainsi qu’au XIIe siècle, les pèlerins sentirent le besoin de fixer ces savoirs oraux, ce qui donna naissance au livre V du Liber, le plus notoire, le Guide du pèlerin ². Le Guide vint s’ajouter à d’autres textes (nous y reviendrons) pour former ce que l’on nomme le Liber Sancti Jacobi qui fut maintes fois remanié, complété, recopié, puis anno- té, mais dont le manuscrit le plus « authentique » se trouve aux archives de la cathédrale de Compostelle et que l’on désigne sous le nom de Codex Calixtinus, du nom du pape Calixte II qui en aurait initié la rédaction. Dans ce travail, nous parlerons d’abord des codex et autres formes de documents écrits, de leur fabrication et de leur importance, avant de passer à l’aspect matériel du Codex Calixtinus lui-même et des copies qui en ont été faites. — 3 — — 4 — Ensuite, nous aborderons quelques questions au sujet du Liber, de ses cinq livres, de son auteur et de sa conception. Nous essaierons ainsi de mieux comprendre cette œuvre qui ne livre pas facilement ses secrets. D E L I B R O S A N C T I J A C O B I – L E C O D E X C A L I X T I N U S : U N T R É S O R D U X I I e S I È C L E Fig. 1 : Codex Calixtinus, Santiago de Compostela, Archivo de la Catedral, folio 1r, in VILLAVERDE (Elisardo Temperán), La liturgia propia de Santiago en el “ Códice Calixtino ”, Xunta de Galicia, Santiago de Compostela, 997, p. 2 – Premier folio, incipit du Liber sancti Jacobi (ici nommé « le Jacobus »). La lettrine représente le pape Calixte II écrivant le codex. — 5 — 2. L’ASPECT MATÉRIEL DU CODEX Le Liber Sancti Jacobi, c’est d’abord un livre, un document physique conservé aux Archives de la Cathédrale à Compostelle (sous le nom de Codex Calixtinus). Ce livre a une histoire, des blessures, un ou plusieurs auteurs peut-être. Des copies en ont été faites, des passages arrachés et d’autres ajoutés. Les scientifiques se sont penchés sur cet aspect tangible du Codex dès le XXe siècle, quand ils ont eu un accès facile aux microfilms et autres repro- ductions des différentes versions du Liber, tandis que les chercheurs des siècles précédents s’attachaient surtout aux côtés littéraire et sacré. L’abbé André Moisan (op. cit.) a tenté une intéressante approche autant littéraire que critique au niveau des objets historiques. Nous entamerons ce chapitre par un résumé de l’évolution du livre manuscrit à tra- vers l’histoire, autour du bassin méditerranéen, pour bien comprendre la grande valeur de cet objet unique. 2.1. L’ÉVOLUTION DU LIVRE DE L’ANTIQUITÉ AU MOYEN-ÂGE 1 L’histoire des supports écrits est très longue et très différente d’un continent à l’autre, d’une culture à l’autre. Nous nous intéresserons ici à « notre » histoire, à savoir celle du bas- sin méditerranéen. Notons d’avance que de tout temps, le livre (sous toutes ses formes), fut un produit de luxe et qu’il ne fut véritablement démocratisé qu’au XIXe siècle, avec la géné- ralisation des procédés de fabrication du papier et d’impression mécanique. Tout commence donc avec l’Egypte, la Grèce, puis Rome. C’est alors l’âge d’or du papyrus, qui durera jusqu’au IIe siècle après J.-C. Le papyrus est fragile et d’une fabrication ¹ Ce sous-chapitre est basé sur la conférence Introduction à l’histoire du livre ancien – Le livre manuscrit donnée par Alain Bosson (du domaine patrimoine imprimé et livres précieux de la BCU Fribourg), dans le cadre des « Ren- contres de la Rotonde » à la Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Fribourg. A. Bosson cite notamment BARBIER (Frédéric), Histoire du livre, Armand Colin, Paris, 200, 304 pp., FEBVRE & MARTIN (Lucien & Henri-Jean), L’appa- rition du livre, Albin Michel, Paris, 999, 588 pp. (e éd. 958). — 6 — D E L I B R O S A N C T I J A C O B I – L E C O D E X C A L I X T I N U S : U N T R É S O R D U X I I e S I È C L E lente et coûteuse, puisqu’il nécessite l’utilisation du papyrus qui ne pousse qu’en Egypte. Déjà, le volumen de l’époque, une longue feuille qu’on déroule (ce qui nécessite une lecture continue et empêche une consultation rapide, à l’aide d’un index par exemple), est un pro- duit mal pratique, fragile et onéreux. On comprend mieux la renommée de la fameuse bi- bliothèque d’Alexandrie, dont on suppose qu’elle contenait environ 40 000 volumes ! C’est d’ailleurs près d’Alexandrie, à la bibliothèque rivale de Pergame, qu’apparaît au IIIe siècle le parchemin (dont le nom est justement la déformation du mot Pergame). Cette invention va régler en partie un premier problème, celui de la matière première : le parche- min est obtenu après le traitement de peaux (de chèvre, par exemple), qui sont disponibles partout et beaucoup plus résistantes que la fibre de papyrus. Cependant, les peaux sont elles aussi coûteuses et de même l’est la fabrication du parchemin. Petite parenthèse étymologique ¹ : notre papier vient du mot papyrus, qui a donné Byblos au Liban, d’où notre bible. Le codex était à l’origine un bloc de bois coupé (lat. caedere, couper). Le mot liber vient de la partie de l’arbre utilisée comme papier et est lié à l’idée de blancheur (lat. albus, blanc). Pour être exhaustif, citons également la série bouquin, book (anglais), bouk (russe) et Buch (allemand), que l’on rapproche de l’anglais beech, le hê- tre, qui servit également de support écrit. L’état fini du parchemin est assez semblable à celui du papier que nous connaissons et le nouveau format de livre qui apparaît avec lui, à savoir un ensemble de cahiers cousus et maintenus ensemble par une reliure, rendent l’écriture et la consultation des textes beau- coup plus pratiques, puisqu’on peut facilement retrouver un passage précis en feuilletant l’ouvrage. Ce sont ces livres artisanaux que l’on nomme codex. Au Moyen-Age, les livres seront donc toujours presque aussi rares que pendant l’An- tiquité. Une sensible innovation sera toutefois celle des scriptoria, à savoir les ateliers de co- pistes qui apparurent dans les couvents ou les monastères. La plupart des manuscrits de l’époque n’ont été copiés que quelques fois, mais certains uploads/Litterature/ de-libro-sancti-jacobi-le-codex-calixtinus-un-tresor-du-xiie-siecle-alain-guerry.pdf
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- Publié le Jui 19, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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