Dans le “au lecteur” de l’amour médecin, Molière affirme que “les comédies ne s

Dans le “au lecteur” de l’amour médecin, Molière affirme que “les comédies ne sont faites que pour être jouées” à la lumière de votre lecture du Malade Imaginaire, vous vous interrogerez sur cette affirmation dans un développement argumenté. Les Hommes avaient et ont, de tout temps, besoin de rire. Ainsi, la comédie est depuis longtemps un genre théâtral très répandu ; dévalorisé par rapport à la tragédie avant Molière, elle existait depuis l’Antiquité et était extrêmement populaire. Dans la préface de sa comédie L’amour Médecin, représentée pour la première fois en 1665, Molière nous indique que les comédies ne sont, selon lui, « faites que pour être joués ». Dès lors, nous pouvons nous demander en quoi les comédies, et particulièrement celles de Molière, proposent à leur public une double expérience. Pour ce faire, nous verrons pourquoi la comédie doit d’abords se voir, puis nous démontrerons pourquoi les comédies doivent aussi se lire et enfin nous étudierons en quoi lire les pièces comiques nécessite des yeux pour les voir. Le mot « théâtre » viens du latin « theatrum », qui signifie « lieu de représentation », venant lui- même du grec « theatron », signifiant « l’endroit d’où on voit ». Dans la Grèce antique, les théâtres étaient construits en plein air ; l’endroit destiné aux spectateurs se nommait « theatron ». Cela nous montre déjà que, depuis son apparition, le théâtre est un art destiné à être joué, et se voyait comme une représentation plutôt qu’un texte. Dans une représentation théâtrale, la mise en scène prends une place très importante ; de cette manière, le metteur en scène nous transmet sa vision de la pièce. Cela nous apporte évidemment un autre point de vue, mais la mise en scène peut nous permettre de voir des points important de la comédie qui vont au-delà du rire. Parmi les nombreuses mises en scènes possibles, il nous convient alors de se demander pourquoi une telle a été choisi plutôt qu’une autre, et cela permet au metteur en scène d’accentuer certains points de la pièce. Une mise en scène d’une comédie de Molière, par exemple, peut donc appuyer la satire ou bien le comique. Lorsqu’on regarde une comédie, on a l’occasion de capter des subtilités de jeu qui peuvent nous échapper lors de la lecture. En effet, le talent des acteurs a un rôle important dans la transmission des idées implicites des différentes comédies. De plus, il existe une infinité de façons de jouer une pièce ; par exemple, Le Malade imaginaire de Molière (1673) est une pièce qui ne comporte que très peu de didascalies et qui laisse donc un grand libre-arbitre aux acteurs et surtout au metteur en scène. Ainsi, le jeu des acteurs prends une place importante dans la représentation des comédies ; des scènes comme la scène première de l’acte premier peuvent être interprétés de façons très différentes, et chaque interprétation nous procure une expérience différente. Les œuvres théâtrales de Molière sont parsemées de beaucoup de comédie-ballets, genre inventé par Molière et Lully, qui combine musique et comédie. Dès lors, il devient un peu absurde de lire les comédie-ballets, car ce sont des œuvres qui, au même titre que les opéras ou les concerto, ont étés composés pour être vues; peu de gens sont capables d’apprécier un opéra en le lisant comme si ils le voyaient, à l’instar des comédies et des comédies-ballet. Le Malade imaginaire, comédie-ballet de Molière et Marc-Antoine Charpentier, nous le montre en mettant en scène des interludes aussi plaisant qu’important pour l’intrigue ; s’en priver c’est perdre une partie de la pièce. Cependant, bien que les comédies soient écrites pour être vues, il est également important de les lire ; en effet, c’est d’abord un texte avant d’être une représentation. Ainsi, il est important de lire les textes pour repérer d’éventuels détails omis par le metteur en scène, et pouvoir voir les idées de l’auteur à nus. La mise en scène peut, volontairement ou involontairement, éclipser certains détails sous-jacents de la pièce. Lorsqu’on assiste à une pièce, on peut être absorbé par le jeu des acteurs et laisser passer des côtés satiriques ou dénonciateurs, qui sont évidemment importants, au profit de côtés comiques. Par exemple, lire la comédie du Malade imaginaire va très probablement nous éclairer sur certains points du texte, en particulier sur les passages satiriques ou philosophiques. Quand on lit un texte, notre imagination nous permet de voir une infinité de mises en scène, tandis que voir une pièce ne nous en présente qu’une. Ainsi, si on va voir une pièce puis qu’on la lit, notre imagination sera bridée par la mise en scène de la représentation et notre vision de la comédie sera cantonnée dans un espace restreint par la représentation. Si on voit une pièce représentée avec une mise en scène moderne, lorsqu’on lira par la suite cette même pièce on imaginera plus facilement un contexte moderne et on sera moins enclin à laisser courir notre imagination. Bien que la comédie ait un but comique, il ne faut surtout pas, en particulier dans le théâtre de Molière, omettre sa visée didactique. La comédie-miroir permet de châtier les mœurs par le rire ; castigat ridende mores, c’est bien l’objectif à moitié caché des œuvres de Molière. Cependant, le public ne pourra pas ou mal s’identifier aux personnages-miroirs si ils sont mal perçus ; c’est pourquoi voir une pièce est important pour percevoir la catharsis comique. La majorité des pièces de Molière étant remplie de subtilités satiriques, il devient malgré tout important de lire ses œuvres pour ne rien rater de son génie théâtral et pouvoir percevoir l’intégralité de ses idées. Toute la subtilité est qu’il ne faut pas lire ses œuvres comme on lirait un roman. Dans la préface de L’Amour médecin, représenté pour la première fois en 1665, Molière ajoute à ses lecteurs qu’il « ne conseille de lire [sa pièce] qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre » ; en d’autres termes, il encourage les gens dont l’imagination n’est pas assez développée pour apprécier cette -et ses- pièces autant que si ils les voyaient à se garder de les lire et aller les voir. Ainsi, cette préface nous indique que la réelle lecture des pièces de théâtre se fait par la vision du jeu, et que le théâtre est un genre qui nécessite une lecture bien différente que celle qu’on fait des poèmes ou des romans. Molière nous indique donc que ses pièces sont faites pour être vues, et pour être lues ; il convient cependant de les lire avec un œil propre au théâtre. Pour finir, on peut dire que les comédies de Molière regorgent d’une infinité de subtilités sarcastiques qui permettent de tourner en dérision les vices des Hommes ; avarie, hypocrisie, incompétence ou encore hypocondrie dans le cas du Malade imaginaire, cet immense dramaturge et comédien réussi à nous faire voir à travers ses pièces les travers de la société. Chacune de ses œuvres doit être vue avec une extrême attention, et lue avec plus encore ; cette double approche des pièces nous permet de les appréhender avec une vision plus large que si on s’écrasait simplement dans leurs textes. Avec ses magnifiques pièces, le premier farceur de France nous questionne sur l’Homme mais surtout sur nous même ; ne sommes nous pas comme le Tartuffe, un imposteur hypocrite qui parasite la vie des gens ? Ne sommes-nous pas comme Argan, un hypocondriaque vénal et égocentrique ? En nous faisant rire de ces personnages, il nous permet d’éviter de les devenir, et cette qualité est à la littérature ce que l’or est pour Harpagon ; belle et inestimable, elle fait de lui un écrivain hors-normes. Ainsi, on est en droit de se demander si les mœurs châtiés par Molière sont toujours d’actualités, et si ses pièce ont la même efficacité didactique que de son temps. uploads/Litterature/ dissert 4 .pdf

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