G I L L E S D E L E U Z E Les cours de Gilles Deleuze CINÈMA/VÉRITÉ ET TEMPS –
G I L L E S D E L E U Z E Les cours de Gilles Deleuze CINÈMA/VÉRITÉ ET TEMPS – RA PUISSANCE DU FAUX – NOV. 1983/JUIN 1984 – COURS 45 À 66 – R S HEURES) E D I T I O N S P A R I S 8 2 (3) Verité et temps : le Faussaire 45a cours du 08/11/83 Maintenant moi, les problèmes de droit me passionnent : est ce qu’on peut assimiler une salle de faculté à un endroit public ? Oui parce que tout le monde peut y entrer, mais à d’autres égards non, non. Est ce que c’est un service public ? Il y a à dire, il n’y a pas un avocat ici ? Il y a à dire là-dessus. [....] Il y a des lieux publics où il est permis de fumer, des lieux publics aérés, là c’est aéré. J’ai proposé et je le redis bien, comme je ne peux plus hélas, supporter beaucoup de fumée, je demande à ceux qui fument d’être dans la seconde moitié de la salle. Discussions dans la salle... Votre argument hygiénique me gêne beaucoup, parce que après tout, si ceux qui sont saisis d’une passion malsaine nous mettent en situation de danger, ce n’est pas absolument mal élève : ça c’est votre point de vue Gilles Deleuze : Oui mais mon point de vue est déterminant. (Rires dans la salle). Comment empêcher les autres de faire le mal ? Enfin...Je prévois que le second problème va être : pourquoi n’allez vous pas en amphithéâtre ? Alors là on reconnaîtra que l’année recommence. Quelle heure il est ? Mon problème c’est : est ce qu’on commence ou est ce qu’on attend dix minutes, si il y en a d’autres qui arrivent ? mais je ne vois pas où ils se mettraient, les autres Bon on peut commencer. D’habitude je ferai cours le plus tôt possible entre dix heures et dix heures et quart, pas les dernières fois, pas à dix heures et demie. Alors, si j’essayais de donner un titre, par commodité, à ce que je vous propose de faire cette année, ce serait, ça répondrait exactement à, à peu près exactement à : Vérité et temps : le faussaire. Alors immédiatement bon et bien du coup on est lancé, parce que vérité et temps le faussaire, pourquoi que le faussaire il serait lié à un problème de la vérité et du temps ? Si bien que cet ensemble de notions évidemment est censé grouper un certain nombre de directions de recherches. Et j’aimerai bien là contrairement aux autres années où les directions de recherches que nous avions, on les découvrait au fur et à mesure, je voudrais en indiquer quelques unes dans un but pratique. Je rêverais que soit par groupe par individualité, donc par groupe de un ou de plusieurs, indépendants ou groupés, vous vous engagez (pas dans toutes ces directions de recherches ça m’intéresserait pas, ça serait trop) mais que d’après si quelque chose vous intéresse et si vous venez plutôt si vous revenez c’est que quelque chose vous aura intéressé, que certains d’entre vous voient, aillent dans telle direction, alors j’aimerai bien que vous vous disiez, « et bien ça je vais m’y 3 mettre pendant, alors là du coup indépendamment de moi, et comme vous l’auriez fait indépendamment de moi, vous m’apporteriez d’autant plus. Je précise, quoiqu’on ne me l’ai pas demandé, que si je ne veux vraiment pas aller en amphithéâtre c’est parce que je souhaite toujours que il n’y ait pas de problème quant aux interventions de quelqu’un, quand il souhaite m’interrompre, quand il souhaite apporter quelque chose tout ça, et que dans les conditions d’un amphithéâtre cela est impossible. Alors je dis les directions de recherche, sans ordre hiérarchique du tout, qui nous occuperons cette année - peu importe pour le moment qu’on ne voit pas pourquoi c’est lié à mon sujet, on le découvrira, on le découvrira petit à petit. Je voudrais pour ceux que ça intéressent que, et je compte m’appuyer beaucoup sur un romancier Américain célèbre, un romancier Américain qui s’appelle Hermann Melville. Donc tous ceux que cette direction de recherche intéressent je leur demande de lire ou relire Melville et particulièrement s’ils le peuvent, un livre de Melville qui est hélas le moins connu en France, qui à été traduit sous le titre "Le grand escroc". Et dont le titre Anglais est, vous connaissez d’avance ma prononciation déplorable "The confidence man". Je ne sais pas comment on pourrait le traduire c’est pas par hasard que le traducteur Français qui est très bon, l’a traduit "le grand escroc", et en effet la formule le grand escroc apparaît dans le roman mais "Confidence man" je ne verrai pour traduire qu’avec un trait d’union : l’homme-confiance. Bien évidemment ce n’est pas l’homme de confiance, le personnage... Hélas ce livre est introuvable parce qu’il est épuisé et n’est pas réédité en français, ceux qui lisent l’anglais n’auront pas de difficulté. Donc vous ne pouvez le trouver que si vous avez un ami qui l’a - il y a quand même beaucoup de gens qui l’ont, ou bien en le lisant ou en l’empruntant à une bibliothèque. Voila une première direction, Melville ça m’intéresserait beaucoup. Deuxième direction : Platon, mais pas n’importe quel Platon, je remarque que il est célèbre que entre Platon et ce qu’on appelle les sophistes il y a une longue guerre interminable, que Platon poursuit à travers toute son œuvre. Je remarque aussi que, on a vite fait nous, lecteurs, qui sommes si loin, si loin là de toutes ces histoires des Grecs. Nous lecteurs nous avons vite fait de parler "des sophistes" d’une part et d’autre part de Socrate et de Platon. Mais des qu’on lit d’un peu plus près et même des commentateurs de Platon, très sérieux il me semble, on parle des sophistes comme si il y avait une unité. Je remarque que Platon traite ses problèmes avec les sophistes et même sa guerre avec les sophistes en fonction de cinq grands textes, trois d’entre eux ont pour titre les noms des trois plus grands sophistes, qui nous sont parvenus - parce qu’il ne nous est pas parvenu grand-chose. L ’un s’appelle, l’un de ces dialogues de Platon s’appelle : Le Protagoras, l’autre s’appelle : Le Gorgias, et l’autre à vrai dire il y en a deux s’appelle L’Hippias, Hippias mineur et Hippias majeur, il n’y a pas deux Hippias mais il y a deux dialogues de Platon. Je dis donc voila trois sophistes : Protagoras, Gorgias, Hippias. Si on lit avec attention, et ça pourrait être un but de vos recherches, ceux qui prendraient cette direction, si on lit avec attention les dialogues de Platon, on 4 s’aperçoit que Protagoras, Gorgias et Hippias, ne sont pas du tout trois cas d’une même figure, qu’ il y a entre eux de très grandes différences. Il devient donc difficile de parler du sophiste, il faut parler des sophistes, est ce que ce pluriel a une importance, est ce que c’est le même pluriel que lorsque je dis : les Platoniciens ? Faudrait voir les pluralités propres aux sophistes, bien... Un philosophe Belge du début de ce siècle qui s’appelait Eugène Dupreel qui est devenu très peu connu, qui a fait une œuvre à mon avis très insolite, très intéressante, a écrit un des meilleurs livre sur les sophistes qui soit et à ma connaissance c’est le seul à avoir fait une étude sérieuse sur la possibilité de distinguer Protagoras, Gorgias, Hippias et de ne pas les confondre sous un concept vide de « sophistes ». A ces trois dialogues de Platon, donc où notre lecture peut être guidée par Dupreel, se joindraient deux grands dialogues encore de Platon, l’un intitulé "Le Sophiste", mais où justement le sophiste est présenté comme un maître protéiforme et "Le Politique". Je suppose certains d’entre vous qui prendraient cette direction de recherche tout comme ceux qui se lanceraient dans Melville, ils en auraient pour l’année et cela leur aurait apporté au moins quelque chose, la lecture d’un génie littéraire aussi grand ou la relecture - parce que mon souci c’est que ce soit pas une lecture comme ça - qu’elle soit vraiment vue d’un certain point de vue qui est précisément le point de vue que je vous propose : vérité/ temps : le faussaire. Bien de même pour Platon, si dans votre année vous aviez lu ce texte de Platon d’un certain point de vue, quel point de vue ? Evidemment le faussaire puisque le sophiste dans sa pluralité même, qui fait qu’on hésite sur le, sur l’article « le » est présenté comme le faussaire et c’est pour ça qu’il n’est pas "un" mais pourquoi le faussaire ne peut il pas être un, pourquoi est ce qu’il ne peut pas y avoir qu’un faussaire et un seul ? Bon quelle est la pluralité exigée par la notion de faussaire ? Là on tient déjà uploads/Litterature/ deleuze-cours-cinema-3.pdf
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- Publié le Aoû 29, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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