Michel Foucault philosophe Rencontre internationale Paris 9,10,11 janvier 1988
Michel Foucault philosophe Rencontre internationale Paris 9,10,11 janvier 1988 Des Travaux / Seuil MICHEL FOUCAULT PHILOSOPHE MICHEL FOUCAULT PHILOSOPHE RENCONTRE INTERNATIONALE PARIS, 9, 10. 11 JANVIER 1988 PUBLIÉ AVEC LE CONCOURS DU C ENTRE NATIONAL DES LETTRES EDITIONS DU SEUIL 27, rue Jacob. Paris VF D l - 11 0 9 1 5 8 5 - 2 1 4 5 9 m s 2-02-010256-0. 0 ÉDITIONS I ) r STI II.. SEIThMBKE 1 9 8 9 . La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle laite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses açants cause, est illicite et constitue une contrcl'acon sanctionnée par les articles 425 et suivants du ( 'ode pénal Des travaux L'édition française ne reflète pas, actuellement, de façon adé quate le travail qui peut se faire dans les universités et dans les dif férents lieux de recherche. Elle ne reflète pas non plus ce qui, dans le même ordre, est entrepris à l'étranger. Il y a à cela des raisons économiques - coûts de production, coûts de traduction et donc prix de vente des livres. Il y a aussi la place occupée par les ouvrages d ’ opinion et l’ écho qu'ils peuvent rencontrer dans la presse. Le but de cette collection n ‘ est pas de prendre cette place. Il n 'est pas d'imposer des livres savants dans les circuits de la grande consommation. Il est d ’ établir des relations entre éléments homo gènes : de ceux qui travaillent à ceux qui travaillent. Il est bon que la lecture se généralise, mais il ne faut pas que les différents modes d'édition soient confondus. Trois ordres de textes seront publiés ici. Des travaux de longue haleine, devant lesquels les éditeurs souvent reculent. Des travaux brefs qui scandent, en quelques dizaines de pages, une recherche et lui permettent de se développer en série. Des traductions d'ou vrages étrangers dont nous avons besoin pour désenclaver la recherche en France. La fin étant ainsi définie, les moyens s'ensuivent : un strict effort d'économie requis des auteurs, de l’ éditeur et des lecteurs. On leur demandera donc d'accepter décrire, de publier et de lire des ouvrages dont tous les éléments de production auront été détermi nés au plus juste. Travail : ce qui est susceptible d ’ introduire une différence signifi cative dans le champ du savoir, au prix d’ une certaine peine pour l’ auteur et le lecteur, et avec l'éventuelle récompense d ’ un certain plaisir, c’ est-à-dire d'un accès à une autre figure de la vérité. Michel Foucault, Jean-Claude Milner, Paul Veyne, François Wahl. Cet ouvrage constitue la synthèse des exposés et débats qui ont eu Heu lors de la Rencontre internationale organisée à Paris en jan vier 1988 par l’Association pour le Centre Michel Foucault* Pour plus de détails sur ce Centre, voir en annexe, p. 405-406. Présentation Les interrogations concernant les enjeux, les itinéraires de recherche et d’approche, et l’impact d’une œuvre comme celle de Michel Foucault, lors de la Rencontre internationale de Paris, en janvier 1988, ont atteint, en portée et en bénéfice culturel, ce qu’on pouvait attendre d’une réunion de ce genre. Tout s’est passé comme si, sans préméditation, les intervenants s’étaient trouvés d’accord pour reconnaître l’impossibilité de poser des questions à Foucault en ignorant ce qu’il a déclaré lui-même dans l’introduction à L'Usage des plaisirs. A savoir que l’objet de ses travaux - les «jeux de vérité», notion aussi étrangère aux philo sophies dogmatiques qu’aux critiques - ne pouvait être traité que par « l’essai (...) corps vivant de la philosophie ». De sorte qu’en examinant comment cette œuvre traduit hésitations, réserves, inquiétudes, et doit être abordée comme une pratique du savoir, tous les participants ont senti que, à son image, ils n’étaient pas «de la même planète» que les gens qui prescrivent à la pensée philosophique de « légitimer ce qu’on sait déjà » au lieu d’encou rager l’entreprise consistant à chercher à « savoir comment et jus qu’où il serait possible de penser autrement ». Ce parti pris de dissidence soutient l’intérêt passionné accordé par Foucault, sur le terrain même de notions classiques, telles que normalité, moralité, transgression, régulation, à des modes de questionnement philosophiquement excentriques et, partant, à des réponses en forme de découvertes, telles que, par exemple, l’enfermement et la prison. Plusieurs interventions, au cours de cette Rencontre, ont montré comment certaines questions posées à Foucault, vivant et disparu, selon la forme usitée sur le terrain classique, sont déplacées, latérales et même obsolètes. S’étonner, par exemple, de voir Foucault traiter de la vérité comme pouvoir plutôt que comme norme, c’est méconnaître que, sous l’aspect de sciences génératrices de technologies, savoir contient valoir. 1 1 PRÉSENTATION A la question inéluctable: «Hors ou dans la philosophie?», certains sont tentés de répondre : hors mais à côté. Plus nom breux ceux qui tiennent « hors » pour l’égal de « contre », sen sibles qu’ils sont au fait que Foucault a discrédité les questions de possibilité transcendantale au profit des questions de possibilité historique, a condamné la recherche des profondeurs, tellement il lui a paru difficile de repérer les points d'où l'on aperçoit bien les surfaces, a substitué à l’histoire des systèmes l’histoire des problé matiques. Le temps est donc venu d’appliquer à l’œuvre de Foucault les méthodes d’éclaircissement, c’est-à-dire la généalogie et l'inter prétation, qu’il a lui-même appliquées à ses domaines d’étude. Avant de poser à Foucault, comme certains de ses critiques se sont empressés de le faire non sans perfidie, des questions tradi tionnelles en philosophie, toujours tenue, au fond, à travers son histoire, pour recherche de la vérité et de la sagesse, on aurait pu méditer sur le fait qu’il avait commencé son œuvre par une his toire de la folie. Georges Canguilhem 3 Pouvoir et gouvernement 1 Qu’est-ce qu’un dispositif? Gilles Deleuze La philosophie de Foucault se présente souvent comme une analyse des « dispositifs » concrets. Mais qu’est-ce qu’un disposi tif? C’est d’abord un écheveau, un ensemble multilinéaire. Il est composé de lignes de nature différente. Et ces lignes dans le dis positif ne cernent ou n’entourent pas des systèmes dont chacun serait homogène pour son compte, l'objet, le sujet, le langage, etc., mais suivent des directions, tracent des processus toujours en déséquilibre, et tantôt se rapprochent, tantôt s’éloignent les unes des autres. Chaque ligne est brisée, soumise à des variations de direction, bifurcante et fourchue, soumise à des dérivations. Les objets visibles, les énoncés formulables, les forces en exercice, les sujets en position sont comme des vecteurs ou des tenseurs. Ainsi les trois grandes instances que Foucault distinguera successive ment, Savoir, Pouvoir et Subjectivité, n’ont nullement des contours une fois pour toutes, mais sont des chaînes de variables qui s’arrachent les unes aux autres. C’est toujours dans une crise que Foucault découvre une nouvelle dimension, une nouvelle ligne. Les grands penseurs sont un peu sismiques, ils n’évoluent pas, mais procèdent par crises, par secousses. Penser en termes de lignes mouvantes, c’était l’opération d’Herman Melville, et il y avait des lignes de pêche, des lignes de plongée, dangereuses, même mortelles. Il y a des lignes de sédimentation, dit Foucault, mais aussi des lignes de « fissure », de « fracture ». Démêler les lignes d’un dispositif, dans chaque cas, c’est dresser une carte, cartographier, arpenter des terres inconnues, et c’est ce qu’il appelle le « travail sur le terrain ». Il faut s’installer sur les lignes mêmes, qui ne se contentent pas de composer un dispositif, mais qui le traversent et l’entraînent, du nord au sud, d’est en ouest ou en diagonale. Les deux premières dimensions d’un dispositif, ou celles que Foucault dégage d’abord, ce sont des courbes de visibilité et des 185 GILLES DELEUZE courbes d’énonciation. C’est que les dispositifs sont comme les machines de Raymond Roussel, telles que Foucault les analyse, ce sont des machines à faire voir et à faire parler. La visibilité ne renvoie pas à une lumière en général qui viendrait éclairer des objets préexistants, elle est faite de lignes de lumière qui forment des figures variables inséparables de tel ou tel dispositif. Chaque dispositif a son régime de lumière, manière dont celle-ci tombe, s’estompe et se répand, distribuant le visible et l’invisible, faisant naître ou disparaître l’objet qui n’existe pas sans elle. Ce n’est pas seulement la peinture, mais l’architecture : tel le « dispositif pri son » comme machine optique, pour voir sans être vu. S’il y a une historicité des dispositifs, c’est celle des régimes de lumière, mais c’est aussi celle des régimes d'énoncé. Car les énoncés à leur tour renvoient à des lignes d’énonciation sur lesquelles se distribuent les positions différentielles de leurs éléments ; et, si les courbes sont elles-mêmes des énoncés, c’est parce que les énonciations sont des courbes qui distribuent des variables, et qu’une science à tel moment, ou un genre littéraire, ou un état du droit, ou un mouvement social uploads/Litterature/ deleuze-qu-x27-est-ce-qu-x27-un-dispositif.pdf
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- Publié le Apv 20, 2021
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