Derrida contre Foucault? Analyse de leur querelle autour du "cogito" de Descart
Derrida contre Foucault? Analyse de leur querelle autour du "cogito" de Descartes. Pour tout commentaire ou suggestion: groupedumercredi@uitgeverijlef.be Foucault wended his way from monologue to dialogue by way of combat. (Jean Lacouture) [1] Ah, l'horreur de Foucault pour le commentaire. (Maurice Blanchot)[2] Introduction Dans Folie et déraison: histoire de la folie à l'âge classique[3] " [e]very one of Foucault"s areas of interest -art, literature, science, history- is engaged. Every one of his great themes - death, prison, sexuality, the truth value of fantasy, the "terrorism" of modern doctrines of moral responsibility- is somewhere broached. " On peut dire que l'oeuvre fut un travail personnel, où Foucault -comme tout doctorant nous nous imaginons- a mis beaucoup de soi- même. Peut-être qu'il s'est senti attaqué personnellement par les critiques de Derrida[4]. Dans ce travail nous voulons étudier " l'interaction " entre Foucault et Derrida au sujet de " Folie et déraison ". En premier lieu nous dirons quelques mot sur Folie et Déraison même. En deuxième lieu nous commenterons l'interaction explicite entre Foucault et Derrida : d'abord " Cogito et l'histoire de la folie " et puis " Mon corps, ce papier, ce feu ". Histoire de la Folie En 1960, Michel Foucault, un normalien et un diplômé en psychopathologie et psychologie expérimentale [5] présente sa thèse de doctorat[6], à la Sorbonne. Le document fut perçu comme remarquable et sa défense orale devint légendaire. Non seulement par le sujet remarquable, mais aussi le style même de Foucault. Folie et Déraison " looks like the most rational kind of history possible " [7], mais en l'observant d'un peu plus près, les questions surgissent. Si Foucault ne veut pas faire l"histoire de la psychopathologie[8], quelle domaine des connaissances vise-t-il donc ? La littérature, parce qu'il a fait abonder le texte de références à la littérature ? La sociologie, parce qu'il parle de " pouvoir d'exclusion " exercé par le pouvoir [9] ? La philosophie, parce qu'il met en doute/questionne l'instrument même de la philosophie, à savoir la raison ? Le style aussi est remarquable, parfois Foucault se met à énumérer des chiffres et données provenant de vieux documents (par exemple dans les trois premières pages du livre), dans d'autres cas Foucault décrit de façon poétique la situation/ l"essence de la folie. Elle joue à la surface des choses et dans le scintillement du jour, sur tous les jeux de l'apparence, sur l"équivoque du réel et de l'illusion, sur tout cette trame indéfinie, toujours reprise, toujours rompue, qui unit et sépare à la fois la vérité et le paraître. Elle cache et manifeste, elle dit le vrai et le mensonge, elle est ombre et lumière. [10] Gouhier[11] remarquait lors de la défense orale de la thèse, que Foucault pensait en allégories et personifications. Ceci " allow[s] a sort of metaphysical incursion into history, and which in a fashion transform the narrative epic, and history into an allegorical drama <…> ". On peut certainement dire que " as few works of history do, Madness and Civilisation, opened up a new perspective on the past. "[12]. Tournons-nous maintenant vers le contenu et la visée du travail de Foucault. Visée qu'il décrit explicitement dans la préface de l'édition de 1961. Remarquable est que les éditions ultérieures ne contiennent plus cette préface clarifiante. Dans cette préface, Foucault nous met tout de suite dans le bain, il commence par citer Pascal et Dostoïevski, les premières d'une longue série de citations provenant d'oeuvres littéraires. Foucault veut " tâcher de rejoindre, dans l"histoire, ce degré zéro de l'histoire de la folie, où elle est expérience indifférenciée, expérience non encore partagée du partage lui-même " [13], autrement dit, lorsque les discours "de la folie", n"étaient pas encore réduits au silence [14]. Il nous garde aussi d'une mauvaise interprétation du titre, il ne sera pas question, comme déjà mentionné, de l'histoire de la psychopathologie parce que " [l]e langage de la psychiatrie, qui est monologue de la raison sur la folie, n"a pu s'établir que sur un <…> silence. Je n"ai pas voulu faire l'histoire de ce langage ; plutôt l'archéologie de ce silence. ". À la page 161, nous trouvons en quoi Folie et Déraison nous donne un nouveau paradigme pour considérer l'histoire. " Le rapport Raison-Déraison constitue pour la culture occidentale une des dimensions de son originalité. " À la même page, Foucault indique aussi qu'il ne veut pas faire d'histoire ou d'histoire de connaissance, mais qu'avec son livre il interroge les limites de la culture. " Interroger une culture sur ses expériences -limites, c'est la questionner, aux confins de l'histoire, sur un déchirement qui est comme la naissance même de son histoire.". On peut donc certainement dire que la visée du travail n"est pas mince : questionner l"instrument de travail d'une société (l"Occidentale en plus !) et par sursaut, indiquer où cette société a née. À la fin Foucault explique aussi la raison d'être du langage qu'il a manié : " <…> il fallait venir à la surface du langage de la raison un partage et un débat qui doivent nécessairement demeurer en deçà, puisque ce langage ne prend sens que bien au-delà d'eux. Il fallait donc un langage assez neutre (assez libre de terminologie scientifique, et d"options sociales ou morales " pour qu'il puisse approcher au plus près de ces mots primitivement enchevêtrés, et pour que cette distance s'abolisse par laquelle l"homme moderne s'assure contre la folie ; mais un langage assez ouvert pour que viennent s'y inscrire, sans trahison, les paroles décisives par lesquelles s'est constitué, sans trahison, pour nous, la vérité de la folie et de la raison. "[15]. Comme nous venons de dire, Michel Foucault a donc voulu étudier la scission que notre société occidentale a faite entre raison et " folie ". Il situe la date de cette scission à l'âge classique. Selon Foucault, il y a toujours eu exclusion d'un certain groupe, pour le Moyen Âge c'étaient les lépreux. Après les lépreux, auront " l'honneur " les malades vénériennes [16], pour être remplacés dans la Renaissance [17] par les " fous ". Quand Foucault parle de la disparition des lépreux comme Autre, il nous dit : Avec un sens tout nouveau, et dans une culture très différente, les formes subsisteront - essentiellement cette forme majeure d'un partage rigoureux qui est exclusion sociale, mais réintégration spirituelle.[18]. On considérait les lépreux (ou leurs avatars) donc comme " tremendum et fascinosum " ; interprétation qui fait quelque peu penser à la théorie de Girard sur le bouc émissaire et l"instauration d'une société. Mais ce qu'il se passa à la Renaissance, prépare ce qui sera constitutif pour la conduite de l'âge classique vis-à-vis la folie. " La Folie dont la Renaissance vient de libérer les vois, mais dont elle a maîtrisé déjà la violence, l"âge classique va la réduire au silence par un étrange coup de force. " [19]. Cet "étrange coup de force", Foucault l"explique dans les deux phrases suivantes : La Non-Raison du XVIIe siècle formait une sorte de péril ouvert dont les menaces pouvaient toujours, en droit au moins, compromettre les rapports de la subjectivité et de la vérité. Le cheminement du doute cartésien semble témoigner qu'au XVIIesiècle le danger se trouve conjuré et que la folie est placée hors du domaine d'appartenance où le sujet détient ses droits à la vérité : ce domaine qui, our la pensée classique, est la raison elle-même.[20] Cet emploi (et " lecture ") du doute cartésien sera le germe des critiques de Derrida. Nous arrêtons ici notre description de Folie et déraison, pour passer à la prochaine partie de notre travail qui commentera la querelle entre Foucault et Derrida. La querelle Comme déjà dit, le doctorat de Foucault fut un événement remarquable. Il a été bien reçu par le jury (Foucault ayant obtenu son grade), malgré leur embarras quant au domaine de savoir l'on devait classifier ce livre. Différents grands noms l'ont accueilli favorablement [21] : Maurice Blanchot comparait l'approche de Foucault à celle de Bataille, que Foucault appréciait beaucoup ; il va de même de Blanchot, penseur qui a beaucoup influencé Foucault. Le philosophe Michel Serres comparait le livre à Auf die geburt der Tragedie, compliment qui n"a pas dû laisser Foucault insensible. Roland Barthes applaudit l'approche " structurale " de Foucault envers l'histoire. Mais, des critiques surgissent, et entre ceux-là, la critique de Derrida semble la plus " remarquable ", vu que Foucault y répondit avec fureur. Le fait que des philosophes débutants se mettaient à attaquer est, selon Miller, une indication que la renommé de Foucault est en train de croître, chose qui nous paraît certainement plausible. Quand on critique un penseur insignifiant, personne n'écoute. Cogito et histoire de la folie Derrida attaque l'oeuvre très riche de Foucault sur un point particulier, à savoir la lecture de Foucault de Descartes. As is often the case in Derrida"s textual practice, a small section of the text is read as the place where fundamental assumptions of work are revealed<…>[22]. En bref, les deux critiques majeures de Derrida sont uploads/Litterature/ derrida-contre-foucault.pdf
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- Publié le Sep 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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