COLLECTION « CRITIQJlE» dirigée par Jean Piel JACQUES DERRIDA POSITIONS « Ces t

COLLECTION « CRITIQJlE» dirigée par Jean Piel JACQUES DERRIDA POSITIONS « Ces trois entretiens, les sculs auxquels faie jamais pris part, concernent des publications en cours. Ils forment sans doute, de la part de mes interlocuteurs comme de la mienne, le geste d'lIne interprétation active. Déterminée, datée, c'est la lecture d'lIn travail dans lequel je me trouve engagé : qlli ne m'est donc pas plus propre qu'il ne demeure ici arreté. Telle sinlation se donne aussi a lire. Elle a commandé ces échanges dans leur fait, dans leur contenu et la forme de leurs énoncés. Allcllne modification ne devait donc y erre apportée. ;p AUX ÉDITIONS DE MINUIT 7, rue Bernard-Palissy, 75006 Paris J. D. mai 1972 ISBN 2-7073-0251-1 JAtlllIS URDA LES !OIllDNS DE IIINUIT 16 ~ COLLECTION « CRITIQJ!.E » JACQUES DERRIDA POSITIONS LES ÉDITIONS DE MINUIT DU MEME AUTEUR De la grammatologie, 1967. Marges de la philosophie, 1972. CHEZ D' AUTRES ÉDITEURS L' origine de la géométrie, de Husserl. Traduction et íntroduc- tíon, P. U. F., 1962. La voix et le phénomene, P. U. F., 1967. L'écriture et la différence, Ed. du Seuil, 1967. La dissémination, Ed. du Seuil, 1972. L'archéologie du frivole, Ed. Galilée, 1973. Glas, Ed. Galilée, 1974. Eperons - Les styles de Nietzsche, Ed. Flammarion, 1978. La vérité en peinture, Ed. Flarnrnaríon, 1978. COLLECTION «CRITIQJlE» JACQ![ES DERRIDA POSITIONS Entretiens avec Henri Ronse, Julia Kristeva Jean.Louis Houdebine, Guy Scarpetta BI. lb8~1040068+2 11111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 LES :2DITIONS DE MINUIT ·J /t.. ~ 1 UniV.--' B 'b" . k I ! ¡folna . Bialafeld f © 1972, by LES f:DITlONS DE MINUl! 7, rue Bernard-Palissy - 75006 Pans Tous droits réservés pour tous pays . ISBN 2-7073-0251-1 AVERTISSEMENT Ces trois entretiens, les seuls auxquels j'aie jamais pris part, coneernent des publieations en eours. lIs for- ment sans doute, de la part de mes interloeuteurs comme de la mienne, le geste d'une interprétation active. Déter- minée, datée, c'est la leeture d'un travail dans lequel je me trouve engagé : qui ne m'est done pas plus propre qu'il ne demeure ici arreté. Telle situation se donne aussi a lire. Elle a commandé ces éehanges dans leur fait, dans leur eontenu et la forme de leurs énoneés. Aueune modi- fication ne devait donc y etre apportée. Mai 1972. IMPLICATIONS * entretien avec Henri Ronse ... Publié dans les Lettres franfaises n° 1211, 6-12 décembre 1967. - Dans une note en conclusion a L'écriture et la différence, vous déclariez : « ce qui reste le déplacement d'une question forme certes un systeme ». Cela n'est-il pas vrai également pour l' ensemble de vos livres? Com- ment s' organisent-ils entre eux? - I1s forment, en effet, mais bien comme déplacement et comme déplacement d'une question, un certain systeme ouvert quelque part a quelque ressource indécidable qui lui donne son jeu. La note a laquelle vous faites allusion rappelait aussi la nécessité de ces « blancs », dont on sait, au moins depuis Mallarmé, qu'en tout texte ils « assument l'importance ». - Et pourtant ces livres ne forment pas un seul Livre ... - Non. Dans ce que vous appelez mes livres, ce qui est d'abord mis en question, c'est l'unité du livre et l'unité « livre » considérée comme une belle totalité, avec toutes les implications d'un tel concept. Et vous savez qu'elles engagent le tout de notre culture, de pres ou de loin. Au moment ou une telle cloture se délimite, comment oserait-on se soutenircomme auteur de livres, qu'ils soient un, deux ou trois? 11 s'agit seulement, sous ces titres, d'une « opération » textuelle, si l'on peut dire, unique et différenciée, dont le mouvement inachevé ne s'assigne aucun commencement absolu, et qui, entiere- ment consumée dans la lecture d'autres textes, ne renvoie pourtant, d'une certaine fa~on, qu'a sa propre écriture. 11 POSITIONS 11 faut s'arranger pour penser ensemble ces deux motifs contradictoires. On ne saurait done donner de l'organi- sation interne de ces ouvrages une représentation linéaire, déductive, répondant a quelque « ordre des raisons JI>. Un tel ordre est aussi en question, meme si, me semble-t-il, toute une phase ou toute une face de mes textes se conforme a ses prescriptions, au moins par simulacre et pour les inscrire a leur tour dans une composition qu'elles ne gouvernent plus. En fait, vous savez, i1 faut surtout lire et relire ceux dans les traces desquels j'écris, les « livres JI> dans les marges et entre les lignes desquels .le dessine et déchiffre un texte qui est a la fOls tres ressemblant et tout autre, que .l'hésiterais meme, pour des raisons évidentes, a appe- ler fragmentaire ... - Mais en fait, sinon en droit, par 011. entamer une telle lecture? - On peut tenir De la grammatologie comme un long essai articulé en deux parties (dont la soudure est théo- rique, systématique et non empirique), au milieu duquel on pourra brocher L'écriture et la différence. La gram- matologie y fait souvent appel. Dans ce cas, l'interpré- tation de Rousseau serait aussi la douzieme table du recueil. Inversement, on peut insérer De la grammato- logie au milieu de L' écriture et la différence, puisque six textes de cet ouvrage sont antérieurs, en fait et en droit, a la publication, i1 y a deux ans, dans Critique, des artieles annonc;ant De la grammatologie ,. les cinq derniers, a par- tir de Freud et la scene de l' écriture, étant engagés dans l'ouverture grammatologique. Mais les choses ne se lais- sent pas reconstituer si simplement, comme vous l'imagi- nez. En tout cas, que deux « volumes » s'inscrivent au milieu l'un de l'autre, cela tient, vous le reconnaitrez, 12 IMPLICATIONS d'une étrange géométrie, dont ces textes sont sans doute les contemporains ... - Et La voix et le phénomene? - J'oubliais. C'est peut-etre l'essai auquel .le tiens le plus. Sans doute aurais-.le pu le relier comme une longue note a l'un ou l'autre des deux autres ouvrages. De la grammatologie s'y réfere et en économise le déve- loppement. Mais dans une architecture philosophique classique, La voix viendrait en premier lieu : s'y pose en un point qui, pour des raisons que .le ne peux expli- q~er ici, parait juridiquement décisif, la question du pri- vIlege de la voix et de l'écriture phonétique dans ses rapports a toute l'histoire de l'Occident, telle qu'elle se lalsse représenter dans l'histoire de la métaphysique, et dans sa forme la plus moderne, la plus critique, la plus vigilante : la phénoménologie transcendantale de Husserl. Qu'est-ce que le « vouloir-dire », quels sont ses rap- ports historiques avec ce qu'on croit identifier sous le nom de « voix » et comme valeur de la présence, pré- sence ~e l:objet, présence du sens a la conscience, pré- sence a SOl dans la parole dite vive et dans la conscience de soi ? L'essai qui pose ces questions peut aussi se lire comme l'autre face (recto ou verso, comme vous vou- drez) d'un autre essai, publié en 1962 en introduction a L' origine de la géométrie de Husserl. La problématique ?e l'écriture y était déja en place, comme telle, et reliée a la structure irréductible du « différer JI> dans ses rap- ports a la conscience, a la présence, a la science a l'his- toire et a l'histoire de la science, a la disparitio~ ou au retardement de l'origine, etc. - le vous demandais par 011. commencer et vous m' avez enfermé dans un labyrinthe. - Tous ces textes, qui sont sans doute la préface 13 POSITIONS interminable a un autre texte que j'aimerais avoir un jour la force d'écrire, ou encare l'épigraphe a un autre dont je n'aurais jamais eu l'audace, ne font, en effet, que commenter telle phrase sur un labyrinthe de chiffres, placée en exergue a La voix et le phénomene ... - Ceci me eonduit a la question qzt on ne peut évi- ter a vous lire, a lire vos « exemples » privilégiés (Rous- seau, Artaud, Bataille, Jabes). Cest la question des rap- ports entre philosophie et non-philosophie. Ce qui frappe des l' abord, e' est la diffieulté de situer votre style de eommentaire. II semble presque impossible de définir le statut de votre diseours. Mais faut-il ten ter de le faire? Cette question elle-meme ne retombe-t-elle pas a l'inté- rieur de ['aire métaphysique? - J'essaie de me tenir a la limite du discours philo- sophique. Je dis limite et non mort, car je ne erois pas du tout a ce qu'on appelle couramment auiourd'hui la mort de la philosophie (ni d'ailleurs simplement de quoi que ce soit, le livre, l'homme ou dieu ; d'autant plus que, eorome ehaeun sait, le mort détient une effieaee tres spécifique). Limite, done, a partir de laquelle la philoso- phie est devenue possible, s'est définie comme épistéme, fonctionnant a l'intérieur d'un systeme de eontraintes fon- damentales, d'oppositions coneeptuelles hors desquelles elle devient impraticable. Dans mes lectures, j'essaie donc, par un geste nécessairement double ... - Vous dites dans votre Freud qu' on éerit avee deux mains ... - Oui, par ee double jeu, uploads/Litterature/ derrida-j-positions.pdf

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