Sigmund FREUD (1910) “ Des sens opposés dans les mots primitifs ” (Traduit de l
Sigmund FREUD (1910) “ Des sens opposés dans les mots primitifs ” (Traduit de l’Allemand par Marie Bonaparte et Mme E. Marty, 1933). Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Sigmund Freud, “Des sens opposés dans les mots primitifs ” (1910) 2 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Sigmund FREUD (1910) “ Des sens opposés dans les mots primitifs” Une édition électronique réalisée à partir de l’article de Sigmund Freud, “ Des sens opposés dans les mots primitifs ”. Texte originalement publié en 1910. Traduit de l’Allemand par Marie Bonaparte et Mme E. Marty, 1933. L’article est publié dans l’ouvrage intitulé : Essais de psychanalyse appliquée. Paris : Éditions Gallimard, 1933. Réimpression, 1971. Collection Idées, nrf, n˚ 263, 254 pages. (pp. 59 à 67). Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition complétée le 20 août 2002 à Chicoutimi, Québec. Sigmund Freud, “Des sens opposés dans les mots primitifs ” (1910) 3 Éditions Gallimard, 1933, pour la traduction française. Les traductrices se sont servies des textes contenus dans le Xe volume des Gesammelte Schriften (Oeuvres complètes) de Sigmund Freud, paru en 19211 à l' « Internationaler Psychoanalytischer Verlag », Leipzig, Vienne, Zurich. Les traductions du Moïse de Michel-Ange, d'Une névrose démoniaque au XVIIe siècle et du Thème des trois coffrets ont paru une première fois dans la Revue française de Psychanalyse (Paris, Doin, 1927, t. I, fasc. 1, 2 et 3). Elles ont été ici reprises et revues. Sigmund Freud Essais de psychanalyse appliquée Traduit de l'allemand Par Marie Bonaparte et Mme E. Marty Gallimard, 1933, pour la traduction française. Paris: réimpression, Gallimard, collection idées nrf, n˚ 263, 1971, 254 pages. Sigmund Freud, “Des sens opposés dans les mots primitifs ” (1910) 4 Des sens opposés dans les mots primitifs 1 (1910) Retour à la table des matières En manière d'introduction à cet article, je citerai un passage de ma Science des Rêves où j'expose une observation découlant de la recherche analytique, observation qui n'a pas encore trouvé d'explication : « La manière dont le rêve exprime les catégories de l'opposition et de la contradiction est particulièrement frappante : il ne les exprime pas, il paraît ignorer le « non ». Il excelle à réunir les contraires et à les représenter en un seul objet. Il représente souvent aussi un élément quelconque par son contraire, de sorte qu'on ne peut savoir si un élément du rêve, susceptible de contradiction, trahit un contenu positif ou négatif dans la pensée du rêve 2. » Les interprétateurs de songes de l'antiquité semblent avoir fait le plus ample usage de l'hypothèse d'après laquelle, dans le rêve, une chose peut signifier son contraire. 1 Ce rapport sur la brochure de même titre de Kart Abel (1884) a paru d'abord dans Jahrbuch für psychoanalytische und psychopathologische Forschungen, tome II (1910), puis dans la troisième série de la Sammlung kleiner Schriften zur Neurosenlhre. 2 La Science des rêves (trad. Meyerson, Paris, Alcan, 1926, 1). 285). Sigmund Freud, “Des sens opposés dans les mots primitifs ” (1910) 5 Cette possibilité est aussi, à l'occasion, admise par les modernes investigateurs de rêves, ceci dans la mesure où ils accordent en général au songe un sens et une interprétation 1. Je crois ne pas non plus éveiller la contradiction en supposant que tous ceux qui m'ont suivi dans la voie d'une interprétation scientifique des rêves ont dû reconnaître que l'assertion précitée se trouve confirmée par les faits. J'ai été amené à comprendre cette singulière tendance que possède l'élaboration du rêve à faire abstraction de la négation et à exprimer par une même représentation des choses contraires, en lisant par hasard un ouvrage de K. Abel 2. L'intérêt du sujet me justifiera à citer ici textuellement les passages décisifs du traité d'Abel (tout en éliminant la plupart des exemples). Nous y apprenons, en effet, cette chose surpre- nante : la manière de procéder précitée, dont est coutumière l'élaboration du rêve, est également propre aux plus anciennes langues connues. Abel, après avoir fait ressortir l'antiquité de la langue égyptienne, qui avait dû se constituer longtemps avant l'époque des premières inscriptions hiéroglyphiques, poursuit : « Donc, dans la langue égyptienne, cette relique unique d'un monde primitif, se trouve un certain nombre de mots ayant deux sens dont l'un est exactement le con- traire de l'autre. Qu'on se figure, s'il est possible de se la figurer, une absurdité aussi flagrante que celle-ci : le mot fort signifiant aussi bien fort que faible ; le mot lumière servant aussi bien à désigner la lumière que l'obscurité ; un bourgeois de Munich appelant bière la bière, tandis qu'un autre emploierait le même terme pour parler de l'eau et on a l'extraordinaire usage auquel les anciens Égyptiens habituellement s'adonnaient dans leur langue. Comment en vouloir à qui, entendant cela, hoche la tête avec incrédulité?... » (p. 4.) (Suivent des exemples.) « En présence de ce cas et de beaucoup d'autres cas semblables d'acception anti- thétique (voir l'Appendice), on ne saurait douter que, dans une langue du moins, il ait existé nombre de mots désignant à la fois une chose et son contraire. Quelque surprenant que cela soit, nous nous trouvons là devant un fait avec lequel il faut compter. » (p. 7.) L'auteur rejette alors l'explication de cet état de choses par une consonance fortuite et il se défend avec une énergie égale de l'idée que celui-ci soit dû à l'infé- riorité du développement intellectuel égyptien. « Or, l'Égypte n'était rien moins que la patrie de ]absurde. Elle était au contraire l'un des plus anciens habitats de la raison humaine en voie de se développer... Elle possédait une morale pure et pleine de noblesse et avait formulé la plus grande partie des dix commandements à une époque où les peuples, dont la civilisation est aujourd'hui l'apanage, faisaient encore des sacrifices humains à leurs idoles san- guinaires. Un peuple qui avait allumé le flambeau de la justice et de la civilisation en des temps aussi obscurs ne peut pourtant pas avoir été absolument stupide dans sa manière de parler et de penser quotidienne... Ces hommes qui savaient fabriquer le verre, et qui pouvaient avec des machines soulever et mouvoir des blocs énormes, 1 Voyez, par ex. G. H. von Schubert: Die Symbolik des Traumes, 4e édition, 1862, chap. II ; Die Sprache des Traumes (Le Langage du rêve). 2 Parti en 1884 en brochure et incorporé l'année suivante dans les Sprachwissenchaftliche Abhanblungen (Essais philosophiques) de l'auteur. Sigmund Freud, “Des sens opposés dans les mots primitifs ” (1910) 6 devaient avoir du moins assez de raison pour ne pas considérer une chose comme étant elle-même et en même temps son contraire. Comment concilier ces faits avec cet autre que les Égyptiens se soient permis une langue aussi étrange et contra- dictoire... qu'ils aient eu la coutume de donner aux pensées les plus contraires une seule et même consonance verbale et de relier en une sorte d'union indissoluble ce qui de part et d'autre était le plus fortement opposé? » (p 9.) Avant d'essayer d'aucune explication, il faut encore tenir compte d'un renfor- cement de cet inconcevable procédé de la langue égyptienne. « De toutes les excen- tricités du lexique égyptien, la plus extraordinaire est peut-être celle-ci : outre les mots qui unissent en eux les sens les plus opposés, il possède encore des mots composites, dans lesquels deux vocables de sens contraires forment un composé ne possédant que l'un des sens des deux éléments le constituant. Ainsi, dans cette langue extraordinaire, il n'y a pas seulement des mots voulant dire aussi bien fort que faible, ou ordonner qu'obéir, mais encore des mots composites tels que vieux-jeune, loin- près, lier-séparer, dehors-dedans... lesquels, malgré un assemblage de mots compre- nant les sens les plus dissemblables, ne veulent dire, le premier que jeune, le second que près, le troisième que lier, le quatrième que dedans... C'est donc vraiment inten- tionnellement qu'ont été réunies dans ces mots des contradictions quant aux concepts, non pas afin de créer, comme cela arrive parfois en chinois, un nouveau concept, mais simplement afin d'exprimer, par ce mot composite, le sens d'un seul de ses membres contrastés, sens que ce nombre isolé eût à lui seul suffi à fournir... » Toutefois, ce problème est plus facile à résoudre qu'il ne semble. Nos concepts prennent naissance par une comparaison. « S'il faisait toujours clair, nous n'aurions à faire aucune comparaison uploads/Litterature/ des-sens-opposes-dans-les-mots-primitifs.pdf
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- Publié le Mar 14, 2022
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