Letras 57 (2015), ISSN 1409-424X; EISSN 2215-4094 149 La littérature comme voie

Letras 57 (2015), ISSN 1409-424X; EISSN 2215-4094 149 La littérature comme voie d’accès à la culture1 (La literatura como vía de acceso a la cultura) Juan C. Jiménez Murillo2 Universidad Nacional, Costa Rica Resumen El presente artículo procura explicar el papel que podría desempeñar la literatura como recurso pedagógico del profesor de francés como lengua extranjera. Se detiene, principalmente, en diversas teorías que analizan el lenguaje literario como medio de interpretar la alteridad y la propia identi- dad. Al ser un medio para acceder a los códigos culturales transmitidos por la lengua, propicia el conocimiento de distintas perspectivas que conllevan la competencia intercultural y lingüística. Résumé Le présent article vise à expliciter le rôle complémentaire de la littérature dans les classes de FLE. En s’appuyant sur théories diverses on cherche à montrer que la lecture du texte littéraire est un instrument privilégié de déchiffrage de l’altérité et l’identité propre. Voie d’accès aux codes cultu- rels véhiculés dans la langue, elle permet l’ouverture à des perspectives favorisant l’acquisition d’une compétence interculturelle parallèlement à la compétence langagière. Palabras clave: francés como lengua extranjera, interculturalidad, literatura Mots-clés : français langue étrangère, interculturalité, littérature 1 Recibido: 22 de febrero de 2015; aceptado: 5 de diciembre de 2015. 2 Escuela de Literatura y Ciencias del Lenguaje. Correo electrónico : jcjm79@costarricense.cr Letras 57 (2015) 150 Jiménez La littérature est un universel-singulier. Elle incarne cette articulation entre l’universalité et la singularité. Les écrivains s’adressent à tout le monde et sont reçus différemment par chacun. Ils traduisent à la fois une réalité vérifiable […] et une activité sans frontières, un vécu propre… M. Abdallah-Pretceille et L. Porcher « Les livres sont les abeilles transportant le vivifiant pollen d’un esprit à un autre », ainsi le célèbre poète américain James Russell Lowell définissait au xixe siècle le pouvoir diffuseur que possède la littérature à transmettre d’une génération à l’autre des savoirs. Mais plutôt que des savoirs il faudrait parler des connaissances issues de différentes conceptions culturelles à travers le monde. En effet, chaque lecture est l’occasion pour le lecteur d’un réinvestissement de lectures antérieures et le trampoline suscitant de nouvelles lectures qui s’éta- blissent alors des liens qui unissent et dispersent à la fois ce pollen culturel au long des générations. Le code littéraire, alors, permettant le franchissement autant des frontières temporelles que géographiques assurerait la perpétuation de tout ce patrimoine culturel de l’humanité. On se propose, tout au long de cet article, d’élucider le lien indisso- ciable existant entre littérature et culture ainsi que l’accès à l’univers littéraire dans le cadre de l’enseignement du FLE tout en s’inspirant des principes de l’approche interculturelle. Mais avant de continuer il faudrait définir le terme littérature en tant que notion polysémique. La littérature : qu’est-ce que c’est ? Il est difficile de donner une définition précise de littérature, du fait que celle-ci a été considérée, depuis longtemps, comme quelque chose qui va de soi, qui vaut par elle-même à cause de son caractère esthétique. C’est précisément grâce à cette condition d’esthétique pure qu’on considère cette manifestation artistique comme quelque chose Letras 57 (2015) 151 La littérature comme voie d’accès à la culture qui n’a aucun sens et qui ne cherche à rien dire. En effet, la littérature comme telle, n’a jamais été définie, il n’y a pas de consensus qui puisse le faire. Plusieurs auteurs ont beau construire une définition pertinente, ils ne sont arrivés qu’à ébaucher certaines de ses caractéristiques en élargissant ainsi cette particularité d’indéfinissable. Même si ces ten- tatives n’ont pas été très précises, elles ont beaucoup aidé à éclaircir ce concept d’ailleurs très commun mais très difficile à expliquer. Le poète Paul Valéry, en se servant de l’opposition entre texte littéraire et texte authentique, a essayé de s’approcher du terme littéra- ture. Pour lui, le discours littéraire a été conçu pour amuser, il n’a pas en soi l’intention de communiquer ou d’informer. Sa création obéit, plutôt à un souci esthétique qui lui rend sa raison d’être. Pour mieux dégager le terme poésie, il le lie à la compréhension qui ne s’auto- détruit jamais. Celle-ci est irréductible à l’expression d’une pensée. Lorsqu’on a qualifié ses poèmes d’incompréhensibles il a dit : « … Si l’on s’inquiète de ce que j’ai voulu dire dans tel poème, je réponds que je n’ai pas voulu dire, mais voulu faire… »3. La prose, que l’on pourrait associer au texte authentique, il l’associe à la pratique, à la quotidienneté, à une fonction instrumentale. Son but, alors, ce n’est pas de plaire mais d’informer. De son côté, Sartre lie le concept de littérature à l’art. Dans cette même optique, Barthes établit une différence entre «écrivain» et «écrivant». Pour lui, l’écrivant est celui qui écrit pour dire quelque chose tandis que pour l’écrivain écrire c’est un verbe intransitif, c’est-à-dire il n’a pas l’intention de s’adresser à quelqu’un. Il établit, également, une opposition entre langage littéraire et langage quoti- dien. Le langage littéraire serait celui des poètes tandis quel le registre populaire serait celui que tout le monde emploie et qui s’approcherait du langage quotidien. 3 Cité par Amor Séoud, Pour une didactique de la littérature (Paris : Didier, 1997) 46. Letras 57 (2015) 152 Jiménez Science et littérature À différence de la science qui cherche à tout démontrer et dont l’homme fait appel pour connaître le monde dans lequel il est immer- gé, le discours littéraire parle de l’homme, de ses sentiments et du monde, de ce qui échappe à toute systématisation, bref de sa culture. On ne peut pas arriver à délimiter son champ de signification car son contenu évoque des domaines très variés. Celle-ci ne peut pas exister par elle-même, elle a toujours besoin d’un public : « il y a texte parce qu’il y a lecture »4, alors une œuvre littéraire n’existe pas que dans la mesure où elle est lue. De ce point de vue, elle diffère de la science qui se développe indépendamment du public, son caractère du vrai qui la distingue, à la différence du beau qui caractérise la littérature, lui rend sa propre justification. C’est à cause de cette différence qu’il n’existe pas une science littéraire. Il pourrait exister une science appliquée à la littérature, comme on l’appliquerait à n’importe quelle discipline, comme par exemple, l’approche structurale en l’adaptant aux contes tradition- nels russes : « ...l’une (la science) s’enseigne, c’est-à-dire, qu’elle s’énonce et s’expose, l’autre (la littérature) s’accomplit plus qu’elle ne se transmet, c’est seulement son histoire que l’on enseigne… »5. Peut-on enseigner la littérature ? Pour certains on ne peut enseigner que la science. La littérature, à cause de son caractère irrationnel, échappe à tout enseignement. Celle-ci ne peut pas être conçue comme un savoir-faire qui serait transmis de la même manière que les autres disciplines. La littérature, présente, alors, une particularité qui n’a pas l’enseignement d’autres savoirs, du fait que son contenu plus que connaissance, elle cherche à distraire. C’est pour cela que, comme l’affirme Doubrovsky, aucune 4 Cité par Séoud, 191. 5 Cité par Séoud, 48. Letras 57 (2015) 153 La littérature comme voie d’accès à la culture théorie de la littérature ne permet pas aux apprenants d’écrire un texte valable : « …un cours sur la poésie ne permet pas d’écrire un seul bon vers…il ne met en possession d’aucun schéma opératoire, d’aucune technique de production littéraire… »6. Texte littéraire et texte authentique Texte littéraire Le texte littéraire, parmi les autres textes, possède des caractères qui le rendent privilégié. Selon H. Besse ce sont ces singularités qui l’adaptent mieux que tout autre écrit aux conditions de réception et d’assimilation dans le contexte d’apprentissage d’une langue étrangère. Sa principale caractéristique est sa polysémie. Celle-ci permet qu’elle puisse parler à tout le monde et que tout le monde puisse le parler. C’est grâce à cette particularité que le contenu qu’elle vise à transmettre peut dépasser les limites du temps et de l’espace. Lorsque l’écrivain transforme sa pensée en des mots, il le fait pour toujours, son œuvre restera par-delà l’espace et le temps, en dépassant même les limites d’une langue. De la même manière que l’art, celle-ci pré- sente une certaine matérialité qui surpasse les limites de l’ici et du maintenant, qui devient un éternel humain qui continuera à parler autant de fois qu’on accède à son contenu. Les apprenants peuvent s’approprier du patrimoine culturel indépendamment de l’époque où il a été écrit. Alors, contrairement aux textes extraits d’un journal, par exemple, les textes littéraires n’ont pas une existence passagère, le sens et ses qualités esthétiques perdurent : « …pourquoi l’on peut encore ressentir la grandeur et l’authenticité de la tragédie grecque et de l’épopée médiévale, bien qu’elles relèvent respectivement de l’esclavagisme antique et du féodalisme... »7. 6 Séoud, 33. 7 Amor Séoud, « Document authentique ou texte littéraire en classe de français », Études de Linguistique Appliquée 93 (1994) : 10. Letras 57 (2015) 154 Jiménez De cette manière le texte littéraire, contrairement aux autres écrits permet une lecture plurielle, il peut être abordé sous différentes perspectives d’analyse. Il se prête, également, à de uploads/Litterature/ dialnet-lalitteraturecommevoiedaccesalaculture-5634878.pdf

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