U N E I N T R O D U C T I O N À L A D I D A C T I Q U E D E L A G R A M M A I R

U N E I N T R O D U C T I O N À L A D I D A C T I Q U E D E L A G R A M M A I R E E N F R A N Ç A I S L A N G U E É T R A N G È R E Jean-Pierre CUQ Composition P.A.O. : Nicole Pellieux « Le photocopillage, c’est l’usage abusif et collectif de la photocopie sans autorisation des auteurs et des éditeurs. Largement répandu dans les établissements d’enseignement, le photocopillage menace l’avenir du livre, car il met en danger son équilibre économique. Il prive les auteurs d’une juste rémunération. En dehors de l’usage privé du copiste, toute reproduction totale ou partielle de cet ouvrage est inter- dite. » « La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, au terme des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisa- tion collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). – « Cette repré- sentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanc- tionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. » © Les Éditions Didier, Paris, 1996 ISBN 2-278-04568-7 Imprimé en France À Philippe Toute ma reconnaissance et mes remerciements vont à mes amis Dominique Abry et Robert Bouchard, pour leur relecture de ce livre et pour leurs conseils. 3 Ce livre est avant tout destiné aux étudiants de deuxième et de troisième cycle en F.L.E., et aux professeurs de français langue étrangère ou seconde, qu’ils exercent en France ou à l’étranger. Mais, bien entendu, surtout dans le domaine de la langue, il n’est pas possible de traiter des problématiques spécifiques aux situations d’enseignement du français comme langue étrangère sans avoir en regard le domaine du FLM. Les réflexions qu’on trouvera dans ce livre pourront donc aussi largement concerner les enseignants ou les étudiants de français langue maternelle. Depuis une dizaine d’années, à vrai dire depuis l’excellent ouvrage d’Henri Besse et Rémy Porquier, Grammaires et Didactique des langues (LAL CREDIF- Hatier) paru en 1984, aucun ouvrage n’avait proposé de réflexion nouvelle sur la place et l’utilité de la grammaire en classe de français. Pourtant, depuis la fin des années 80, non seulement les revues spécialisées en didactique des langues marquent un nouvel intérêt pour les questions grammaticales, mais encore la production méthodologique, comme on pourra s’en apercevoir dans la liste annexée à la fin du chapitre 6, connaît un essor important après avoir marqué un large temps d’incertitude. Il nous a donc paru que le moment était favorable pour proposer une vision renouvelée de la grammaire en français langue étrangère, non pas d’un point de vue strictement méthodologique, mais plus largement didactique. C’est-à-dire que ce petit livre ne prétend pas répondre à la question « comment utiliser la grammaire en classe de langue ? », mais qu’il espère éclairer un peu les étapes réflexives qui se situent en amont de la classe et de sa préparation. Cette réflexion prend largement en compte la dimension historique de la grammaire et de la linguistique dans leurs rapports avec la didactique. Il nous paraît en effet frappant de constater combien la grammaire fut de tout temps 4 AVANT-PROPOS impliquée dans l’enseignement des langues, que ce soit pour être explicitement revendiquée comme nécessaire, ou au contraire pour en être bannie à grands cris. Mais qu’elle entre par la grande porte ou qu’on la sorte par la fenêtre, la grammaire rode qu’on le veuille ou non autour de la classe de langue. Il n’était donc peut-être pas sans intérêt de repérer dans un premier temps quel héritage grammatical nous est parvenu après ces siècles de tribulations. Il nous est apparu de ce parcours historique que si la route du didacticien paraissait de moins en moins se confondre avec celle du linguiste, il n’en allait pas de même avec celle du grammairien, dont l’œuvre, finalement, a tou- jours une visée didactique : on ne pouvait dès lors pas éviter de proposer une définition didactique du concept de grammaire. Un peu paradoxalement, c’est sans doute la dimension prescriptive de la grammaire qui a engendré au cours du temps les réflexions les plus fécondes : la notion de norme, à partir de laquelle se définit celle d’erreur, la notion de variation, qui amène au contraire à s’interroger sur ce qu’il est légitime d’en- seigner, de permettre ou de corriger, prendront donc ici une place impor- tante, aux côtés de ce qui pourra apparaître (mais tant pis !) pour une sorte de plaidoyer pour les pratiques comparatistes, qu’une longue habitude de la for- mation d’enseignants à l’étranger nous ont appris, en dépit des modes, à ne pas tenir pour négligeable à chaque fois que la situation d’enseignement la permet. Mais qui parle de grammaire parle d’exercices, et, surtout, utilise les mots des grammairiens. Un chapitre a donc été également consacré au métalangage grammatical et aux activités grammaticales. Quelques entrées dans des méthodes très utilisées de français langue étrangère nous montrent que loin d’être absents de l’enseignement moderne, ils y tiennent au contraire une place de tout pre- mier plan. Enfin, après avoir conclu de la nécessité qu’il y a à proposer non un enseignement de la grammaire en classe de langue mais un enseignement grammaticalisé des langues, la dernière partie du livre est consacrée à une rapide typologie des grammaires courantes et propose une grille de lecture et d’éva- luation applicable à ces ouvrages. Comme toujours en didactique, ce livre est le résultat de plusieurs années de réflexion. Il est en partie composé de textes, plus ou moins remaniés, qui ont déjà été publiés dans des revues ou pour des organismes que je remercie pour leurs autorisations : 1. Aide-mémoire des interférences de l’arabe sur le français à l’usage des pro- fesseurs de français en Tunisie, Sousse (Tunisie), CRDP, 1986. 2. « L’expression de l’hypothèse : enquête en milieu scolaire marocain », dans Présence francophone, 28, Université de Sherebrooke, Québec, Canada, 1986, pp. 119-129. 3. « Analyse contrastive et erreurs interférentielles : la juste place de tech- niques (r)éprouvées », dans Bulletin de l’Association Québécoise des Ensei- gnants de Français Langue Seconde, vol. 10, 3-4, Montréal, Québec, Canada.,1989, pp. 17-23. 5 4. « Bilinguisme et pédagogie du français en Tunisie : les phases intermé- diaires d’apprentissage », dans Actes du colloque ANEFLE, A.-M. Jaussaud et J. Pétrissans éd., Grenoble, 1989. 5. « Exprimer l’hypothèse en français : un changement de perspective linguis- tique pour les élèves marocains », dans L’Information grammaticale, 51, 1991, pp. 47-49. 6. « Cadre théorique et modalités d’insertion de la variation linguistique dans l’enseignement du français langue étrangère et seconde », dans Discourse Variety in Contemporary french, J.A. Coleman et R. Crawshaw éd., AFLS-CILT, Londres, 1994, pp. 19-35. 7. Cours de didactique de la grammaire en français langue étrangère, CNED, Grenoble, 1994. 6 1.0. Généralités Les rayons des bibliothèques sont pleins de traités de grammaire et d’ouvrages de linguistique, et l’opinion courante est qu’ils ont, chacun en leur temps, un rapport direct avec les langues qu’on enseigne. Or il est assez aisé de voir, en comparant le matériel grammatical utilisé à l’immensité des connaissances lin- guistiques qui ne sont jamais convoquées ou presque en didactique, combien il est illusoire d’établir un parallélisme trop strict entre ces deux champs discipli- naires et combien peu, finalement, la didactique a été un champ d’application de la grammaire et de la linguistique, que l’on tiendra provisoirement pour deux notions non dissociées. Faute de pouvoir mener une comparaison de grande ampleur, on se conten- tera dans les pages qui suivent de rappeler les grandes lignes de l’histoire lin- guistique et grammaticale. On essaiera de mettre en regard, chaque fois que cela sera possible, les utilisations que les hommes faisaient de ces connaissances dans l’enseignement des langues si toutefois il existe des connaissances quant à cet enseignement. Alors que le mot et la notion de linguistique ne datent que du XIXe siècle, la grammaire, comprise au sens de réflexion sur le langage, fait partie des plus anciennes tentatives de connaissance de l’homme. Le mot même de gram- maire vient du mot grec « gramma », signifiant la lettre. Dès l’origine donc, en tout cas dans la tradition occidentale, c’est la partie écrite du langage qui a été ainsi mise en avant, et c’est un fait que le didacticien des langues doit toujours avoir à l’esprit car il a largement façonné les mentalités au cours des siècles. Or, 7 C H A P I T R E 1 LES THÉORIES LINGUISTIQUES ET GRAMMATICALES ET LEUR IMPACT SUR L’ENSEIGNEMENT DES LANGUES cet aspect primitif de la grammaire ne pose pas de uploads/Litterature/ didactique-de-la-grammaire.pdf

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