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Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/bibliothquedel05ecol COLLECTION PHILOLOGIQUE RECUEIL DE TRAVAUX ORIGINAUX OU TRADUITS RELATIFS A LA PHILOLOGIE & A L'HISTOIRE LITTÉRAIRE NOUVELLE SERIE TROISIÈME FASCICULE ANCIENS GLOSSAIRES ROMANS, CORRIGÉS ET EXPLIQUÉS PAR FRÉDÉRIC DIEZ, TRADUIT PAR ALFRED BAUER, ÉLÈVE DE l'école DES HAUTES ÉTUDES. PARIS LIBRAIRIE A. FRANCK F. VIEWEG, PROPRIÉTAIRE RUE RICHELIEU, 67 1S70 ANCIENS GLOSSAIRES ROMANS CORRIGÉS ET EXPLIQUÉS FREDERIC DIEZ TRADUIT PAR ALFRED RAUER ÉLÈVE DE l'École des hautes études PARIS LIBRAIRIE A. FRANCK F. VIEWEG, PROPRIÉTAIRE RUE RICHELIEU, fi7 1870 AVANT-PROPOS. Le livre dont M. Bauer offre au public studieux une traduction faite avec le soin le plus consciencieux se recommandait tout particulièrement pour la Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes : il n'en est pas, dans le domaine de la philologie romane, qui contienne sous un si petit volume autant de faits importants, et surtout qui offre un modèle aussi complet de la méthode appli- cable à cette science . L'enseignement des méthodes scientifiques se fait par l'exemple bien plutôt que par les préceptes : ce n'est qu'en voyant faire les autres qu'on apprend à faire soi-même, et je ne connais pas de cours théorique qui puisse rendre à un étudiant intelligent et laborieux autant de services que ce petit livre. L'auteur, il est vrai, suppose toujours le lecteur au cou- rant des règles générales, des résultats assurés de la science ; mais ce sous-entendu perpétuel, qui est de nature à rebuter les esprits légers, est précisément un attrait pour le lecteur sérieux. Les raisonnements qui ne lui paraissent pas clairs, parce qu'il n'en connaît pas les bases, le contraignent pour ainsi dire à s'éclaircir en allant chercher dans d'autres ouvrages un supplé- ment de lumières, et les renseignements qu'il recueille ainsi en vue de comprendre tel fait spécial entrent dans son esprit et se gravent dans son souvenir avec une bien autre force que s'il les avait simplement lus à leur place dans les livres où ils se trou- vent. Pour suivre les explications, les discussions, les hésitations GLOSSES a — VI du maître, qui se montre ici dans son laboratoire, en face de la matière première pour ainsi dire et opérant directement sur elle, il faut être, sinon de sa force, au moins à son niveau comme préparation générale; en d'autres termes il faut posséder aussi complètement que possible le dernier état de la science. A chaque difficulté qui surgit, à chaque problème qui se pose, il faut, si on veut se rendre compte de la marche suivie, connaître au juste quelles règles et quelles limites sont imposées à la solution qui va être tentée. La lecture sérieuse et méditée d'un livre comme celui- ci est une véritable collaboration, et quand on a collaboré pen- dant quelque temps avec un homme comme M. Diez, on a singu- lièrement profité. Nulle part en effet les rares qualités du fondateur de la philo- logie romane ne se sont rencontrées avec plus d'évidence que dans ces études d'étymologie et de phonétique qu'il a groupées autour des deux plus anciens monuments lexicographiques romans. Il est impossible de ne pas éprouver un véritable plaisir à suivre ces démonstrations à la fois si sûres et si délicates, où une méthode inflexible dirige une érudition extraordinaire et s'éclaire à chaque instant par les rapprochements les plus fins, les vues les plus ingénieuses. L'histoire des mots, sujet principal de ces recherches, offre des aspects bien divers : à côté de l'his- toire de la forme, qui constitue la phonétique d'une langue, l'his- toire du sens dépasse en maint endroit la linguistique propre- ment dite et appartient à l'histoire de l'esprit humain dans ses manifestations les plus intéressantes et les moins faciles à obser- ^^voa"^ ver. Le perpétuel travail par lequel les métaphores se succèdent les unes aux autres et perdent leur sens primitif pour passer à l'état de simples signes est un fait de philologie générale au moins autant que de grammaire. On en viendra quelque jour à soumettre à des lois régulières cette activité presque inconsciente de l'esprit humain, h déterminer par exemple les raisons qui font qu'un objet frappe surtout par telle ou telle de ses qualités et doit à cette qualité isolée la dénomination sous laquelle il est reconnu de tous. On recherchera les phases successives qui se manifes- tent dans ces dénominations métaphoriques, phases qui se rat- — \Il — tachent évidemment aux évolutions diverses de la civilisation elle-même. Un grand nombre de faits des plus intéressants pour la philosophie sortiront des études étymologiques, pourvu qu'elles soient dirigées avec la science et la méthode qu'elles exigent, et dont l'opuscule de M. Diez offre le modèle. Il est un point, dans cet excellent travail, qui m'a laissé quel- ques doutes dont je crois devoir faire part au lecteur ; il s'agit du mode de formation du Glossaire de Cassel. On peut lire ci-des- sous, p. 72-78, la discussion approfondie à laquelle s'est livré M. Diez : son argumentation ne m'a pas semblé convaincante. Le Glossaire (en laissant ici de côté le septième chapitre) est une liste de mots romans traduits par des mots allemands. On peut se le représenter : 1° comme entièrement composé par un Roman ; 2° comme entièrement composé par un Allemand ; 3° comme étant le produit d'une collaboration entre un Allemand et un Roman. — La première hypothèse n'a été émise par per- sonne : en efïet le glossaire porte visiblement la marque de fautes de prononciation dans les mots romans, tandis que les mots alle- mands sont généralement bien écrits. — La seconde hypothèse a d'abord été soutenue par M. Diez, et ensuite, avec diverses modifications, par M. Holtzmann. — La troisième est celle de Wilhelm Grimm, et M. Diez, abandonnant son opinion première, l'adopte présentement. Dans cette supposition, voici comment les choses se seraient passées : un Roman aurait écrit une liste de mots de sa langue, puis un Allemand aurait écrit à côté de chacun de ces mots leur traduction allemande. Ce qui favorise cette opinion, c'est que les deux listes sont évidemment disposées de telle façon que le roman est pour ainsi dire la question et l'allemand la réponse (p. 71); en effet, non-seulement ce sont les mots romans qui occupent la pre- mière place, mais encore il y a quatre mots allemands, su, na- pulo, ahsla et ofan, qui sont répétés deux fois, traduisant chaque fois un mot roman différent. Ce fait semble prouver que le glossaire a eu pour point de départ le désir de savoir comment se rendaient en allemand certains mots romans, et non l'inverse. Or un tel désir est bien plus naturel chez un Roman qui veut ap- — VIII prendre l'allemand que chez un Allemand qui veut apprendre le roman. — Mais ce qui a surtout déterminé l'opinion de M. Diez, c'est qu'il y a suivant lui dans le glossaire deux contre-sens, la traduction de cinge par curti et celle de segradas par saga- rmH : or ces contre-sens ne s'expliquent que si on admet deux auteurs et si on suppose que le traducteur allemand s'est trouvé placé en face d'une liste de mots qu'il a traduits d'après sa con- naissance du roman, et qu'il a parfois traduits de travers. Il y a à cette explication une objection grave, que le savant auteur ne me semble pas avoir écartée. La forme des mots romans, je viens de le dire, est très-souvent fautive, et les fautes sont de telle nature qu'elles ne peuvent être attribuées qu'à un Allemand : telles sont les formes parba p. barba, uncla p. ungla, putel p. butel, pirpici p. birbici, fidelli p. videlli, ferrât p. ver- rat, callus p. gallus, etc., où on rencontre déjà cette substitu- tion perpétuelle de la forte à la douce qui est restée le trait carac- téristique de la mauvaise prononciation du français par les Allemands. — Il est vrai que nous ne possédons du glossaire qu'une copie (voy. p. 72), et M. Diez attribue ces fautes au copiste, mais cette explication n'est guère admissible. Les fautes dont il s'agit ne sont pas de celles que commet un copiste inexpé- rimenté : elles n'ont pas leur cause dans l'étourderie, l'inintelli- gence ou la mauvaise lecture ; elles proviennent évidemment de la prononciation fautive de celui qui a le premier écrit ces mo^5 ; un Allemand parlant le roman prononçait naturellement pirpici, et dès lors l'écrivait de la sorte, mais s'il avait copié un texte où il y eût biy^bici, il est clair qu'il n'aurait eu aucune rai- son de remplacer les b par des ju. Je crois donc qu'il est absolu- ment impossible d'attribuer à un Roman les mots romans du glossaire. Il y aurait bien un moyen détourné : ce serait de sup- poser que ces mots, écrits par un Allemand, lui étaient dictés par un Roman, et, mal entendus par l'écrivain, étaient notés par lui d'après ses propres Imbitudes de prononciation ; mais l'hypo- thèse est compliquée et en outre peu utile ; uploads/Litterature/ diez-frederic-anciens-glossaires-romans-corriges-et-expliques-traduction-par-a-bauer-1870.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Fev 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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