153 Diogène Laërce ! DIOGÈNE LAËRCE Présentation Diogène Laërce (Diogenes Laert
153 Diogène Laërce ! DIOGÈNE LAËRCE Présentation Diogène Laërce (Diogenes Laertios) est un historien de la philosophie, ou plus exactement un compilateur de traditions littéraires sur les philosophes, leur vie, leur bibliographie et leur doctrine : cet auteur grec d’époque im- périale est exclusivement connu pour ses Vies et doctrines des philosophes illustres, un ouvrage en dix livres relatant l’histoire de la philosophie depuis ses origines à travers la vie de ses plus illustres praticiens. Ironie du sort, nous ne connaissons presque rien de cet érudit, dont l’œuvre est si riche en détails biographiques et doxographiques. Son nom est lui-même source d’hy- pothèses variées, qu’il soit considéré comme un ethnique, le rattachant à une cité de Cilicie, Laërtès, mentionnée par Strabon, ou qu’il fasse référence à l’expression homérique qualifiant Ulysse de « rejeton divin et fils de Laërte ». Quant à la datation du personnage, l’examen des références et des sources, par leur présence ou au contraire leur absence du texte, permet d’émettre l’hypothèse qu’il vivait dans la première moitié du e siècle ap. J.-C. Son ouvrage présente un tableau ordonné de la philosophie antique, qui distingue les écoles et leurs ramifications. Il regorge de nombreux détails sur la vie et la pensée des philosophes célèbres. Il se présente comme un recueil d’anecdotes, de maximes et de doctrines, mêlées d’épigrammes poétiques souvent composées par l’auteur lui-même. Il est difficile de mesurer l’éten- due de ses lectures directes, qui se sont peut-être limitées à des compila- tions : Diogène ne cite que rarement sa source immédiate, mais n’hésite pas à agrémenter son texte de multiples références littéraires de deuxième ou de troisième main, offrant au chercheur d’aujourd’hui une véritable mine de « fragments ». La Perse dans son œuvre Si son œuvre ne révèle pas de relation particulière entre Diogène Laërce et le monde oriental, elle recèle néanmoins de nombreuses références à la Perse. La plus importante d’entre elles est présente dès le prologue, où l’au- teur dresse, entre autres, un rapide portrait des mages perses, principalement pour démontrer dans un deuxième temps que les origines de la philosophie sont strictement grecques. Par ailleurs, dans ce même livre, Diogène n’hésite LENFANT - copie.indd 153 28/02/11 17:44 154 Les Perses sous le regard de la Grèce " pas à illustrer son propos en se référant à de nombreux ouvrages antérieurs, aujourd’hui perdus pour la plupart, dont les citations relatives à la Perse enri- chissent notre connaissance de leur contenu et de leurs auteurs. Dans la suite des Vies, les allusions à la Perse se limitent souvent à des titres d’ouvrages de philosophes concernant la Perse ou un Perse, à des re- pères chronologiques, comme le passage de Xerxès en Europe, ou à des élé- ments biographiques, voyages en Perse ou anecdotes impliquant des Perses. Il est nécessaire de rester prudent avec toutes les informations contenues dans l’œuvre de Diogène et de les croiser autant que possible. Si certaines erreurs sont imputables à l’utilisation de sources indirectes, nous trouvons également des passages sans doute inventés, comme la prétendue lettre de Darius à Héraclite d’Éphèse et la réponse de ce dernier (IX, 13). Allusions à la Perse [Les noms soulignés sont ceux des auteurs auxquels se réfère Diogène.] – I, 1 : selon certains, l’activité philosophique a une origine barbare, comme en témoignent, par exemple, les mages chez les Perses [Sotion, Succession (des philosophes), fr. 35 Wehrli ; Aristote, Sur l’art des mages, fr. 661 Gigon]. Cf. B – C 1938, D J 1997. – I, 2 : depuis Zoroastre le Perse, le premier mage, jusqu’à la guerre de Troie, se sont écoulés cinq mille ans [Hermodore le Platonicien, Sur les ma- thématiques, fr. 6 Isnardi Parente] ; de Zoroastre à la traversée de Xerxès se sont écoulés six mille ans et de nombreux mages se sont ensuite succédé jusqu’à l’anéantissement des Perses par Alexandre. Ils s’appelaient Ostanas et Astrampsychos, Gobryas et Pazatas [Xanthos de Lydie FGrHist 765 F 32]. Cf. K , K , K , V . – I, 6 : les Chaldéens pratiquent l’astronomie et la divination, les mages rendent un culte aux dieux, par des sacrifices et des prières ; ils ont un avis sur l’essence et l’origine des dieux, qu’ils disent être le feu, la terre et l’eau ; mais ils condamnent les statues de dieux (xoana), surtout si elles sont sexuées. Cf. L 2009, p. 238-251. I, 7 : ils parlent de la justice et jugent impie la crémation, mais pieux de s’unir à sa mère ou à sa fille [Sotion fr. 36 Wehrli] ; ils pratiquent la mantique et les prédictions, affirmant que des dieux leur apparaissent et que l’air est rempli de simulacres ; ils interdisent les parures et les bijoux en or ; ils ont un vêtement blanc, un lit de feuillage et un régime frugal. – I, 8 : Aristote, dans son Magikos (traité sur l’art des mages), rapporte que les mages ne pratiquaient pas la magie « destinée à tromper » [fr. 662 Gigon = fr. 36 Rose], ce que confirme Dinon, d’après qui Zoroastre signifie « sacri- ficateur aux astres » [FGrHist 690 F 5. Cf. L 2009, p. 116-119], tout comme le dit aussi Hermodore. LENFANT - copie.indd 154 28/02/11 17:44 155 Diogène Laërce ! Aristote dit les mages plus anciens que les Égyptiens [Sur la philosophie, fr. 6 Rose]. Il y a deux principes, un bon démon, qui se nomme Zeus et Ôromasdès, et un mauvais démon, appelé Hadès et Areimanios, d’après Hermippe dans son Sur les mages [fr. 3 Wehrli], Eudoxe dans son Périple [fr. 341 Lasserre] et Téopompe dans ses Philippiques [FGrHist 115 F 64]. I, 9. Toujours d’après Téopompe, les mages affirment que les hommes revivront, qu’ils seront immortels et que les êtres perdureront grâce à leurs invocations. Eudème de Rhodes dit de même [fr. 89 Wehrli]. Selon les mages, les dieux ont un commencement [Hécatée d’Abdère, FGrHist 264 F 3]. D’après Cléarque de Soles [Sur l’éducation, fr. 13 Wehrli], les gymnoso- phistes descendent des mages, certains en disent autant des Juifs. Ceux qui ont écrit sur les mages contestent le récit d’Hérodote sur la punition infli- gée par Xerxès au soleil [selon Hérodote, V, 105, les traits envoyés contre le soleil le sont en fait par Darius] et à la mer [les entraves et le marquage, cf. Hérodote, VII, 35], car les mages considèrent ces éléments comme des dieux. Il est en revanche vraisemblable que Xerxès détruisit des statues (agal- mata) [cf. Hérodote VIII, 109]. [Sur ce long développement concernant les mages, cf. D J 1997.] – I, 25 : Talès, qui fut aussi conseiller dans les affaires de la cité, empêcha un accord entre Crésus et les Milésiens en vue d’une alliance militaire, ce qui sauva la cité lors de la victoire de Cyrus. – I, 62 : Sur le buste de Solon, on trouve le vers suivant : « La Salamine qui a mis un terme à l’injuste démesure des Mèdes (…) ». – I, 72 : Démarate conseilla à Xerxès de rassembler ses navires au large de Cythère, ce qui aurait pu causer la perte de la Grèce [cf. Hérodote, VII, 235]. – II, 12. Satyros dans ses Vies indique que Tucydide intenta un procès à Anaxagore pour impiété et pour « médisme » [FHG fr. 14]. – II, 45 : selon Aristote, un mage de Syrie prédit que Socrate mourrait de mort violente [fr. 32 Rose]. – II, 49-50 : Proxène, un Béotien qui vivait à Sardes auprès de Cyrus, en- voya une lettre à Athènes pour inviter Xénophon à devenir l’ami de Cyrus ; Xénophon accepta [cf. Xénophon, Anabase, III, 1, 4-8]. – II, 55 : Xénophon partit en expédition avec Cyrus sous l’archontat de Xénainétos, un an avant la mort de Socrate. – II, 58 : épigramme de Diogène mentionnant l’exil de Xénophon à cause de son amitié pour Cyrus. – II, 76 : Aristippe avoue, à qui le lui reproche, qu’il est parfumé, mais qu’il y a pire que lui, à savoir le roi des Perses. – II, 79 : Aristippe voyage en Asie, où il est fait prisonnier par le satrape Artaphernès. LENFANT - copie.indd 155 28/02/11 17:44 cet espace est-il nécessaire ? il faudrait : s minuscule 156 Les Perses sous le regard de la Grèce " – II, 84 : l’un des écrits d’Aristippe s’intitule Artabaze. – III, 7 : d’Égypte, Platon veut se rendre en Perse, chez les mages, mais les guerres en Asie l’en empêchent. – III, 25 : Favorinus, dans ses Mémorables [fr. 5 Mensching = fr. 36 Barigazzi], raconte que Mithridatès le Perse fit élever dans l’Académie une statue en l’honneur de Platon avec une dédicace. – V, 6 : épigramme d’Aristote à Hermias, tyran d’Atarnée, déplorant qu’il ait été tué de manière sacrilège et fourbe par le roi des Perses porteurs d’arcs [également connue par le papyrus de Didyme d’Alexandrie, cf. G- C 1999, p. 560 n. 4]. – V, 94 : Héraclide de Kymè, auteur de Persica ; Héraclide d’Alexandrie, uploads/Litterature/ diogene-laerce 1 .pdf
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- Publié le Fev 28, 2022
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