GENGEMBRE, Les grands courants de la critique littéraire, Seuil, 1996 4 Alors q
GENGEMBRE, Les grands courants de la critique littéraire, Seuil, 1996 4 Alors que l’histoire de la littérature répertorie et classe les œuvres, l’histoire littéraire les situe et tente de les expliquer en les inscrivant dans une série de déterminations historiques, sociales, politiques, idéologiques, culturelles… l’histoire littéraire apparait au XVIII siècle et se constitue en discipline à la fin du XIXe siècle, avec les travaux de Gustave Lanson. Le lansonisme procède de toute une évolution où se dégagent deux idées-forces : la littérature est l’expression de la société et la promotion de l’auteur considéré comme producteur du texte. 5 une œuvre est dès lors conçue comme le réceptacle d’intentions, que la critique doit élucider par la connaissance de l’individu producteur. […] a la lumière de ces approches, Gustave Lanson prone une approche critique où l’on dégage la vérité du texte en fonction de ce que l’auteur a voulu y mettre. […] il repose sur le concept d’œuvre comme objet particulier analysable, que l’on éclaire par la connaissance précise de faits bien établis, en particulier les sources et l’ensemble de l’environnement historique du texte. 6 CRITIQUE BIOGRAPHIQUE issue de Sainte-Beuve, cette méthode présuppose que la connaissance de la vie de l’auteur permet de comprendre son œuvre, car celle-ci contient tout ce qui constitue et détermine son rapport au monde et à autrui. Proust remettra en cause ces présupposés dans son Contre Sainte-Beuve […] il y oppose le moi social de l’écrivain, connaissable par la biographie, à son moi profond que révèle l’écriture. Il n’en reste pas moins que Sainte-Beuve fait de la littérature une entreprise fondamentalement liée à l’existence. CRITIQUE PHILOLOGIQUE elle remonte au IIIe siècle avec les grammairiens alexandrins qui commencèrent à réfléchir sur la relation entre un texte littéraire et le contexte historique de son apparition. Il s’agissait essentiellement de restituer le texte originel pour retrouver les intentions de l’auteur et rétablir les circonstances dans lesquelles il avait travaillé. […] la critique traite le texte comme un document censé etre l’expression d’une époque et d’une société. […] elle étudie également la genèse de l’œuvre […] en plein développement, la critique génétique utilise et interprète ces matériaux. 8 la stylistique de Leo Spitzer vise à appréhender une conscience créatrice à travers l’œuvre qui la manifeste. Totalité organique, l’œuvre d’un écrivain donné exprime l’esprit de son auteur, et le critique doit chercher l’étymon spirituel à partir duquel on rend compte des multiples caractéristiques du texte. Cet étymon permet d’intégrer l’œuvre dans une totalité plus vaste, l’esprit de l’époque. 9 l’histoire littéraire ne sépare nullement les idées des formes par lesquelles elles s’écrivent, se développent et se modifient. 10 les philosophes marxistes proprement dits ont théorisé l’œuvre littéraire comme élément de la superstructure, « reflet » d’un contexte ou d’une idéologie. […] pour le philosophe hongrois Lukacs les grandes œuvres reflètent les principales étapes de l’évolution humaine et guident les hommes dans leur combat idéologique. […] Lukacs précise sa méthodologie, et la définit comme « la recherche de l’action réciproque entre le développement économique et social et la conception du monde et la forme artistique qui en dérivent » 11 le caractère collectif de la création littéraire provient du fait que les structure mentales de certains groupes sociaux ou en relation intelligible avec elles, alors que sur le plan des contenus, c’est-à-dire de la création d’univers imaginaires régis par ces structures, l’écrivain a une liberté totale ». 13 les travaux de Pierre Bourdieux relèvent de la sociologie de la littérature, mais dans leur étude des institutions littéraires et des conditions d’inscription de l’écrivain dans une société et dans son paysage culturel, ils font appel à des outils d’analyse développés par le marxisme, tout en critiquant l’analyse marxiste qui envisage le texte comme reflet ou comme expression symbolique du monde social. […] Pierre Bourdieu considère le champ littéraire, autrement dit le champ de la production culturelle défini comme « univers social autonome ». il s’agit de mettre en rapport les écrivains présentés en fonction de leur mode de vie et de leurs revendications esthétiques et le genre de leurs œuvres. L’intérêt se porte alors sur le contenu de textes analysés comme discours. ZIMA Pierre, Pour une sociologie du texte littéraire, 10/18, 1978. 15 CRITIQUE PSYCHANALYTIQUE Freud exiplque que la psychanalyse cherche à connaitre avec quel fond d’impressions et de souvenirs personnels l’auteur a construit son œuvre. La biographie (la psychobiographie) devient alors essentielle. […] la critique psychanalytique est donc une critique interprétative, une herméneutique. Elle utilise et adapte à la spécificité de l’œuvre littéraire des concepts et des outils initialement développés dans un cadre clinique. 16 l’œuvre comme objet d’étude implique au moins deux types de lecture. La lecture symptomale, également appelée lecture indicielle, fait de l’œuvre une formation de compromis entre inconscient et conscient, puisque le symptome est à la fois le masque et le révélateur d’un désir inconscient. La lecture structurale peut soit mettre en relation un texte et d’autres textes d’un meme auteur pour y découvrir une structure psychique singulière, soit associer des textes d’origine différente pour déceler une structure universelle. On s’achemine alors vers l’inconscient du texte. Jacques Lacan a introduit en psychanalyse le modèle de la linguistique structurale afin d’élaborer une nouvelle théorie de l’inconscient. […] Lacan postule l’extériorité du sujet par rapport au langage et l’influence sur le sujet du signifiant. […] Lacan définit donc une psychanalyse du signifiant. Dans la perspective lacanienne, on n’interprète pas l’œuvre. 17 on peut trouver l’origine de l’approche psychocritique dans les travaux de Charles Baudouin dans son ouvrage Psychanalyse de l’art où il tenait de reconstituer la genèse d’une œuvre par la biographie. Le mot a été forge en 1948 par Charles Mauron qui a inventé une méthode qui donnait la primauté au point de vue critique et non au point de vue clinique. La psychocritique vise d’abord la personnalité inconsciente de l’écrivain. Il s’agit de chercher l’association d’idées involontaire sous les structures concertées du texte. 18 psycholecture : il s’agit d’étudier les rapports noués entre les structures conscientes et les structures inconscientes dans un texte singulier. 19 la psychanalyse existentielle. Il s’agit d’examiner la situation existentielle du je, qui détermine un choix originel. Cela s’effectue par une méthode « progressive-regressive », qui unit dialectiquement l’enquete historique et l’analyse de l’œuvre. Il s’agit d’une sorte de va-et-vient entre l’objet textuel, qui contient toute l’époque comme significations hierarchisées, et l’époque, qui contient l’objet dans sa totalisation. 20 dans son livre Vers l’inconscient du texte, Jean Bellemin-Noel définit une psychanalyse textuelle ou textanalyse. Il s’agit de mettre hors jeu l’auteur pour se consacrer au texte, dont on suppose qu’il possède un inconscient. La méthode consiste à dégager non seulement les silences, les oublis, les articulations thématiques, mais aussi les détails jugés insignifiants par la psychanalyse, y compris les effets de la signifiance comme les lettres et les sons, au lieu de se concentrer sur les personnages. 22 LA CRITIQUE ROMANTIQUE on peut faire remonter l’approche thématique au romantisme. En effet, le romantisme allemand en particulier développe une théorie de l’œuvre d’art où celle-ci n’est plus pensée en fonction d’un modèle mais comme le fruit d’une force créatrice originale. C’est l’intériorité personnelle qui fait naitre et organise l’œuvre. […] L’œuvre procède d’un univers imaginaire propre à l’artiste, et les thèmes sont les signes, les traces ou les marques de ce monde que le travail critique pourra reconstituer. Dans la perspective romantique, les caractéristiques formelles de l’œuvre ne sont pas considérées en elles-memes. Une production artistique produit un sens qui influe sur la vie : ce phénomène concerne le lecteur autant que l’auteur. 23 LA CRITIQUE THEMATIQUE il faut distinguer la conception élaborée par l’histoire littéraire ou la littérature comparée, autrement dit un motif commun à plusieurs œuvres, et celle propre à la critique thématique, pour qui un thème est un réseau de significations, un élément sémantique récurrent chez un écrivain dans une œuvre et/ou d’une œuvre à l’autre. Tout peut donc servir de thème puisque tout peut etre indice de l’etre-au-monde de l’écrivain. Le thème diffère du mythe personnel qu’étudie Jean-Paul Weber, c’est-à-dire la trace qu’un souvenir d’enfance a laissé dans la mémoire d’un écrivain. […] la critique thématique ne prend pas en compte l’inconscient ; elle traite les éléments du texte comme expression maitrisée de l’imagination. Principe d’organisation, le thème est une sorte d’objet fixe « autour duquel aurait tendance à se constituer et à se déployer un monde » . la thématique ne peut se réduire à un relevé de fréquences, mais elle dessine une constellation d’associations privilégiées du fait de leur récurrence et de leur signification. L’œuvre tend à devenir un ensemble de réseaux connectés, liés à la conscience qui s’y exprime. Le critique est un lecteur sympathique qui s’installe dans l’œuvre et en épouse les mouvements, reproduisant en lui l’acte de conscience exprimé. 24 la critique thématique accorde une grande importance à la relation du moi et de ce qui l’entoure. Elle doit beaucoup à la phénoménologie. On peut voir dans le philosophe de l’imaginaire que fut Gaston Bachelard le précurseur uploads/Litterature/ critique-resume-gengembre.pdf
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- Publié le Jui 18, 2021
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