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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/28313635 Discours rapporté et énonciation: trois approches différentes Article in Pratiques · January 1989 DOI: 10.3406/prati.1989.1601 · Source: OAI CITATIONS 9 READS 1,053 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: De la comparaison aux mots du discours View project Bernard Combettes University of Lorraine 153 PUBLICATIONS 549 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Bernard Combettes on 22 April 2016. The user has requested enhancement of the downloaded file. Les problèmes que soulève le discours rapporté (DR) se trouvent traités dans la plupart des ouvrages de grammaire ; cette insertion est justifiée, plus ou moins explicitement, par le fait que bon nombre de faits linguistiques paraissent devoir être pris en considération, dans ce domaine des divers « styles ». Effecti- vement, le DR est rattaché ordinairement aux chapitres qui traitent de la subor- dination, de la concordance des temps, de la personne, etc. Cette façon de décrire le DR recouvre un point de vue qui semble aller de soi et qui se trouve rarement remis en question : les différentes variétés du DR, le discours direct (DD), le discours indirect (DI), le discours indirect libre (DIL) sont considérés comme liés les uns aux autres par des transformations ; moyennant quelques modifications, il serait possible de « passer » d’un énoncé de DD à un énoncé de DI, etc. Cette façon de voir a été critiquée par certains linguistes ; ce sont ces critiques que nous présenterons ici, à travers l’examen de trois ouvrages. Si nous insistons sur ces points, c’est que la position « déviationniste » a des répercussions pédagogiques et que la plupart des ouvrages scolaires, traitant le problème du DR par des manipulations de phrases, n’offrent qu’une vue fort limitée et restreinte de la question. 1. La position traditionnelle : une hiérarchisation des divers « styles » Nous rappellerons donc d’abord l’existence d’une tradition « grammati- cale », tradition qui se continue dans les ouvrages pédagogiques, dont la principale caractéristique est de présenter le DR comme un ensemble hiérar- chisé : chacun des divers discours, ou « styles », peut être rattaché par trans- formation, par dérivation, aux autres. Nous ne ferons pas ici l’historique de cette position (résumée chez Authier, 1978, p. 6 sq.), nous nous contenterons d’en relever quelques exemples parmi les grammaires les plus couramment utilisées. Le raisonnement, identique dans la majorité de ces travaux descriptifs, reconnaît l’aspect « initial », « naturel », premier, du DD, d’où vont être dérivés DI et DIL. PRATIQUES N° 64, Décembre 1989 DISCOURS RAPPORTÉ ET ÉNONCIATION : TROIS APPROCHES DIFFÉRENTES Bernard COMBETTES 111 L’objet de la description sera alors les modifications, d’ordre divers (mais en réalité, essentiellement morpho-syntaxiques), qui pourront être constatées au cours de ces dérivations ; plus précisément, l’enchaînement adopté est le suivant : Ä DI Ä DIL, enchaînement justifié par le fait que le DIL présente bon nombre de modifications du DI, mais se voit « amputé » de la conjonction de subordination et du verbe introducteur. On passerait ainsi de : Il a dit : « j’arrive » à : il a dit qu’il arrivait (avec changement de personne et de « temps »), puis de : il a dit qu’il arrivait à : il arrivait (disait-il), avec effacement de il a dit que. Cette démarche n’est pour ainsi dire jamais explicitée, elle est présentée comme allant de soi. A la limite, on pourrait la comprendre dans un ouvrage pédagogique qui s’appuyerait là sur une progression dans l’apprentissage. On ne voit pas très bien ce qui peut l’imposer, sans discussion, argumentation, dans un travail qui se veut théorique. Dans bon nombre de cas, l’impression demeure qu’il y a une sorte d’influence des termes mêmes « direct » et « indirect » : le premier se trouve assimilé à « simple », « premier », le second correspondant à « complexe », « dérivé », etc. S’ajoute à cela le fait que le DI s’exprime dans des structures syntaxiques enchâssées, et que la tendance est forte, même dans des ouvrages qui ne se réclament pas de la grammaire générative et transformationnelle, à voir dans le DR des opérations de dérivation d’une subordonnée à partir d’une indépendante. Nous citerons quelques exemples qui montrent que le vocabulaire- même utilisé par les grammaires et les linguistes insiste sur cet aspect d’enchaî- nement, de dérivation. Ainsi, chez Grévisse, si une expression comme : « diverses correspondances entre le discours direct et l’indirect sont à examiner » (1107) demeure assez vague et n’engage à rien quant à la « priorité » d’un type de discours sur l’autre, la suite du chapitre contient des formules plus « claires », qui vont dans le sens que nous avons signalé plus haut : « en outre, des substitutions de mots possessifs ou démonstratifs se produisent » (1108), ou : « l’impératif du discours direct se traduit dans le discours indirect par le subjonc- tif » (1109), ou encore : « les propositions interrogatives indépendantes dans le discours direct deviennent évidemment subordonnées dans le discours indirect » (id). Un ouvrage comme la Grammaire du français classique et moderne, de Wagner et Pinchon, bien différent, sur la plupart des points, du « Bon Usage », tant en ce qui concerne l’esprit général que la méthode, adopte toutefois un même type d’approche du DR : « En passant du style direct au style indirect, certains éléments se modifient par accommodation » (36), ou :« en ce qui concerne les modes, la seule transposition importante est celle du mode impératif (38), etc. Citons enfin cet extrait de la Grammaire Larousse du français contemporain : « Grâce aux constructions que nous avons décrites, un discours direct peut être transposé et subordonné à une proposition ; par là il devient indirect » (122). Il est intéressant de noter que cette remarque se situe dans un chapitre sur la subordination : le DI est présenté comme un cas particulier du passage de la phrase simple à la phrase complexe ; subissant quelques transformations, le discours d’autrui, « tel qu’il a été prononcé », se trouve rapporté en DI. Ce type de présentation a un double inconvénient, comme l’ont bien montré Authier (1978) et Authier-Meunier (1977) : il fait du DI une simple modification du DD, le subordonnant, en quelque sorte, à l’existence même de ce dernier, ce qui paraît tout à fait discutable ; en effet, comme nous le verrons, de nombreux faits linguistiques ne peuvent s’expliquer par une opération de « transformation ». Mais, de plus, cette approche accentue, si l’on peut dire, l’aspect « premier », « authentique », du DD : puisque le DD est le point de 112 départ, l’origine du DI, il faut qu’il corresponde à la réalité, aux paroles effecti- vement prononcées, le DI étant alors une « manipulation », une déformation, de cette réalité. Ainsi chez Wagner et Pinchon : « Dans le style direct, l’énoncé est reproduit sous la forme exacte qu’il prend dans la parole ou dans la pensée » (34), ou, chez Grévisse : « Le discours direct reproduit textuellement les paroles dites : c’est le discours cité par le narrateur, qui présente comme sortant directement de la bouche de celui qui parle les paroles pronon- cées » (1107). Cette présentation du DD comme un « calque » de la réalité n’a guère été remise en question (Cf toutefois, Authier, 1978, 49 sq.), elle nous semble tout aussi discutable que la réduction du DI à une transformation du DD. La démarche que nous venons de rappeler se retrouve — sans plus de justification — dans la majorité des manuels de langue, qu’il s’agisse d’ailleurs de langue maternelle ou de langue étrangère ; nous passerons plus rapidement sur ce point, nous contentant de renvoyer à l’étude détaillée que proposent Authier et Meunier (1977), qui montre, à travers l’examen de divers ouvrages scolaires, les limites de cette approche traditionnelle, tant du point de vue pédagogique (aspect « stérile » des types d’exercices, hors contexte d’énon- ciation), que d’un point de vue « théorique » : « Les exercices [...] ne fournissent jamais pour un énoncé au DD qu’un énoncé au DI qui “ colle ” au plus près aux données lexico-syntaxiques du DD (reproduction textuelle des paroles) moyen- nant un minimum d’ajustements présentés comme mécaniques. De ces manipu- lations qui, systématiquement, demandent d’effectuer des passages de DD à DI, en limitant strictement les effets de la transposition au domaine de la morpho- syntaxe, est induite tout naturellement, sans être formulée comme telle, l’hypo- thèse d’une transformation généralisée ou d’une transformation d’enchâssement assimilable à celle des complétives. Au total, le DR présenterait deux (ou trois, avec le DIL) variantes de nature syntaxique » (50-51). Ces remarques remontent aujourd’hui à plus de dix ans ; il faut bien constater que, sur ce point, la réalité des ouvrages pédagogiques a peu évolué : les exercices, nombreux, sur le DR se réduisent à uploads/Litterature/ discours-rapporte-et-enonciation-trois-approches-d.pdf

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